Tu ne fumeras point

Les fumeurs sont dans l’oeil du cyclone depuis quelques années, et les cigaretiers avec. L’Etat veut les voir arrêter de fumer pour les uns et pour les autres arrêter de produire.
Dans cette croisade pour l’hygiène et contre le cancer, les argumentns en faveur de l’intervention de l’Etat ne manquent pas.
Pourtant, il n’est pas nécessaire de détruire les libertés pour arriver à cette fin heureuse: que le minimum de gens meurent de tabagisme. La loi de la comparaison, établie par Michel de Poncins, stipule que toute innovation étatique doit être reproduite et multipliée par les autres Etats. Ainsi, sur le modèle des lois californiennes, l’Etat français souhaite rendre la vie des fumeurs impossibles: lois discriminatoires, amendes, restrictions, taxes etc… Toutes les formes d’intervention gouvernementales y passent. Et les libertés trépassent.

Les arguments de l’Etat interventionniste en matière de tabagisme répondent à plusieurs logiques, et forment un tout complémentaire. Nous verrons que chaque argument, aussi solidement ficelé soit-il, présente des failles, et qu’il existe à chaque fois des solutions moins coûteuses, aussi bien en monnaie qu’en libertés.

Le premier argument défendu est le suivant: « fumer coûte cher à l’Etat ». Dans l’optique d’un système de soins étatisés, le coût des cancers, maladies chroniques diverses, et des dommages « collatéraux » tels que l’impossibilité de travailler, sont supportés par la collectivité. En fait, il faudrait punir le fait de fumer, car un fumeur, ça coûte plus cher que ça ne rapporte (aux finances de l’Etat).

Les fumeurs, tant qu’ils s’adonnent à leur vice, n’ont en aucun cas à subir les conséquences de leurs actes. Et quand ils sont malades, que la mort les guette, les conséquences financières leurs sont épargnées. Les non-fumeurs deviennent malgré eux les bons samaritains, et après s’être faits emmerder par les fumeurs les voilà qu’ils volent à leur secours, par impôts interposés.
Peut être prendrez vous la défense des fumeurs en disant « ils ont bien été assez punis comme çà« , mais je vous laisserais cette réflexion acide. D’ailleurs ceci est bien contraire avec l’argument proposé: pas de pitié pour ces gens qui nous coûtent si cher! Même dans le malheur ils devraient donc continuer de souffrir.
Pourtant, le problème de ce « coût » vient non pas des fumeurs, mais de la structure du sytème de soin. L’Etat s’est arrogé le monopole des soins, et a proclamé l’universalité et la gratuité des soins. En France comme au Québec, les mêmes causes produisent les mêmes effets: ici on manque de scanners et d’infirrmières, mais il y a trop d’hôpitaux, alors que chez vous…. mais vous connaissez mieux la situation que moi. Bref, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’au Sud (du Québec) on est mieux soigné.
Mais pour les fumeurs l’aubaine est grande: ils ont la garantie d’avoir des soins gratuits en cas de problème.
Alors au lieu de chercher à empêcher les fumeurs de vicier l’air qu’ils respirent (ah, quel bonheur l’air doublement pollué), il faudrait penser à privatiser l’appareil de santé. Les comptables macabres (mais un comptable saurait il être gai ?) ne nous renverront ainsi plus leur chiffres inhumains, où l’utilité d’un groupe se réduit au bilan des entrées sorties dans les comptes de l’Etat.

Un deuxième argument heureusement peu mis en avant concerne la moralité de fumer. Fumer serait en soi une activité immorale, condamnable, un vice, et l’Etat devrait réduire les vices de « ses » citoyens, donc les forcer à arrêter de fumer.
Cet argument est à manier avec une extrême prudence, car il rejoint une logique conservatrice prohibitionniste basique: ce qui est mal doit être poursuivi en tant que tel, même s’il n’existe pas de dommages à autrui. C’est cette logique qui pousse l’association Famille de Frances à demander la classification d’un film en « X » (porno) pour interdire sa diffusion, c’est cette logique qui prévaut aussi quand le gouvernement australien décide de proscrire l’Internet porno en Australie, techniquement impossible certes, mais maintenant ils ont une police de l’Internet qui peut fouiller les « logs » des fournisseurs d’accès, bref c’est une logique qui en fait permet de faire tout et n’importe quoi.
Les seules limites à un tel raisonnement sont celles de la propre « morale » de celui qui censure. Si le censeur aime fumer un Havane de temps à autres, il n’y verra sans doute aucun mal. Dans le cas contraire, malheur aux fumeurs de Havane.
La morale ne peut être le résultat que des choix individuels. Sous la contrainte, cette notion disparaît. Comme le disait récemment Christian Michel: « Une femme violée n’est pas une femme adultère. Un contribuable qui paie ses impôts n’est pas un homme généreux. Un otage qui emmène des terroristes
dans sa voiture n’est pas leur complice. A chaque fois, l’acte a bien eu lieu, mais sous la menace. Ces acteurs sont des victimes. Les politiques d’ordre moral ne produisent pas de la morale mais des victimes ».

