Le message précédent expliquait pourquoi son auteur ne votait pas.
Mais qu’ont fait effectivement les Français les 22 avril et 6 mai 2007 pour l’élection du Président de la République, puis les 10 et 17 juin suivants pour l’élection des députés de l’Assemblée nationale ?
Le temps est venu de faire le point. Voici quelques chiffres.
1. Les non inscrits.
Etant donné qu’en France, la population de plus de 18 ans est aux environs de 48 millions de personnes (cf. http://www.insee.fr/fr/ffc/pop_age3.htm ) et
que la population inscrite sur les listes électorales a été officiellement :
………Inscrits…………………………….Nombre
1er tour présidentielle………………….44 472 834
2nd tour présidentielle…………………44 472 733
1er tour législatives…………………….43 888 779
Source :
http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_votre_service/resultats-elections/PR2007/FE.html et
http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_votre_service/resultats-elections/LG2007/FE.html
il faut admettre que le chiffre des personnes non inscrites sur les listes électorales était de l’ordre de 3,5 millions pour les trois tours d’élections, soit 7,9 % de la population.
Soit dit en passant, étant donnés les élus du premier tour des législatives, le nombre d’inscrits au second tour n’est pas comparable au nombre d’inscrits du premier tour (à cause de la population correspondante qu’il faudrait retrancher…). Nous le laisserons de côté
2. Les abstentions, votes nuls et votes blancs des inscrits.
A ce chiffre des non inscrits, il convient d’ajouter les abstentions, votes nuls et votes blancs des inscrits.
L’abstention consiste à ne pas participer à une élection ou à des opérations de référendum. Selon les commentateurs, elle traduit
– soit un désintérêt total pour la vie publique,
– soit un choix politique actif consistant à ne pas se prononcer afin de montrer son désaccord.
Le vote blanc consiste pour un électeur à déposer dans l’urne un bulletin dépourvu de tout nom de candidat (ou de toute indication dans le cas d’un référendum). Ce type de vote indique une volonté de se démarquer du choix proposé par l’élection, mais il n’est pas comptabilisé lors du dépouillement.
Le vote nul correspond à des bulletins déchirés ou annotés et qui ne peuvent pas être pris en compte lors des opérations de dépouillement. Il est parfois difficile d’interpréter le sens d’un vote nul. L’électeur peut ne pas avoir souhaité que son vote ne soit pas décompté (il a cru qu’une mention manuscrite ajoutée n’aurait aucune incidence). Mais il arrive également que l’électeur ait volontairement déposé un bulletin nul, pour manifester son opposition aux différents candidats et programmes présentés.
Officiellement, les votes blancs et nuls ne sont pas ajoutés aux abstentions et le nombre des suffrages dits exprimés les excluent !
Il ressort du tableau qui suit
Abstentions + votes blancs et nuls…………..Nombre………………………% population
1er tour présidentielle…………………7 218 592 + 534 846 = 7.75…………16.1
2nd tour…………………………………7 130 729 + 1 568 426 = 8.7………….18.1
1er tour législatives…………………..17 363 796 + 501 931 =17.86…………37.2
qu’entre les présidentielles et les législatives le nombre des abstentions, votes blancs et nuls a plus que doublé, passant de 16,1 % à 37,2 %.
3. Election du Président de la République.
Le nombre des suffrages exprimés aux présidentielles est donné par le tableau qui suit.
Exprimés Présidentielles……………………..Nombre…………………………% population
1er tour……………………………………..36 719 396…………………………..76,5
2nd tour……………………………………..35 773 578………………………….76,5
En conséquence de quoi, Nicolas Sarkozy a été élu par 39,6 % de la population
………….2nd tour…………………………..Nombre………………………….% population
M. Nicolas SARKOZY…………………..18 983 138…………………………….39,6
Mme Ségolène ROYAL…………………16 790 440…………………………….35
soit par « deux Français sur cinq (de plus de dix huit ans) ».
