La droite vire à gauche, on le savait. D’ailleurs, j’affirmais dans un article Chirac, militant d’ATTAC, et Turion faisait écho avec l’UMP fusionne avec ATTAC.
Le virage est maintenant concrétisé par l’orientation du gouvernement « trois fois rien trois »: le social. La situation héritée du précédent gouvernement en 2002 était certes mauvaise, désastreuse, minée à bien des égards, mais la majorité de « droite » était confortable, et surtout, elle avait cinq années! 2 ans plus tard, le bilan est franchement catastrophique. Le sobriquet « Trois fois rien » résume parfaitement l’inaction du gouvernement. Examinons quelques-uns des « grands dossiers ».
Les retraites, la sécurité sociale
Les retraites sont-elles libres ? Non, je suis toujours obligé de cotiser des sommes folles dans un système dont je sais pertinnement qu’il ne me reversera rien du tout. La « Sécurité Sociale » ? Rien non plus, malgré les lois (voir à ce sujet assurance maladie privée). Qui oserait de toute façon défier l’URSSAF et la Sécurité Sociale ? Qui serait assez fou pour se dresser contre les tribunaux administratifs et engager des frais considérables dans des procès longs au résultat incertain ? Idem pour l’inéducation nationale.
Les impôts
Et si on parle des baisses d’impôts, laissez-moi rire: où sont-elles ? TVA ? Inchangée. Taxes diverses sur le salaire ? Inchangées. Taxes locales etc ? En forte hausse partout. Impôt sur le revenu ? Ohhhhh une microbaisse de 3 points! Comme c’est gentil maître de nous offrir (car c’est un cadeau fiscal) quelques petits points! Pourquoi pas une flat-tax ? Pourquoi pas, disons, un taux unique de 10% sur les revenus à partir de 10.000 euros ? Les premiers 10.000 euros, on n’y touche pas, ensuite 10% sur la somme gagnée. 110.000 euros de revenus: 10.000 euros d’impôts. 11.000 euros de revenus: 100 euros d’impôts. Multipliez vos revenus par 10, multipliez vos impôts par 100. Voilà un beau slogan socialiste, non ? Et c’est même progressif! Plus vous gagnez, plus votre imposition se rapproche de 10%. Vous imaginez la tronche des socialistes à l’annonce d’une telle mesure ?
Ou alors imaginez une baisse encore plus populaire: la TVA passe de 19,6 à 9,8%. Plouf, du jour au lendemain ou presque. Ou alors pour être sûr de son coup abolir les taxes sur l’essence et la taxe sur les téléviseurs (la « redevance » télé)!
Mais non: trois fois rien n’a pas osé, car il aurait fallu dans le même temps couper dans les dépenses. Pourtant il y a des milliards qui se perdent en subventions, et des administrations inutiles à démanteler qui collectaient et redistribuaient l’argent… et puis quitte à creuser le déficit et la dette !
La dette de l’Etat
Tiens, parlons-en de la dette : 40% du PIB en 1993, 57% en 2001 (4 années de « droite » + 5 de « gauche »), et la prévision pour 2005Â… accrochez-vous bien : 67% ! C’est un rythme qu’on pourrait qualifierÂ… d’argentin pour vous donnez une idée du désastre latent: le gouvernement français prend le chemin de la faillite pure et simple. Le déficit s’établit à 4% du PIB, mais par rapport au budget ? Par rapport au budget c’est plus de 20% (ou même plus, si je me souviens bien des documents attachés à la feuille rose)! C’est abyssal. Et bien sûr tout cela ne tient ni compte des dernières subventions (en vrac: Allocation spécifique de solidarité, augmentation du SMIC donc nouveaux chômeurs, augmentation des salaires des fonctionnaires, suppression de certaines taxes…) et se base évidemment sur des prévisions de croissance misérables certes, mais pourtant rarement atteintes ces dernières années: 1,7% pour 2004 et 2,5% pour 2005!
