Wal-Mart m’a tuer

Wal-Mart, si vous ne le savez pas déjà, est l’un des plus grands groupes US, et en tout cas l’un des principaux employeurs. En France l’équivalent s’appelle Carrefour, un nom qui inspire… la peur! Non ? He bien selon Le Monde La puissance de Wal-Mart commence à effrayer l’Amérique.

Le géant de la distribution, qui emploie 1,2 million de personnes aux Etats-Unis, aurait, grâce à ses prix bas, permis aux consommateurs américains d’économiser 120 milliards de dollars en 2003. Mais il est accusé de contribuer à la paupérisation et à la désindustrialisation du pays.

Donc il permet d’économiser des sommes considérables et emploie un tas de gens, réussit à faire des profits aussi (ce qui n’est pas abordé dans l’article) mais il appauvrit les gens. Accusation difficile à soutenir dans la même phrase! Quant à la désindustrialisation, si l’on entend par là « morts dans d’effroyables souffrances des pauvres ouvriers américains remplacés par des guatémaltèques payés en roubles soviétiques », c’est un drame, mais ce n’est que voir un aspect. L’autre c’est tout simplement que si les guatémaltèques acceptent de bosser comme ça c’est qu’avant ils ne travaillaient pas du tout ou dans des conditions pires, et que d’autre part le capital libéré aux USA sera réinvesti dans d’autres activités plus créatrices de richesses. Exit cette accusation.

Chaque semaine aux Etats-Unis, près de 140 millions de personnes passent à une caisse d’un supermarché Wal-Mart. Environ 30 % des couches, du papier toilette, des shampooings et des dentifrices vendus aux Etats-Unis le sont par Wal-Mart. Il faut y ajouter 20 % de la nourriture pour animaux domestiques, et 15 % à 20 % des CD, cassettes vidéo et autres DVD…

La démocratie, c’est un vote, une fois de temps à autre, adviendra ce qu’il adviendra car vos chances de changer le cours des choses est moindre encore que celui de gagner au loto, et que les « représentants » font ce qu’ils veulent de toute façon… Le marché par contre c’est un processus permanent. Quand chaque jour, 20 millions d’Américains font la queue dans un Wal-Mart, c’est une marque de confiance phénoménale. Cela veut dire que 20 millions de personnes différentes n’ont pas trouvé mieux pour faire leurs courses. (à l’échelle de la France cela représenterait 3 millions de personnes qui font leurs courses à Carrefour chaque semaine. C’est peut-être le cas d’ailleurs…)

Le premier magasin de la chaîne a été ouvert par Sam Walton en 1962 à Bentonville dans l’Arkansas. Selon le classement du magazine Forbes,ses cinq héritiers disposent aujourd’hui chacun d’une fortune évaluée à 20 milliards de dollars. Le chiffre d’affaires de Wal-Mart, 259 milliards de dollars (209,59 milliards d’euros), est supérieur au produit intérieur brut de la Suède.

C’est pas la supérette du coin…

Mais la puissance acquise par la plus grande entreprise du monde, qui emploie plus de 1,3 million de personnes dans ses 8 000 magasins (dont 3 400 aux Etats-Unis), commence à faire peur dans son propre pays. Selon le classement annuel publié par le magazine Fortune, le 8 mars, Wal-Mart est devenue l’entreprise la plus admirée et la plus détestée des Américains. Le groupe a annoncé son intention d’ouvrir 1 000 magasins supplémentaires sur son sol dans les prochaines années, dont 300 en 2004. Cela devrait lui permettre de contrôler, avant la fin de la décennie, la moitié de la vente des produits de consommation les plus courants.

Quelle puissance ? Que veut dire ce mot ? Moi quand j’entends « puissance » je pense immédiatement à l’usage de la force. L’entreprise Wal-Mart force quiconque à acheter les produits dans ses rayons ? Les 1,3 millions d’employés sont payés ou mis en cage le soir ?
Wal-Mart est aimé et haï par les mêmes personnes ? Les 20 millions d’Américains qui y font leurs courses chaque jour aiment-ils Wal-Mart ou détestent-ils Wal-Mart ? Que nous indiquent leurs actions répétées ?
Ouvrir des nouveaux magasins n’aura d’autre impact que de permettre à un tas d’autres Américains de profiter des prix de Wal-Mart… ou non car ils choisiront d’y aller ou pas!

Le slogan historique de la société, « Everyday, low prices » (des prix bas tous les jours), a permis aux consommateurs américains d’économiser directement 20 milliards de dollars en 2003, selon le cabinet New England Consulting, et encore 100 milliards indirectement en forçant les autres distributeurs à baisser leurs prix. Les analystes mesurent maintenant aux Etats-Unis un « effet Wal-Mart » à l’échelle macro-économique. Il se traduit à la fois par une baisse de l’inflation et une hausse de la productivité.

