Avec l’affaire du changement de statut d’EDF-GDF(1) (ci-après dénommée simplement EDF pour les besoins de l’article), les Français sont confrontés une nouvelle fois aux éternelles manifestations, «actions syndicales», débats atterrants de niaiserie et de mauvaise foi desquels les tenants du «service public» sont coutumiers. Au-delà des discussions techniques concernant la nature exacte de ce changement de statut, les intentions vraies ou supposées des uns et des autres, les ersatz d’arguments avancés par chacun des deux camps, je voudrais insister sur un point essentiel du débat. Essentiel et simple.
Il est apparemment clair pour tout le monde que l’«entreprise publique» EDF appartient aux Français. C’est en tous cas ce que l’on entend vociférer quotidiennement. On peut imaginer, compte tenu de l’engouement unanime pour l’égalité, que cela signifie plus précisément: à tous les Français, de manière égale.
Bien que la situation me semble plus complexe, pour une fois je ne me battrai pas. Je me rallie au point de vue général. J’accepte sans discussion l’idée qu’EDF appartient de manière égale à tous les Français, et c’est sur cette base admise que je vous demande de raisonner avec moi. Commençons.
Bout de papier plutôt que bonne parole
Une question vient immédiatement à l’esprit: si EDF appartient aux Français, pourquoi ne pas le leur signifier par écrit? Quand on possède quelque chose, il est toujours plus sûr et plus sain d’en détenir la preuve écrite. Cela évite des situations gênantes, où de prétendus gestionnaires, par exemple, s’arrogent de fait la jouissance de la propriété d’autrui. Ainsi, il semble que la moindre des choses serait que chaque Français dispose d’un papier, signé par une administration de l’État, précisant qu’il est effectivement propriétaire d’EDF à hauteur d’un soixante millionième, puisqu’il y a soixante millions de Français. Sur la question des mineurs et des incapables, il n’y a rien de particulier à dire, si ce n’est que leurs titres seraient confiés à leurs tuteurs, comme en toute autre affaire.
Bref, au-delà des détails secondaires, il serait normal que chaque Français détienne chez lui un titre de sa propriété dans EDF, pour pouvoir l’encadrer ou le ranger dans ses dossiers personnels, à côté de sa carte grise et du titre de propriété de son logement (pour ceux qui ont la chance d’en posséder un). Je ne vois vraiment pas ce qu’on pourrait opposer à un tel projet, si on croit vraiment que cette «entreprise publique» appartient aux Français.
En langage plus technique, c’est une façon de dire que chaque Français est actionnaire d’EDF à hauteur d’une action. Il ne s’agit donc pas de débattre pour savoir si les changements de statuts préparent une privatisation, ou si EDF doit ou non être privatisée, mais de constater qu’EDF est déjà une entreprise privée. Je le répète, toute personne qui ouvre la bouche pour prétendre qu’EDF appartient aux Français est en train d’affirmer que tous les Français sont actionnaires d’EDF à parts égales. Sinon, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire? En tant qu’homme pratique et conséquent, je demande donc simplement que chacun ait un bout de papier au lieu d’une bonne parole. Et que chacun ait le droit de faire ce qu’il veut de son bout de papier.
Si chaque Français est propriétaire d’une action EDF, au nom de quoi voudrait-on empêcher ceux qui ne s’intéressent guère à cette entreprise de vendre leurs actions à d’autres personnes? Et pourquoi voudrait-on interdire à tous ces braves gens de se rencontrer régulièrement en un lieu donné pour échanger leurs titres au gré de leur humeur, puisque ces titres seraient à eux? Et si, finalement, on dématérialisait les titres en question, pour plus de commodité, et qu’on les inscrivait à la cote d’une place boursière pour plus d’efficacité, où donc serait le mal?
