Légitimité de l’impôt (2)

Reprenons: dans une première partie, l’auteur de l’article publié dans le Monde tente de jeter le discrédit envers les libéraux en maniant la réthorique. Voici qu’il s’essaye à l’argumentation. Attention, âmes sensibles s’abstenir! Reprenons: dans une première partie, l’auteur de l’article publié dans le Monde tente de jeter le discrédit envers les libéraux en maniant la réthorique. Voici qu’il s’essaye à l’argumentation.

« Les administrations publiques, anticipant l’existence de besoins collectifs, réalisent des investissements publics et embauchent aussi ». Comment anticiper lorsqu’aucun signal cohérent n’est présent ? En l’absence de prix, les hommes de l’Etat se fient aux « statistiques » aux sondages, aux groupes de pressions divers. La superposition des échelles de temps rend impossible toute réelle prévision: doit on prendre pour échéance les prochaines élections, ou 50 ans ? Quand on parle de retraites par exemple, l’échelle des prévisions doit être au minimum la décennie, voire 20 ou 30 ans. Les hommes de l’Etat sont incapables par nature de faire des choix à long terme, car ils sont keynésiens (cf note en fin d’article). Tout investissement hors du cadre du marché est une perte, car il ne tient aucun compte de toutes les informations nécessaires, dont les prix sont l’expression.

Comme notre homme est keynésien, il va donc nous démontrer que les dépenses publiques sont bénéfiques: « l’injection de monnaie sous forme de salaires et investissements privés et publics lance la machine économique ». Comme l’a très récemment encore montré Martin Masse dans le Québecois Libre, et sur le Mises Institute, et comme je le rappelais aussi dans un article précédent sur le Japon (voir le Québecois Libre pour le lire), toutes les interventions sur la monnaie sont inefficaces, et même extrêmement néfastes.

Et il continue de plus belle: «  dire que l’investissement public évince l’investissement privé n’a pas plus de sens que de dire que l’investissement de Renault évince celui de Peugeot ou d’Aventis« . Comme il existe un stock illimité d’épargne ? Il est donc en concurrence avec les entreprises dans leur quête de financement. En abaissant le stock d’épargne disponible, il augmente le coût pour les entreprises, il raréfie l’épargne. Par ailleurs, vu que l’Etat se sert des taxes futures comme contrepartie de ses dettes, il suffit d’avoir confiance dans la capacité d’un Etat à ratisser pour qu’il soit florissant! Une entreprise doit démontrer que son activité va rester rentable, qu’elle ne fait pas face à des incertitudes trop grandes, que le marché se concrétisera réellement… Un Etat n’a qu’à avoir de bons services fiscaux!

« Enfonçons le clou: dire que les salaires des fonctionnaires sont payés grace à une ponction sur les revenus tirés de la seule activité privée n’a pas plus de portée que si l’on affirmait que les salaires du secteur privé sont tirés d’une ponction sur les consommateurs ». Amalgame encore: une fois le principe posé « les services rendus par l’Etat sont librement consentis, les impôts sont leur contrepartie », il peut dire ce qu’il veut. Les salaires des fonctionnaires sont payés bien malgré moi, et pourtant je ne reçois qu’un service minimal de l’Etat, voire même nul, et je dois le dire, souvent négatif! Et comme je n’ai jamais sollicité ces services, je suis obligé de les payer quand même, et quand je ne suis pas d’accord comme par exemple quand il s’agit de financer le désastre agricole je dois continuer à payer!
Les consommateurs payent en fonction de leurs choix, les administrés sont contraints de consommer et ils payent aussi sous la contrainte.

« En d’autres termes, les prélèvements sont des supplémentes consentis socialement et leur paiement permet qu’ils soient renouvelés de période en période ». Bien évidemment. Nous consentons tous à payer, car les services rendus sont bénéfiques. Mais comme l’auteur se rend tout de même compte de l’énormité de ses propos, il se sent obligé de rajouter « la pérennité de la production de services collectifs se heurte à une contradiction que seul le débat démocratique peut aider à dépasser ». Pourquoi donc, si ces services sont si bénéfiques ? Et il continue: »la demande de services collectifs par la société n’est qu’implicite, car il existe un écart entre le consentement collectif à leur existence et les réticences individuelles au paiement de l’impôt, qui sont nourries par les profondes inégalités devant celui-ci et par la croyance que le paiement de l’impôt est contre productif et spoliateur. Selon l’idéologie libérale, seule la production pour le marché serait légitime car elle seule engendrerait de la valeur. ».

J’ai vraiment du mal à commenter le paragraphe précédent. Les socialistes de tout bord prétendent toujours déceler des besoins collectifs, des désirs inconscients. A chaque fois, il faut se fier à leurs grandes intuitions géniales! Vive le Grand Timonier d’Epinal, notre Génie Corrézien! Ce qui est tangible, ce qui existe réellement par l’action, est ignoré par les hommes de l’Etat.: comme Jeanne d’Arc, ils entendent une voix. Pour eux, c’est la « société » qui leur parle. Le consentement collectif ? Il n’existe pas: seules les actions individuelles révèlent des préférences ou un consentement. Si les gens refusent de payer les impôts, c’est bien parce qu’ils jugent inutiles les services de l’Etat, ou qu’ils les trouvent trop chers!
Il parle aussi de « croyance que le paiement de l’impôt est contre productif et spoliateur ». Mais cette croyance n’est t-elle pas justifiée par l’expérience ? Plus d’impôts égale moins de croissance. Spoliateur ? Mais l’Etat vole les gens! C’est bien de la spoliation: à aucun moment un contrat n’est signé, il n’y a jamais de consentement!
Enfin, la dernière phrase du paragraphe affirme que « Selon l’idéologie libérale, seule la production pour le marché serait légitime car elle seule engendrerait de la valeur ». Comme je le rappelais, il y a création de valeur quand il y a échange libre. Quand l’échange n’est pas libre, il y a un perdant et un gagnant. Dans le consentement, le contrat, le marché libre, il y a deux gagnants à un échange. C’est pour cela que le marché crée de la valeur, et que l’Etat en détruit.

L’article du Monde se termine par une dissertation sur le concept de valeur. La valeur, selon Mises, n’est qu’une réflexion subjective des individus à un moment donné. La valeur attribuée à tel ou telle chose, service, objet, est par définition changeante, soumise à milles conditions. Certains préfèrent payer une voiture, d’autres prennent le train. Les socialistes sont incapables de comprendre cela, car eux conçoivent « l’utilité sociale ». Ils tentent d’agréger des utilités individuelles, qui comme je viens de le rappeler ne sont pas mesurables, pur fruit de l’esprit des êtres humains.
Le but de ce dernier paragraphe du Monde est bien sur de jeter la confusion sur la notion de valeur, pour jeter l’anathème sur le marché, qui serait créateur de richesse pour des individus seulement, en opposition avec la richesse sociale.

Les socialistes ne renonceront jamais à chercher de nouveaux esclaves pour leurs plans. La construction d’une société parfaite selon eux, mais qui est propre à chacun d’eux, puisqu’aucun d’entre eux ne peut admettre qu’il y ait une autre utopie concurrente à la sienne. Car comme eux « sentent » les aspirations du peuple, ses besoins, forcément il y a de l’approximation!

Par cet article paru dans Le Monde montre bien à quel point les universités françaises sont en dessous de tout, que les profs savent bien qui est leur maître, l’Etat (l’auteur est professeur à Bordeaux IV). Il montre aussi que Le Monde sert de tribune pour débiter n’importe quelle ineptie, du moment que cela concoure à l’expansion du socialisme.
A quand un quotidient libéral en France ?