L’arche du protectionisme

Avec la nouvelle année et l’extension du politiquement correct de plus en plus stupéfiante, soyons en garde contre les inepties traditionnelles. En voici deux d’une actualité brûlante.

Le commerce extérieur est l’un des quatre moteurs de la création de la richesse nationale, au côté de la consommation, de l’investissement et de la constitution de stocks.
Voilà une belle ineptie socialo-communiste qu’on entend périodiquement prononcer et qu’il convient de dénoncer.

Si la création de la richesse en France a été en 2004 vraisemblablement largement inférieure à celle qui était espérée par les divers gourous officiels (qu’ils s’agissent de ceux de l’INSEE, de la Banque de France, de la Direction de la Prévision, etc.) et qui avait servi de base à la loi de finances pour 2004, ce n’est pas à cause de je ne sais quelle évolution de la consommation ou de l’investissement contrariante.

Qu’il soit « intérieur » ou « extérieur », le commerce, c’est-à-dire l’échange libre, entre êtres humains est la seule source de création de richesses. Peu importe la dénomination qu’on lui donne : quitte même à le confondre avec consommation, investissement, constitution de stocks, dès lors qu’on n’en oublie aucune.
Mais quand on oublie la dénomination de l’échange peut-être le plus important comparativement, à savoir l’épargne, il ne faut pas être dupe de l’oubli : c’est de l’inculture et du conditionnement.

En d’autres termes, en se ramènant à des échanges, les actions que chacun d’entre nous mène avec ce qui lui appartient en propriété et sans porter préjudice à la propriété d’autrui, sont seules créatrices de richesses. Dès lors que ces actions sont entravées toujours un peu plus par les hommes de l’Etat, via fiscalité ou réglementation qualitative (tarifaire ou non tarifaire), la création de richesses ne peut qu’être plus faible, voire nulle.
Les autres sources de création de richesses évoquées sont des fariboles.
En conséquence, et soit dit en passant, il n’y a rien de plus inutile – et donc coûteux – qu’un ministère et un ministre dits « du commerce extérieur ».

« La » balance du commerce extérieur de la France aurait été déficitaire en 2004 et, pour cette raison, la situation de la France ne serait pas brillante.
Voilà une autre belle ineptie, de même nature, et contre quoi il faut réagir.

Une balance, être de mesure comptable, ne peut qu’être en équilibre et ne saurait être en excédent ou en déficit. Il en est différemment de l’instrument de la physique qu’est la balance ou du symbole de la justice qu’est la balance.
L’ingéniosité des hommes de l’Etat et des économistes stipendiés par ces derniers a néanmoins conduit par le passé à faire admettre au bon peuple que la balance pouvait être en déséquilibre. Il suffisait de faire abstraction d’un certain nombre arbitraire d’échanges.
Il en est résulté diverses « balances ».
Et, selon les temps et les pays, hommes de l’Etat et économistes ont considéré qu’était bien soit l’excédent de telle ou telle balance – mercantilisme –, soit le déficit.
Leur ingéniosité ne s’est pas arrêtée là. Dans la foulée, ils ont inventé la politique du commerce extérieur – de fait, le protectionnisme – visant, selon les cas, soit à accroître l’excédent ou réduire le déficit, soit à accroître le déficit ou réduire l’excédent. Cela a amené Vilfredo Pareto à forger à la fin du XIXè siècle, l’expression « arche du protectionnisme » pour désigner « la » balance du commerce extérieur.
Et, par la suite, au XXè siècle, ils n’ont pas hésité à plonger cette politique dans des politiques « Ã©conomiques » moins précises (de type fiscal, budgétaire ou monétaire).
Bien évidemment, toutes ces politiques n’ont pas favorisé la création de richesses, mais au contraire l’ont ralentie quand elles n’ont pas détruit certaines richesses accumulées.

Tout cela ne doit pas faire perdre de vue que cette seconde ineptie est intimement liée à la première : leur ciment – dont il faut avoir conscience – est le refus implicite du respect des droits de propriété que les êtres humains se reconnaissent sur les choses qu’ils découvrent et, a fortiori, le refus de la liberté d’échange des droits.
C’est contre ces refus qu’il faut être en alerte, ce sont ces refus qu’il faut, au moins, les empêcher de fuir.