Pourquoi je reste libertarien

Vous vous en étonnerez peut-être, cet article ne s’appelle pas « pourquoi je suis libertarien ». Car libertarien, je le suis, et quasiment depuis ma naissance.

Pourtant, ce dont j’ai voulu parler ici, ce sont les raisons pour lesquelles ni moi, ni sans doute de nombreux libertariens qui me ressemblent quelque part, n’ont choisi la pilule bleue 1. Tout d’abord, la plupart des libertariens sont des autoconvaincus.
Je m’explique : selon mon expérience personnelle, je n’ai découvert le libéralisme cohérent ni dans les livres, ni par des proches. En fait, je l’ai pour ainsi dire réinventé. A 12-13 ans, faute d’une base pour me catégoriser, je me présentais comme un « anarchiste de droite ».

Un peu plus tard, j’ai évolué au contact d’Alain Madelin, qui m’a fait découvrir que le principe du libéralisme, que je croyais d’essence économique, s’appliquait aussi à mes idées politiques ; que vouloir le libéralisme (au sens commun du terme en France, c’est-à-dire économique) et la liberté n’était pas une contradiction ni un paradoxe, mais au contraire un niveau de cohérence supérieur. Je croyais en avoir fini avec l’anarchisme – et dieu sait que Radio Libertaire m’a déçu ; mais là encore, je n’étais pas au bout de mon parcours.

C’est sur Internet, en participant à un forum de droite où je devais combattre de front à la fois les séïdes du RPR (qui est devenu l’UMP) et du FN, que j’ai rencontré les libertariens ; j’y étais madeliniste et fier de l’être, et jouais les uns contre les autres pour tenter de les amener au parti de la Démocratie Libérale. Au début choqué par leurs idées (celles des libertariens) que je ressentais comme un retour en arrière dans mon évolution politique, j’ai pourtant rapidement compris que c’était moi, que j’étais un libertarien depuis toujours.

C’est seulement plus tard que je me suis plongé dans les classiques du genre – et encore, je pourrais compter sur les doigts d’une main ceux que j’ai vraiment lus. Atlas Shrugged d’Ayn Rand tout d’abord, puis l’Ethique de la Liberté de Muray Rothbard, et c’est à peu près tout.

Pour un libertarien en France, la pression sociale est effarante.
Vos proches de droite vous croient un gauchiste irréaliste et précisent incidemment que cela passera avec l’âge ; et vos proches de gauche pensent que vous êtes l’exemple typique qui démontre que l’électeur moyen du FN peut aussi être un type avec qui vous buvez un verre de temps en temps – je n’ai jamais voté pour le FN de ma vie, mais si je ne le précisais pas immédiatement, je suis persuadé que certains penseraient le contraire.

J’ai parlé des proches, non de ennemis. Car si vous êtes libertarien, le cercle de vos amis s’aggrandira un peu (toute petite communauté ostracisée devient mécaniquement solidaire), et celui de vos ennemis, beaucoup. En effet, toute personne à qui vous parlerez innocemment de vos idées, dans l’espoir orgueilleux de libérer son esprit du carcan d’une vision politique à axe unique (gauche/droite), vous prendra systématiquement pour un nazi. Avec le recul, le raisonnement
est facile à suivre : « Tout le monde sait très bien que la politique, c’est de droite ou de gauche. S’il prétend le contraire, alors c’est que son classement selon ce système ne lui permettrait pas de faire passer sa propagande : il est d’extrême-droite! ».

Et il y a tout un tas de choses dans la théorie libertarienne qui peuvent permettre l’amalgame avec l’extrême-droite. Le droit pour chacun de s’armer (alors que la première chose qu’a fait Hitler est d’interdire les armes à tous les civils), les milices privées (alors qu’aucun régime dictatorial n’a jamais toléré leur existence – si vous ne me croyez pas sur parole, donnez un exemple du contraire!), l’identification de l’impôt au vol privé (qui n’a jamais été faite par le passé que par des révolutionnaires de gauche2).

