Agriculture soviétique

L’agriculture française n’est plus. Depuis les années 60-70, les subventions ont remplacé le marché, pour faire de l’agriculture un « or vert ». Elles n’ont réussi qu’à faire une nouvelle classe d’assistés, autrefois chouchous du régime et qui maintenant déchantent.
Malgré tout, les gouvernements n’ont pas abandonné leurs ex-favoris. Un exemple ? La vache folle. Les agriculteurs ont longtemps constitué une clientèle politique de premier ordre. La France, avec sa « tradition » agricole, ne pouvait renier son « destin » de puissance verte. Il en était ainsi, et les politiciens d’après guerre ont décidé qu’il en serait toujours ainsi!

Les années 60 ont confirmé la prédominance de l’Etat dans le domaine agricole, avec l’Europe et la Politique Agricole Commune. Le couronnement pour les agriculteurs! Toute l’Europe s’associe pour leur tresser des lauriers… et surtout assurer les subventions.

Le marché a peu à peu été détruit: les remembrements en France, les interdictions d’importation, les quotas, les rachats de stocks, les mises en jachère forcées, les licenses d’exploitation, les permis divers, et il faut même une autorisation administrative pour acheter un terrain agricole.
La recherche du profit ? Où çà ? Dans l’agriculture française pas plus que dans la soviétique le profit ne motive quiconque. Les agriculteurs français sont de vulgaires sous-fonctionnaires, dont ils n’ont pas les avantages en terme de sécurité d’emploi, ni de salaires, ni de vacances, ni d’horaires de travail, ni de retraites. Leur travail consiste à maximiser leur revenu (les subventions) en jouant au mieux avec les réglementations qui donnent les directives.

A ce jeu là, forcément ils perdent. Et quand le marché qui existe autour d’eux s’ouvre, ils souffrent encore plus. Les adaptations nécessaires sans cesse remises sont à faire dans l’urgence, les fonds manquent car les orientations du marché ne sont pas celles que les prévisionnistes étatiques avaient prévu, et des investissements dans des productions inutiles ont déja été effectués.

Mais s’il n’y avait « que » ça. Pour leur plus grand malheur, les agriculteurs ont vu apparaître un autre problème: la vache folle.
Dans les années 80, la maladie de la vache folle a fait ses premiers ravages en Angleterre. Les victimes sont bovines, rassurez vous. Mais maintenant, elles sont humaines. 90 morts à ce jour en Angleterre, 3 en France, les projections sont sombres: de quelques centaines à quelques milliers, voire… centaines de milliers.

Le désastre, à défaut de n’être « que » potentiel, encore que 90 victimes soit en soi une catastrophe de grande ampleur, n’en est pas moins patent.

Les politiques, loin de se désavouer, ont pourtant couvert cette affaire le plus longtemps possible.
Puisque les poltiques avaient déja abandonné le jouet de l’agriculture, ils devaient bien ça aux agriculteurs. Et ce fut fait. Le Sénat français, et maintenant une commission d’enquête parlementaire planchent sur le sujet. Tous coupables, c’est la conclusion de l’enquête: en France, à Bruxelles, et à Londres. Tous les organes de gouvernements étaient au courant, tout le monde savait. Rien n’a été fait avant octobre 2000, ou presque.

Le rapport du Sénat indique clairement les responsabilités: la lecture des comptes rendus de réunion de séances interministérielles « montre que le ministère de l’agriculture et de la pêche a cherché constamment à empêcher ou à retarder l’édiction de mesures de précaution, qui se sont avérées ensuite des mesures de sécurité sanitaire, au motif qu’elles n’avaient pas de fondement scientifique« .

Dans le détail on trouve: 2 ans de retard pour l’interdiction d’importation de farines animales. Henri Nallet (PS), alors ministre de l’Agriculture nie avoir eu connaissance de la dangerosité des farines. On dénombre alors 400 cas en Angleterre, et manque de chance, il a reçu une lettre d’avertissement de M. Blandin, président de la Fédération nationale du groupement de défense sanitaire. Lettre malheureusement retrouvée par la commission sénatoriale. Les archives, ça sert parfois!

De 1990 à 1996, alors que l’utilisation des farines animales dans l’alimentation bovine est prononcée, les cas se font toujours plus nombreux en France. Que se passe-t-il ? En 1993, les farines d’Irlande, fabriquées selon la méthode anglaise, sont réautorisées. Une « note interne » du ministère de l’Agriculture suffit.

Et ce n’est pas tout: les services chargés de la répression des fraudes ne font pas leur travail. Il y en a deux (!), et donc leur première préoccupation, c’est de rester indépendant de l’autre. Surtout pas d’investigations croisées, pas de partage d’informations, rien.

Pleine et entière efficacité de l’Etat. A l’origine de tout ça ? Non pas la recherche éperdue du profit, mais bien l’intrusion de l’Etat dans un domaine qui aurait du rester privé. Danone produit des yahourts, Panzani des pâtes, Evian de l’eau… Aucune de ces sociétés n’aurait jamais pu laisser baisser la qualité des produits vendus. La destruction du marché et la fragmentation des agriculteurs n’a pas permis une réorganisation efficace.
J’imagine sans peine que des grands groupes agricoles, regroupant des exploitations autour de standards de production, d’une qualité reconnue (normes ISO ? et pourquoi pas!), et aussi de prix garantis par contrat, comme le fait par exemple… Mac Donald’s!!!!!!!!

Si les pourfendeurs du grand capital prennent appui sur la pression sur les prix exercée par la grande distribution, les grands groupes alimentaires, ils ont raison. En effet, une profession atomisée, qui survit avec des subventions, est une proie facile. Il en aurait été bien autrement si des groupes avaient pu se monter et faire face dans les négociations avec la grande distribution ou les groupes agroalimentaires.

Quel gâchis. A titre personnel, j’espère ne pas être contaminé. La peur qu’engendre cette maladie est bien réelle, car elle ne se déclare qu’après de longues années, sournoisement. Et elle est mortelle dans tous les cas, après avoir rongé votre cerveau comme des termites le feraient avec du bois. J’espère que ma fidélité à Mac Donald’s sera récompensé, si les normes de qualité ont bien été respectées chez leurs producteurs agréés.

Paix en tout cas aux victimes de l’étatisme.