Baisse des impôts

Les impôts baissent paraît il! On doit remercier Jospin et Fabius. Soit, quelques taux ont baissé, mais avec la croissance, les revenus ont augmenté (un peu).
Et maintenant posez vous cette question: pourquoi y a-t-il eu une « cagnotte fiscale » ? Parce que beaucoup de gens sont passés dans des tranches supérieures etc. Les impôts pour eux ont bien augmenté. Comme d’habitude l’enthousiasme gagne les journalistes dès lors qu’il s’agit de parler impôts et taxes, surtout en période pré-électorale! tf1.fr nous a donc gratifié d’un court article sur les réductions d’impôts décidés par Fabius l’année dernière.
Pourquoi je parle d’enthousiasme ? Voilà le titre de l’article: « C’est l’été, les impôts fondent« . Malheureusement, ils ne fondent pas comme neige au soleil, ce qu’insinue le titre. Car les réductions annoncées ne sont d’une part que très faibles finalement: 40 milliards de francs par an sur trois ans. Au final, une réduction de 120 milliards. Pas grand chose face à la masse de 4000 milliards de prélèvements divers et variés que pompent l’état et ses services divers dans nos poches, que l’on n’imaginait pas aussi profondes!

Pourtant, le journaliste de tf1 s’étouffe de bonheur, il évoque même « Noël » en été! Ce qu’il ignore notre bon journaliste, c’est que Lionel Jospin ne fait cadeau de rien à personne. Si l’argent reste dans nos poches, ce n’est que justice pour les personnes ayant gagné l’argent en question. Rien à voir avec Noël!

Il est vrai que beaucoup de gens verront leur situation s’améliorer: « 15 millions de personnes devraient voir 1500FF de réduction par rapport à l’année précédente« . Par le jeu des taux et des plafonds d’exonération, l’imposition a donc baissé pour certains. Mais toujours pris dans sa frénésie propagandiste, la « réduction », qui n’en est pas une, devient « cadeau » la ligne suivante. Explications: cette baisse correspondrait à « 10% du total pour la moitié des contribuables ». Comprenez: parmi ceux qui payent l’impôt sur le revenu, c’est à dire la moitié de la population française à peine (égalité ?), une moité verra fortement baisser cet impôt. Les autres augmenteront, stagneront au mieux, mais ce ne sont pas 10% qui seront sauvés comme le laisse entendre l’article. Car l’impôt sur le revenu n’est que la cerise sur le gâteau de l’imposition, la touche finale, la dernière humiliation. Vous devez remplir les feuilles roses, dire que vous travaillez tant d’heures, gagner tant, combien vous avez d’enfants et un tas d’autres renseignements indiscrets. Au moins pour les 19.6% de taxes appliquées à l’achat (TVA, sales tax), on ne remplit pas de formulaire.

Aveu intéressant dans le même article, où l’on mesure l’état de paupérisation qui menace une grande partie de la population: « La prime pour l’emploi (PPE) concernera donc 10 millions de contribuables, dont le revenu professionnel est inférieur à 1,4 fois le SMIC, soit environ 8000 francs nets par mois« . 10 millions de personnes touchent moins de 8000 francs nets par mois. Triste aveu. Par ses prélèvements, l’Etat empêche à des millions de gens d’avoir une vie décente. Les personnes qui touchent 8000FF par mois ont environ en net un pouvoir d’achat de 6400FF/mois si l’on retire la TVA, les divers impôts locaux, la taxe sur l’essence (500%). Les Français qui regardent leur fiche de paye le savent: 8000FF par mois c’est 12000 ou 13000FF brut, au minimum. De quoi bien vivre, même très bien. Pourtant les Français sont privés de cela au nom de « la Sécu », l’Education Nationale et autres gouffres financiers inefficaces. Ce ne sont pas les miettes rendues qui y changeront quelque chose: 1500/an ça donne du 125FF/mois. Ridicule n’est ce pas ?

Et notre ami de tf1 s’en rend bien compte! Il fait donc ce curieux rappel des règles du clientélisme électoral: « Mesure populaire s’il en est, la baisse d’impôts est un argument électoral efficace surtout si les personnes concernées s’en rendent réellement compte. Pour cela il faut que la réduction soit tangible, qu’elle touche un nombre important de contribuables, et surtout que l’on communique au maximum sur ce doux bonus de fin d’été. »
Il faut s’en rendre compte en effet: 125/mois c’est à peine un demi plein d’essence. Le mot clé de ce rappel, c’est « communiquer ». Puisque la réduction est proprement insignifiante, il faut communiquer sur cette réduction. Exactement ce que fait le journaliste de tf1, qui loin de faire son travail fait celui du gouvernement en « communiquant » lui aussi.

On voit bien ici la collusion entre médias et gouvernement. Malgré tout, des gens lucides savent que la situation n’est pas « rose » (pas de jeu de mot). Et comme d’habitude sur tf1.fr on peut lire des commentaires avisés sur l’article. Les « Français » ne sont pas dupes. Il ne suffit pas de « communiquer ». Je vous donne donc un de ces commentaires dans son intégralité, tant il est révélateur du double effet de ces soi-disant baisses:

« J’ai bien aimé la petite phrase du ministère des finances sur ma feuille d’imposition « Vous bénéficiez de xxxx frs de réduction d’impôts par rapport à 1999, grâce aux mesures prises par le gouvernement  » (bientôt les éléctions). Appartenant à la classe dite « moyenne » (mais en bas de l’echelle), nous n’avons droit à rien. Mes enfants m’ont fait la reflection sur la rentrée scolaire « Pourquoi, tu ne nous achetes pas les mêmes affaires que nos camarades, alors que leurs parents n’ont pas les mêmes revenus que toi » Simple : je ne bénéfie pas des 1600 frs de rentrée scolaire. 1600 * 3 = 4800 frs. De plus ayant travaillé les 1er, 2 janvier 2000 (bug de l’an 2000 oblige), mon entreprise m’a alloue une prime et mon mari suite à la tempête de 99 ( il travaille dans une entreprise de raccordement téléphonique) a reçu une prime pour bons resultats. Conséquences : La CAF nous enlève 1000 frs par mois, nous payons des impôts supplémentaires. Je me demande si je n’ai pas intérêt à quitter mon emploi, me retrouver au chomage et profiter de tous les avantages. Nous sommes nombreux dans ce cas, et ceux qui nous dirigent (droite ou gauche, peu importe) ont interêt a prendre soins de nous s’ils ne veulent pas voir leur électorat virer vers d’autres bords. Il y en a marre de payer. »