« J’ai parfois le sentiment, � considérer ce pays, de vivre dans un système de type soviétique dont les éléments se renforcent les uns et les autres pour bloquer toute réforme. Les citoyens, au niveau local ou national, élisent des représentants pour cinq ans ou six ans, des représentants qui prendront un grand nombre de décisions engageant l’avenir de notre pays. Quel contrôle ultime s’exerce sur ces représentants ? Le contrôle représenté par l’élection demeure largement illusoire. »
Pascal Salin
La pertinence et l’importance des propos de Pascal Salin se suffisent � elles-mêmes. Je n’y ajoute aucun commentaire et dépose cet entretien qui restera dans les archives de la PL. (M.G.)
Les réflexions d’un haut fonctionnaire et d’un économiste de sensibilité libérale sur les blocages de l’administration
Raymond-François Le Bris – Pascal Salin : «Réformer ou réduire l’Etat ?»
Chômage, exclusion, inadéquation du système éducatif, déséquilibre du territoire, autant de raisons pour la France d’engager une réforme de son Etat. Dans un livre d’entretiens (1) conduit par Michel Schifres, vice-président du comité éditorial du Figaro, auteur d’un essai remarqué sur l’énarchie (2), Raymond-François Le Bris, professeur de droit, préfet honoraire et ancien directeur de l’Ecole nationale d’administration, explore des pistes pour une réforme. Il en débat, pour Le Figaro, avec l’économiste libéral Pascal Salin, professeur � l’université Paris-Dauphine et auteur d’une oeuvre inspirée par le «libertarianisme» de Bastiat et de Hayek (3).
Propos recueillis par Frédéric Fritscher, Marie-Laure Germon et Alexis Lacroix
[30 mai 2005]
LE FIGARO. – Pourquoi apparaît-il si difficile de réformer la fonction publique en France ?
Raymond-François LE BRIS. – La difficulté de mettre en oeuvre des réformes en France n’affecte pas seulement la fonction publique. Il suffit, pour s’en rendre compte, de considérer le champ des réformes auxquelles nos compatriotes sont assez spontanément rétifs : celui-ci dépasse le cadre de la fonction publique. Le droit du travail et les matières économiques sont autant de domaines où la réforme s’impose, ce qui n’empêche pas la plupart des Français de s’y montrer a priori opposés. Dans le même temps, les Français comprennent aujourd’hui qu’une nouvelle démarche dans le champ des compétences de l’Etat et dans la manière d’exercer celles-ci s’impose. Tout émotive qu’elle soit, et parfois par trop rivée au hic et nunc et � l’instantanéité, notre société est, en effet, capable de comprendre le sens et la nécessité d’une réforme. Mais il faut qu’au préalable nos concitoyens aient été informés et sensibilisés � sa nécessité : chacun perçoit bien, en effet, que, si l’on n’entreprend pas des réformes d’Etat, nous ne pourrons pas faire face � toutes les échéances financières de notre pays. Les mentalités des Français ont, sur ce point, considérablement évolué, comme l’attestent toutes les études de Sociovision Cofremca que je cite dans mon livre sur L’Etat, quand même (1). Il faut donc savoir capter leurs attentes. La volonté de réforme politique, qui a longtemps fait défaut, s’affirme aujourd’hui nettement. Il reste – et c’est le plus difficile – � la soutenir efficacement.
Pascal SALIN. – Je ne pense pas que le problème de la réforme soit lié � celui des mentalités qui reflètent en grande partie l’environnement institutionnel. Si l’on a du mal � réformer l’Etat, c’est parce qu’il est dans sa nature de n’être point réformé ! De surcroît, celui-ci repose sur un principe de comportement qui valorise non l’échange volontaire, mais la contrainte et la volonté discrétionnaire. Dans son essence, l’Etat comporte une structure porteuse de rigidités. Il est donc hautement illusoire de s’imaginer qu’on le réformera. Il se régénère spontanément en l’absence de tout contre-pouvoir. Or, le seul contre-pouvoir efficace est celui de la concurrence, celui qui manque précisément � l’Etat. Par définition, l’Etat est monopolistique. L’enjeu n’est donc pas tant de réformer l’Etat que de le diminuer. C’est la raison pour laquelle, plutôt que de mener une réflexion sur un Etat idéal et rêvé, je préfère me pencher sur les hommes de chair et de sang qui le composent effectivement. Leurs comportements, leurs motivations et leurs mentalités sont déterminés par les conditions institutionnelles dans lesquelles ils se trouvent. Dans une situation de monopole, les incitations � une modification des comportements sont quasi inexistantes.
R.-F. L. B. – Parmi les facteurs qui contribuent � l’attractivité d’un pays, l’existence d’une bonne administration, active, moderne et efficace, est essentielle. Une administration qui sait compter représente un élément d’attractivité important pour un investisseur. L’absence de précision dans les comptes ou de gestion avisée de la dépense est, en revanche, fortement pénalisante. La concurrence dans la sphère publique existe désormais au plan international. C’est une nouveauté. Il faut s’en réjouir.