C’est simple : en France, tout ce qui n’est pas conforme au dogme bureaucratique est qualifié de « d’extrême-droite », de « fasciste », ou de « nazi ». De la même façon qu’en ex-Union Soviétique, le système se prétend le véritable ennemi du système, représentant le peuple ; quant aux ennemis du système, ils sont qualifiés d’ennemis du peuple. Quant on connaît le train de vie effarant des politiciens par rapport à la classe moyenne qu’ils traitent de nantis, la quantité effrayant d’argent qu’ils confisquent aux plus pauvres à chaque fois qu’ils mangent un Mac Donald’s, et le peu qu’ils redistribuent par rapport à des fondations américaines qui ne bénéficient pas du recours à l’impôt, on peut raisonnablement se demander de quel peuple il s’agit.

De même, le soi-disant « Ã©litisme » libéral, le « pouvoir » de l’argent, sont-ils comparables à l’incroyable élitisme qui consiste à prétendre que toute personne qui n’est pas policier est incapable de juger raisonnablement de l’opportunité de se servir d’une arme, et au pouvoir irrésistible de la force armée sur l’homme désarmé? Est-ce que les libéraux demandent à ceux qui veulent fonder leur entreprise un diplôme d’HEC? Pourtant, à tous les niveaux du pouvoir réel, qui est aussi administratif que politique, c’est l’ENArchie.

Chaque jour quand je me réveille, chaque soir que je me couche, je me demande : comment ces gens peuvent-ils réussir à se faire passer pour les gentils, et nous pour les méchants? Comment ont-ils réussi à infuser une âme d’esclave dans chaque esprit? Je ne crois pas à la fatalité. Je ne crois pas aux complots. Nos idées sont bonnes, si elles ne passent pas, c’est que nous devons êtres incroyablement nuls.

Nous n’avons pas encore trouvé notre erreur, mais elle doit nécessairement être monumentale. Comment expliquer sinon que le communisme, le nazisme, et leurs avatars meutriers aient réuni des foules immenses sur de grandes places rebattues par l’Histoire? Comment expliquer que nous, qui ne voulons massacrer ni voler ni piller personne, qui ne voulons que la Liberté, nous réunissions à quarante une fois par an pour une pitoyable marche pour le capitalisme où, sans la moindre mobilisation de la part de la gauche qui occupe la rue et nous ignore, nous qui sommes ses ennemis désignés, comme une mouche posée sur le front d’un mamouth, il se trouve encore des individus pour nous huer?

Plus d’une fois j’ai eu envie d’abandonner, d’oublier, de refouler tout au fond de moi mon désir de liberté et d’accepter l’Etat pour père, mère, dieu, maître et juge. Mais je ne peux pas. Car ce que l’Etat promet, il ne donne jamais. La plupart des gens ont plus confiance en l’Etat que dans les entreprises. Pourtant, la plupart du temps, ces dernières tiennent leurs promesses ; le produit commandé est livré. Qu’en est-il des promesses électorales? Je sais qu’il existe quelque part un libertarien comme moi, qui espère, qui croit qu’un jour nous serons libres, vraiment. Je sais que, sous la pression du groupe, lui aussi se sent parfois faible, a certains soirs peur de n’être qu’un fou, ou un fou en devenir.

Je sais qu’il n’attend que ça – de voir un libertarien abandonner – pour craquer à son tour. Pour lui, tant que je serai maître de mon corps et de mon esprit, je n’abandonnerai pas. 1 Dans Matrix, la pilule rouge permet d’accéder à la réalité, alors que la pilule bleue donne la possibilité de revenir au monde normal sans se souvenir de ce qu’on a vu dans l’antichambre du « pays des merveilles ».

2 Pour ceux-ci, l’impôt n’était du vol que parce que le dictateur l’empochait, et qui ne représentait pas le peuple. Eux-mêmes ne se sont pas gênés pour prélever des impôts encore plus lourds, sous prétexte qu’eux-mêmes le représentaient. Les libertariens, eux, ne prétendent représenter personne d’autre qu’eux-mêmes, et ne s’arrogent certaineemnt pas le droit d’imposer qui que ce soit.

L’ultra-droite néo-libérale au pouvoir

Le Monde en pointe de la dénonciation du clientélisme ? Normal, c’est un gouvernement de « droite » au pouvoir… mais ils ont raison!