Ceux qui pousseront des hauts cris en lisant cela considèrent au fond qu’il faut empêcher les gens d’échanger ce qu’il leur appartient, ce qui est une façon inavouée de prétendre que cela ne leur appartient pas vraiment. Ils sous-entendent donc qu’EDF n’est pas réellement à tous les Français. Oh! Dois-je comprendre qu’une minorité possède en réalité bien concrètement EDF quand les autres n’ont rien? Dois-je comprendre que nous sommes face à une corporation organisée qui spolie les masses à son profit? Je ne veux pas faire cette hypothèse qui pourrait blesser nos braves manifestants.
•Mais, me dira-t-on, c’est ingérable! Vous rendez-vous compte des millions et des millions d’actionnaires que cela ferait? Comment prendraient-ils leurs décisions de gestion? Il faudrait organiser des élections et des assemblées à l’échelle du pays. Non, ce n’est pas raisonnable.
•Qu’entends-je? Répondrai-je. Quand il s’agit d’élections politiques, donc à l’échelle du pays, vous n’y voyez pas tant d’inconvénients. Quelle difficulté supplémentaire y a-t-il donc là ? En outre, des sociétés anonymes comptant des millions d’actionnaires sont chose banale de nos jours.
•Peut-être, me répliquera-t-on, mais certains se défausseront de leurs titres, et d’autres s’engraisseront, amassant des milliers et des milliers d’actions. C’est injuste.
•Et pourquoi? Sursauterai-je. Remarquons d’abord que c’est là un remède naturel à la dispersion du capital que vous évoquiez à l’instant. Ensuite, si certains se défaussent de leurs titres, ce ne sera qu’en échange d’autre chose, et dans la mesure où ils seront libres d’échanger ou non, il n’est pas possible de voir là une injustice. Ce sera simplement le signe que beaucoup de gens ne souhaitent guère s’occuper de la gestion d’EDF, probablement les mêmes que ceux qui aujourd’hui, sont importunés par tout le bruit qu’on fait autour de cette entreprise dont ils n’ont que faire, si ce n’est lui acheter de l’électricité. Mais en voulant absolument que ce soit l’affaire de tous, on empêche cette évidence d’apparaître. Est-ce mal de vouloir s’occuper d’autre chose que de la gestion d’EDF?
•Assez! Vous savez fort bien que des groupes organisés se constitueront en vue d’intérêts personnels. Les petits porteurs seront lésés.
•Ah bon? M’étranglerai-je. Parce qu’actuellement, ce ne sont pas des groupes organisés en vue d’intérêts personnels qui contrôlent effectivement l’entreprise? Les petits porteurs, à savoir l’immense majorité des Français, ne sont pas lésés, peut-être, quand on leur demande leur argent, toujours, et leur avis, jamais? Vous souvenez-vous que les subventions au comité d’entreprise d’EDF aient jamais été soumises à l’approbation des Français? Quand bien même ce serait le cas, croyez vous vraiment qu’ils voteraient de tels crédits si on leur donnait maintenant la parole? Les inconvénients que vous voyez dans mes propositions sont précisément les maux monstrueux qui rongent éhontément le système actuel que vous défendez.
•Suffit! Ignorez-vous qu’EDF possède un parc nucléaire qui ne peut être placé entre toutes les mains? N’avez-vous pas retenu la leçon de Tchernobyl?
•WHAT? Suffoquerai-je. Avez-vous dit, ou non, qu’EDF appartenait aux Français? À tous les Français? De quels autres mains pourrions-nous donc parler? Nous sommes en France, il n’y a que des Français. Si vous voulez dire que ceux-ci risquent de choisir de mauvais gestionnaires, il n’y a pas moyen d’échapper à ce risque: ils peuvent en choisir d’aussi mauvais par le processus politique que vous vénérez tant. Les énarques et les syndicalistes ne sont ni meilleurs ni mieux intentionnés que les autres. Quant à Tchernobyl, la catastrophe ne serait peut-être pas arrivée si le parc nucléaire russe avait échappé à la gestion de technocrates irresponsables et inamovibles. Ces mêmes technocrates que vous souhaitez voir régner pour l’éternité à la tête d’EDF.
