L’une des grandes caractéristiques des hommes de l’Etat, c’est de prétendre éteindre un feu en en allumant un autre: ils mettent dans la rue des étudiants, et demain ils prétendront vouloir leur trouver des logements, ils augmentent les taxes sur les cigarettes et ensuite subventionnent les vendeurs de tabac… Dernier exemple en date: Borloo veut « encourager les emplois à domicile« . Borloo veut donc créer 500.000 emplois, avec l’aide des structures publiques, des associations, d’employeurs privés (oh ?). Ce seront des « services à la personne« , ce qui doit avoir une définition administrative sans avoir de sens réel, mais bon ça fait mieux sur la plaquette que « petits boulots indispensables »: jardinage, assistance informatique, assistance aux personnes âgées, soutien scolaire…
Tous ces boulots sont atrocement taxés et non rentables lorsque pratiqués dans le cadre légal: paperasses pour déclarer une entreprise ou une activité, déclaration fiscale, cotisations URSSAF basées sur le salaire etc. Vous n’êtes évidemment pas à l’abri d’erreurs de la part des administrations, qui vous prélèvent de sommes aléatoires, remboursées des mois après, de contrôleurs tâtillons, sans compter les aléas de l’activité. Moralité au bout de quelques temps votre activité devient à moitié au noir (cas fréquent du débroussaillage/jardinage: équipes de 10 personnes, 3 salariés, 7 au noir). L’assistance informatique à 40 euros de l’heure (soit 13 euros net pour l’entrepreneur) est complètement surclassée par les étudiants débrouillards qui vous réinstalleront Windows pendant leur temps libre. Les baby-sitters ? Vous en connaissez une après 18h qui paye des cotisations sociales vous ??
Bref, après avoir tué tous ces emplois, Borloo voudrait déverser une manne financière, s’imaginant qu’il va « créer » des emplois. L’argent se perdra dans divers méandres, enrichissant (de manière tout à fait légale bien entendu) des fonctionnaires, engraissant des observateurs, des conseillers. Il faudra ensuite justifier la dépense en produisant quelques rapports, et éventuellement trouver un exemple de création d’emploi pour France 2 (un sujet pour le 20h ?). Rien que du très classique. Mais pourquoi ne pas proposer à tous les salariés et entrepreneurs de France de choisir eux-mêmes leur couverture maladie, leur organisme de retraite etc ? (la réponse est simple: c’est un magot de plusieurs centaines de milliards d’euros)
Dans un registre légèrement différent, un rapport s’indigne de la réglementation de certaines professions: nécessité d’avoir certains diplômes pour exercer, numerus clausus, licences…
Je vois déjà venir les objections: mais pour les professions médicales ? Avec des assurances privées, vous appellerez votre assurance avant de consulter pour être certain d’être bien remboursé (comme aujourd’hui vous préférez peut-être certains garages « conventionnés » pour votre voiture!). Et les charlatans n’exerceront pas longtemps… Mais quid des coiffeurs ? Faut-il être diplômé d’un bac pro pour pouvoir tenir un salon ? (réponse facile: non il faut être avocat fiscaliste, comme pour toute activité déclarée…). Faut-il un BTS d’opticien pour gérer un magasin d’optique ? Non, certainement pas. Il faut du talent, de la volonté, de l’opiniâtreté. Il y a aussi les assistantes maternelles: il leur faut des agréments distribués par la DDASS (direction départementale des affaires sanitaires et sociales), soumis à renouvellement périodiques… Et dans certains métiers les numerus clausus servent uniquement à restreindre l’entrée de concurrents, et à gonfler artificiellement les prix…
Le rapport préconise donc de desserrer l’étau réglementaire pour un grand nombre de professions. L’Etat met le feu, et tente de réduire les dégâts. Trop souvent hélas les hommes de l’Etat allument ce qu’ils croient être des contre-feux, alors qu’ils provoquent en fait de nouveaux désastres.
C’est une dérive totalitaire que vous décrivez (version
soft,insidieuse),qui écrase de plus en plus la liberté
sous le poids de règlementations.Et ce système s’auto-alimente,car bureaucrates et politiciens voudront toujours en faire plus.Pour chercher à corriger leurs propres erreurs,et pour étendre leur mainmise sur la population.Ce qui présente aussi l’avantage de justifier leurs émoluments…
Bravo Hervé!
Pourquoi pas une radio internet liberale pour diffuser ces belles idées!!!!!
Tout à fait d’accord.