Voilà encore une baisse d’impôts sélective envers une catégorie particulière. On doit s’en réjouir pour les bénéficiaires, mais j’aimerais savoir si la mesure est vraiment efficace, pourquoi ne pas l’étendre à tout le monde ?

Décidément ces ultra-libérauux du gouvernement n’ont ni restreint les dépenses, ni baissé le nombre de fonctionnaires, ni abrogé de lois, ni supprimé de subventions, et pas même affirmé un simple attachement moral à la liberté… Et dire qu’ils ont, dixit les socialistes, tous les pouvoirs en France! C’est peut-être ça le problème: ils ne veulent pas abandonner ce douillet pouvoir, les palais de la république, les cocktails etc…

Traffic: édifiant

Le film Traffic est saisissant. Criant de vérité. Ahurissant. Si vous voulez un bon aperçu des ravages de la prohibition, louez-le.

Entre la corruption, la prostitution, la bureaucratie, la surveillance policière, et les budgets dépensés en pure perte, tout y est.

Les prohibitionnistes devraient le regarder plusieurs fois.

Pour en finir avec la corruption, séparons la justice des autres services publics

Les affaires de corruption, de détournement d’argent public pullulent dans le milieu politique et syndical français. Le coût de cette corruption endémique s’élève vraisemblablement, annuellement, à plusieurs milliards d’euros (plusieurs centaines de francs par français) !
Beaucoup de français sont résignés à cela, ils y voient quelque chose de « normal », de fatal, qui serait dans l’ordre des choses et contre lequel nous ne pourrions rien faire.

C’est complètement faux.

L’homme politique en charge de l’argent public a eu, a et aura toujours bien entendu la tentation de piocher dans la caisse. La malhonneteté est dans la nature humaine. Contre ça nous ne pourrons jamais rien faire et quelquesoient les mesures que nous prendrons, il y aura toujours des hommes politiques pour céder à la tentation, détourner de l’argent public, se rendre coupable de corruption.

Mais cette corruption inévitable pourrait cependant être réduite au strict minimum, à un niveau bien moindre que celui qui a cours actuellement en France, si seulement nous instaurions un contre pouvoir fort chargé de surveiller les élus responsables des deniers publics et de les punir en cas de faute. Ce contre pouvoir fort, c’est le pouvoir judiciaire bien sur, la justice qui pourrait et devrait condamner tous les hommes politiques qui se rendent coupables de corruption.

Malheureusement, aujourd’hui, la justice française est à la botte des hommes politiques, des élus. Ce sont les hommes politiques qui ont la main sur elle. Nous avons confié aux mêmes personnes l’argent public, et la responsabilité de punir ceux qui détourneraient cet argent à leur profit (eux-mêmes) !!!

Il n’y a alors rien d’étonnant à ce que beaucoup de nos élus cèdent à la tentation, à ce que nous ayons en France une corruption endémique étant donné que les hommes politiques ont la quasi certitude de ne jamais être inquiétés par une « justice » qu’ils dirigent (Ce qui reste vrai même aujourd’hui).

Pour remédier à cela, il nous faut donc séparer une bonne fois pour toute le pouvoir judiciaire des autres responsabilités publiques. Il faut que nous élisions d’un côté ceux qui seront chargés d’administrer l’argent public afin de rendre tel ou tel service public (construction et entretien des routes, du réseau ferré, etc…), et de l’autre, ceux qui seront chargés de rendre la justice et donc de sanctionner le cas échéant les manquements des premiers. En somme, il faut que nous élisions d’un côté un « juge suprême » qui sera responsable du pouvoir judiciaire (police, justice) et de l’autre autant « d’administrateurs en chef  » que l’on aura de services publics différents.

De cette manière, la corruption sera réduite à son strict minimum c’est-à-dire à trois fois rien. Les pourriticiens de la Ripoublique française auront fait leur temps. L’Etat et les collectivités locales dégageront alors des milliards d’euros d’économies. Nous ne nous en porterons que mieux.

Killing fields

Pour les alterhistoriens, voici un article du Monde: S21 la machine à mort khmère rouge.