P. S. – En Europe, les conditions d’une authentique concurrence entre Etats sont pour la première fois réunies. Or l’Etat, en particulier en France, s’évertue � empêcher l’installation de cette concurrence. L’intégration européenne est dominée par l’impératif de l’harmonisation, preuve que les politiques européennes demeurent secrètement hantées par le rêve constructiviste d’un façonnement volontariste de la société. La logique qui guide une grande partie des Européens, c’est celle qui consiste � évacuer les risques liés � la concurrence en créant un monopole européen � l’image du monopole français. C’est en particulier dans cette dimension européenne que la réforme montre toutes ses difficultés. Cependant, même si les dirigeants de l’Etat admettent parfois que nos voisins européens sont plus attractifs que la France, ils se résignent facilement � voir les Français, las de l’alourdissement des charges fiscales et réglementaires, quitter notre pays. Cette résignation a un prix : chaque année, les meilleurs de nos étudiants s’exilent, faute d’un jeu efficace et prometteur de la concurrence. Cependant, un libéral conséquent n’est pas seulement favorable � la concurrence, il est avant tout un défenseur du droit de propriété. La concurrence ne prend son sens qu’entre des personnes qui sont propriétaires, donc responsables. C’est pourquoi la concurrence entre des Etats – dont l’existence repose sur la négation du droit de propriété – n’est pas suffisante. Mais il n’en reste pas moins que la concurrence fiscale est préférable � l’harmonisation fiscale.
R.-F. L. B. – Je me différencie profondément de vous sur ce point. La volonté que vous exprimez de projeter totalement dans la sphère étatique l’ensemble des règles qui assurent le fonctionnement des entreprises et des sociétés privées ne me paraît pas réaliste. Certaines missions de l’Etat, parce qu’elles sont au coeur de la cohésion sociale et qu’elles constituent ses prérogatives régaliennes – la justice, la sécurité, par exemple – ne peuvent pas être soumises au régime de concurrence désentravée que vous appelez de vos voeux. Par ailleurs, même si la monnaie relève désormais de la compétence européenne, tout comme demain la politique extérieure et de sécurité commune, de nouvelles attentes vis-� -vis de l’Etat en France se font jour auxquelles il convient de répondre.
Lesquelles, en l’occurrence ?
R.-F. L. B. – En matière d’environnement, de santé publique et de sécurité sanitaire, notamment. Le consommateur réclame d’avoir la certitude que les aliments ou que les médicaments qu’il consomme ne sont pas nocifs. Un pouvoir d’Etat, non compromis avec des intérêts privés, peut fournir aux citoyens ce type de garanties. Mais ce n’est pas parce que l’Etat est ainsi appelé � exercer de nouvelles compétences qu’il n’a pas pour autant � corriger l’un de ses plus grands défauts : l’inaptitude � savoir bien compter. Quel préfet a une idée exacte de ce que représente l’ensemble des dépenses de salaires versées aux agents des administrations publiques de l’Etat dans le département ou la région où il est en poste ? S’agissant des ambassadeurs, aucun d’entre eux ne dispose, � ce jour, des moyens de chiffrer dans un pays donné la dépense annuelle cumulée des services de l’Etat. Ce n’est pas qu’ils n’en ont pas le désir. Mais les moyens de pouvoir ainsi comptabiliser l’ensemble de la dépense publique ne leur sont pas donnés. La Lolf (la loi organique pour les lois de finances du 1er août 2001) qui entrera en application effective le 1er janvier 2006 va heureusement influer sur le comportement des agents publics et des hauts fonctionnaires ainsi que sur les attentes des citoyens. Elle prévoit que les budgets seront votés par missions, elles-mêmes déclinées en programmes et en actions, et que les responsables de programmes devront rendre compte devant les commissions du Parlement du point de savoir si les objectifs fixés par la loi de finances, et qu’ils avaient la charge de mettre en oeuvre, ont été ou non remplis. La Lolf promeut une authentique modernisation. Je me rapproche donc de Pascal Salin sur ce point : il suffirait de disposer des coûts cumulés de l’ensemble des politiques publiques appliquées � un champ précis comme celui de l’insertion professionnelle, par exemple, pour s’apercevoir que la multiplicité des acteurs locaux, communes, départements, conseils régionaux, acteurs étatiques, établissements publics de l’Etat, rend nécessaires des économies drastiques de structures. Le souci constant dans notre pays de veiller � l’orthodoxie dans l’utilisation des moyens dissimule en réalité une absence complète de culture de l’évaluation. Pour que celle-ci puisse exister, encore faudrait-il que les hauts fonctionnaires chargés de mettre en oeuvre les politiques publiques reçoivent des missions claires. Au cours de trente années passées au service de l’Etat en tant que haut fonctionnaire de la République, je n’ai jamais reçu de lettres de mission de l’Etat. En conclusion sur ce point, je pense que l’Etat moderne devrait rester dans ses compétences strictes et veiller � les assumer selon des modes de gestion performants en laissant � l’initiative privée tout le champ qui doit être le sien.