•Mais vous ne cherchez que le profit?
•Vraiment? Qui donc recherche le profit, de celui qui demande que le capital d’EDF soit distribué à parts égale entre tous les Français, ou de celui qui bataille pour que son syndicat encaisse pendant que la masse paye?
•Sale capitaliste! Hurlera-t-on dans mes oreilles en brandissant bâtons, gourdins et coutelas.
Et là , je m’enfuirai, n’étant guère spécialiste de l’usage de la force brute, que ne manquent jamais d’employer dans toute discussion les partisans acharnés du «service public».
Pour finir ma petite histoire, je me bornerai à souligner que si les «entreprises publiques» appartiennent aux Français, il est scandaleux de leur en vendre les titres sous prétexte de privatisation. Car c’est vendre aux gens ce qui leur appartient. Comment appelle-t-on cela? De l’escroquerie?
Politiciens, fonctionnaires et syndicalistes! Distribuez les actions EDF aux Français, maintenant. Ou cessez de prétendre que cette «entreprise publique» leur appartient!
Les directives européennes de 1996 et 1998 imposent à l’Etat Français l’ouverture du marché de l’électricité à la concurrence.
Ainsi, le 1er juillet 2004, 70% du marché français a été ouvert pour les professionnels (les particuliers ne sont pas encore concernés).
C’est dans ce cadre que les statuts des entreprises EDF et GDF ont été modifiés, notamment afin de leur permettre de proposer d’autres produits et services que l’électricité et le gaz.
Cette transposition des directives européennes s’est heurtée à une vive opposition syndicale, avec manifestations et coupures de courant inopinées, sous prétexte de risque de privatisation.
Article paru dans le Québécois Libre.
J’avoue que tout cela est bien marrant !
Mais il est certain que si l’on décide d’examiner la pertinence des
formules du marketing politique, on trouvera toujours de quoi bien
s’amuser.
notons que le personnel d’edf a été augmenté collectivement de 6.4%; afin de tenir compte de l’inflation certainement : heureusement qu’il ne paye pas l’électricité parce que du coup pour nous ça va augmenter!
Tout à fait d’accord.
La même idée peut être étendue à toutes les
entreprises publiques, comme déjà suggéré par
ailleurs il y a quelques semaines.
« rendez toutes les nationalisées aux français ! »,
puisque de toute façon, c’est eux qui les ont payées.
http://www.u-blog.net/liberte/note/57525
et puis, voir le facteur Besancenot porter à Bernard
Thibault son relevé de comptes titre avec le dernier
cours de bourse de ses actions EDF, ça me ferait
bien marrer !
Il me semble qu’EDF ne fait que distribuer le courant, les centrales nucléaires ne lui appartiennent pas. Elle achète le courant ou paye un loyer à Framatome, si mes souvenirs sont bon. Quelqu’un est au courant ? Par contre, une chose est sûre: EDF, ex-établissement public, n’avait que le monopole de l’acheminement du courant. Toutefois, comme elle fixe les prix pour le petit producteur privé (qui a installé des panneaux sur son toit, par ex.)…
Je pense que le jour où la production d’électricité ne sera plus un monopole de fait (un monopole toujours grâce à la complicité de l’Etat français), on assistera à un développement de tout un tas de sources d’énergie différentes…
EDF distribue l’électricité en taxant en plus des autres taxes (TVA et taxes locales) chaque kilowatt consommé de 0,0045 euros (H.T. bien entendu). Cette taxe est intitulée « contribution au service public d’électricité ». Doux euphémisme.
Emma
c’est clair que ça sonne mieux que « contribution au budget de la CGT ».
[Le jour où la production d’électricité ne sera plus un monopole on assistera à un développement de tout un tas de sources d’énergie différentes…]
Lesquelles ???????
