Nouvelle Zélande: l’agriculture libre

Dans une double page brillante, les Echos nous apprennent qu’il existe un pays dans lequel l’agriculture n’est pas subventionnée. Ce pays, c’est la Nouvelle Zélande.
Comment se portent aujourd’hui les agriculteurs néo zélandais ? A l’exact opposé de ce qui se passe en Europe, la Nouvelle Zélande a totalement libéré le secteur agricole. Depuis 1985, toutes les aides à l’agriculture ont été abolies, « passant sans transition d’un système extrêmement protégé au régime le plus libéral qui soit au monde. », dixit les Echos.

La situation en Nouvelle Zélande dans les années 80 rapelle quelque peu celle de l’Angleterre des années 70… situation catastrophique dûe à un socialisme avancé, une économie « socialiste » de marché avec des subventions qui empêchent toute évolution normale des entreprises, c’est à dire l’adaptation, la recherche de nouveaux marchés, voire la transformation complète, ou encore la fermeture, ce qui libère les capitaux immobilisés et permet l’investissement dans un nouveau domaine.
Bref, la Nouvelle Zélande est train de faire faillite…. y compris l’Etat néo zélandais supposé garantir le bien être de tous! C’est dans ces conditions extrêmes qu’est prise la décision de libéraliser: comme en Union Soviétique, quand il n’est plus possible de « tenir », on change.

Evidemment, comme on pouvait s’y attendre, il y a eu disparition de nombreuses exploitations: en économie assistée, lorsqu’on arrête de prendre aux entreprises qui se portent bien pour donner à celles qui se portent mal, les unes font faillite, quand les autres peuvent croître de façon plus vive. De la même manière, le revenu des agriculteurs, artificiellement élevé a plongé.
Je dois ajouter que les faits ne sont pas relatés de cette manière dans le journal: aucune mention n’est faite des méfaits des subventions, ni de l’évidence des premiers résultats de la libéralisation. Au lieu de parler d’assainissement, on parle de disparition dans l’article. La notion de changement n’échappe à l’auteur des Echos, puisque effectivement de nombreux agriculteurs ont du « changer leur mode de fonctionnement et diversifier leur production ».

La traduction chiffrée de l’hécatombe de la première heure donne une mesure de l’assistanat en cours: « 25% des exploitations ovines, 20% des unités laitières n’ont pas survécu à la réforme ». Surprise, car « malgré tout », et de la bouche même d’un agriculteur établi en Nouvelle Zélande: « aucun d’eux ne serait prêt à revenir en arrière: nous sommes tous fiers de pourvoir à nos propres besoins« . Il est vrai que la fierté ne doit pas étouffer les agriculteurs français!

L’assainissement des producteurs n’a échappé à personne en NZ, car dixit Terry Brown, conseiller commercial à Meat New Zealand: « nous avons mis cinq à nous remettre la crise de 1987, 6 mois de la crise asiatique […] ». Les producteurs ont donc appris à réagir à une crise, à prévenir ses effets en diversifiant la production.

Un des problèmes del’agriculture néo zélandaise vient de son isolement géographique: il faut passer par les ports du pays pour exporter et avant 1986: « nous devions faire face à des grèves paralysantes dans les ports », toujours selon Terry Brown dans les Echos. Le syndicalisme était alors OBLIGATOIRE!!!!

Bien sûr, participer à un marché de dupes comme celui de l’agriculture est un exercice toujours délicat: les fluctuations de cours sont très importantes, et les aides diverses faussent la concurrence.
Malgré cela, les éleveurs néo zélandais s’en tirent bien, et aujourd’hui aucun ne souhaite revenir en arrière!