Toujours les même salades

Dès l’annonce d’un massacre dans une école aux Etats-Unis, il était évident que les médias français allaient s’en donner à coeur joie, sur les thèmes suivants:
– ah mon dieu qu’ils sont violents ces Américains
– pfff si ils laissaient pas trainer des armes à feu partout aussi, quels idiots!
– c’est la faute à Bush qui envoie son armée en Iraq au lieu de la mettre dans les universités!

Je me décide donc à feuilleter (sur le web) Le Monde, et je trouve un édito sur ce nouveau massacre:

La tuerie de l’Université polytechnique de Virginie impose à la société américaine un nouveau face-à-face avec elle-même, sa violence,

Sous-entendu ce massacre n’est que le reflet de la société américaine dans son ensemble, d’une extrême violence…

le fétichisme des armes qui habite une partie de la population,

Ce qui signifie en fait qu’ils refusent d’être désarmés, donc plutôt que d’argumenter il faut les réduire à un état inférieur: ils sont psychologiquement dérangés!

les dérèglements d’une jeunesse soumise à la double tyrannie de l’abondance et de la compétition.

Qu’elle est lyrique cette explication… et puisqu’au passage c’est une attaque contre le libéralisme, pourquoi se priver ? Tout le monde sait que les sociétés les plus violentes sont aussi les plus riches, non ?

Un peu plus loin on a l’attaque contre George W Bush, avec un chouia de mensonges concernant le « commerce des fusils d’assaut » (toujours interdits, ce sont juste les répliques qui sont de nouveau autorisées à la vente), et un passage de pommade pour Bill Clinton:

Aux yeux de M. Bush, la question du commerce des armes aux Etats-Unis n’est pas posée et n’a pas à l’être.

Il n’y a pas lieu de s’en étonner puisque le chef de l’exécutif américain s’appuie sur un parti qui est allé jusqu’à refuser, en 2004, de reconduire la prohibition du commerce des fusils d’assaut, votée par un Congrès à majorité démocrate, en 1994, sous la présidence de Bill Clinton. Ce dernier avait eu le courage d’affronter le lobby des armes à feu, mais il avait dû limiter ses ambitions à deux mesures certes opportunes, mais modestes : l’obligation faite aux armuriers de vérifier que les acheteurs n’aient pas d’antécédents judiciaires et l’interdiction de la vente des fusils d’assaut.

Obligations légales d’ailleurs tout à fait inutiles car les armes à feu peuvent s’acheter illégalement, se voler… mais passons…

Et on continue par une nouvelle attaque contre le droit de porter des armes:

Les armes font partie de l’idéologie américaine à un point tel que les démocrates, pourtant enclins à considérer que le culte de la liberté individuelle doit être équilibré par l’intérêt général, n’abordent ce sujet qu’avec prudence. Lors de la dernière campagne présidentielle, le candidat démocrate, John Kerry, s’est bien gardé de prendre position en faveur d’un encadrement plus sérieux.

Idéologie américaine ou droit constitutionnel ? Le 2nd amendement de la Constution Américaine permet à chaque citoyen de conserver une arme.
Evidemment, quand Le Monde écrit « encadrement sérieux » il faut lire « confiscation des armes », car n’importe quel « encadrement sérieux » aura ses failles, et les 200 millions d’armes en circulation actuellement aux USA finiront toujours par être disponibles pour un futur massacre.

Et l’édito se conclue sur le thème « ces pauvres idiots d’américains simplistes »:

Toutefois, dans un pays où « le droit de posséder et de porter une arme » est inscrit dans la Constitution et où l’on estime à 192 millions le nombre des armes à feu, le problème n’est pas seulement celui d’un groupe d’intérêts particuliers. Après la tragédie, des voix se sont élevées pour déplorer que les professeurs et les étudiants ne soient pas autorisés à s’armer, car l’un d’entre eux aurait pu neutraliser le tueur. Avec de tels raisonnements, l’Amérique n’est pas près de maîtriser sa violence.

Incroyables de stupidité ces Américains: ils pensent que les étudiants ou les profs auraient pu se défendre s’ils avaient eu l’autorisation de porter des armes, alors que tout le monde sait que la réaction appropriée est d’attendre que le tueur fou ait vidé tous ses chargeurs et se suicide (ce qui a été une nouvelle fois la réaction de la police, totalement inefficace, qui a laissé le massacre se perpétrer!). Petit rappel: les écoles et universités sont des « gun free zone »: personne n’y est autorisé à porter une arme, et donc constituent des proies faciles pour un assassin déterminé. Mais ce genre de raisonnement est trop simpliste, alors au lieu d’expliquer pourquoi il serait fallacieux, on le rejette pour… « simplisme ».

J’avais donc à peu près raison dans mes prédictions, sauf sur l’Iraq: il fallait blâmer le libéralisme et pas la guerre en Iraq…

Note: loin de moi l’idée de minimiser l’importance de tels massacres, ils sont évidemment affreux et inquiétants, mais les réactions médiatiques absurdes je n’en peux plus! Ils ne servent pas la compréhension des actes, mais sont des plateformes d’attaques anti-américaines et anti-libérales.