4. Election des députés de l’Assemblée Nationale.
Sur la base des résultats du 1er tour de l’élection, on peut dire que l’Assemblée Nationale a été élue par 54,1 % de la population :
Législatives 1er tour………………………..Nombre…………………………..% population
Exprimés……………………………………26 023 052…………………………….54,1
Et approximativement, on peut dire que le premier parti de France, celui du Président de la République, représente les suffrages de 25 % de la population, soit « un Français sur quatre (de plus de dix huit ans) ».
Cher monsieur,
Je pense que votre analyse – qui en fait n’a pour but que de dévaloriser la signification des récents scrutins – comporte quelques erreurs. Ainsi les votes blans sont bel et bien comptabilisés. Ils ne font pour autant pas partie des suffrages exprimés – ce qui est évident – et ne contribuent donc pas à départager les candidats en présence. Ne jamais oublier qu’un scrutin n’est pas une « enquête d’opinion » grandeur nature mais bien de désigner un représentant pour remplir une fonction . Bien sûr la pertinence de se mode de désignation peut faire débat, les jurés d’assises ne sont-ils pas désignés par tirage au sort ? Cordialement B.B.
D’acord avec le commentaire précédent.
Un scrutin électoral n’est pas l’expression d’une valeur démographique, mais celle d’un choix politique, ouvert à tous ceux qui souhaitent le formuler.
Il existe aussi dans le Droit des entreprises un certain nombre de cas où une minorité peut parvenir à bloquer les décisions de la majorité, ou bien également imposer certaines conditions ou personnalités.
En suivant votre raisonnement, les « scrutins » jadis organisés dans les démocraties populaires présentaient une meilleure légitimité démocratique, le nombre d’abstention et de bulletin nuls ou blancs étant réduit au minimum.
Ainsi, le 6 Mai dernier, N.sarkozy a été élu Président le la République par 39% des citoyens Français, en âge de voter, non frappés d’interdiction de leur droits civiques, et ayant choisi d’exprimer un choix précis.
Les 26% restant (les 35% pour S.Royal étant déduits) ont délégué au 74% qui sont allé voter le droit de choisir le chef de l’Etat pour les cinq années à venir.
Cette situation relève de leur convenance personnelle, et pas d’un mauvais fonctionnement des institutions.
Je me suis abstenu au deux tours des dernières législatives, et il ne viendrait pas à l’esprit de me gausser que la présente assemblée n’ai été désignée que par une moitié des inscrits (voir des plus de 18 ans) au prétexte que j’ai décidé de ne pas choisir.
Merci pour les messages précédents.
Mais ils me prêtent des propos que je n’ai pas tenus :
– selon celui de Bernard,
« Je pense que votre analyse – qui en fait n’a pour but que de dévaloriser la signification des récents scrutins – »
– selon celui de Marc,
« En suivant votre raisonnement, les “scrutins†jadis organisés dans les démocraties populaires présentaient une meilleure légitimité démocratique, le nombre d’abstention et de bulletin nuls ou blancs étant réduit au minimum. »
Je n’ai pas fait d’analyse, je n’ai pas suivi un raisonnement, j’ai simplement mis en ordre des chiffres sur la base de celui jamais donné, qu’est celui de la population des gens en âge de voter.
Marc va plus loin quand il écrit :
« … il ne viendrait pas à l’esprit de me gausser que la présente assemblée n’ai été désignée que par une moitié des inscrits (voir des plus de 18 ans) au prétexte que j’ai décidé de ne pas choisir. »
En aucun cas, cela est l’attitude que j’ai adoptée.
Mais permettez-moi de corriger ce que vous écrivez concernant le choix ou plutôt le « non choix » en vous renvoyant à l’article de Mickaël Mithra qui m’a donné envie d’écrire le billet.
Mickaël explique son choix que, dans le meilleur des cas, certains interpréteront comme un « non choix » – peut-être vous-même – et, dans le pire, d’autres auront mis a priori à la trappe.