Rouge comme communistes:

Si les nazis ont prétendu éliminer les juifs de la surface de la Terre au nom d’une prétendue hiérarchie des races, les Khmers rouges ont eu recours à semblable dichotomie

L’article fait semblant de croire qu’il y a un problème culturel relatif aux Khmers, que le marxisme aurait exacerbé. Chaque régime communiste a engendré son lot d’assassinats, plus ou moins massifs. C’est dans le degré d’horreur que la culture locale joue, pas dans la génèse du crime.

Leclerc face à l’INSEE

Jeudi dernier une étude commissionnée par Michel-Edouard Leclerc concluait que le revenu disponible baisse. Fureur de l’INSEE et des ministres: il n’y a ni inflation et encore moins baisse des revenus!

« En 2003, toutes les dépenses contraintes ont été orientées à la hausse : assurance, gaz, électricité et loyers au total, la hausse de ces dépenses dépasse 5 % pendant que le revenu disponible brut des ménages n’augmentait que de 3 %.« 

[trouvé dans Le Monde, citation de l’étude commandée par Leclerc]

Voilà le problème qu’ignorent nos statisticiens: il existe des dépenses incompressibles, dont une bonne partie composée de « services publics » et de taxes diverses, qui ne font qu’augmenter. Difficile à reconnaître pour l’INSEE que la part de ces dépenses là augmente plus vite que le pouvoir d’achat, diminuant ainsi la part d’autres dépenses: vacances, loisirs, culture…

Cette vaine polémique fait partie d’un combat plus vaste de M Leclerc contre une loi interdisant des manipulations sur les prix par les distributeurs… du coup les consommateurs payent plus cher. Bref encore une histoire de fixation des prix.

Taxes, services publics et lois: un trio de choc pour votre porte-monnaie.

Alain Gérard Slama, larbin de la noblesse d’Etat

Dans un long et ennuyeux édito dont il a le secret, Alain Gérard Slama, « journaliste » au Figaro (et surtout au service des puissants) en remettait aujourd’hui une couche, une sacrée couche même ! Si l’on en croit Alain Gérard Slama, il faudrait pardonner au pauvre Alain Juppé car ce qu’il a fait (détourner de l’argent public), c’était il y a bien bien longtemps.

Ben tiens ! Comme les pourriticiens font trainer en longueur les affaires qui les concernent et ne donnent pas à la justice les moyens de faire son travail, il va donc falloir « pardonner » à tout le monde ?

Un peu plus loin, Alain Gérard Slama, pour nous vanter la vieille combine éculée de l’amnistie, n’a pas non plus hésité à employer les grands mots. D’après lui, « une société qui ne connaît que des rapports de droit est un monstre froid. Toute organisation humaine a besoin des respirations de l’amnistie pour que le droit soit supportable » ! Il a prétendu que la question était  « urgente » et faisait  « l’unanimité » ! (parmi les pourris sans doute).Il a même invoqué une hypothétique (et très improbable) caution morale du pauvre Soljenitsyne dans cette affaire !

Il a des casseroles au cul le Slama ou quoi ? C’est pourtant bien Chirac qui a fait campagne sur le thème de la tolérance zéro, non ? Mais pour notre grande noblesse d’Etat dont Alain Gérard Slama semble être un des larbins,  la tolérance zéro, ce n’est sans doute bon que pour le peuple.

Nous aussi!

Forcément avec le racisme institutionnel, aussi appelé discrimination positive, tout le monde veut sa part. Enfin, pas tout le monde, mais toutes les catégories identifiables par la couleur de peau.

Ainsi, selon 20 Minutes, plusieurs centaines de « Guyanais, Réunionais et Guadeloupéens » ont manifesté contre le racisme institutionnel pour les « Musulmans« . Pour qu’il soit étendu ou contre le concept même ?

Accepter l’idée de la discrimination positive, c’est perdre de vue l’individu pour ne voir que sa couleur ou sa religion, c’est le réduire à une seule donnée pour méconnaître les autres. C’est précisément être raciste.

