Une petite histoire

J’entends souvent « la solidarité est un devoir collectif », ou encore que remettre en cause la solidarité étatique (donc obligatoire) est digne des pires « salauds » (en général traités de riches juste après)…

Petite histoire vraie, toute bête et pourtant belle, prouvant une fois de plus que l’Etat est INCAPABLE de s’occuper de la solidarité, et que l’individu est, en ce domaine, capable du meilleur :) Titi est marginal. Cela doit faire 10/15 ans qu’il vit ainsi, squattant là où il peut, mangeant comme il peut, passionné par la construction d’objets en allumettes.

Un jour d’hiver, un couple a trouvé Titi transi de froid dans les toilettes publiques et s’est pris d’affection pour lui. Eux ont perdu leur fils unique agé de 30 ans.

La première chose qu’ils ont faite a été d’aller voir le secours populaire de la commune. Rendez-vous est pris avec la psychologue, qui leur dit « il est complètement destructuré, on ne peut rien faire pour lui ». Drôle d’attitude pour une salariée du secteur social. Notre couple est dégouté.
L’assistant social qui s’occupe de Titi depuis 5 ans ne fait rien de plus, il « ne peut rien faire ».

Tenaces, nos amis connaissent une personne qui possède une cave inutilisée et s’arrangent pour qu’il la prête, s’engageant à payer l’electricité, Titi a donc un toit provisoire, mais il faut faire mieux.

Quelques mois plus tard, Madame, qui était engagée politiquement, retourne donc voir ses anciens « camarades » en espérant négocier de l’aide contre son adhésion (et ses futures voix) au PS local.

Bien joué !
Et oui ! Aucun de ses anciens « camarades » n’avait pu faire quoi que ce soit jusqu’à ce qu’elle « négocie » sa carte..

On lui parle de Monsieur S. et on l’invite à me trouver (moi, la méchante capitaliste qui travaille pour un salaud de patron dans une – malheur !! – agence immobilière).

Titi et ses « parents adoptifs » – comme il les appelle – arrivent donc dans mon bureau, pour louer un studio.

Le courant passe bien, je m’occupe des papiers, et du dossier FSL*. Titi prend possession de son appartement, je m’arrange avec l’assureur qui avance le cout.

Quelques jours plus tard, Titi a rendez-vous chez son assistant social.
Ce dernier lui reproche le fait que j’ai rempli son dossier et l’ai envoyé directement à l’organisme chargé de gérer le FSL* (sic).
Pas grave, comme je dis, en 5 ans il a pas été capable de le loger lui ;)

Grève de La Poste, le dossier est coincé quelque part, alors que le propriétaire n’a toujours pas reçu le loyer, ni la caution ; l’assureur prend son mal en patience aussi.

Le couple s’inquiète. Ils ont peur que ce retard ne finisse par enerver le propriétaire. Je les rassure, nous savons qu’avec l’administration c’est long, et l’essentiel est que Titi soit au sec, avec le confort minimum necessaire.
La dame est contente, elle reprend espoir, et surtout l’envie d’aider.

Les derniers papiers ont été envoyé hier, avec plus d’un mois de retard.
D’ici 15 jours, tous les acteurs recevront leur dû.

Titi s’est remis à créer ses objets, il expose cet été. Régulièrement, nous lui fournissons de la colle et des allumettes, il est content.

Je ne vais pas faire la morale de cette histoire, vous la trouverez tous seuls.

Demandez vous seulement ce qu’il se serait passé si nous avions été persuadés que payer ses impôts c’est être solidaire, puisque l’Etat le dit… * FSL : Fonds solidarité logement.
Encore merci à :
Monsieur S. propriétaire
Monsieur C. Assureur
Monsieur et Madame C. Retraités
Madame W. Gérante agence immobilière

Modifié le 01/07