Il est à la mode en France, chez les politiques, tous partis confondus, et les médiatiques de tous bords, bref dans la classe médiatico-politique, de stigmatiser les « ultralibéraux », l' »ultralibéralisme », le « libéralisme sauvage ».
Soit. Mais que proposent-ils donc tous ces Don Quichotte ? Que sont-ils, eux-mêmes ? Appelons un chat un chat : ce sont des infradéterministes.
Aux yeux de la classe médiatico-politique, est ultralibéral quiconque raisonne à partir de l’être humain qu’il est, de vous et moi, et non pas à partir du concept flou de « société ».
Est ultralibéral quiconque avance que l’être humain, simple citoyen, politique ou médiatique, agit dans son intérêt personnel et non pas dans un prétendu intérêt général – dénommé le cas échéant utilité publique ou collective, solidarité ou justice sociale – qui serait celui de la fameuse « société ».
Est ultralibéral quiconque affirme que les intérêts personnels poursuivis par les êtres humains dans le respect des lois naturelles de la propriété et de la responsabilité de chacun, sont harmonieux et que leur ensemble constitue justement l’intérêt général réel de la société, i.e. de l’état fluctuant résultat de l’association des êtres humains en question.
L’ultralibéralime ou le libéralisme sauvage, c’est « le renard libre dans le poulailler libre » (pour une réfutation, cf. François Guillaumat)
Point de départ de la stigmatisation souvent caché ou oublié aujourd’hui, le libre arbitre de l’être humain : ce libre arbitre qui opposait au Vè siècle Augustin, le futur Saint, aux Donatistes et autres Pélagiens, comme le rappelle Elaine Pagels (1988) dans Adam, Eve and the Serpent (1), citée par François Lurçat (2003) dans De la science à l’ignorance (2).
Le refus ou la condamnation du libre arbitre de l’être humain, c’est tout simplement l’affirmation du déterminisme universel.
Et l’un ou l’autre a pris diverses formes au cours des âges.
En particulier, il a donné au déterminisme scientifique des oripeaux quand il a pris la forme de la mécanique classique aux XVIIè-XVIIIè siècles.
Il a permis à Laplace d’affirmer à la fin du XVIIIè siècle, du haut de son déterminisme absolu, que le hasard est l’expression de l’ignorance de l’être humain.
Mais il s’est heurté à deux obstacles de taille au XIXè siècle, à savoir deux mathématiciens: d’abord James Clerk Maxwell (1831-1879), puis Henri Poincaré (1854-1912).
Qu’à cela ne tienne, au XXè siècle, ses thuriféraires sont parvenus à faire faire silence dans les rangs, certes au prix de la distinction toute nouvelle entre déterminisme physique et déterminisme mathématique, mais aidés aussi par les totalitaires de tout poil, philosophique, politique, économique, biologique Â…
Comme le libre arbitre le laissait prévoir, la situation leur est devenue intenable dans la décennie 1960 quand Edward Lorenz, grand météorologue, a proposé des travaux qui ont redécouvert les résultats de Poincaré sur l’existence des solutions instables pour des systèmes d’équations d’intérêt physique. L’émergence de la théorie mathématique dite « du chaos » venait d’avoir raison de leur totalitarisme.
Ils ont trouvé néanmoins une position de repli en acceptant bon gré, mal gré que désormais le principe du déterminisme mathématique ne soit plus universel, mais une propriété mathématique qu’ils ont dénommée « théorème d’existence et d’unicité ». Et, soit dit en passant, cette expression n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd économiste: la théorie de l’équilibre économique général a été réactivée.
Dans ces conditions, l’ultralibéral se doit de rappeler sans arrêt qu’il n’y a plus de déterminisme universel, mais qu’il y aurait seulement des déterminismes ponctuels, locaux, appropriés…
Ses défenseurs ne sont donc plus que des « infradéterministes » qui, situés dans les couleurs politiques des deux premiers tiers du XXè siècle, seraient aussi qualifiables d' »infrarouges ».