Maintenant on peut s’attendre à des conflits inter-ethniques, motivés par ce racisme politique, dont la manifestation n’est qu’un avant-goût.

Juppé taulard, Juppé superstar !

Alain Juppé, condamné par la justice pour détournement d’argent public, a été ovationné lors d’une grand-messe de l’UMP ce week-end !!! On le voyait en photo ce matin, à la une du journal gratuit 20 minutes, porté en triomphe par d’une poignée de jeunes cons fraichement sorti des chaines de production de l’éducation nationale (des jeunes militants de l’UMP). Alain Juppé n’avait d’ailleurs pas l’air de trop apprécier les accolades, familiarités et autres preuves d’affection débordante que lui vouaient les jeunes têtes creuses de son mouvement.

Que l’UMP ai la reconnaissance du ventre pour celui qui a cautionné pour eux le détournement de plusieurs millions d’euros d’argent public, c’est un tout petit peu indécent pour le reste des français à qui cet argent a été volé, mais bon en matière d’indécence, les partis pourritiques de notre belle Ripoublique ne sont pas très à la page.

On pouvait voir en tout cas à cette occasion que l’UMP ne manque pas de pognon. Tshirt, pancartes, banderoles pour soutenir leur président/taulard, on n’avait pas mégoté sur les moyens.

Espérons que leur lamentable fiesta leur aura au moins laissé suffisament d’argent pour rembourser tout ce qu’ils ont volé.

Une loi pour les nounous

Quand quelque chose existe depuis la nuit des temps et que ça marche très bien depuis la nuit des temps, il faut que l’Etat s’en occupe. Et hop un projet de loi pour réguler les nounous! Aujourd’hui tout le monde peut s’improviser nourrice, à ceci près que comme d’habitude il faut un blanc-seing de l’Etat, en l’occurence de la Direction Départementale des Affaires Sociales et Sanitaires.

La DDASS distribue des « agréements »: si ses inspecteurs vous jugent bien, vous aurez un agréement (pour un enfant), puis peut-être d’autres. Evidemment elle peut aussi refuser, pour des raisons pas toujours évidentes. Par exemple il court le bruit dans certaines parties du 94 (où je réside) qu’en vertu de la discrimination positive les agréements seraient plus facilement accordés quand on est une victime de l’oppression millénaire. Mais il peut aussi s’agir de motifs comme: « votre maison a des escaliers », ou au contraire: « un appartement c’est trop petit pour des enfants ». Pile tu perds, face je gagne.

Attendez-vous aussi à des visites surprises, à des entretiens inquisitoires, à des questions sur le revenu de votre mari et préparez un extrait de casier judiciaire de votre voisin aussi. Si vous vous mettez mal avec une puéricultrice chargée des inspections, gare à vous. Qui sait si vos agréements seront renouvelés…

Malgré une réduction du nombre d’agréements maximum par nourrice il y a quelques années, le système fonctionne encore. Peut-être parce que les nounous ont préféré en partie mentir et continuer d’accueillir des enfants plutôt que de les laisser sur le palier, aussi parce qu’on ne s’occupe plus trop de ces histoires administratives pesantes et qu’on paye en liquide… Mais justement, c’en est trop! Trop de liquide, pas assez de fiches de payes, pas assez de déclarations de revenus, pas assez de cotisations sociales (même si elles sont moindres pour les nounous): les nounous sont précaires! Vite, il faut la puissance de l’Etat pour réguler ce qui ne l’était pas assez.

Le Monde, journal officiel après le Journal Officiel, relate donc le projet de loi de « notre » ministre déléguée à la famille, parce que la famille c’est trop important pour être laissée aux familles:

Méconnu, peu valorisé, c’est pourtant l’un des métiers qui crée le plus d’emplois en France

Un métier méconnu et peu valorisé attire beaucoup de gens ? Ca ne devrait pas plutôt être le contraire ? D’après les chiffres ministériels, une multiplication par 2 depuis 10 ans. Cela ne nous dit pas combien d’enfants par nourrice, notez le bien, une donnée qui est en partie contrôlée par l’Etat.

