Je lis dans Le Monde les trois idées majeures issues du sommet de Bamako (France-Afrique):
1/ brain-drain: pour remplacer les cerveaux français qui partent à l’étranger, on importera ceux d’Afrique.
La France facilitera la délivrance de visas de longue durée à entrées multiples pour les entrepreneurs, cadres, chercheurs, professeurs et artistes africains, a annoncé samedi à Bamako le président français.
2/ le commerce libre ? Non, pas de ça chez nous! On sait très bien qu’échanger c’est s’appauvrir!
« Nous avons tous mis en garde contre certaines évolutions trop libérales qui risquent de nous conduire à une satisfaction donnée aux pays riches et aux pays émergents, en matière commerciale et notamment agricole, au détriment des pays les plus pauvres », a expliqué M. Chirac.
3/ si le commerce libre est un fiasco garanti, l’aide au développement a prouvé son efficacité, il faut donc encore l’accroître:
« Il faut en gros doubler et passer à 150 milliards (de dollars) par an l’aide publique au développement », a-t-il estimé. « Nous ne le ferons pas à partir des budgets des Etats seulement et par conséquence nous avons beaucoup insisté sur l’importance capitale à mettre en place des financements innovants qui permettent de rassembler cette somme, grâce à une taxation, sous une forme ou sous une autre, internationale. C’est vital », a expliqué M. Chirac.
Chirac voudrait tuer toute tentative de développement en Afrique il ne s’y prendrait pas autrement: contrôle bureaucratique sur les aides (mais « innovant », avec des partenariats privés-publics flous pour détourner l’argent plus facilement peut-être!), contrôle des exportations, quotas, prix réservés (pour être certain que les producteurs n’aient aucune envie de s’améliorer), et pompe aspirante pour les plus doués. Voilà 40 ans qu’ils goûtent cette recette. Si ça a si bien marché ces 40 dernières années c’est sûr que le succès sera au rendez-vous en en remettant une couche!
Les propos valent effectivement le détour.
1° C’est non seulement le brain-drain (pour étancher l’émigration des intelligences françaises que vous signalez), mais encore le pillage des intelligences africaines (puisqu’elles seront incitées à venir en France) ! C’est peut-être cela qu’il dénomme le « développement durable »…
2° Le souteneur de la politique agricole commune (PAC) a le culot de laisser entendre que mettre un terme à la PAC serait une évolution trop libérale qui se ferait au détriment des pays les plus pauvres. Mauvaise foi ou ignorance crasse ?
Quant aux pays émergents, on remarquera qu’il les aligne sur les pays riches et ne fait pas valoir comment ils ont émergé ? Et pour cause…
3° Comment le souteneur de la PAC va-t-il doubler l’aide au développement ? Par un financement innovant, la taxation internationale ! Déjà patriotisme économique et taxation internationale, tout le monde aura compris que cela va ensemble… Ensuite, pour voir dans la taxation internationale un financement innovant, il faut vivre au début du XXè siècle (décennie 1920).
Non seulement le PACman est out of date et tue, par ces propos, tout espoir de développement en Afrique, mais encore il jette le doute sur tout espoir de développement en France tant qu’il sera en place avec ses hommes de main.
Le Chi prouve encore une fois son attachement presque banal à l’interventionnisme d’état, aux vieilles recettes coloniâtres, et aux solutions éculées qui ont fait la preuve de leur inefficacité. Il a toujours tendrement aimé les petits détournements entre amis. Voilà encore une occasion d’en mettre de nouveaux en place.
Chirac en fin de règne, j’en ai bien peur, afin de laisser une trace va » ouvrir les vannes » tout azimuth…
Bien analysé Hervé.
Le président Chirac, qui de plus en plus imite Jacques Chirac, qui imite Chirac – les poupées russes de l’imitation -, se vante paraît-il
de ne lire aucun livre.
Il n’a pas lu ceux de Peter Bauer sur le développement.
Peter Bauer, fait Lord Bauer par Mme Thatcher (par Mme Thatcher? Quelle horreur!) a étudié pendant des décennies les problèmes
de développement de l’Afrique. Il est soigneusement ignoré car ses conclusions vont à l’opposé des actions ‘importantes’ de nos
dirigeants. C’est l’anti Plan Marshall pour l’Afrique. (Une partie de ses conclusions est confirmée pour l’Amérique du Sud par le
travail plus récent d’Hernando de Soto qui n’est pourtant pas spécialement libéral.)
Au passage, comment se sont développées l’Afrique du Sud ou la Rhodésie? Avec ou sans aide? (L’avenir de ces pays est une autre
histoire.)
Et tous les pays émergents d’Asie?
Et les pays développés d’aujourd’hui? Même Marx leur reconnaît un développement pré-impérialiste.
Si le sujet vous intéresse, lisez Peter Bauer. Des extraits choisis sont disponibles ça et là . Il restera longtemps d’actualité.
Le « propriétaire » de Singapour a donné un jour ce conseil à son homologue du Khazakstan : « Si vous voulez vous développez faites
vous exploiter par les capitalistes. »
Peut être l’avez vous déjà découvert.
Sauf accident qui demande réparation immédiate, aussi bien dans la vie privée que dans la vie professionnelle, ne jamais, JAMAIS, jeter de l’argent à un problème pour essayer de s’en débarrasser. Commencer par réfléchir.
Souvent une solution réside dans une nouvelle façon de faire qui demande moins de moyens.
Moins de moyens pour l’Afrique!
(Moins de moyens, pour l’éducation, pour la recherche, pour les services publics, pour la santé…)
Essayez de vous faire élire sur ce programme.
En attendant, chers libéraux, préparez vous à payer plus pour des programmes qui sont nocifs et que vous désapprouvez.