P. S. – Vous mettez en exergue l’importance de savoir compter. Ce qui me paraît dramatique, c’est que nous en soyons encore � réclamer de l’Etat cet impératif de base. Une entreprise gérée par des gens qui ne savent pas compter serait condamnée � mettre la clé sous la porte ! Ce simple décalage entre ce qu’on exige d’une entreprise et ce qu’on n’ose pas exiger de l’Etat fournit, � mon sens, une preuve éclatante du fait que sa capacité � se réformer est limitée. Certes, l’Etat fourmille d’hommes et de femmes de bonne volonté, mais le contexte institutionnel a de quoi les décourager, car il récompense quasi systématiquement ceux qui tentent de s’accommoder des pesanteurs et de l’inertie acquise. Un des exemples les plus évidents de cette rigidité et de cette irresponsabilité est celui de l’Université, où rien ne semble pouvoir bouger. D’où cette succession de microréformes sectorielles qui laissent, au fond, les mains libres au Léviathan !
Voyez-vous d’autres domaines où s’exerce cette inertie ?
P. S. – Tous les domaines de l’action publique ! Pour prendre un seul exemple, dans son livre édifiant, Les Danseuses de la République, Christian Gérondeau montre qu’il reviendrait moins cher d’offrir une voiture particulière � chacun des passagers de certains trains express régionaux plutôt que de maintenir en vie des lignes coûteuses sous la pression de syndicats qui défendent essentiellement des intérêts privés ! De ce point de vue-l� , parler de service public est erroné et mystificateur. Nous avons davantage affaire � un enchevêtrement d’intérêts privés qui se soutiennent mutuellement en utilisant la contrainte légale. La réforme de l’Etat est un slogan sympathique, mais seule sa réduction, drastique et volontariste, peut donner des résultats durables.
Si la volonté politique de réformer l’Etat ne peut pas aboutir, pourquoi la volonté politique de réduire la taille de l’Etat aboutirait-elle ?
P. S. – La volonté politique de réduire la taille de l’Etat peut exister. Le XXe siècle abonde en exemples éloquents – ceux de Margaret Thatcher ou de Ronald Reagan, par exemple – d’autant plus admirables que, dans tous les pays, le phénomène étatique est extrêmement difficile � mettre en question.
R.-F. L. B. – La France fait exception. Jamais la volonté d’y réduire la taille de l’Etat, ni d’en moderniser la gestion, s’agissant notamment de celle qui concerne les ressources humaines, ne s’est très activement manifestée dans le passé.
P. S. – Certes, mais dans bien d’autres pays – la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou l’Estonie – cette volonté s’est fait jour. L’exemple de l’Estonie est instructif. Le premier ministre, historien de formation, n’était pas versé en économie. Mais il avait pour livre de chevet Free to Choose de Milton Friedman. Il s’en est inspiré pour conduire ses réformes. Dans un pays en transition démocratique, plus exempt de rigidités que les pays de la Vieille Europe, ces réformes pouvaient certes être conduites avec davantage de facilité. Mais l’exemple estonien a un mérite : il atteste que la réduction rapide de la place de l’Etat est possible.
R.-F. L. B. – Si la réforme de l’Etat apparaît aujourd’hui � tous comme une nécessité impérieuse en France, c’est notamment � la suite du choc provoqué par le 21 avril 2002, que j’évoque largement dans L’Etat quand même. La qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l’élection présidentielle a révélé qu’une fraction importante de la population française était dans un état de contestation civique avancée. Et cette découverte a causé un sursaut. Depuis lors, la volonté politique de réformer l’Etat me paraît se manifester avec toujours plus d’évidence.
Plus qu’un Etat modeste, ne faudrait-il pas plutôt un Etat � sa juste place ?
R.-F. L. B. – L’Etat n’a pas de légitimité pour intervenir partout, y compris dans les domaines où il intervient aujourd’hui. L’Etat ne me semble pas légitime pour intervenir dans des champs qui relèvent de l’initiative privée. En outre, certains modes de gestion devraient être modifiés. Ils commencent d’ailleurs de l’être � l’initiative du ministre de la Fonction publique, Renaud Dutreil. Cela est très important car la gestion des grands ensembles de personnes que constituent les effectifs de la fonction publique d’Etat (la fonction publique territoriale et la fonction publique hospitalière étant elles-mêmes � part) connaît, encore � ce jour, de très graves insuffisances. Une occasion historique unique de traiter ce problème se présente, en raison du départ imminent � la retraite de dizaines de milliers d’agents publics (le pic devant être atteint en 2008 avec le départ � la retraite de près de 70 000 agents de l’Etat). Une réflexion doit donc être conduite sur l’opportunité ou non de les remplacer totalement. Lorsque ce remplacement s’avère nécessaire, il faut voir s’il convient de le faire � âge et � expérience identiques. Ce qui me frappe beaucoup dans toutes les procédures de gestion des effectifs de la fonction publique d’Etat ou des fonctions publiques en général dans le passé, c’est la dictature du concours de recrutement. Ainsi, quand des populations entières de fonctionnaires s’en vont � la retraite, on recrute automatiquement, pendant quelque cinq ou six années, des générations entières de jeunes gens et de jeunes filles appelés � rester durant toute leur vie actives au sein de la fonction publique, rendant, de ce fait, extrêmement difficile la gestion d’une fonction elle-même répartie en neuf cents corps actifs. La loi votée le 6 avril par l’Assemblée nationale traduit en droit français une directive européenne d’après laquelle, au-del� de deux contrats � durée déterminée, on sera contraint de passer � un contrat � durée indéterminée susceptible de n’être rompu que pour une cause réelle et sérieuse comme en droit privé. Il s’agit d’un grand progrès. Il faut par ailleurs promouvoir, au sein de la fonction publique, tous les aménagements qui peuvent permettre davantage de flexibilité dans la gestion des effectifs ; une plus grande diversité des modes de recrutement et une meilleure valorisation de l’expérience, jusqu’ici entravée par la «tyrannie du diplôme initial», comme je l’écris dans mon livre, constituent autant de facteurs � prendre en compte dans la politique de gestion des ressources humaines. D’où l’urgence � diversifier les modes et les âges de recrutement. C’est l� un élément central de la réforme de la fonction publique en France. Par ailleurs, la décentralisation s’est réalisée jusqu’� ce jour sans véritable contrôle citoyen. En quoi, par exemple, le concept d’administration de proximité est-il davantage développé par les collectivités territoriales ? La transparence des coûts et la responsabilisation des décideurs administratifs, appelés � rendre des comptes aux citoyens, devraient nous permettre d’obtenir une administration moderne, � la fois moins coûteuse et d’une plus grande efficacité.
