Subreporting sur les subprimes

Dans Le Monde, article sur les « subprimes » et l’impact sur les « défavorisés »:

A 150 kilomètres de Los Angeles, l’agglomération californienne du comté de Riverside – un des plus pauvres de l’Etat -, connue pour ses trailer parks (des campings améliorés), est l’une de ces villes qui ont connu un boom immobilier sans précédent depuis dix ans.

La construction de ces cités champignons a été le moteur d’un développement intensif, spécialement en Californie du Sud. Là, des ménages aux revenus modestes ont pu devenir propriétaires après s’être engagés dans l’obtention de prêts hypothécaires à taux variables, ces fameux subprime consentis aux emprunteurs à risque…

Grâce au crédit, au lieu de rester dans les trailers parks des milliers de personnes ont pu devenir propriétaires!

Or, avec la crise du secteur du subprime, rien ne se vend plus dans ces zones suburbaines. Pire, des milliers de petits propriétaires trop endettés ne peuvent plus rembourser les échéances de leurs crédits, et risquent de perdre leur propre logement.

Les propriétaires victimes sont forcément « petits », simplement pour attirer la sympathie. Cet adjectif est bien entendu totalement superflu et n’apporte rien à l’article, mais il a son utilité. Bref, suite à des difficultés financières, beaucoup ont du mal à rembourser. Problème, aux Etats-Unis les prêts hypothécaires sont très développés: vous ne devenez propriétaire de votre maison que quand vous avez fini de payer. Avant cela, vous pouvez être expulsé pour que l’organisme de crédit se refasse sur la vente du bien. Evidemment le système a son intérêt pour les prêteurs: si l’emprunteur fait défaut, il peut toujours revendre le bien. Dans un marché immobilier en hausse, c’est une garantie contre le risque…

Aux Etats-Unis, les procédures de saisie ont doublé en juillet, atteignant 179 599, selon le site Internet spécialisé RealtyTrac, qui dénombre plus d’1,1 million de procédures depuis le mois de janvier, soit une moyenne d’une procédure sur 112 foyers.

La Californie figure parmi les cinq Etats américains où les saisies de logements s’accélèrent, avec la Floride, le Michigan, l’Ohio et la Géorgie. Certaines zones urbaines, plus aisées, sont moins touchées (à Beverly Hills, on compte une seule saisie, et à Malibu… zéro !). Mais partout, la crise du crédit entraîne une chute des valeurs immobilières. « S’il y a quatre maisons saisies dans le voisinage, le prix de vente baisse d’au moins 20 % », affirme Robert Gnaizda, du Greenlining Institute de Berkeley, dont le but est d’encourager l’accès à la propriété pour les revenus faibles. « La crise présente affecte surtout les milieux défavorisés. »

… quand le marché immobilier baisse, les emprunteurs ne sont pas sûrs de retrouver leurs fonds, et les prêteurs eux, perdent leur logement… Evidemment les premiers touchés ont les revenus les plus faibles: on rembourse moins bien quand les revenus baissent…

La situation est critique dans le comté de Riverside : au 2e trimestre 2007, la ville de Hemet a enregistré 68 saisies (contre 6 pour le 2e trimestre 2006) ; Murrieta en a compté 142, Temecula 136, Perris 147, Moreno Valley 309… L’histoire de la famille « J. » est exemplaire. Il y a dix ans, ce couple a acheté un pavillon de quatre pièces à Corona, pour la somme de 148 000 dollars (110 000 euros), en en empruntant la quasi-totalité. Suite à des soucis de santé, leurs revenus ont diminué. Ne pouvant plus rembourser, ils ont refinancé en 2000, et à trois autres reprises, augmentant chaque fois le montant du prêt, pour tirer des liquidités.

On appelle pas ça de la cavalerie ? Emprunter plusieurs fois pour couvrir l’emprunt précédent ?

Car, avec l’envolée spectaculaire des prix de l’immobilier dans la région, les sociétés de prêts, certaines de pouvoir revendre les crédits à Wall Street, ont sollicité très agressivement tous les propriétaires (par courrier, téléphone ou courriel), pour les inciter à monétiser leur plus-value immobilière.

En septembre 2005, les « J. » ont emprunté à hauteur de 450 000 dollars, mais se sont vus contraints de mettre la maison en vente, pour faire face aux échéances. Estimé alors à 480 000 dollars, leur pavillon n’a pas trouvé d’acquéreur. Alors, le créancier, GMAC Mortgage, un des plus importants avec 34 bureaux en Californie, a engagé la procédure de saisie.

La famille J. a eu les yeux plus gros que le ventre: la maison était estimée à 480.000$ (vous avez dit « défavorisés » ?), et donc ils ont emprunté à nouveau… 450.000$! Au lieu de conserver le crédit sur 148.000$ initial, ils ont préféré ré-hypothéquer leur maison auprès d’autres organisme de crédit (qui je suppose a racheté le premier crédit), pour disposer de cash. Ce n’est pas un exemple de gestion saine!

«  »Subprime » est un mot poli pour décrire des prêts scandaleux, commente ce lecteur du Los Angeles Times, il s’agit d’une escroquerie qui fait de l’acquéreur une victime. » Aujourd’hui, des associations de consommateurs réclament des mesures pour protéger les propriétaires en difficulté.[…]

Prêts scandaleux ? Sans ces prêts des centaines de milliers de personnes n’auraient pas eu accès au crédit.

Acorn (Association of Community Organizations for Reform Now), une organisation nationale vouée à la protection des consommateurs défavorisés, appelle à un moratoire d’un an sur toutes les saisies immobilières et à la suspension des ventes aux enchères de propriétés saisies, « afin que les victimes des prêteurs prédateurs puissent réaménager les termes de leurs emprunts », explique Larry Hynson depuis le siège d’Oakland.

Un tel moratoire mettrait en faillite les organismes de crédit, et n’arrangerait pas pour autant la situation des « défavorisés ». Où trouveront-ils des crédits la prochaine fois ?

Bref cet article n’explique rien, on ne comprend pas comment le système fonctionne, pourquoi et comment il a dérapé, pourquoi les prêteurs se retrouvent avec beaucoup de défaillances…

Pour tout comprendre sur cette crise, allez donc lire

N’hésitez pas à suivre tous les liens que Vincent propose (et il y en a BEAUCOUP), et tant que vous y êtes lisez son dossier sur le logement en France (indispensable pour comprendre la pénurie actuelle).