Le ministère de la « cohésion sociale » n’est en fait qu’un ministère du « contrôle social ».
Ceci n’a rien de liberal.
L’une des grandes caractéristiques des hommes de l’Etat, c’est de prétendre éteindre un feu en en allumant un autre. Et parfois, il n’arrive pas à l’allumer rapidement.
Prenons le cas de la SEITA déclaré monopole réglementaire des tabacs et allumettes en 1935. De fait, fin du XVIIe s Colbert institue le monopole du tabac : privilège de fabrication et de vente. 1926 création d’une Caisse autonome d’amortissement de la dette publique à laquelle sont versées les recettes du monopole des tabacs (SEIT : Service d’exploitation industrielle des tabacs, l’appellation apparaît dans le décret du 13-8-1926 en application d’une loi du 7-8 ; sera supprimée en 1959). Et 1935 le SEIT devient Seita lorsque la gestion du monopole des allumettes lui est confiée.
En février 1995, les hommes de l’Etat ont choisi de « privatiser » la SEITA. Et comme la plupart des firmes anciennement publiques (Elf, UAP, etc.), la SEITA n’a pas pu résister à la concurrence et a été absorbée par une firme étrangère dont j’oublie le nom.
De fait et mise en perspective, la « privatisation » de la SEITA est une double escroquerie :
– comme toutes les privatisations, elle n’aurait pas du être « vendue », mais « donnée » aux Français ;
– les gens qui sont devenus actionnaires ont été floués par les mesures, directes ou indirectes, qui ont été prises contre la liberté de fumer et qui tendent à faire disparaître le marché du tabac en général.
Je m’étonne que les actionnaires n’aient pas encore attaqué les gouvernements de l’Etat en France. Auraient-ils souscrit à la privatisation s’ils avaient su les mesures qui seraient prises par la suite par le vendeur à leur détriment.
Je m’attends à ce qu’ils le fassent un jour en raison du vol manifeste dont ils ont été victimes.
La société dans la quelle la SEITA a été fondue est Altadis. Or le 15/06/2004, on apprend que la justice remet en cause le plan d’accompagnement social d’ALTADIS
Altadis annonce mardi que le Tribunal de Grande Instance de Paris, statuant au fond, a accepté en partie la demande présentée par le Comité Central d’Entreprise et les Comités d’Etablissement de la Seita et a décidé de l’annulation du plan d’accompagnement social du groupe Altadis en France.
La demande contestait le motif économique de la restructuration, les réponses apportées par la direction aux projets alternatifs du cabinet d’expertise ainsi que le plan d’accompagnement social.
On peut lire dans le communiqué du groupe que le juge a constaté que la nécessité de la réorganisation était démontrée, eu égard à l’évolution du marché et à la nécessité de sauvegarder la compétitivité de l’entreprise. En ce qui concerne le dispositif d’accompagnement social, le juge considère que « le plan d’aide au reclassement externe et la réactivation des bassins d’emploi ont un contenu qui n’apparaît pas critiquable ». Il estime, en revanche, comme insuffisant le plan de reclassement interne.
Altadis « s’étonne de cette décision, alors même qu’outre les mesures d’âge, financées par l’entreprise et s’appliquant à 60% des salariés (soit 418 personnes sur les 701 salariés concernés) et outre le dispositif de reclassement externe et de réindustrialisation, plus de 200 postes étaient d’ores et déjà recensés et proposés en mobilité interne ». Le groupe ajoute « qu’au 15 avril 2004, 145 candidatures étaient recueillies. Le nombre de poste offerts paraissait donc suffisant, sachant que le groupe s’était par ailleurs engagé à ce que tout salarié le souhaitant puisse poursuivre son activité au sein de l’entreprise ».
Altadis a déclaré prendre acte du jugement. Le groupe de tabac va en examiner les fondements avant de prendre une décision
BREF LE FEU N’EST PAS PARTI DU FAIT DES ACTIONNAIRES, MAIS DU FAIT DES SALARIES.
Merci, Georges, pour cet historique tres eclairant.
Sur la conclusion, je dirais que le feu « parti du fait des salaries » trouve son origine dans une reglementation de plus en plus paralysante sur les plans sociaux (et une interpretation de plus en plus stricte par les juges) dont les salaries et leurs representants ne manquent pas de se prevaloir.
Une reglementation qui freine l’activite economique, l’embauche, et donc in fine nuisible pour les salaries. Encore un exemple d’intervention etatique qui se retourne contre ceux qu’elle est censee proteger.