Harmonies sociales (Spoliations et Dissonances)

Les Editions du Trident viennent de publier en juin 2007, un ouvrage de Frédéric Bastiat, inachevé pour un cas de force majeure, celui de sa mort.

Comme je l’explique dans la préface que les Editions m’ont proposé de rédiger et que je commente sur mon blog, jamais les textes composant cet ouvrage n’auraient du être publiés en complément de son livre intitulé Harmonies économiques, qu’il avait publié quelques mois avant le jour fatal (1), comme ils l’ont été en 1851, puis depuis lors dans les diverses éditions des Oeuvres complètes de Frédéric Bastiat.
C’est la raison pour laquelle les Editions du Trident ont choisi de le publier séparément et de l’intituler Harmonies sociales (Spoliations et Dissonances)

Ce livre est à lire pour de nombreuses autres raisons que je donne dans la préface.

Raison déterminante – pour autant qu’on ordonne l’ensemble -, Bastiat a prédit dans le chapitre IV intitulé « Des salaires » ce qui se produirait si jamais les Sociétés de secours mutuels alors en constitution libre venaient à être réglementées et rendues obligatoires. Autrement dit, il a anticipé sur l’Organisation de la sécurité sociale obligatoire qu’un coup de force a assénée à la France, en 1945-46, et dont nous vivons aujourd’hui les derniers soubresauts – au moins j’espère qu’il en est ainsi – ;

« Les abus iront toujours croissant, et on en reculera le redressement d’année en année, comme c’est l’usage, jusqu’à ce que vienne le jour d’une explosion. Mais alors on s’apercevra qu’on est réduit à compter avec une population qui ne sait plus agir par elle-même, qui attend tout d’un ministre ou d’un préfet même la subsistance, et dont les idées sont perverties au point d’avoir perdu jusqu’à la notion du Droit, de la Propriété, de la Liberté et de la Justice. »

A cet égard, le sous-titre ne doit pas être négligé car c’est, en définitive, le fond de l’ouvrage : Bastiat avait dans l’esprit d’écrire une physiologie de la spoliation, cet « insecte peu ragoûtant » si l’on suit la pensée de Vilfredo Pareto dans son Cours d’économie politique (1896-97), éditions Droz, Genève :

« Le blâme qu’encourt la spoliation a fait que les économistes se sont généralement abstenus de l’étudier, imitant en cela les amateurs d’entomologie qui se bornent à capturer les plus beaux papillons. Le naturaliste, au contraire, ne détourne ses regards d’aucun insecte, fût-il des plus repoussants, et la science doit étudier tous les phénomènes qui sont de son ressort. » (Pareto, § 1042)

Mais Pareto s’était félicité, aussitôt sa remarque faite, de la « brillante exception » qu’avait conçue Bastiat sous le titre « Physiologie de la spoliation » , où celui-ci avait commencé à délimiter l' »insecte »…

Commandez Harmonies sociales (Spoliations et Dissonances) aux Editions du Trident, lisez l’ouvrage et offrez le, personne ne sera déçu, je suis même certain du contraire.

(1) Les Editions ont d’ailleurs publié une nouvelle édition de Harmonies économiques en 2006, préfacée « encore » par ma plume.