La peur de la rue
Sur des sujets plus « légers », comme par exemple « les » intermittents, « les » chercheurs, etc le gouvernement Trois fois rien trois a déjà donné le ton: tous les ministres en « conflit » ont été virés. Claudie Haigneré => dehors. Luc Ferry ? Dehors… (voir zek à ce sujet). Le gouvernement a abdiqué d’entrée de jeu, et pourtant Trois fois rien connait la cause de sa défaite:
« Le gouvernement agira. Il le fera pour la France et par là -même pour l’Europe, notre grand dessein (…). Je vous demande de dire non à la caricature, de dire non à l’immobilisme, de dire non au pessimisme. En revanche, je vous demande de dire oui à la vérité, oui au dialogue, oui au mouvement », a-t-il insisté. « Les Français ont dit leur volonté de justice. Ils ont dit leurs exigences d’efficacité. Ils ont manifesté, et nous les avons entendus, leurs inquiétudes et leurs impatiences
(extrait du discours de politique générale de trois fois rien à l’Assemblée). Le gouvernement agira ? Pourquoi ne l’a-t-il pas fait avant ? Oui à la vérité ? Laquelle ? Celle des médiateux ? Ou celle des 67% de dette par rapport au PIB ? « Les Français ont […] manifesté » ? Lesquels ? Les catégories protégées, confortablement installées sous l’aile de l’Etat ? Fonctionnaires et assimilés, intermittents subventionnés non seulement pour leur régime chômage mais aussi dans tous leurs « spectacles » ? Les chercheurs ? Ceux qui cherchent 40 ans pour prendre une retraite à 75% ? C’est ça ? Et évidemment c’est ceux-là que Trois frois rien a choisi d’écouter. M. Raffarin, ce ne sont pas ceux qui font le plus de bruit qui ont forcément raison. Ceux qui tous les jours vont bosser, inlassablement semble-t-il, pour remplir les caisses de votre gouvernement d’inutiles trouillards, ne s’expriment pas dans la rue. Ils ont à peine le temps de boire leur café le matin, de sauter dans les transports en commun, en espérant qu’ils ne soient en grève, puis de bosser 6h pour l’Etat et 2h pour leur pomme, et de rentrer chez eux pour recommencer la même chose le lendemain!
Et dire que nous vivons dans un pays ultra-libéral. C’est certainement la cause du déficit de l’Etat: si l’Etat taxait tout à 100% il n’y aurait plus de déficit, et il n’y aurait plus de production non plus peut-être. C’est la faute au libéralisme si la croissance est minable en France et 3 fois plus élevée aux USA. C’est la faute au libéralisme si le taux de chômage en Suisse est 3 fois plus faible qu’ici et le niveau de vie 2 fois plus élevé (au moins!).
Puisque Trois fois rien a l’étiquette « ultra-libéral », puisque quoi qu’il fasse il aura de toute façon les gauchistes syndicalo-écolos dans la rue, les spectaclistes, et tous les trotskystes associés, et qu’en plus les médias ne se gêneront pas pour leur donner une tribune, pourquoi, oui pourquoi Trois fois rien n’engage pas de vraies réformes libérales ? Pourquoi ne pas taper du pied dans la fourmilière ? Quitte à ruiner le pays, quitte à être impopulaire, quitte à perdre les élections en 2007, pourquoi ne pas tenter le tout pour le tout ? Une baisse d’impôt sera une mesure populaire largement comprise. L’arrêt des subventions aux entreprises aussi. Que risque-t-il ? Déplaîre à Chirac ? Je croyais que trois fois rien gouvernait la France, pas qu’il préparait la réélection de Chiraq en 2007…
Effectivement, Hervé :
la maladie des Français s’appelle Chirac.
C’est pas nouveau. De toute façon la droite et la gauche sont tous socialistes et opportunistes (pour leurs dirigeants en tout cas). Ils retournent leurs vestes toujours du mauvais coté…
La clé c’est Chirac. Dans le système français lorsqu’il n’y pas de cohabitation, c’est le président qui fixe le cap. Donc le scénario est déjà écrit d’avance. Pendant les trois prochaines années, on en fait le moins possible, on écoute la gauche et les syndicats. Ensuite, on prie pour que la croissance soit là , mais cette fois ce n’est pas la peine de croire au miracle, pour les trois raisons suivantes :
– les Etats Unis qui viennent d’entrer dans un cycle de croissance n’ont pas créé d’emplois, actuellement tout se barre, notamment en Chine.
