Les parasites Gênes

Deux camps de nuisibles s’affrontent par police interposée: les hommes de l’Etat et les militants anti-mondialisation. Le G8 de Gênes a tourné à l’affrontement entre la police et les manifestants anti-mondialisation. C’est dans la rue, une fois de plus, que les événements réellement significatifs se sont déroulés. Ce n’est pas dans les salons feutrés où se rencontrent des chefs d’État soucieux de reconquérir leur pouvoir et leur raison d’exister face à une mondialisation qui met à jour non seulement leur inutilité mais leur nuisance. Les esprits avisés ont bien compris que derrière l’argument de la « régulation » et celui du réchauffement planétaire se dissimulent les intérêts d’une classe politique mise dans l’obligation permanente de se justifier.
La première réaction instinctive pourrait être la satisfaction de savoir que les destructionistes (Mises) ont été durement rossés par les policiers. Et puis deux faits viennent gâcher ce sentiment. Primo, la concentration de toutes les forces de police aux abords de la « zone rouge » fut telle que les autres quartiers de la ville ont été littéralement abandonnés aux sauvages qui ont pu accomplir leur basse besogne de destruction en toute impunité. Des commerçants ont été ruinés, des biens saccagés, des symboles du capitalisme (les banques…) particulièrement visés par le pouvoir destructeur des barbares de l’anti-mondialisation.
Secundo, la police a agi comme une garde prétorienne. On peut donner à cette transformation de la police en garde prétorienne une interprétation économique : lorsque les services de sécurité sont collectivisés, la pénurie engendrée divise la société en deux. Les membres de la nomenklatura bénéficient de privilèges, alors que le reste de la population vit dans la pénurie et l’insécurité. On peut aussi en donner une interprétation politique : les hommes de l’État, sous couvert d’une rationalisation visant à démontrer l’importance de leur rôle pour résoudre les problèmes collectifs, se servent de l’Etat pour leur propre compte – et c’est la logique même du pouvoir politique.

Parasites contre parasites. Alors oui ! Rendons-nous enfin à l’évidence ! Les hommes de l’État sont des parasites. Ils vivent aux dépens des autres et prennent des décisions coûteuses et nuisibles. On se passerait bien d’eux mais voilà, beaucoup de gens considèrent encore qu’ils rendent des services que le marché et le contrat libre ne pourraient pas fournir. Belle illusion que celle-là. Laissons faire le marché et on verra bien; on le voit déjà. Chaque fois que la politique se retire d’une activité, le capitalisme (le régime des contrats libres et de la propriété privée) engendre un ordre spontané infiniment plus diversifié et plus prospère. Chaque fois que les hommes politiques agissent par la contrainte et la réglementation, les effets pervers prennent l’ascendant sur les bénéfices. Certains considèrent qu’il est utopique de décollectiviser les services de police et de justice mais il s’agit simplement d’un entêtement, de la force de l’habitude. Peut-on faire pire que ce que fait l’État en matière de police et de justice ? Sur l’insécurité quotidienne le point a été fait sur « la page libérale » dans le précédent article. La privatisation des rues devient une solution de moins en moins irréaliste (pour une présentation complète je renvoie au travail de Bertrand Lemennicier publié sur son site www.lemennicier.com). Il est bien évident que l’on est plus responsable vis-à-vis de ce qui nous appartient que vis-à-vis des « biens publics ». Quant aux militants anti-mondialisation, ils sont nourris par le régime économique qu’ils veulent supprimer. Leur geste n’est rien d’autre qu’un parricide. L’anti-mondialisation est le caprice de jeunes idéalistes matériellement rassasiés par le capitalisme et incapables de donner un sens à leur vie autrement qu’en aliénant leur liberté pour se donner le droit de supprimer celle des autres.
Il est bien clair que les deux parties sont désormais discréditées. Les politiques avec leurs gesticulations nuisibles et les anti-mondialistes qui n’ont pas d’autre modèle en tête, pour ceux qui en ont un, que le communisme. Mais nous connaissons déjà cette histoire…