L’effet Wal-Mart. On avait le toyotisme, le fordisme… le wal-martisme ? J’ai lu un article sur le système d’information de Wal-Mart: quand ils ont changé ils ont dit à tous leurs fournisseurs: « mettez vous à notre norme or die ». Qu’ont fait les fournisseurs ? Ils ont accepté. Ils n’ont pas été forcés de le faire. Ils avaient le choix: trouver de nouveaux clients ou évoluer avec Wal-Mart. Autant dire que la plupart a rendu compatible leur SI avec les demandes de WM. L’investissement de WM dans le nouveau SI se comptait en milliards de dollars. Combinés avec les investissements des fournisseurs, voilà comment on arrive aux gains de productivité phénoménaux. Bien ou mal ?

Pour ses partisans, Wal-Mart est un agent économique vertueux. Il contraint les fournisseurs à devenir plus efficaces et répercute l’essentiel des gains aux consommateurs. « Wal-Mart est la meilleure chose qui soit jamais arrivée aux classes populaires américaines », affirme Michael Cox, économiste de la banque de Réserve fédérale de Dallas (Nevada). En moyenne, quand un supermarché du groupe ouvre ses portes, les prix baissent de 10 % à 15 % dans les magasins alentour. Revers de la médaille : sur les 65 000 fournisseurs de l’enseigne, certains ont été contraints de licencier après avoir perdu des marchés du jour au lendemain pour des prix supérieurs de quelques cents à un concurrent. D’autres, pour rester compétitifs, ont délocalisé leurs productions en Chine. « Wal-Mart oblige ses fournisseurs à être compétitifs sur le plan international et pas seulement local, comme auparavant », explique Michael Silverstein, du Boston Consulting Group. Il est dur mais honnête avec eux. Le système est transparent. Il n’y a pas de passe-droit et de dessous-de-table. »

Voyons, quel est l’intérêt de Wal-Mart ? Tuer ses fournisseurs et en rechercher de nouveaux avant de les asphyxier à leur tour, en chercher d’autres… ou… travailler en synergie avec les fournisseurs et les aider à faire des gains de productivité, garantir un volume d’activité, permettre un développement à long terme… Si vous changez de producteur tous les 6 mois, comment vous garantissez la qualité ? Comment vous expliquez à vos clients que dans vos rayons leur marque préférée apparaît et disparaît ? Impossible sauf sur de très rares produits totalement indifférenciés. Pour le reste, on connaît: ce sont les effets de la liberté… Notez que contrairement à d’autres pays où les lois interdisent de pratiquer les prix qu’on souhaite, il n’existe pas de surfacturation de prestations, de contrats de promotion bidons…

La montée en puissance de « l’ogre » de la distribution est devenu un sujet de la campagne électorale. « Les pratiques de Wal-Mart, en matière de couverture maladie, sont inacceptables. La manière dont cette entreprise traite ses employés n’est tout simplement pas équitable », a déclaré à plusieurs reprises, John Kerry, sénateur du Massachusetts et candidat démocrate à la présidentielle. Sa femme, Teresa Heinz Kerry, est encore plus critique : « Wal-Mart me rend folle. Ce groupe détruit les agglomérations. » Le groupe se heurte de plus en plus souvent, quand il veut implanter un supermarché ou un hypermarché, à une opposition locale forte.

Sujet de campagne électorale ? Ah évidemment il fallait que le gauchiste de service dise son mot. « Pas équitable » ? Ca veut dire quoi équitable ? Les employés veulent bien y bosser non ? Ils acceptent les conditions de leur employeur ? Faut-il imposer par la force des contrats spéciaux pour Wal-Mart ? Pour toutes les entreprises de distribution ? C’est quoi une entreprise de distribution ? Pour toutes les entreprises alors ?
Quant aux commentaires de Teresa, elle qui finance des organisations « controversées« , on aurait envie de lui parler des délocalisations de Heinz.
Ceci dit, si Wal-Mart se heurte à une forte opposition, de qui émane-t-elle ? Certainement pas des futurs clients… mais plutôt de la concurrence qui n’a pas envie de rogner ses marges ? D’habitude les gauchistes nous bassinent sur les sales profiteurs capitalistes exploiteurs, et quand un sale capitaliste a des marges faibles ils prennent parti pour les commerçants petits bourgeois ? Décidément le jour où ils auront une position cohérente…

Pour ses adversaires, le système Wal-Mart endommage irrémédiablement le tissu économique et social. La liste des reproches qui lui sont adressés est interminable : il mènerait à la faillite ses concurrents, viderait les centres-villes de leurs commerces, tirerait les salaires vers le bas, supprimerait ou réduirait les assurances sociales… Le distributeur, en multipliant les importations à bas prix, contribuerait à détruire les emplois aux Etats-Unis, et accélérerait la désertification des campagnes. « Wal-Mart est le point final d’une économie et d’une société dont la valeur dominante consiste à réaliser la meilleure affaire, résume Robert Reich, ancien secrétaire d’Etat au travail de l’administration Clinton. Les consommateurs tireront de grands bénéfices de Wal-Mart aussi longtemps qu’il devra faire face à une véritable concurrence. L’inquiétude est qu’il devienne trop puissant et étouffe toute compétition. »