– l’Europe, et particulièrement la France compte tenu de ses rigidités structurelles et de ses déficits endémiques ne connaîtra pas un fort taux de croissance, dans les meilleur des cas 2 ou 2,5 %, donc aucune amélioration à attendre pour l’emploi.
– la gauche et les syndicats vont nous faire le coup du troisième tour social permanent, et vont encore accentuer le déséquilibre budgétaire.
Le président qui sera élu dans trois ans héritera d’une situation trés grave nécessitant des mesures d’urgence.
Bein ou il est passé mon poste ??
La droite est noyautée depuis trente ans par les gaullistes et leur « certaine idée de la france » (cf dico novlangue).On peut se demander pourquoi les plus lucides de l’UMP ne poussent pas plus fort raffarin à « mettre les gaz ».L’accentuation de la politique socialiste de la droite n’est pas tenable sur trois ans sans effet désastreux sur l’économie et suicide à terme toutes les forces de droite. Chirac doit cesser de boucher l’horizon du pays, sarkozy semble être le seul assez pointu pour tenter quelque chose à un moment opportun.Je doute malgré tout de ses réelles convictions libérales. les dissimule-t-il par calcul ? peut-il agir? veut-il agir ? comment ? mystère.Le retour de la gauche revancharde et hargneuse est en marche, la droite est à ce jour incapable de lui faire face.
C’est la gauche qui fait aussi un mauvais calcul par là . Elle devrait laisser la droite faire quelques réformes nécessaires (je crois qu’ils en sont conscients mais il n’y a que la mauvaise fois qui paye en politique) pour hériter d’une meilleure situation sinon ils n’auront rien à dépenser (inventer des droits à , tjs plus d’allocs, de moyens : les arbres montent au ciel!).
Une bonne lecture de Machiavel et ça repart!
« sarkozy semble être le seul assez pointu pour tenter quelque chose à un moment opportun.Je doute malgré tout de ses réelles convictions libérales. les dissimule-t-il par calcul ? »
Il est absolument clair maintenant que ce mec veut le pouvoir. Point à la ligne. Et le pire, c’est que vu ce qu’il disait il y a quelques années, il a parfaitement compris ce qu’il fallait faire. Mais il ne le fera pas. Comme disait Lord Acton, le pouvoir corrompt.
Tout à fait d’accord avec M. Duray…
La grande question est devenue : la France (noter la bandoulière tricolore)est-elle une démocratie et surtout un état de droit?
La floraison de sites libéraux est l’expression d’une forte demande de Liberté; paradoxalement la république qui inscrit le mot liberté en premier sur ses frontons est devenue un régime de plus en plus en plus oppressant et oppresseur.
La cause : la confiscation du pouvoir par une fonction publique de plus en plus envahissante dont l’archétype est l’énarque. Cette administration tentaculaire est devenue à l’évidence la main qui dirige le pays par ses relais politiques et surtout syndicaux. Loin de servir le pays, cette nouvelle nomenklatura use au contraire de toute son énergie pour conserver ses avantanges acquis.
Le citoyen, devenu « usager » et confronté à de plus en plus d’obligations, est en France le plus ponctionné, le plus taxé et finalement le plus empêché d’entreprendre de tous les pays développés.
Les alternatives à cette situation de plus en plus dégradée sont-elles politiques ?
Les choix offerts à un électorat de plus en plus écoeuré sont :
1-la droite dite parlementaire et la gauche dite de gouvernement. Depuis V. Giscard d’Estaing l’une et l’autre font la même politique (hormis le fol épisode Miterrand-Mauroy de 1981) qui est « le politiquement correct » : ne pas toucher aux avantages de la nomenklatura et faire taire le peuple à coup de RMI-RMA-CMU quitte à creuser les déficits.
2-le Front National dont droite et gauche classiques se servent pour « alterner » en même temps qu’il permet de ne pas représenter 20 % de citoyens au parlement,n’offre pas davantage une alternative crédible.
La France n’est pas ou n’est plus attractive, y compris pours ses propres ressortissants…
Ce lent pourrissement s’appelle la décadence.
Va-t-elle aboutir, comme d’aucuns le prédisent, à une explosion de violence ?
C’est malheureusement possible.