D’autre part, les compagnies de tabac, par leur marketing habile, pousseraient à essayer les produits nocifs, puis pris au piège de l’addiction, les fumeurs ne pourraient plus sortir du piège tendu. Il faudrait donc les punir de satisfaire des besoins qu’elles ont créé, mettant en danger autrui.
Pourtant, j’ai un mal fou à croire que le marketing des cigaretiers puisse avoir un effet si important sur les nouveaux fumeurs. Exploiter la crédulité des consommateurs en présentant des images de cowboy galopant dans les grands espaces américains, voilà qui me semble un peu facile comme raccourci pour déresponsabiliser les fumeurs.
Tout le monde sait les ravages du tabac sur l’organisme, et nous français avons tous vu vers l’âge de 10/12 ans des photos de poumons noircis par le goudron. Nous ne pouvons invoquer l’ignorance face au tabac. La motivation pour essayer vient d’ailleurs: l’entourage, le style que l’on veut donner, parfois on fume pour maigrir (en vain), ou pour se déstresser.
Parfois aussi, les films deviennent vecteurs de publicité camouflées: je leur souhaite d’être détectées, et que les films soient boycottés. Si cela ne choque personne, à quoi bon interdire ce type de publicité ?
Quelles que soient les addictions pourtant, il vient un moment où certains fumeurs souhaitent s’arrêter, volontairement. Et il existe bien des solutions au tabagisme: patchs, médicaments, acupuncture…. L’élément clé du succès de réussite du traitement réside dans une volonté réelle d’arrêter de fumer. Les autres ? Ils continuent. Ils ne manifestent pas la volonté d’arrêter…. sauf dans les sondages peut être!

Plus sérieux est l’argument du tabagisme passif, et ses 3000 victimes (dixit France Infos) par an. Voilà qui est pour le moins intéressant: des victimes à l’évidence non consentantes, innocentes, de quoi justifier l’intervention de l’Etat n’est ce pas ?
Et bien non. Les lieux soi disant « publics » enfumés n’en sont pas. Un restaurant ? Mais c’est un lieu parfaitement privé. Un hall de gare ? Mais c’est un autre lieu privé. Des bâtiments de l’Education Nationale ? Public certes, mais il existe bien une autorité sur le lieu par une personne responsable non ?
Le problème ne vient donc pas d’un manque de réglementation, mais tout simplement de respect de la propriété privée, ou d’un choix des propriétaires des lieux. Les directeurs de discothèque et de restaurants ont beaucoup de fumeurs dans leur clientèle ? Ils laisseront fumer dans leurs locaux. Je conviens volontiers que cela soit dégoutant, aussi bien qu’insécure, ou carrément gênant comme dans un restaurant, mais c’est le fait.
La solution étatique oppose la propriété privée à la nécessaire protection des 3000 victimes. Moi j’oppose ma non présence dans les lieux enfumés. Désolé, cette salle est enfumée, trouvez moi une table où je puisse humer la nourriture, sans quoi je pars.
Aujourd’hui, il se trouve que personne n’exploite le créneau fumeur/non-fumeur comme outil marketing. Dommage! Il viendra bien un jour ou des noms fumeurs préfèreront tel lieu à tel autre, et des entrepreneurs leurs donneront raison. Mais que la loi vienne à prohiber la cigarette partout, y compris des lieux privés, et ce mécanisme naturel ne pourra voir le jour. Il n’y aura alors que des victimes: les fumeurs privés de leur vice, les propriétaires floués de leurs biens, les non fumeurs aussi, nouveaux fachistes de la propreté totale.