La même chose qu’en France avec les hypers: le centre ville etc. Il y a bien longtemps que les centres-villes ne sont plus les lieux du commerce, supplantés par les banlieues où il y a de l’espace, et la clientèle aussi d’ailleurs. Tirer les salaires vers le bas ? Pourquoi les gens quitteraient leurs boulots mieux payés ? Parce que Wal-Mart fait concurrence ? Ce que les uns gagnent sera largement récupéré par les clients… et d’autres commerces ouvriront ailleurs avec les économies réalisées grâce à Wal-Mart! Quant à la désertification des campagnes, après la désertification des centres-villes…
Le commentaire de M. Reich est parmi les plus absurdes. Il devrait rencontrer personnellement les 20 millions de clients quotidiens de Wal-Mart et leur dire un par un qu’ils sont d’ignobles consommateurs avides de faire des affaires. Parce que bien sûr lui il doit fuire les prix bas. Forcément vous allez me dire, un ancien secrétaire d’Etat ça doit toucher suffisamment pour ne pas avoir à se compromettre avec la populace dans un Wal-Mart…
Et la concurrence existe encore, bien que K-Mart, principal concurrent, ait traversé des difficultés importantes. Ou sinon je vous parie qu’un Crossroad (Carrefour) verra le jour aux US…

D’ores et déjà, l’impact de Wal-Mart sur le marché du travail américain est considérable, bien au-delà de ses 1,2 million de salariés aux Etats-Unis. Le premier employeur privé du pays établit de fait une norme sociale. Elle est particulièrement basse. Selon les chiffres disponibles, en 2001 un employé de Wal-Mart gagnait en moyenne 13 861 dollars. Or, le seuil de pauvreté, selon le gouvernement fédéral, était alors de 14 630 dollars pour une famille de trois personnes.

Une norme ? 300 millions d’habitants aux USA. La population active est d’environ 75% des Américains, dont 95% environ a un emploi, cela fait au bas mot 230 millions. 1,2 millions de personnes permettrait d’établir une norme ? C’est prêter une énorme importance à une entreprise qui pèse même pas 1% du total… certainement beaucoup moins que les 20% d’Américains qui travaillent pour l’Etat..
Parlons maintenant du salaire moyen des employés de Wal-Mart. Que font-ils ? On pense aux caissières, aux magasiniers… emplois peu qualifiés, beaucoup de temps partiels… Salaire horaire moyen svp ? Ah dommage, on ne l’a pas… Combien ont un conjoint qui travaille ? Sachant que parmi la population active 95% des gens ont un travail, cela veut dire que la majeure partie des employés de Wal-Mart vit dans un foyer où il y a 2 revenus. Et que le fameux seuil (qui lui même est calculé selon une méthode absurde, puisqu’il correspond à la moitié du revenu médian, et à rien de concret, voir dossier pauvreté du QL) est donc forcément dépassé par tous les employés de Wal-Mart!

Wal-Mart fait face aujourd’hui à des dizaines de poursuites judiciaires pour avoir contraint son personnel à faire des heures supplémentaires sans être payé, pour employer des immigrés en situation irrégulière et pour pratiquer des discriminations sexuelles. Le groupe insiste sur le fait que ces affaires ne sont pas le reflet de la culture de l’entreprise mais de dérives locales. « Si les accusations sont prouvées, nous ferons ce qu’il faut pour que cela ne se reproduise plus », déclare Ray Bracy, son vice-président.

Nul doute que sur 3400 enseignes aux US même, il doit bien y avoir quelques brebis galeuses! Y en a-t-il plus que dans les autres entreprises ? Se retrouver accusé de telles pratiques n’est-il pas dommageable pour Wal-Mart, donc un comportement réprouvé sincèrement par la direction ? Vous imaginez l’impact en terme d’image de marque s’il s’avérait que de tels agissements soient cautionnés ou couverts par la direction ?

« La même volonté de faire baisser en permanence les coûts, qui a fait de cette entreprise un exemple extraordinaire d’innovation dans le domaine de la gestion, a aussi conduit à être un employeur sans conscience,estime James Hoopes, spécialiste de l’éthique des affaires au Babson College. La vie des travailleurs les plus modestes est devenue beaucoup plus dure dans ce pays qu’il y a un quart de siècle. La prospérité, au lendemain de la seconde guerre mondiale, a été construite sur la participation la plus large à un marché de consommation de masse, qui a créé une Amérique plus égalitaire. Ce système ne semble plus fonctionner, en partie à cause de la mondialisation, dont Wal-Mart est devenu un symbole. »

La vie des travailleurs « modestes » a empiré ? Chiffres s’il vous plaît! Ce genre d’affirmations sans chiffres n’a pas grande valeur. On se demande aussi comment « la participation la plus large à un marché de consommation de masse » a pu baisser! La faute à Wal-Mart, très certainement…