P. S. – A mon sens, la seule voie possible, c’est la politique de choc consistant � réduire l’Etat. Par contre, une politique graduelle a toutes les chances d’échouer car elle laisse du temps aux opposants de la réforme pour s’organiser, les enjeux en termes d’intérêts et d’avantages acquis étant importants.
R.-F. L. B. – Il y a un point sur lequel la mise en place de mesures symboliques est nécessaire. S’agissant, par exemple, du service public minimum, je suis partisan d’une loi qui en fixe la règle. Elle produirait certainement, pour le coup, un choc. Je le crois, sur ce point, nécessaire.
P. S. – La contrepartie du monopole devrait être l’absence du droit de grève, dans la mesure où le monopole repose sur l’idée que le service public est indispensable � la vie de la société. Admettre une interruption – même temporaire – du service public est donc une contradiction dans les termes. L’appartenance � un secteur qui vous garantit un certain nombre d’avantages devrait s’accompagner d’un renoncement au droit de grève, même si ce dernier fait l’objet d’un tabou, � mon sens infondé. La grève sert en fait non pas � défendre un prétendu service public, mais � favoriser l’extension indéfinie de la sphère étatique.
R.-F. L. B. – L’indépendance vis-� -vis du pouvoir et des pressions financières constitue la condition essentielle du maintien d’une fonction publique de qualité dans une République comme la France.
P. S. – C’est bien le contraire qui se passe, car les agents du «service public» dépendent totalement des relations de pouvoir au sein de l’Etat ! Ce qui me préoccupe, c’est l’aspect monopolistique et monolithique de l’Etat. Etre absent de ses canaux de pouvoir équivaut alors � une marginalisation définitive. Nos universités, marquées par un monolithisme intellectuel caricatural, sont le miroir grossissant de ces tendances.
Certes, mais «l’illibéralisme» français excède très largement la question du volume de l’Etat…
P. S. – Un de mes sujets d’étonnement, c’est la propension de nombreux compatriotes � s’en remettre � l’autorité publique pour le moindre problème. Le libéralisme devrait être naturel ! En effet, les hommes de l’Etat sont irresponsables juridiquement, et non pas moralement, dans la mesure où ils ne supportent pas eux-mêmes les conséquences de leurs actes, toujours en raison du monopole de l’Etat. Dans la mesure où l’on interdit � des entrepreneurs d’entrer dans les activités qui sont censées être étatiques, le contrôle essentiel – et responsabilisant – de la concurrence est absent. Cela me paraît d’autant plus grave que l’Etat bénéficie d’un monopole dans des activités décisives pour les individus, par exemple la santé, l’éducation ou le logement. Le monopole étatique y est particulièrement nuisible.
R.-F. L. B. – Il n’y a pas de monopole en matière de santé !
P. S. – L’obligation de s’assurer socialement via la Sécurité sociale relève d’une démarche de monopole total !
R.-F. L. B. – De l’ensemble des champs d’obligation qui sont ceux de l’Etat en France, celui relatif � l’éducation est, � mes yeux, essentiel. Parmi 780 000 ou 800 000 jeunes d’une même classe d’âge, l’âge moyen de départ du système éducatif est de 21 ans, mais l’échelonnement des âges de sortie est très différencié entre ceux qui quittent le système précocement � 16 ans ou tardivement � 27 ans. Face � de telles disparités, il faut imaginer des facteurs d’ajustement que je développe dans mon livre sous la forme d’une reconnaissance d’un droit aujourd’hui peu reconnu dans la société française : c’est ce que j’appelle le «droit � la deuxième chance». On peut également concevoir que des initiatives privées puissent être prises, quitte � ouvrir nos universités � des modèles différents, inspirés notamment des expériences britannique ou américaine.
