Ignorance

Où finit l’ignorance ? Où commencent la désinformation et le conditionnement ?

Voici un petit billet d’humeur sur le sujet à propos, peut-être, d’une grosse ficelle. LÂ’Ifop a réalisé pour Acteurs Publics (numéro de novembre 2005) les 6 et 7 octobre dernier un sondage « dans le contexte des célébrations du soixantième anniversaire de lÂ’ordonnance du 4 octobre 1945 » (cf. 60 ans (3)).
En passant, je ferai remarquer que celle du 19 octobre 1945 est passée à la trappe (cf. 60ans (4 et dernier)). Pourquoi ? Parce que c’est elle qui institue l’obligation dont on évite de parler ?

Fiche technique du sondage : échantillon de 1003 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par téléphone au domicile des personnes interrogées. Du 6 au 7 octobre 2005.

A la suite de ce sondage, l’IFOP a proposé une étude des résultats. Et il a pris soin d’indiquer « qu’elle respecte fidèlement les principes scientifiques et déontologiques de l’enquête par sondage. Les enseignements qu’elle indique reflètent un état de l’opinion à l’instant de sa réalisation et non pas une prédiction ».

« Aucune publication totale ou partielle ne pouvant être faite sans l’accord exprès de l’Ifop », je m’abstiendrai de faire toute publication.

Je m’élève néanmoins contre son caractère abracadabrantesque sur la base de tous les sondages qui ont pu être faits depuis près d’une vingtaine d’années et, parmi eux, de tous ceux dont j’ai eu connaissance.

Je me fonde en particulier sur les résultats d’un sondage de la SOFRES de août 1987 sur quoi j’avais eu l’occasion de travailler alors.
Il révélait la mauvaise perception de la réalité de la sécurité sociale par les personnes interrogées, pour ne pas parler de leur profonde ignorance à son propos.

Et je considère que rien n’a été fait de significatif pour réduire cette ignorance depuis lors, bien au contraire. Que l’IFOP pose aujourd’hui les mêmes questions et je suis persuadé que les taux de réponses seront les mêmes, voire pires, étant donnés tous les gadgets que les politiques ont fait fleurir dans l’intervalle : CSG déductible ou non déductible sur le prix du travail, CSG non déductible sur les revenus de l’épargne, CRDS sur le prix du travail et sur les revenus de l’épargne, C3S des entreprises, etcÂ…

Bref, les résultats de sondages et leur analyse ? A la corbeille.

En attendant, et tout comme, en 2002, plus de 80% de voix se sont portés sur le nom du Président de la République en exercice, en 2005, la quasi totalité des personnes interrogées (90%) estimerait donc que la Sécu est une institution indispensable pour assurer la solidarité entre les Français.

Mais là je dis stop : trop, c’est trop. La question est posée comme si les Français étaient seuls dans le champ de l’institution ! N’est-il pas question de la solidarité entre les Français ?

L’IFOP devrait au moins savoir que le critérium de la Sécu n’est pas la nationalité de la personne, mais la résidence ou le travail de celle-ci en France, d’où son nom de « sécurité sociale » et non pas de « sécurité nationale ».

Ignorance des sondés, ignorance des sondeurs ?