Artiste à Cuba

Un artiste cubain vient de faire sa demande d’asile politique aux USA. Voilà 3 ans qu’il ne pouvait exercer son métier à Cuba, où son art n’est pas prisé par les autorités. Heureusement il a quand même échappé au peloton.

S’il y a un thème que les libertariens aiment bien aborder, c’est celui de la liberté d’expression. Pour nous, elle doit être absolue. La parole n’est que l’extension de la pensée, et il ne saurait être interdit de penser ce que l’on veut.

La censure est une affaire grave en soi. Quand un film est interdit au prétexte qu’un viol se termine par une introduction d’une arme dans l’anus d’une femme et son meurtre par balle, le réalisateur du film est à plaindre à double titre. Parce que cet homme (ou femme) a certainement besoin d’un long repos dans un endroit bien calme aux murs moletonnés, mais aussi parce que si des fois des fous partageaient sa folie macabre, il a été privé de ses droits d’auteurs. Qui sait, il aurait peut être pu payer sa thérapie avec ?
Plus que cet exemple scabreux, mais bien réel, puisque la question s’est posée l’année dernière en France, il existe des dizaines de petites restrictions de la liberté d’expression. Par exemple, il est interdit d’afficher « on embauche » sur les vitrines des magasins. Ridicule ? C’est pour ne pas entamer le monopôle de l’ANPE (Agence nationale pour l’emploi), par laquelle doivent transiter toutes les offres d’emploi.
Les plus connues des restrictions de liberté d’expression en France se situent dans le domaine de l’anti-sémitisme, et plus largement du racisme. C’est évidemment mal de dire « Mort aux J… » ou « Les a…. à la mer ». Je n’ai même pas envie de l’écrire tellement ces propos sont contraires à mes convictions. Mais ce n’est pas une raison pour les interdire. Car entre des propos très marqués et d’autres plus nuancés, ou se situe la limite ? Critiquer l’immigration en tant que phénomène social est par exemple très mal vu en France, et les personnes qui la dénoncent sont sans cesse accusées de racisme. Le politiquement correct se mêle ici à la censure, rendant l’exercice de la libre expression toujours plus difficile.

Quand un film porno-violent est interdit, le prétexte c’est l’incitation. Le même que pour le racisme. Le reste consiste en des interdictions arbitraires sans aucun sens réel.

Pourquoi doit on punir l’incitation ? Parce que si nous sommes assez grand pour voter, nous ne le sommes pas pour nous diriger seuls. Nous ne pouvons pas réprimer nos pulsions, c’est bien connu. Moi même j’ai tué à coup de haches plusieurs de mes patrons avec lesquels je me suis disputé. Je pense que tout français a quelques cadavres au fond du jardin, n’est ce pas ? Faux, archi faux bien sûr. Mais pourtant c’est cette version que voudrait nous faire avaler les censeurs.

Venons en maintenant à Cuba. Là bas, ce n’est pas une dictature soft socialiste, la social démocratie (démagogie serait plus juste). Là bas, c’est un petit dictateur qui applique le socialisme réel. Ca veut dire quoi ? Prisons, tortures, économie en ruine. Etat sanitaire déplorable, malgré toutes les conneries que certains médias, et même des commissions de l’ONU tentent de nous faire avaler. (La méthodologie onusienne incorporait l’égalité comme critère de jugement du système de santé! on partage tout quand on a rien!) Bref, ce petit paradis tropical, avec des plages dont nombre d’Européens rêvent et que beaucoup visitent, est un véritable enfer pour ceux qui y sont emprisonnés.

Là bas, la censure s’exerce comme ici. Mais elle va plus loin que chez nous: ici il est mal vu de parler de tel ou tel problème. Chez eux, c’est interdit. Les mêmes ressorts sont à l’oeuvre: il ne faut pas inciter à des agissements contraires à l’ordre établi. Cuba est l’incarnation du socialisme réel. Il ne faut donc pas critiquer la réussite du Lider Maximo.
Et quand en plus l’Etat controle tout, y compris bien sûr l’édition musicale, même pas par leviers interposés, comme en France, mais directement, par nomination politique, alors certains artistes peuvent se voir refuser tout accès à la scène.

Manuel « El Medico » Gonzalez Hernandez en a fait les frais. Il a chanté le dollar et la débrouille, au pays du socialisme réel. Il a chanté l’initiative privée et l’ennemi impérialiste. Sa femme ayant réussi à émigré aux USA, il a enfin pu partir lui aussi. Sa première tentative s’était soldée par un échec, sa femme et son enfant étant toujours otages des sbires de Castro.
Entre les deux tentatives, trois ans se sont écoulés, durant lequel il n’a pas pu chanter.

C’est un coup dur pour Castro, car ce chanteur était plus que populaire dans la démocratie « populaire » de Cuba.
C’est aussi un peu d’espoir car il reste des endroits ou l’on est moins persécuté que d’autres.

En France, le climat du politiquement correct est les lois perverses permettent de censurer efficacement sans éveiller de réactions médiatiques. Nous prenons tout droit le chemin de Cuba messieurs.