P. S. – Je voudrais revenir de manière un peu plus générale au problème des services publics. Lorsqu’on analyse ces questions, on se rend compte que, dans tous les domaines, on peut trouver de bonnes raisons pour introduire de la concurrence, de telle sorte que la notion de «service public» est une pure fiction. Prenez la sécurité alimentaire. On considère spontanément que l’Etat doit protéger les citoyens contre les risques. Mais, si l’Etat s’en abstenait totalement, des labels qualitatifs apparaîtraient et des sociétés se chargeraient d’attribuer des notations. Le seul système capable d’être évolutif serait un système autorégulé de ce type.
Que faudrait-il dire aux Français pour que le besoin d’émancipation prévale sur celui de protection ?
P. S. – Il faudrait qu’ils comprennent qu’il est illusoire d’attendre une protection efficace d’une institution – l’Etat – qui est par nature irresponsable. Dans un monde de propriété privée et de concurrence, c’est l’intérêt des producteurs de proposer des produits qui soient le moins dangereux possible pour les acheteurs. Lorsqu’on les laisse libres d’agir, les hommes sont capables de miracles d’imagination pour trouver les meilleurs moyens de protéger, de sécuriser, d’assurer. La prise en main de ces activités par l’Etat – sous l’apparence trompeuse de la gratuité – tue tous ces trésors d’imagination.
Ce qui revient, en réalité, � faire concurrence � l’Etat ?
R.-F. L. B. – Je ne le crois pas. La diversité des sources d’information, comme le suggère Pascal Salin, et la transparence des coûts que je préconise me paraissent indispensables. Il ne s’agit pas ici d’un problème de concurrence par rapport aux missions de l’Etat.
Entre-temps, le privé finit par être contaminé par la frilosité qui règne dans le public…
P. S. – Une fois de plus, les institutions déterminent les comportements : les entrepreneurs sont incités � penser qu’il est souvent préférable d’obtenir des privilèges tactiques plutôt que de faire des efforts productifs. J’ai parfois le sentiment, � considérer ce pays, de vivre dans un système de type soviétique dont les éléments se renforcent les uns et les autres pour bloquer toute réforme. Les citoyens, au niveau local ou national, élisent des représentants pour cinq ans ou six ans, des représentants qui prendront un grand nombre de décisions engageant l’avenir de notre pays. Quel contrôle ultime s’exerce sur ces représentants ? Le contrôle représenté par l’élection demeure largement illusoire.
(1) L’Etat quand même, éditions Odile Jacob.
(2) L’Enaklatura, Lattès.
(3) Libéralisme, Odile Jacob, La Concurrence, PUF, «Que sais-je ?».
Si le debat peut paraitre un peu trop theorique, ou si vous avez du mal a trancher entre les positions des deux protagonistes, on peut illustrer le debat par des exemples :
Quelques exemples de « reformes » :
– decentralisation Raffarin
– retraites Fillon, Balladur, …
– maladie : Douste, Juppe, …
Exemples de « degraissage » :
– Irlande
– Nouvelle Zelande
– Suede
– UK
– Chili
– Pays baltes
– …
1) Etudier la croissance economique des pays cites plus haut et comparer avec la France
2) Avez-vous reussi a trancher entre « reforme » et « degraissage »?
Un adversaire du libéralisme a écrit ceci sur un forum :
» Qui peut encore croire sincerement au libre-echange, aux situations de concurrence parfaite, et a la main invisible du marche ? Tous les economistes serieux, depuis une cinquantaine d’annee, et y compris liberaux, clament :
– que le liberalisme tel qu’il se pratique ressort essentiellement d’une ideologie politique
– que le marche n’est pas efficace, qu’il est faux de dire qu’il conduit a l’equilibre, et surtout pas par la loi de Say
– au contraire, que la dynamique capitaliste -ou plus exactement les rendements croissants- loin de creer de la concurrence, cree des monopoles de fait qui, de toutes facons, imposent des regles socio-economiques (sauf que ce ne sont pas des regles issues d’un consensus social, pour ne pas parler de representativite ou de suffrage)
– que les politiques de deregulation progressive -telles que celles que pratique Bruxelles- sont contre-productives, y compris vis-a-vis des objectifs qu’elles se fixent elles-meme
etc.etc.
Et on se place la d’un point de vue economique, puisque c’est systematiquement celui qu’adoptent les « liberaux ». On ne se place meme pas d’un point de vue social ni politique, puisqu’il est a priori difficile d’imaginer une societe au sein de laquelle la sphere economique ne consisterait pas en une dimension parmi d’autres, au meme titre que le juridique, le social, etc. et interdependante avec elles.
C’est ce qui est souvent frappant chez les tenants du liberalisme : Ils priorisent « l’economie » sur tout le reste, ils presentent des images de societes qui ne seraient plus que de vastes zones d’echange deregulees, et paradoxalement, ils s’y connaissent souvent aussi peu que les autres, en economie. »
Comment lui répondre si on n’est pas un spécialiste de l’économie ?
Bonsoir « ancien belge »
Que le libéralisme est avant tout une philosophie du droit?
Qu’il n’a pas la prétention de tout solutionner?
Bernard
» réfuter n’est pas convaincre » : c’est moins bon , mais c’est mieux de le faire quand même ! La politique n’est pas seulement une évangélisation , mais un combat ….Sauf à préférer la confiner aux salons mondains ou aux bistrots…entre convaincus et sympathisants .