A moins de CROIRE en des lendemains meilleurs comme nos chers libéraux béats le font avec leur idéologie, il ne fait aucun doute que pour les 20 prochaines années on va bouffer du Fioul du gaz nat et du nucléaire.
Et puis bien sur à grand renfort de subventions on aura de l’éolien de la cogé et de la biomasse. Mais regardez votre facture EDF et la ligne « contribution au service public d’électricité », cette ligne représente la subvention consentie pour « le tas de sources d’énergies différentes ».
Etes vous prèts à payer votre élec 10 à 15 c€/kWh ?
[contribution au service public d’électricité]
C’est le coût de l’obligation qu’a EDF de racheter de l’énergie produite à partir des énergies renouvelables.
Rien à voir avec la CGT…
rien à voir non plus avec son CE, d’ailleurs.
oups… je parle du CE d’EDF, évidemment.
D’accord avec Nyarlathotep.
Le CE d’EDF est le plus riche de France. On se demande bien par qui il est financé. S’il ne l’est pas par le consommateur (anciennement dénommé usager), par qui l’est-il ? Le contribuable. En l’occurence, une seule et même entité.
On comprend pourquoi il y a grosse réticence à changer de statut. Il n’est jamais agréable de se voir supprimer ses privilèges.
Emma
Pour informations, il y a quelques semaines je lisais que le CCAS (comité central d’action sociale) d’EDF-GDF, c’était par an – informations données par le CCAS – :
398 Millions d’euros dont 270 correspondent à 1% des ventes de gaz et d’électricité.
Effectif permanent : 3700 personnes
585 102 bénéficiaires
400 centres de vacances
57 368 familles reçues en été.
En d’autres termes,
3700 personnes – dites employées par EDF-GDF et payées par on ne sait qui, vraisemblablement par EDF-GDF et par le CCAS – gèrent près de 400 millions d’euros qui ne correspondent à aucun service qu’elles auraient produit et qui leur ferait mériter la recette. C’est le « vol légal » par excellence des contribuables, c’est le « butin » de gens qui ont le culot de dire qu’ils vous défendent.
585 mille bénéficiaires, ce sont a priori les employés ou retraités d’EDF-GDF. C’est à ces 585 mille personnes que les 3700 personnes « rendent service » : en d’autres termes, elles se partagent le butin étant entendu que les 3700 personnes font partie des 585 mille.
Le partage du butin passe par des centres de vacances dont on serait heureux de connaître les évaluations. Qu’on le veuille ou non, l’ensemble correspond à un capital : où ce capital est-il inscrit s’il est inscrit quelque part ? Quels sont son chiffre d’affaires et son résultat ?
Sauf à ce que les familles d’EDF-GDF se composent de dix personnes en moyenne (?), il faut admettre que des familles autres que celles des employés ont été reçues en été dans les centres de vacances.
De fait, le partage du butin passe ainsi et en plus par une concurrence déloyale des centres de vacances EDF-GDF aux autres firmes touristiques. Vraisemblablement, pas mal de firmes touristiques n’ont pas supporté cette situation et, pour s’en tirer, leurs propriétaires les ont vendues … au CCAS. Il serait intéressant de voir la courbe d’évolution du nombre des centres de vacances d’EDF-GDF depuis 1945-47 et leur répartition géographique.
Merci de vos précisions, Georges Lane.
Oui, il serait intéressant de connaître tous les centres de vacances EDF-GDF et de savoir par qui ils sont fréquentés. Quand on sait la désaffection des colonies de vacances par les enfants d’aujourd’hui…
Dans ma région – l’Est de la France, un de ces centres vient d’être vendu. La presse régionale s’en est fait l’écho… sans mentionner ni le prix de vente ni l’acheteur. Où est allé le produit de la vente ? Dans les caisses du CE d’EDF-GDF bien entendu, pour financer certainement d’autres actions très sociales ou plus attractives. Nous ne le saurons pas.
Les Français aiment être tondus sans même savoir qui les tond.