Pour professionnaliser leur statut, inadapté et précaire

Qui l’affirme ? Le ministère évidemment, repris par Le Monde. Les nounous ne sont pas des pros ? Qui peut en juger ? Ce ne sont pas les parents, évidemment, qui laisseraient leurs enfants à la première débile venue. Tout le monde sait que les parents n’ont que leur porte-monnaie en vue et détestent leurs enfants et les abandonnent lâchement la journée à des personnes privées sous-payées, même pas des crèches d’Etat, soigneusement aseptisées et régulées et pourtant foyers récurrents d’infections. Les pauvres enfants ne peuvent même pas se socialiser chez les nounous, isolés qu’ils sont dès l’âge de 3 ou 6 mois. La socialisation, ça doit commencer le plus tôt possible, et en crèche. Pas au parc, ou lors des promenades qu’il est possible d’organiser entre nounous, au lieu de la cour de la crèche.
Le statut est précaire ? Cela dépend fortement d’un facteur appelé… le marché! En région parisienne les tarifs s’envolent: il y a peu de nounous, beaucoup de bébés. En Ile de France, si les parents veulent changer de nounou, ils mettront du temps à trouver, ils ne tomberont pas forcément sur mieux, ni moins cher! En province où beaucoup de femmes désoeuvrées tentent de gagner quelques sous de plus pour un foyer à seul revenu par contre, les prix sont nettement plus bas et les parents ont l’avantage. Ils peuvent changer assez vite, et dictent les règles. Le marché à l’oeuvre. Rien d’autre. Et c’est forcément délicat à gérer pour celles en province, comme c’est difficile pour les parents parisiens!
Le « statut » est inadapté ? Encore une notion arbitraire: si les nourrices l’acceptent et les parents aussi, où est le problème ? La liberté à l’oeuvre, ça doit être ça le problème. Les gens pourraient s’y habituer!

Préparée depuis des années, réclamée par tous les syndicats professionnels, la réforme s’impose

Les syndicats vont augmenter les salaires des nourrices déjà en place, augmenter le travail au noir, et selon la zone (Ile de France ou province) créer des effets pervers: pénurie ici, demande en excès là, etc.
Quant à la conclusion « la réforme s’impose », personne n’en doute puisque la loi de l’Etat s’impose toujours, y compris contre la volonté des personnes concernées.

Ensuite vient le passage qui ruine totalement l’argumentaire du ministère:

Selon l’Insee, 61 % des ménages qui font appel à un mode d’accueil payant pour leur enfant de moins de 3 ans ont recours à une assistante maternelle, quand ils ne sont que 33 % à recourir à la crèche, et 6 % à une employée à domicile. Surtout, les Français, interrogés par le Crédoc, considèrent que l’assistante maternelle agréée est le mode d’accueil le plus satisfaisant (32 %), devant la crèche collective (25 %) et même la garde par les grands-parents (24 %) et la garde à domicile (8 %)

En gros les parents sont contents, et le système a l’air de bien fonctionner, d’autant que comme souligné au-dessus les tarifs semblent satisfaire les nounous qui se sont multipliées!

Ces femmes, qui accueillent des nouveau-nés, ont « une responsabilité de chirurgien et un salaire de RMiste », résume, lapidaire, Françoise Bauche, du SNPAAM

Mais pas les mêmes études! Et c’est l’offre et la demande qui décide des tarifs… il faut d’ailleurs noter que les nounous sont certainement trop gentilles dans ce domaine: mesdames, n’hésitez pas à demander plus, vous le méritez!

S’y ajoutent des conditions de travail difficiles et contraignantes : les journées sont longues (40 % des assistantes maternelles travaillent 40 heures et plus par semaine, selon le ministère de l’emploi), les congés sont rares, les arrêts-maladie, mal indemnisés, et les retraites dérisoires. Dépourvues de formation préalable, sans perspectives d’évolution de carrière, les assistantes maternelles travaillent dans un grand isolement et avec un fort sentiment de précarité.