Ultralibéral contre infradéterministe, voilà le vrai débat politique de France à instaurer à l’orée de la campagne pour les élections présidentielles de 2007. Peu importent les « altermondialistes » et autres « socialo-communistes » repeints en vert, bleu, démocrates sociaux ou sociaux démocrates, etc.
L’enjeu du débat, c’est la reconnaissance ou non, une fois pour toutes, du libre arbitre de vous et moi.
C’est par suite l’acceptation ou non par le politique de sa conséquence immédiate, à savoir le refus par le citoyen de l’esclavage que lui impose en France, de façon croissante, la classe médiatico-politique depuis, en particulier, le coup d’état de la création de l’organisation de la sécurité sociale en 1945.
Et les formes récentes nouvelles de cet esclavage sont multiples : elles vont de la loi Gayssot sur la réglementation de la liberté d’expression à la loi sur l’inclusion dans la Constitution du prétendu principe de précaution, défendue entre autres par le député, Nathalie Kosciusko Morizet.
En résumé, ultralibéral, oui.
« Ultraviolé » par les « infrarouges », c’est terminé.
Que les infradéterministes se le disent.
Â
(1) Pagels, E. (1988), « Adam, Eve and the Serpent », Random House, New-York.
(2) Lurçat, F. (2003), « De la science à l’ignorance », Editions du Rocher, Paris.
 P.S. Complément sur mon blog.
« Ultralibéral contre infradéterministe, voilà le vrai débat politique de France
à instaurer à l’orée de la campagne pour les élections présidentielles de
2007. Peu importent les « altermondialistes » et autres « socialo-
communistes » repeints en vert, bleu, démocrates sociaux ou sociaux
démocrates, etc. »
Dites-vous, Georges, avec beaucoup d’Ã -propos. Cependant, il convient
d’admettre que ce que nous observons est tout le contraire.
Voyez ceci, communiqué par Eric ABC :
http://www.collectifdu29mai.org/+Semaine-parisienne-de-l+.html
Ce sont bien les socialo-communistes qui tiennent et je crois, tiendront, le
haut du pavé, aidés en cela par les medias, pas du tout acquis à la cause
des libéraux, ultra ou autres.
Entièrement d’accord, Emma :
« Ce sont bien les socialo-communistes qui tiennent et je crois, tiendront, le
haut du pavé, aidés en cela par les medias, pas du tout acquis à la cause
des libéraux, ultra ou autres. »
C’est la raison pour laquelle il faut :
1° dénoncer ce « haut du pavé », qui n’est pas né du socialo-communisme, mais de l’application temporaire du déterminisme universel sous la forme, entre autres, qu’est le socialo-communisme et sous la forme actuelle qu’est l' »alter-mondialisme » ;
2° amener chacun à prendre conscience du vrai débat politique qu’est la rupture ou non avec la foutaise du « déterminisme universel ».
Si ce débat n’a pas lieu, pourquoi voter ? Le vote est inutile car l’éventail de choix ne comprendra que des infradéterministes.
Si le débat a lieu, c’est que des ultralibéraux seront parvenus à se faire entendre et, le cas échéant, à convaincre … une majorité.
M. Lane,
tout à fait d’accord avec votre analyse. En revanche, je ne crois pas qu’il existe dans ce pays une majorité prête à accepter et assumer la liberté. A gauche, la cause est entendue. Mais c’est aussi le cas dans les sensibilités de droite. Il n’y a d’ailleurs qu’à écouter Radio Courtoisie où les arguments contre le libéralisme, et autres opinions étatistes ne sont pas rares (exception faite du libre-journal des Economistes bien sur !), au nom de la nation, de la francophonie, de la défense de la France dans le monde contre les méchants Américains etc.
