Turquie, c’est non !

Guy Millière dit « Oui » à la Turquie dans l’Union européenne. Moi je dis « NON ». Note: Ceci n’est qu’un commentaire en prélude à l’idée générale de Hayek en fin de page.

J’ai lu dans le très instructif livre de Guy Millière, Qui a peur de l’Islam:

La vérité est que l’Islam militant qui monte dans le monde musulman, avec la complicité consciente ou inconsciente des Européens, s’exporte en Europe et s’y dissémine, avec exactement la même complicité consciente ou inconsciente des Européens.

J’ai également lu que:

Un musulman ne peut en aucun cas et en aucune façon condamner un autre musulman et donner raison à un infidèle.

Mais cela n’empêche pas Guy Millière de plaider pour l’entrée de la Turquie dans l’UE dans un article (la Turquie doit entrer dans l’Europe, « les 4 vérités » N°476) des 4 vérités.

Ses arguments sont discutables. Et quand on sait que la Turquie est un pays qui se trouve au bord d’un islamisme qui attend son heure, avec une population musulmane versatile, c’est jouer un peu facilement au poker de l’histoire que de plaider aussi bruyamment pour l’entrée de la Turquie dans l’UE.

Qui plus est, l’intégration forcée d’une population musulmane nombreuse dans une Europe politisée, où la majorité peut imposer sa loi, conduira immanquablement à ce que Guy Millière redoute, la disparition de la France, c’est-à-dire de la France comme pays où ce n’est pas la religion qui fait la loi, où les valeurs occidentales de liberté individuelle et de droit, fussent-elles bafouées par nos politiciens, existent encore.

Enfin, il y a un « argument » de Guy Millière qui est plutôt paradoxal:

Si nous voulons une Europe puissance politique, l’entrée de la Turquie est inconcevable. La Turquie deviendra effectivement le pays prééminent et dominant de cette Europe. La dissolution de l’Europe sera un risque clair. Si nous voulons une Europe grand marché, l’entrée de la Turquie ne pose aucun problème. La Turquie est déjà, depuis 1996, partie intégrante du marché européen. Le désir d’Europe de la Turquie l’ancre dans la démocratie et dans le respect du droit qui ont fait, en quelques années, des progrès considérables.

Il n’y a pas de troisième voie en effet. Centralisation politique ou liberté. Or Millière ne s’aperçoit-il pas que la voie qui a été choisie par nos dirigeants est celle d’une Union politique centralisée, d’une Europe puissance politique ? Bien entendu, oui, cette construction politique se fait dans le dos des citoyens, mais elle a lieu. Par conséquent plaider pour l’entrée de la Turquie dans l’UE est soit naïf (compte tenu de ce qu’écrit Millière) soit vouloir secrètement la dissolution de l’UE. Comme Millière n’est pas naïf, j’en déduis qu’il souhaite la désintégration de l’UE telle qu’elle existe et se construit. A vrai dire moi aussi. Mais je ne souhaite pas la politique du pire. Une invasion musulmane pour désintégrer l’UE, c’est tuer une mouche avec un marteau. Marteau qui nous écrasera ensuite comme des punaises (rappelez-vous Théo van Gogh).

Ces intellectuels qui, en géopoliticiens, jouent aux dés avec l’histoire (ou plutôt l’avenir) me font froid dans le dos.

Mais, de mon point de vue, le véritable ennemi est l’UE, l’intégration politique européenne, le gouvernement européen, la politisation centralisée de l’Europe. Il me semble qu’il ne faut pas avancer dans cette voie mais choisir clairement la voie du libéralisme où la tyrannie politique est clairement combattue, où chacun retrouve ses Droits.

Car ainsi que l’a écrit Friedrich Hayek:

Il serait difficile de contester que d’une façon très générale la politique a pris une place trop importante, qu’elle est devenue trop coûteuse et nuisible, absorbant beaucoup trop d’énergie mentale et de ressources matérielles; et que parallèlement elle perd de plus en plus le respect et l’appui sympathique du grand public, qui en est venu à la considérer comme un mal nécessaire mais incurable qu’il faut bien endurer. Or, l’énormité de l’appareil politique, son éloignement des citoyens dont il envahit cependant toute l’existence, ne sont pas choses que les hommes ont choisies de leur plein gré, mais la conséquence d’un mécanisme animé d’une dynamique distincte qu’ils ont instauré sans en prévoir les effets.

(…) Nous devrions en savoir assez long, pour éviter de détruire notre civilisation en étouffant le processus spontané de l’interaction des individus, en chargeant une quelconque autorité de le diriger. Mais pour ne pas tomber dans cette faute, nous devons rejeter l’illusion d’être capables de délibérément « créer l’avenir de l’humanité » -comme l’a dit récemment, avec une démesure d’orgueil caractéristique, un sociologue socialiste(1) (Hayek, Droit, législation et liberté, PUF, tome 3)

(1) Le sociologue en question est Torgny F. Segerstedt