Emma
Merci, Emma, d’apporter une illustration empirique à mon propos qui était purement logique à partir des informations que les gens du CCAS avaient bien voulu laisser filtrer.
Si vous aviez encore sous la main la presse régionale en question, ne vous serait-il pas possible de décrypter l’article ? Certes, vous l’écrivez, ni le prix, ni l’acheteur ne sont donnés. Mais il y a peut-être d’autres informations enfouies…
Emma, votre message m’a donné une idée.
Vraisemblablement, l’opération n’est pas isolée et dans d’autres régions françaises, des opérations comparables sont en cours et les presses régionales (en métropole ou outre-mer) doivent en parler. Il serait intéressant de comparer les informations évidentes ou cachées ?
Les gens du CCAS tenteraient-ils de faire fructifier leur butin en spéculant impunément ?
Ami(e)s non parisien(ne)s, ou bien Parisien(ne)s en vacances « en région », à vos journaux régionaux, débusquez ces maudits spéculateurs du CCAS qui jouent avec leurs centres de vacances, parties du butin produit de notre vol en tant que contribuable ?
Merci Emma
moi, en même temps que ça me désole, ça m’amuse de voir ces soi-disant paladins du « communisme/de l’anti-libéralisme/du service-public-que-le-monde-nous-envie » spéculer comme le premier capitaliste venu… l’idéologie a bon dos, quand elle sert à camoufler un pillage en règle. En fait, ce sont de bons capitalistes comme tout le monde, ils veulent juste tricher encore plus parceque ce sont fondamentalement des maffieux, mais avec moins de style – ils s’habillent à la camif. Enfin, je dis ça, mais il me semble que les maffieux font parfois attention à conserver en marche un minimum d’activités rackettables, tandis que j’ai rarement vu des types aussi acharnés à tuer la poule aux oeufs d’or. A ce stade c’est de la méchanceté brute.
Ma profession me permet de rencontrer quotidiennement pas mal de gens différents, et d’une manière surprenante, j’entends beaucoup dans les conversations, spontanément, des déclarations de haine à l’égard des employés d’EDF ou des intermittents, des profs… c’est impressionnant à voir: la personne vous parle de ce que l’Etat lui vole, et puis d’un coup le regard se fait dur, la mâchoire se crispe légèrement. Sérieux. Ca va faire du dégât. Depuis six mois les indicateurs sont noirs noirs noirs, et on a Chirac qui gouverne plus social-démocrate que jamais alors qu’une bonne partie de la population, celle qui n’est pas cliente de l’Etat mais qui s’épuise à produire des richesses en dépit de tout, cette population là qui se voit acculée à la pauvreté ou à voter avec ses pieds, cette population réclame l’exact inverse et lorsqu’elle ouvrira enfin sa gueule nos hommes politiques et nos syndicalistes ne verront pas venir le direct dans le menton.
« alors qu’une bonne partie de la population, celle qui n’est pas cliente de l’Etat mais qui s’épuise à produire des richesses en dépit de tout »
j’ai bien peur qu’ils soient minoritaires. là est le drame.
Réponse à Georges Lane :
Malheureusement je n’arrive à remettre la mains sur l’article en question. Et le site que j’évoquais ne figure plus sur la liste des centres du CCAS d’EDF et pour cause.
Sur les 3700 personnes employées par le CE, 1000 sont mises à disposition par EDF, 2700 sont salariées par le CE. J’ai trouvé ces chiffres sur le site http://www.guilleray.com/actucmcas.html
Mais il est extrêmement difficile de se procurer l’état du patrimoine immobilier du CCAS et savoir comment il est géré. Je doute qu’il le soit correctement et en bon père de famille vu l’appartenance avouée et revendiquée des directeurs du CE à la CGT, au PC.