Encore une fois: tant qu’elles sont d’accord avec ça, pourquoi intervenir ?
Les journées sont longues: oui. Notamment en région parisienne, où si le premier enfant arrive à 7h30 et que le dernier part à 19h30 des journées de 12h sont fréquentes, et donc ? Et donc rien. c’est comme ça. Les nounous peuvent accepter ou refuser un contrat. Certaines n’acceptent que les enfants d’instituteurs: ils travaillent près de chez eux, payent sans ciller (pas toujours, mais en général), et arrivent tôt, et vous laissent votre mercredi! D’autres préfèrent plus de boulot et prennent des enfants de commerçants: plus de boulot, plus de paye. Et ce genre de stratégie permet de minimiser le temps global de travail, maximiser la paye ou minimiser le risque.
Les congés ? Arrangez vous avec les parents. C’est tout à fait faisable. La retraire ? L’épargne!

« Chaque renouvellement de notre agrément, attribué pour cinq ans par le conseil général, est un parcours du combattant, explique Françoise Bauche. On peut être licenciée à tout moment par un employeur avec seulement quinze jours de préavis. Un enfant malade, une grand-mère qui décide de garder le petit quelques jours, et l’on se retrouve sans solde… »

En fait l’une des principales récriminations est envers l’Etat… Etre licenciée à tout moment, ça ne vous paraît pas normal quand on vous parle d’enfants ? La solution se trouve comme pour le problème des enfants absents trop souvent: mettez tout ça sur papier, passez un contrat! Faites payer un forfait mensuel plutôt qu’une base journalière. Prévoyez un préavis plus long. Arrangez vous. Négociez. Agissez en femmes libres!

Le projet de loi rend obligatoire la signature, par les assistantes maternelles, d’un contrat de travail avec les parents qui les emploient. Elles devront recevoir un bulletin de salaire en bonne et due forme.

Heh. Ce qui est amusant, c’est que ce syndicat pousse toutes les nounous à signer des contrats et à appliquer tout cela (elles ont un site… et j’en connais). Qu’elles appliquent les conseils! Ce sont de BONS conseils. Par contre que le syndicat souhaite forcer cela est illusoire (travail au noir etc)!

[les nounous] devront se former durant soixante heures avant de garder leur premier enfant – alors qu’aujourd’hui, elles ont cinq ans pour se former après obtention de l’agrément. La procédure d’obtention de l’agrément sera uniformisée dans tous les départements et assurera un meilleur respect de la vie privée des postulantes. La durée de validité de cet agrément sera allongée

60heures aujourd’hui, demain combien ? Les gestes les plus naturels doivent donc être l’objet d’une formation ? Ahurissant… Ironie: elles auront 5 ans pour se former ce qui signifie tout bonnement qu’elles n’ont pas besoin de cette formation en premier lieu… on se doute aussi qu’une nouvelle administration va bientôt être créée pour les former!
Ah et puis on parle de respect de la vie privée des postulantes ? Oh ? Faudrait-il croire qu’il y a eu des abus ? Nooooonnnnn jaaammmaaaiiss! Tout le monde sait que les gestapistes de la DDASS sont parfaitement respectueuses de la vie privée!

Espérons pour les ass’mat (assistantes maternelles, les nounous!) que ce projet tombe à l’eau, cela ne résoudra en rien les problèmes auxquelles elles sont confrontées. Tout cela créera juste un peu de rancoeur, de frustrations, et exacerbera encore les tensions sur un marché en plein boom. Le syndicat des nounous fait un très bon travail auprès des nourrices elles-mêmes, mais attention: une fois que les politiciens se mêlent au jeu vous finirez toujours par le regretter.
Aujourd’hui ce sont les nounous qui devraient bénéficier d’avantages (retraite, conditions de travail générales), mais demain si le vent tourne les nounous deviendront les affreuses profiteuses qui extorquent tant d’argent aux parents. A ce moment là quelqu’un viendra avec l’idée que les nounous devraient être payées par l’Etat et que les parents n’auront plus le choix de la nounou mais qu’il y aura un zonage des nounous etcetera… Et ce jour-là mesdames, vous aurez tout perdu. Continuez de faire ce pourquoi vous êtes douées: votre boulot de nourrice Bonjour à toutes les nounous de France que j’apprécie énormément pour leur travail ô combien délicat et attentionné. Vous faites du très bon boulot. Bravo.