» Que le libéralisme est avant tout une philosophie du droit? »
Oui , mais indissociable de principes et de pratiques économiques …
« Qu’il n’a pas la prétention de tout solutionner? »
Certes . Mais l’adversaire dénoncera l’argument comme une esquive !
C’est plutôt les neutres qu’il faut convaincre….pas les adversaires !
« – que le liberalisme tel qu’il se pratique ressort essentiellement d’une
ideologie politique »
C’est assez vrai. Mais cela ne veut pas dire que cette idéologie n’est pas
moralement supérieure.
« que le marche n’est pas efficace, qu’il est faux de dire qu’il conduit a
l’equilibre »
Les situations d’échec du marché sont en effet appréhendées de façon de
plus en plus pertinente par la théorie économique. Pour autant, cela est
loin de signifier que là où le marché échoue, l’Etat serait capable de faire
mieux.
« au contraire, que la dynamique capitaliste -ou plus exactement les
rendements croissants- loin de creer de la concurrence, cree des
monopoles de fait qui, de toutes facons, imposent des regles socio-
economiques »
L’évolution des structures de marché témoigne plutôt de l’apparition
d’oligopoles. Et l’évaluation de la contribution de ces structures
oligopolistiques à l’innovation mériterait qu’un plannificateur bienveillant
soit favorable à leur maintient.
Enfin et surtout, le message libéral ne s’inscrit pas nécessairement dans
une opposition Etat/marché, mais plutôt dans la problématique du droit.
On peut soutenir que des institutions collectives soient nécessaires. Mais
pourquoi devraient-elles nécessairement être fondées sur la violence ?
« – que le liberalisme tel qu’il se pratique ressort essentiellement d’une
ideologie politique »
C’est assez vrai. Mais cela ne veut pas dire que cette idéologie n’est pas
moralement supérieure.
« que le marche n’est pas efficace, qu’il est faux de dire qu’il conduit a
l’equilibre »
Les situations d’échec du marché sont en effet appréhendées de façon de
plus en plus pertinente par la théorie économique. Pour autant, cela est
loin de signifier que là où le marché échoue, l’Etat serait capable de faire
mieux.
« au contraire, que la dynamique capitaliste -ou plus exactement les
rendements croissants- loin de creer de la concurrence, cree des
monopoles de fait qui, de toutes facons, imposent des regles socio-
economiques »
L’évolution des structures de marché témoigne plutôt de l’apparition
d’oligopoles. Et l’évaluation de la contribution de ces structures
oligopolistiques à l’innovation mériterait qu’un plannificateur bienveillant
soit favorable à leur maintient.
Enfin et surtout, le message libéral ne s’inscrit pas nécessairement dans
une opposition Etat/marché, mais plutôt dans la problématique du droit.
On peut soutenir que des institutions collectives soient nécessaires. Mais
pourquoi devraient-elles nécessairement être fondées sur la violence ?
Posté par: Pleutre Autrichien le Mercredi 01 Juin 2005 à 23:43:24
« Enfin et surtout, le message libéral ne s’inscrit pas nécessairement dans
une opposition Etat/marché, mais plutôt dans la problématique du droit.
On peut soutenir que des institutions collectives soient nécessaires. Mais
pourquoi devraient-elles nécessairement être fondées sur la violence ? »
————–
La nature de l’Etat implique la violence. Le Droit implique l’illégitimité de l’Etat. Réfléchissez à la nature de l’Etat et vous comprendrez. Pour vous aider, lisez Rothbard et Hoppe. Réfutez-les si vous en êtes capable, ou bien admettez leurs démonstrations. Point.
« La nature de l’Etat implique la violence. Le Droit implique l’illégitimité de
l’Etat. Réfléchissez à la nature de l’Etat et vous comprendrez. Pour vous
aider, lisez Rothbard et Hoppe. Réfutez-les si vous en êtes capable, ou
bien admettez leurs démonstrations. Point. »
1) Lisez donc ce qu’écrivent vos interlocuteurs, au lieu de copier-coller
votre couplet renvoyant, aléatoirement, à l’illisible travail de Guillaumat, ou
aux livres de Rothbard. J’ai parlé d’institutions collectives n’étant pas
fondées sur la violence. Dès lors, il ne s’agit plus « d’Etat » tel que vous le
définissez.
2) Vous êtes sur une page libérale. Si j’ai bien compris l’évolution de la
ligne éditoriale d’Hervé, ce site ne se fait plus le défenseur d’une ligne
exclusivement libertarienne. Vous n’avez dès lors plus à vous poser en
donneur de leçons dès lors qu’un propos ne vous semble pas libertarien,
mais ignoblement libéral. (ce qui n’était même pas le cas ici)
3) Contrairement à la pensée unique dont vous aimez être le
propagandiste, il existe des libertariens qui considèrent comme stupide
tout ou partie des théories de Rothbard. Cf. Ralph sur libertarien.free.fr
déjà évoqué ici.
Je vous ai peut-être mal compris.
Toutefois je ne comprends toujours pas ce que vous appelez « institutions collectives ».
De plus les problématiques Etat/marché et du Droit sont intiment liées.
