Abus de position dominante

PSA Peugeot Citroën vient d’être assigné en justice pour entente illicite et abus de position dominante par l’enseigne Automobil-Eclerc qui vend au rabais des voitures importées, rapporte aujourd’hui « Le Figaro Economie ».
« Le groupe PSA est lié directement à Toyota et à Ford (par le biais de sociétés communes ou de pontage) et indirectement à General Motors par Toyota, ce qui interdit toute concurrence réelle »

L’arbitraire à l’état pur. Petite question: qu’est-ce la concurrence « réelle » ? Ne vous attendez pas à ce qu’on vous le dise un jour. La concurrence « réelle », c’est la concurrence telle qu’elle est conçue par le commissaire politique Lambda à l’instant t.
L’entreprise Machin a une trop grosse part de marché ? C’est quoi, une trop grosse part de marché ? 50 %, 80 %, 90 % ? C’est drôle, j’ai bien l’impression que sur le marché des aventures d’Harry Potter, JK Rowling et son éditeur ont bel et bien 100% des parts, non ? Peut-être faudrait-il faire quelque chose contre cette « entente scandaleuse », ce « trust » immonde !

Quand un inventeur se lance dans l’exploitation d’un prototype, il est inévitable qu’il ait, lui aussi, 100 % des parts de marché: L’Etat lui donne même un monopole intellectuel d’une durée déterminée pour que ce soit bien le cas. Il faudrait savoir ce qu’on veut!
Il est bien évident que tout producteur a le monopole de sa propre production. Exactement comme mon boulanger a le monopole de la production du pain dans mon pâté de maisons. A quand une grosse amende pour lui apprendre la vie ?

Comme les critères de la concurrence « pure et parfaite » qui sous-tendent l’idéologie de nos commissaires politiques sont une utopie abstraite et par définition impossible à atteindre, n’importe quelle entreprise, à n’importe quel moment, peut se retrouver dans le collimateur de la soi-disant « justice ». C’est une méthode bien connue pour faire régner la terreur : imposer des règles impraticables à tous et n’en punir que quelques-uns, ceux justement dont on veut se débarrasser.
La vérité est qu’il y a concurrence dès lors que chacun a la liberté d’entrer sur un marché, c’est-à-dire la possibilité légale de réunir des capitaux, de fabriquer un produit et de le vendre, sans risque de voir débarquer la police chez lui. La police risque-t-elle de débarquer chez vous parce que vous entreprenez ceci ou cela ? Vous n’êtes pas libre et il n’y a pas concurrence. C’est l’inverse qui est vrai ? Alors vous êtes libre et il y a concurrence. C’est aussi simple que cela.

Toutes ces sociétés représentent plus de 50 % des ventes automobiles en France et en Europe.

Et alors ? On aimerait bien savoir où est le problème ?
Le problème, c’est bien l’incapacité de nos commissaires politiques à distinguer un monopole de fait d’un monopole légal. Le monopole de fait est simplement la conséquence du choix des consommateurs. Il se trouve que les consommateurs plébiscitent, pour des raisons qui les regardent, les produits de telle ou telle entreprise. Ou il se trouve que des alliances entre tels et tels groupes permettent une plus grande efficacité ou de plus grandes économies, ce qui profite en dernière analyse aux consommateurs, c’est-à-dire au peuple entier. Peut-être parce que cette entreprise est réellement plus performante que toutes les autres, peut-être parce qu’elle fabrique des produits de meilleure qualité ou moins chers que ceux de ses concurrents, peu importe.
S’en prendre à cet état de faits, c’est s’en prendre au choix des consommateurs, c’est nier leur libre-arbitre et vouloir leur imposer un schéma de pensée autre que celui qu’ils ont choisi.
Car enfin, si la situation ne leur plaît pas, nul doute qu’un nouveau concurrent émergera qui bientôt éclipsera l’autre.

Aux antipodes du monopole de fait, qui n’est un problème que dans la tête mal rangée de nos commissaires politiques, se trouve le monopole légal. Le monopole légal est un privilège de production accordé par un gouvernement à un groupe au détriment de tous les producteurs potentiels. Clairement, c’est une interdiction d’entrer sur le marché sous peine de représailles judiciaires. Et s’il y a une chose certaine, c’est bien que le monopole légal entrave la concurrence, et donc lèse l’immense majorité des consommateurs en empêchant la baisse naturelle des prix et en réprimant l’innovation.

Mais, comble de perversion, c’est rarement le monopole légal qui est critiqué, mais systématiquement le monopole de fait. Alors on se demande si nos commissaires cherchent réellement l’intérêt de leurs administrés. La réponse est encore et toujours la même : NON !!!
Source: AOF le 17/08/2004 09:29