Réponse à Nyarla…
En effet, on rencontre de plus de gens qui dénoncent tout cela mais comme ils sont dans le privé, ils n’ont pas le temps, eux, de se structurer en groupes de pression pour faire évoluer les choses ou même pour faire la Révolution. Ce sont ceux du public qui ont consacré beaucoup de temps, d’énergie à obtenir des privilèges puis à les considérer comme acquis. Voir la dernière réforme des retraites qui n’ampute guère les précédents privilèges des vernis du secteur public (http://www.quelleretraite.com./editos/Privileges.htm)
La Page libérale, Hervé Duray et beaucoup de ceux qui s’y expriment sentent bien tout cela mais à quand une nouvelle nuit du « 4-août » ? Personne n’y est préparé à mon avis. Les sociaux-démocrates de gauche ou de droite ont tous les postes influents politiquement et le peuple, mal informé, est abusé car, lui aussi, croit que son salut ne peut venir que de la social-démocratie.
Je suis très pessimiste. Nous sommes trop peu nombreux et trop disséminés pour peser en quoi que ce soit sur l’état désastreux du pays et sur les mentalités. Il nous reste la certitude d’avoir raison sur beaucoup de points dans nos vues libérales. Mais à quoi sert-il d’avoir raison seul ?
Emma
Lesquelles ???????
Mais oui Niño, Lesquelles ???????
C’est justement le charme libéral : laisser des initiatives et des moyens à on ne sait qui.
On ne sait pas. Alors inutile de faire semblant comme toi et tout ceux qui nous gouvernent et administrent.
Ouvre tes bouquins d’histoire et regarde tout ce qui a été inventé, hors État, hors CNRS, hors INSERM (hors tout ce que le monde entier nous envie.)
Pour les 20 ans qui viennent, tu as raison Niño. C’est plombé, voté. Mais ça passe vite.
Tu es déjà vieux.
financement du CE EDF
rappel.
À la Libération le gouvernement a créé EDF en nationalisant les producteurs. Il a été décidé d’indemniser les propriétaires et actionnaires (franchement sympa) sur une longue durée qui s’est terminée il y a deux ou trois ans. Cette indemnisation se faisant en augmentant le prix du kW. Protestation indignée du Parti communiste qui a été étouffée en versant aux travailleurs d’EDF, par le biais de leur CE, la même somme qu’aux actionnaires. C’est un contrat à durée indéterminée puisque cela continue bien que la source de l’indignation soit tarie.
« Je suis très pessimiste. Nous sommes trop peu nombreux et trop disséminés pour peser en quoi que ce soit sur l’état désastreux du pays et sur les mentalités. Il nous reste la certitude d’avoir raison sur beaucoup de points dans nos vues libérales. Mais à quoi sert-il d’avoir raison seul ? »
Je ne crois pas qu’il faille désespérer à ce point. Car si l’esprit social démocrate revendique tout posséder, ce n’est qu’une possession de facade : un vernis qui est maintenu par une pression constante des médias et des hommes politiques. Le péquin X ou Y a bien plus d’accent libéraux dans sa voix que l’homme politique ou le reporter de France 2. Cependant, tant que l’entreprise de diabolisation menée de front par les hommes politiques et les médias ne cessera pas il ne pourra pas y avoir de débat clair et net sur les idées libérales.
Nos points de vue de libéraux sont certes mal compris dans le brouhaha ambiant, mais il se trouve que l’évolution générale tends vers plus de libéralisme et moins de « paradis » collectivistes. Ce dernier point fait peur aux généraux, mollahs, ou fanatiques des pouvoirs centralisés et c’est pathétiquement qu’ils pratiquent une guerre sale qui finira de les achever: leur obscurantisme porte en lui même les germes de sa propre destruction.
« Je ne crois pas qu’il faille désespérer à ce point. »
Effectivement. Du moins en ce qui concerne le libéralisme parce qu’un jour ou l’autre la réalité ne pourra plus être oubliée et il faudra bien faire des réformes pragmatiques pour survivre. Même les communistes n’ont pû cacher la réalité bien longtemps.