Enfin, si vous n’avez rien compris à Guillaumat tant pis pour votre esprit, manifestement plus porté à prendre au sérieux la pseudo-réfutation de Rothbard par Ralph. Ce ne sont pas ses équations qui viendront à bout de la praxéologie.
« Les équations mathématiques, dit Rothbard, sont appropriées et utiles quand il existe des relations quantitatives constantes entre des variables sans intention ; ces équations sont inappropriées dans le champ du comportement conscient. » (Mises)
« Institutions collectives » : absolument essentielles dans une societe, elles seraient sans doute beaucoup plus nombreuses qu’aujourd’hui dans une societe libre.
Ne posent aucun probleme aux liberaux/libertariens tant qu’elles resultent d’associations volontaires entre individus, qu’on peut en sortir facilement, et qu’on ne lui octroie pas de « droits » (sur les non-membres) ou de subventions arbitraires.
Je pense que c’est plus clair comme ca.
« Institutions collectives » : je pense que vous voulez écrire « institutions intermédiaires » ou « subsidiaires ».
Si vous voulez écrire, « institution communiste », c’est bien évidemment autre chose.
Sinon, je ne vois pas ce que pourrait être une institution individuelle. Certes, on peut toujours dénommer chat un chien.
Institution, organisation, association, voire assurance mutuelle, sont des mots synonymes sous-tendus par des points de vue implicites différents:
– ce qu’on institue ou qu’on considère institué est une institution,
– ce qu’on organise ou qu’on considère organisé, naturellement ou artificiellement est une organisation,
– ce qu’on associe, qu’on « socie », ou qu’on considère associé naturellement ou artificiellement, pour réduire des risques de perte de patrimoine, est une association.
Et cela n’a rien de nouveau :cf. par exemple
http://bastiat.org/fr/organisation.html
http://bastiat.org/fr/des_salaires.html
En revanche, il faudrait se demander pourquoi on n’hésite plus à parler d' »Etat » dans un monde où chacun a le sentiment du temps qui s’écoule, où il n’y a pas d’état hic et nunc durable, où les horizons de décision ne sont pas éloignés.
Que le roi ait fait valoir un beau jour, « l’Etat, c’est moi », était déjà limite.
Mais que les hommes qui acquièrent momentanément le privilège de pouvoir forcer leurs semblables continuent à faire croire qu’il servent l’Etat, lequel aurait pour objectif de poursuivre l’intérêt général, l’utilité publique, la justice sociale, c’est prendre leurs semblables pour des faibles d’esprit.
Selon Keynes, dans le livre intitulé Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, c’est David Hume qui aurait introduit chez les économistes, au XVIIIè siècle, la coutume qui consiste à donner à l’état d’équilibre plus d’importance qu’aux « situations constamment changeantes » qui y conduisent.
Et Keynes s’est chargé de développer et de jouer avec la confusion entre état et Etat.
L’Etat est une absurdité.
« Mais que les hommes qui acquièrent momentanément le privilège de pouvoir forcer leurs semblables continuent à faire croire qu’il servent l’Etat, lequel aurait pour objectif de poursuivre l’intérêt général, l’utilité publique, la justice sociale, c’est prendre leurs semblables pour des faibles d’esprit. »
Tout a fait d’accord avec vous, mais on est force de constater que l’imposture marche tres bien. Auraient-ils objectivement raison de « prendre leurs semblables pour des simples d’esprit »?
Peut-etre une lueur d’espoir : il semble que de plus en plus de gens se mettent a douter des motivations des hommes de pouvoir…
En fait, il faudrait inclure dans les programmes scolaires ou universitaires d’economie les theories du Public Choice. Mais je reve en couleurs.
Entièrement d’accord. Mais précisons:
« La Force manque […] aux Organisateurs pour soumettre l’humanité à leurs expérimentations. Quand ils gagneraient à leur cause l’autocrate russe, le schah de Perse, le kan des Tartares et tous les chefs des nations qui exercent sur leurs sujets un empire absolu, ils ne parviendraient pas encore à disposer d’une force suffisante pour distribuer les hommes en groupes et séries, et anéantir les lois générales de la propriété, de l’échange, de l’hérédité et de la famille; car, même en Russie, même en Perse et en Tartarie, il faut compter plus ou moins, avec les hommes. Si l’empereur de Russie s’avisait de vouloir altérer la constitution morale et physique de ses sujets, il est probable qu’il aurait bientôt un successeur, et que ce successeur ne serait pas tenté de poursuivre l’expérience.
Puisque la force est un moyen tout à fait hors de la portée de nos nombreux Organisateurs, il ne leur reste d’autre ressource que d’obtenir l’assentiment universel.
Il y a pour cela deux moyens: la persuasion et l’imposture. » […]
« «Ainsi donc, comme dit Rousseau, le législateur ne pouvant employer ni la force [?], ni le raisonnement, c’est une nécessité qu’il recoure à une autorité d’un autre ordre qui puisse entraîner sans violence et persuader sans convaincre.»
