La troisième voie

Dans la rubrique Idées des Echos, Tony Blair nous livre sa vision de la « troisième voie ». Comme on pouvait s’en douter, entre socialisme de droit et socialisme de gauche, aucune place pour la liberté. Avant de lire mon commentaire, vous pouvez retrouver l’article orignal sur Policy Network (en anglais).

Dès le début de son article, Tony Blair parle de la « troisième voie » comme d’une réalité: « les gouvernements […] ont utilisé la troisième voie comme un moyen de moderniser leur approche de la politique tout en respectant les valeurs fondamentales ».
La « troisième voie », je me demande toujours ce que c’est à titre personnel. Soi-disant entre le socialisme et le capitalisme… C’est la social démocratie alors ? Le totalitarisme soft ? On ne sait pas… Il semblerait que ce soit plutôt une politique centriste, quand on adopte un axe droite/gauche pour catégoriser.

La « troisième voie » a même des effets réels selon Tony Blair puisque là ou elles ont été appliquées, « la plupart ont réussi ». Permettez moi d’en rire… en fait quand il parle de réussite, c’est d’une timide libéralisation qu’il s’agit: la plupart du temps cette troisième voie est invoquée pour introduire plus de liberté. Heureusement Tony Blair va nous dire ce qu’est la troisième voie:
« il ne s’agit pas d’une troisième voie entre les philosophies conservatrices et social démocrate ». Oh zut, qu’est ce donc alors ? « Il s’agit d’une social démocratie nouvelle ». Voilà l’aveu: ce n’est rien de plus qu’une remise au goût du jour du bon vieux socialisme à l’européenne, enrobée d’une couche de démocratie! D’ailleurs, la troisième voie « est fermement ancrée dans la tradition de la politique progressiste et dans les valeurs qui ont motivé la gauche démocratique depuis un siècle ». Encore un aveu: c’est vraiment le socialisme qui se cache sous la troisième voie.

En pratique, comment ça marche alors ? « L’objectif de l’action collective est de permettre aux citoyens de réaliser leur potentiel de faire face à leurs responsabilités […] reconnaissant que dans des sociétés d’inégalités, sans aide collective, seuls quelques privilégiés auront une chance de réussir ». Il s’agit là de réthorique particulièrement évoluée: il faut aider les gens à faire face à leurs responsabilités… mais c’est justement les déresponsabiliser! De la même façon, si on assiste de façon permanente, où est la dignité ? Et quand on « réussit » avec une aide, n’est on pas redevable ensuite ? Où est l’indépendance ?

Tony Blair ne met pas forcément en avant l’Etat pour apporter les « aides ». Alors comment se fera le choix entre public et privé ? « Le pragmatisme décide qui, du public ou du privé, offre le meilleur service ». Bien évidemment, c’est tellement simple: le pragmatisme va décider! Mais qui se cache derrière le pragmatisme ? Une commission ministérielle ? Un maire ? Il y a toujours une personne qui décide, et si Tony Blair ne nomme pas cette personne, c’est bien parce qu’il ne compte pas laisser la responsabilité de ce choix aux principaux interessés: les futurs « aidés ». Il faut dire que si on les aide, c’est bien qu’ils sont incapables de se gérer seuls… alors quand à choisir eux mêmes!
La seule façon de décider, c’est de laisser les gens choisir au travers du marché, que ce soit pour l’éducation de leurs enfants, leur plan de retraite etc….

Tony Blair ajoute ensuite: « le racisme, le sexisme, l’exclusion ne sont pas seulement socialement mauvais, mais économiquement inefficaces ». Bien évidememnt, mais ces fléaux sont d’abord issus de l’étatisme, des aides que vous accordez à telle ou telle minorité, justement sur des critères de race, de sexe ou de revenus. D’autre part, il est évident que se priver de ressources pour une entreprise est pénalisant: la sanction si une entreprise fait du racisme, c’est de perdre en efficacité. Le marché est la solution à ce genre de problème.

Le reste de l’article décline 6 défis du XXIème siècle selon Tony Blair, et vous n’en doutez pas… il appelle toujours l’Etat au secours pour chacun!