Pour les libertariens, je suis plus pessimiste. Ils sont eux-mêmes irréalistes.
A gonzolo que revoici que revoila.
Le libéralisme n’est pas oublié en matière économique : il a été prouvé, reprouvé et éprouvé que seul le libéralisme fonctionnait en économie : l’effondrement du communisme (qui pratiquait un libéralisme qu’on s’attachait à travestir mais réel quand même) est l’exemple le plus convaincant. Mais en politique, seule la social-démocratie dérivant de la démocratie, règne, du moins dans nos pays occidentaux. La social-démocratie est une perversion de la démocratie et jusqu’où iront-ils ceux qui en sont les chantres ? Puisque ce qu’ils veulent c’est le paradis sur terre pour tout le monde au frais de quelques uns. Ils iront jusqu’à assécher toutes les richesses pour satisfaire leur esprit puisqu’ils ne se rendent pas compte des effets pervers ou autres externalités qu’ils engendrent naïvement.
Pour ce qui concerne les nuances entre libéraux, libéraux classiques, libertariens, ceux se revendiquant de Mises ou de Nozick, cela me semble être de la finasserie que de faire ici ce type de querelle d’Allemands. Il est clair que les libéraux veulent un d’État réduit à ses fonctions régaliennes et les libertariens, pas d’État du tout. Avant de voir l’esprit libertarien triompher dans nos sociétés riches, il faudra encore quelques siècles…
Emma
cette population réclame l’exact inverse
Là tu es optimiste, Nyar. Ce qu’elle réclame sans doute c’est en gros, selon la loi de Michel Crozier, « 30% en plus » pour se sentir bien. D’où que ça vienne. Pendant longtemps les augmentations ont eu l’air de venir grâce à l’État et elle s’en accommodait fort bien tant que c’était les « riches » qui étaient taxés. En plus ça faisait plaisir. Maintenant, en France, les riches, ce que Mises appelait le fond de réserve, il n’y en a presque plus et ça taxe de plus en plus lourd de plus en plus bas. Voir : Les riches peuvent-ils payer les retraites? par Thomas Piketty LE MONDE | 10.06.03
Et c’est là que tu interviens, Emma. Tu passes doucement des messages libéraux utilitaristes, ce sont les seuls qui ont une petite chance d’être compris.
Et puis tu n’es pas pessimiste et tu te marres de temps en temps. Derrides toi. Ainsi « le plan climat » excusez du peu! Mesure phare pour éteindre l’incendie la planète : on taxe les grosses voitures. Louis XIV, en son temps, a bien dû essayer de faire quelque chose comme cela pour les carrosses. Plus ça change…
Ça nous éloigne du service public des chandelles, mais comme disait Lautréamont cité par Heidegger : « Tout se tient. »
« A gonzolo que revoici que revoila. »
Tant qu’on ne me jette pas…
« Il est clair que les libéraux veulent un d’État réduit à ses fonctions régaliennes »
C’est pas aussi clair justement. Sans aller jusqu’aux extrêmes de la social-démocratie, il y a un certain interventionnisme économique et social qui est largement admis parmi les libéraux (classiques, du XIXè). Keynes lui-même se considérait un libéral, ce qui n’est pas absurde quand on y regarde bien (ça peut se discuter, quoi).
Arrêter le libéralisme à un dogme tel que « L’Etat doit se réduire à ses fonctions régaliennes » est très restrictif. Ce sont les libertariens qui fonctionnent sur base de dogmes indiscutables, pas les libéraux.
RÉFORME EDF-GDF, sociétés anonymes
[23 juillet 2004]
Le Sénat a adopté hier les conclusions de la commission mixte paritaire sur le projet de loi réformant EDF et GDF. Un texte de compromis qui doit encore passer à l’Assemblée nationale ce matin pour une adoption définitive. Le projet de loi transforme les établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic), en sociétés anonymes (SA). L’Etat conservera au moins 70 % du capital.