Les défenseurs de l’intervention de l’Etat ne s’arrêtent pas là dans leur argumentaire. Il est souvent opposé à la liberté le principe de précaution, ou d’autres termes fumeux et mal définis. Pour la cigarette, c’est pareil: il faut protéger les citoyens malgré eux. On voit ici toute la perversité du raisonnement. Il faudrait en fait « monitorer » les citoyens indélicats, qui ruineraient leur santé consciemment. Je vois déja d’ici venir la taxe à la calorie dans les supermarchés au motif que les vendeurs de soda produisent des enfants obèses, que le Mac Do confirme la tendance à l’adolescence, et qu’ensuite les cassoulets en boîte mettent le point final à la courbe de poids quand l’adolescent est devenu étudiant. Ceci n’est pas possible. Enfin, si, étatiquement parlant, c’est possible. Mais imaginez donc la bêtise d’une telle solution. Il y a quelques semaines de cela une commission parlementaire rendait un rapport alarmiste sur la consommation de sel en France (trop élevée). Vous n’y trouvez rien d’absurde ?
Je vais vous donner une grille de lecture pour ce genre d’arguments: ils ne servent qu’à créer des commissions, des observatoires et des instituts. Ils ne servent qu’à alimenter la croissance de l’Etat. Seules les personnes concernées peuvent prendre soin de leur santé, pas une circulaire ministérielle. Et puis que ferez vous de ceux qui ne veulent pas arrêter de fumer, quels que soient les dangers ? Car il en restera toujours…

Voilà, je pense avoir fait le tour de l’argumentaire étatique contre le tabac, les fumeurs, les compagnies productrices etc. Maintenant je vais m’attacher à montrer comment les solutions que je propose apportent un réel bénéfice à tous, aussi bien en termes de liberté qu’en termes d’efficacité.

La liberté ne peut se séparer de son pendant, la responsabilité. Les fléaux du tabac sont en grande partie causés par cette dichotomie surréaliste: les fumeurs ne supportent pas les conséquences financières de leurs actes.
Pour les inciter à s’arrêter avant qu’il ne soit trop tard, rien ne vaut un bon avant goût de cette déroute financière: il faut privatiser l’assurance santé, et les primes s’ajusteront en conséquence pour les fumeurs. Ils présentent un risque 20x plus élevé de cancer du poumon ? Prends ça dans ta prime. Cancer du colon x12 ? Et encore ça en plus dans la prime. Ce sera autant d’arguments en moins pour les partisans de l’intervention, et à coup sûr cette méthode aurait l’avantage de responsabiliser les fumeurs. Peut être cela les amènerait à réfléchir un peu sur la réalité de leur geste :vous détruisez votre santé, messieurs les fumeurs.
La prise en charge par les assureurs privés auraient un autre avantage auquel on pense peu: les compagnies d’assurance confrontés à des cohortes de fumeurs chercheraient à limiter les dégâts. Les compagnies s’associeraient à des programmes de sevrage, proposeraient des services d’aides spécialisées, ou les financeraient. Les incitations financières pour les compagnies d’assurance sont ici immenses: contrairement à l’individu qui voit sa prime augmenter, mais peut être pas de manière démesurée, les assureurs vont être confrontés à des milliards de francs de dépenses.
Les campagnes d’avertissement contre le tabagisme, les recherches sur les cures anti-tabac prendront alors une nouvelle ampleur. Contrairement aux programmes gouvernemtaux de quelques dizaines ou centaines de millions de francs, les nouveaux programmes auront certainement plus d’efficacité: les compagnies privées payent réellement les dépenses, alors que l’Etat ne fait que déplacer des ressources prises par la force.

Faisons confiance à l’initiative privée, et rendons la responsabilité de leurs actes à ceux qui les commettent. Plaider l’ignorance des fumeurs n’est pas possible, et même si les cigaretiers utilisent des artifices pour vendre du rêve au lieu du poison, personne ne saurait être dupe.
Quand aux lois sur le tabagisme passif, loin de protéger les non fumeurs ils ouvrent de nouveaux conflits, passant outre le droit de propriété.
Alors, puisqu’il existe des solutions au tabagisme, pourquoi ne pas les appliquer dès maintenant ? Parce que la raison d’être de l’Etat c’est d’appliquer ses pouvoirs de coercition, et que les hommes politiques en vivent. Espérons que certains soient plus lucides que d’autres. Il en va de la vie de beaucoup.