Quelle est cette autorité? L’imposture. Rousseau n’ose pas articuler le mot; mais, selon son usage invariable en pareil cas, il le place derrière le voile transparent d’une tirade d’éloquence:
« Voilà , dit-il, ce qui força de tous les temps les Pères des nations de recourir à l’intervention du ciel, et d’honorer les dieux de leur propre sagesse, afin que les peuples, soumis aux lois de l’Etat comme à celles de la nature, et reconnaissant le même pouvoir dans la formation de l’homme et dans celle de la cité, obéissent avec liberté et portassent docilement le joug de la félicité publique. »
cf. http://bastiat.org/fr/organisation.html
« (…)obéissent avec liberté et portassent docilement le joug de la félicité publique. »
Theme deja aborde, deux siecles avant Rousseau, par La Boetie (Discours de la Servitude Volontaire).
Certes, mais en écrivant cela, nous sommes en 1848-9, Bastiat donne le climat de l’époque: les révolutionnaires de 48, sentimentalistes, socialistes ou communistes, se réfèrent essentiellement à Rousseau et non pas à La Boétie.
Et les hérauts « soft » des totalitarismes du XXè siècle, voire les prétendus « soft » – « verts à l’extérieur » ou autres – d’aujourd’hui ne feront pas référence à La Boétie, mais à JJR (mort en 1778, i.e. soixante dix ans plus tôt)!
Il n’est pas etonnant que les etatistes en tout genre se referent beaucoup plus a JJR et a son Contrat Social qu’a La Boetie (ou qu’a Bastiat, d’ailleurs).
Personnellement, je trouve remarquable que pres de 500 ans plus tard, le texte de La Boetie soit toujours d’actualite : fondamentalement, si la liberte ne triomphe pas, c’est que la majorite se complait dans la condition de servitude, condition que les tyrans lui ont appris a aimer, en utilisant une palette d’outils (dont l’imposture) que La Boetie decrit brillamment.
Le tout ecrit a l’age de 17 ans (il mourut a 33 ans, encore plus jeune que Bastiat)!
[Comment lui répondre si on n’est pas un spécialiste de l’économie ? ]
Tu ne peux pas lui répondre d’un point de vue d’économiste.
Tu ne peux que polémiquer devant la galerie qui va compter les points.
Sous son apparence de sérieux objectif c’est un texte qui fait appel à l’émotion en s’appuyant solidement sur l’argument d’autorité : « Tous les économistes serieux, depuis une cinquantaine d’annee, et y compris liberaux, clament : « . Tu transposes au 4ème siècle avant JC : « Tous les cosmologues sérieux, depuis cinq siécles, y compris les onduleux, clament que la Terre est plate et que si l’on s’approche trop près du bord, on risque de tomber. »
Il assène. Il ne s’embarrasse d’analyse, ni de cohérence. Par exemple la concurence parfaite est une idée idiote qui décrit un état où il n’y a pas de concurrence et qui n’a rien à voir avec le libre échange ni avec la main invisible. Pas plus que la dynamique capitaliste ne se réduit à des rendements croissants. Rendements croissants de quoi, d’ailleurs? Il reprend des arguments compilés par Marx sur la concentration et les monopoles, arguments réfutés par l’expérience d’un siècle et demi. Il ignore certainement au delà du poncif habituel qui en est fait ce qu’est la loi de Say. Il prone bien entendu que les aveugles (les agents de l’État) disent aux borgnes ( les participants imparfaits à un marché imparfait) ce qu’ils doivent voir, malgré le démenti massif de l’expérience tout État subie par nos cousins de l’Est.
Alors vas y. Polémique. Il n’est pas question de fond ici mais de forme et de théatre.
Dis n’importe quoi pompeusement. Tu ne pourras pas être pire que lui. Place même le théorème de Gödel. Ça fait toujours bien dans le tableau.
Si tu penses que des gens doivent apprendre sur ce forum, tu as tort. Ils doivent le quitter au plus vite et chercher ailleurs.
Amuse toi bien.
Merci Marc pour avoir attiré notre attention sur cet article intéressant à bien des égards.
Il montre le gouffre qui sépare Pascal Salin de son interlocuteur réformiste, ancien haut fonctionnaire, de ‘sensibilité libérale’.
Cet interlocuteur est comme Gorbatchev qui voulait réformer le communisme, améliorer le communisme, pour qu’il fonctionne bien. Il ne comprendra jamais.
Pascal Salin lui est parfaitement clair : « L’enjeu n’est donc pas tant de réformer l’Etat que de le diminuer. »
Emma, un must du copier coller :
« Si l’on a du mal à réformer l’Etat, c’est parce qu’il est dans sa nature de n’être point réformé ! De surcroît, celui-ci repose sur un principe de comportement qui valorise non l’échange volontaire, mais la contrainte et la volonté discrétionnaire. Dans son essence, l’Etat comporte une structure porteuse de rigidités. Il est donc hautement illusoire de s’imaginer qu’on le réformera. Il se régénère spontanément en l’absence de tout contre-pouvoir. Or, le seul contre-pouvoir efficace est celui de la concurrence, celui qui manque précisément à l’Etat. Par définition, l’Etat est monopolistique. L’enjeu n’est donc pas tant de réformer l’Etat que de le diminuer. »
Du grand Salin! Clair, ramassé, qui va à l’essentiel dans le débat.