En outre, la suppression de la limite d’âge pour les présidents d’entreprises publiques a été adoptée.
Autre changement : la limite d’âge, aujourd’hui fixée à 65 ans, pour les présidents des entreprises publiques, n’aura plus lieu d’être.
En revanche, ce texte de loi confirme ou accentue les acquis sociaux. Même si les salariés ne seront plus appelés «agents», ils continueront à bénéficier d’un statut particulier : celui des IEG (industries électrique et gazière), comprenant notamment un régime de retraites bien plus favorable à celui du régime de droit commun.
Par ailleurs, le 1% prélevé sur le chiffre d’affaires continuera à alimenter les caisses du comité central d’entreprise qui emploie près de 3 000 permanents.
Enfin, les retraités et les actifs d’EDF et GDF se verront proposer 15% de la part des titres qui seront offerts «à l’occasion des éventuelles ouvertures ou augmentations de capital».
ON SE MOQUE DE NOUS.
Bien d’accord avec vous, Georges Lane, on se moque de nous. Nous pouvons toujours rêver d’être réincarnés en un employé d’EDF ou de GDF. C’est une expression qu’avait employée Philippe Manière dans un papier du Point au moment de la « privatisation » de France Télécom en 1997 dont les employés, eux déjà , s’étaient vus proposer des titres de leur entreprise au tiers de leur prix alors qu’il aurait fallu leur proposer l’un ou l’autre : vous pouvez acquérir des titres mais en compensation, vous perdez votre statut de la fonction publique. Là , on comprenait : il s’agissait du gouvernement Jospin. Aujourd’hui, c’est Raffarin et c’est du pareil au même. Et personne ne bronche. Plus ça change et plus c’est la même chose.
On en arriverait à rêver d’un Tony Blair aux commandes du gouvernement.
Emma
Tony Blair ? Il y aurait Aznar aussi, avec sa « pluie de réformes », mais là j’ai envie que toutes ces sangsues se prennent une Thatcher ou un Reagan dans la gueule, comme ça elles arrêteront de nous bassiner la gueule avec l’ultra-libéralisme dès qu’un gouvernement, par le plus grand des hasards, prend une mesure un chouia moins sociale démocrate que d’habitude (mais pas forcément plus brillante).
juste un truc: vous avez remarqué le nombre des retraités dans les manifestations EDF/GDF ? Déjà que la moyenne d’âge des syndicalistes n’est pas des plus fraîches… Et les quelques jeunes qui y traînent me font penser aux miliciens sous Vichy. C’est sûr, c’est la France dynamique et pleine d’avenir qui manifeste. Notre plus grand ennemi: les progrès de la gérontologie.
Allez, on redresse la tête ! Les institutions sont à bout de souffle (cf le parti socialiste qui ne sait plus faire autre chose que de l’obstruction…), les syndicats séniles, et il n’y a plus un rond nulle part. Tout vient à point à qui sait attendre.
Oui, Nyarla…, il nous faudrait une bonne Dame de fer ou un Super-Reagan mais je ne vois personne dans le paysage politique français ayant cette envergure et cette vista.
La France qui manifeste n’est évidemment pas celle qui fait tous les efforts de productivité, c’est celle qui en fait le moins. Et en effet les retraités des organismes publics ne sont pas les derniers à descendre dans la rue. Ils savent bien pourquoi. En France, il faut crier plus fort que les autres pour être entendu et ce sont ceux qui ont la plus forte capacité de nuisance qu’on écoute. Aux autres, le travail et l’effort dans la discrétion.
Je ne baisse pas la tête mais en la levant bien haut, je ne vois que corporatisme haineux, hommes politiques affligés de myopie et sans courage et déficit colossal des comptes de notre pays : la France ravalée au rang de l’Argentine. Qui ira plaider notre cause au FMI. On n’a pas beaucoup de fierté et ça me désole.
Emma