Mais le pire ici, c’est l’avenir de notre jeunesse
Etant enseignant en collège-lycée, j’ai pu mesurer l’ampleur des difficultés pour contrer la pensée magique étatiste et collectiviste enracinée dans l’esprit des enfants (et celui des parents !): programmes scolaires, manuels, inspecteurs, direction, collègues (ou « l’équipe pédagogique » pour faire plus collectiviste), tout est réunie pour embrigader et préparer les jeunes esprits à la social-démocratie. C’est pourquoi il n’y a rien à attendre, ni pour aujourd’hui, ni pour demain des médias et des élections. Il nous faut attendre la lente mais inexorable décrepitude de notre pays pour envisager quelque chose? Je crois en fait que nous sommes réduits
(suite du commentaire)
nous sommes réduits, devant un tel gachis, à rester des spectateurs désolés mais passifs, en attendant un jour une véritable réaction dans ce pays. Pour combien de temps ?
…. Nous sommes réduit à attendre la Faillite du pays France pour faire les réformes nécéssaires..
Don Quichotte
c’est ce qui nous reste. Cela diminuera les recettes fiscales de l’Etat et conduira à la faillite plus rapidement. Un peu comme le départ des Allemands de l’est par la Hongrie avant la chute du mur.
C’est étonnant ce que tu nous dis là Georges.
À ton habitude tu ne le dis pas d’une façon simple, mais au fond tu soulignes la persistance de croyances vieilles comme le monde (humain).
Tout ce que l’on observe a une cause que l’on attribuait autrefois, quand on ne comprenait pas, à la volonté d’êtres surnaturels bienveillants ou malveillants, autant que possible dotés de caractères humains.
Comme a dit Hayek on ne peut agir, penser, faire des projets que dans un monde raisonnablement ordonné. Nous ne saurions vivre dans un monde complètement aléatoire. Nous sommes les produits biologiques et intellectuels d’un certain ordre. (Ici nous laissons la place pour Dieu ou la Raison selon les croyances.)
Donc nous cherchons désespérément des régularités, même là où il n’y en a pas. Nous sommes des drogués du déterminisme.
Ce qui est fantastique dans ce que tu nous dis, c’est que ceux qui seraient le mieux équipés pour comprendre et étudier les limites de ces régularités, eh bien ils s’accrochent. Quand on les chasse du tout, ils cherchent à nouveau dans la partie. Quand on leur montre que le même problème existe dans la partie, ils utilisent le subterfuge des probabilités qui sont un déterminisme éclaté.
Impossible pour eux de se débarrasser des superstitions anciennes.
Et ce qui est le plus prodigieux encore : une fois décrété ce déterminisme, ils se mettent sans hésitation à la place des êtres surnaturels pour en prendre le contrôle, prédire l’avenir, et le diriger.
D’un autre côté, ils se révèlent incapables de comprendre des causalités qui vont à l’encontre de leurs préjugés.
T’ai je bien compris?
Merci pour cet éclairage sur l’utilisation sournoise et dévoyée des probabilités, et les conséquences inattendues mais bien réelles dans notre vie.
Si vous voulez avoir un exemple vivant d\’\ »infradéterministe\ », je ne saurais trop vous conseiller de lire
“France solidaire et France libéraleâ€,
par Jean-Louis Andreani
LE MONDE | 15.06.06
sur le site
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-783884,0.html
L\’auteur en incarne un condensé remarquable.
[…] Pour que la France sorte de toutes les difficultés qu’on sait et dont la cause est – pour moi – l’OSSO, pour que l’Etat de France s’extirpe de sa situation en définitive don quichottesque, car en définitive aux basques du bon vouloir des opérateurs sur le marché financier, il faut que les candidats à l’élection présidentielle s’engagent, chacun, à organiser, sitôt élu, un referendum sur l’organisation de la sécurité sociale obligatoire (OSSO) et sur ses RIRES. Ce sera une première et le résultat révèlera, en particulier, si les Français sont, en majorité, (ultra)libéraux ou (infra)déterministes, le refus d’un tel engagement démontrant déjà de la part du candidat en question l’(infra)déterminisme qui le cheville.  […]
je tombe par curiosité sur ce site et cette discussion….
c’est quoi, pour en revenir aux fondamentaux,
les « lois naturelles de la propriété et de la responsabilité de chacun »?
loi, naturel, propriété, responsabilité, chacun..
peuxtu me renvoyer à un texte explicatif?
merci
francis