Gouvernator

Extrait de mon blog, quelques contre-réactions sur le succès probable d’Arnold Schwarzenegger aux prochaines élections au poste de gouverneur de Californie, après la campagne de dénigrement méprisant lancée en France à l’encontre de ce phénomène… Confrontés à l’ascension du Gubernator, de nombreux esprits étatistes (y compris la otalité de mass media français) présentent le phénomène avec le plus grand mépris, comme une corruption du processus démocratique. Selon eux, une telle candidature transformerait en un « spectacle de bas étage », ce qui devrait être l’affaire de « politiciens professionnels », personnes expérimentées qui ont dédié leur vie entière au « bien public », etc. Ils voient dans le succès d’Arnold une mauvaise blague, une erreur populiste vulgaire (ils sont en pratique très élitistes malgré leur égalitarisme officiel), ils y voient hérésie et trahison des institutions républicaines retournées contre leur propre objet (lequel objet les intellectuels étatistes se réservent le droit de définir et le devoir de garder).

C’est exactement ce qui se passait au Moyen-âge, quand les prêtres tentaient de monopoliser l’art avec leur art sacré, et dénigraient les populaires arts profanes, cherchant à les faire interdire ou autrement à limiter leur popularité dès qu’ils le pouvaient. En fait, les intellectuels étatistes ne sont que les clercs de cette religion officielle moderne qu’est l’étatisme totalitaire: payés directement ou indirectement avec l’argent des impôts, pour justifier et étendre indéfiniment l’impôt et les privilèges établis dans les esprits du public, en retirant systématiquement toutes ressources à quiconque remettrait en question ces impôts et privilèges et chercherait à les abolir.

Seulement, bien sûr que la politique est un spectacle. Chirac et Jospin, Clinton et les autres vedettes de la politique ne sont pas moins des comédiens que Schwarzy. La seule différence, est que jusqu’à présent, Schwarzy n’était pas payé aux frais du contribuable, et a eu un rôle majeur dans de nombreux spectacles auquel le public (moi y compris) a volontairement assisté qui en a retiré une franche joie, sans avoir été contraint. Ces spectacles ont apporté une gaité sincère, en cultivant des valeurs positives, d’action individuelle opiniâtre face à une opposition écrasante. De plus, la richesse et gloire acquises par une activité indépendante rendent quelqu’un moins enclin à la corruption et l’avilissement face aux groupes d’intérêts qu’un politicien en laisse, sans parler de la double plus bienpensance bête et méchante de ces derniers (Oui, c’est la une vieille antienne aristocratique, mais elle est ici appliquée à une aristocratie naturelle de titres individuels gagnés de haut vol sur le libre marché, et non à une aristocratie héréditaire de titres hérités d’un ancêtre lointain et imposés par privilège politique). Peu d’autres politiciens peuvent en dire autant (peut-être Ronald Reagan and Jesse Ventura le pourraient-ils, pour ce qu’ils valent).

Au contraire, les politiciens professionnels sont des démagogues moroses, qui ont vécus toute leur vie aux frais de la princesse; des menteurs professionnels qui cultivent la haine, la peur, la jalouise, l’antialtruisme collectif, et autres valeurs négatives; ils sont des cabotins prêts à tout pour des financements politiques, des appuis corporatifs, et toute forme de popularité; il n’y a aucune forme de sincérité dans leurs spectacles politiques; ils ne sont jamais parvenus à inspirer la moindre joie dans le public, et rivalisent à qui seront le moins pire des choix dans la continuation de leurs exactions. Et c’est précisément pour toutes ces raisons que les intellectuels étatistes les adorent. Ils sont issus de la même classe de parasites professionnels qui vivent en répandant la bêtise auprès du public pour faire en sorte que les gens acceptent leur oppression. Ils sont solidaires face à la concurrence des forces qui émergent encore et toujours du libre marché qu’ils parasitent; ils ne peuvent pas arrêter ces forces d’apparaître à moins de détruire cette proie même dont ils se nourrissent, alors ils essaient plutôt de corrompre et d’assimiler ces forces dans leur propre corps de parasites, et d’isoler, censurer, contenir, juguler et éliminer toute force qui persisterait dans ses exigences d’abolir les privilèges et ne se laisserait pas acheter pas un nouveau privilège ad-hoc. Heureusement pour eux, en France, le protectionnisme politique protège les partis établis de l’émergence de concurrents tels que Schwarzy; cela permet aux commissaires politiques professionnels de se complaire dans le ressassement de leur pseudo-idéologie vide de sens sans que la première vedette venue vienne révéler la vacuité de leur propagande en la balayant par un succès électoral facile avec un discours dont la vacuité n’est pas celée par une logorrhée hermétique.

Peut-être la seule démocratie où l’apparence s’appuie sur des faits est Israël, un petit état en état de guerre perpétuel, où l’urgence rend la quête de privilèges secondaire par rapport à la sauvegarde de sa propre existence; et même là (ou là tout particulièrement), les résultats de la démocratie sont évidemment peu brillants — quoique tout aussi évidemment bien meilleurs que ceux de ses ennemis dictatoriaux. En parlant de dictatures, elles seules semblent éviter cette surenchère continuelle de savoir faire en spectacle politique démagogique; mais c’est seulement parce qu’il n’y a pas de concurrence à leur propre propagande politique omniprésente, qui reste donc peu subtile, grossière, primitive et inefficace dans son usage excessif de ressources comme dans son pouvoir limité de conviction — comparé aux moyens modernes de séduction employés dans la politique démocratique occidentale.

Les gauchistes s’élèvent contre la société du spectacle (dont ils font partie!), insufflant la haine à l’encontre des marques multinationales, des artistes impliqués politiquement s’ils ne sont pas gauchistes (comme Bertrand Cantat), etc. Mais le spectacle n’est pas le problème, il n’est qu’une partie de la solution; comme toute personne qui n’est pas économiquement illettrée vous le dira, le spectaculaire résout le problème de l’ignorance rationnelle, en signalant que son auteur s’investit vraiment et s’engage durablement pour des transaction mutuellement bénéfique indéfiniment renouvelées. Le vrai problème est celui de tout pouvoir politique, qu’il soit « démocratique » ou pas: le pouvoir politique (pouvoir sur les hommes) est une usurpation des libertés civiles; et ceci s’applique à tous, mêmes à ceux pouvant se réclamer d’une aristocratie naturelle, dès qu’ils cherchent à acquérir un pouvoir politique, artificiel, fût-ce au travers d’institutions ayant un semblant de légitimité comme les institutions démocratiques en ont aujourd’hui. Bon, assez de divagations pour aujourd’hui, retour au boulot.