le 11/09 des jeunes

Qui n’aimerait pas savoir ce qui se dit dans les « banlieues » depuis le 11 septembre ? Le Parisien avait bien dévoilé les concerts de klaxon boulevard Poissinière (quartier de Barbès) à Paris, d’autres à Marseille. Des manifestations de joie auraient eu lieu un peu partout aussi dans les cités, quelques voitures brûlées, des tags « vive ben laden ». Au-delà de cette minorité à laquelle je me garderai bien d’amalgamer l’ensemble des « jeunes », qu’en est-il réellement ? Un journaliste du Monde est allé dans une cité, à Saint-Aubin les Elboeuf, pour tenter d’en savoir plus. Le premier personnage interviewé par Le Monde est posé en ces termes: « sa voix, douce, coule comme un torrent. Les mots se bousculent, les formules chocs claquent, les arguments pleuvent ». C’est un jeune « engagé »: il a fondé un parti politique local, le Parti des citoyens de l’avenir, 4.9% aux élections municipales. Il a travaillé pour les inévitables associations d’insertion et autres. Un gars bien en somme.

Et pourtant: son avis sur le 11 septembre ? Dommage pour les victimes, bien fait pour les USA dit-il en substance. Il déplore « que des civils aient été tués »: j’imagine que les morts du Pentagone n’ont pour lui aucune importance. D’ailleurs, « c’est de leur faute quelque part, ils ne peuvent pas le nier ». Les pauvres gens ensevelis sous les tours du WTC n’ont pour la plupart aucune connection avec le gouvernement des USA. L’assimilation du gouvernement d’un pays à ces citoyens est justement ce que refusent les même personnes quand il s’agit de défendre les victimes civiles des bombardements en Afghanistan. Qui osera dire que les Afghans l’ont bien cherché ?

Alors, qu’est ce qui vaut ce triste sort aux Etats-Unis ? Tout et rien: « ils se prennent pour les shérifs de la planète ». Oui, le gouvernement américain nous a sauvé par deux fois en ce siècle: une fois en 1918, une fois en 1944. J’oublie la troisième fois: en 1949 à Berlin. Par la présence constante des militaires américains sur le sol européen depuis 1945 nous sommes saufs. Bienvenue aux Pershing. Vive les GIs ! Effectivement oeuvrer pour le triomphe du Bien donne des ailes. Et malheureusement des calculs tactiques font prendre de mauvaises décisions, comme celle de soutenir les plus extrêmistes des combattants afghans au lieu de Shah Massoud, comme celle d’aider le Pakistan à se doter d’une arme qui on ne sait si elle tombera un jour sur nos têtes. Oui, les analystes de la CIA et les gouvernements américains ont fait d’énormes conneries. Il n’en reste pas moins que les plans criminels mis en oeuvre, anthrax, le WTC et ce qui viendra ensuite, ne sont pas l’oeuvre de la CIA mais des cerveaux malades d’illuminés islamistes. Les experts idiots de la CIA n’y sont pour rien.

Mais ce n’est pas là le principal reproche fait aux Etats-Unis: il y a « le passé esclavagiste de ce pays, les bombardements sur Hiroshima et Nagasaki, les dictateurs noirs africains qui ont été installés par les Américains… » .

Et hop une petite réécriture de l’histoire pour l’Afrique. je fais une citation en vrac ou je détaille ? Allez, prenons 30 secondes: Patrice Lumumba, dont une célèbre université porte le nom à… Moscou, dans quel camp était-il ? Julius Nyéréré prenait lui ses conseillers en Chine maoïste: en 20 ans de règne la Tanzanie est passée de pauvre à extrêmement pauvre. N’Krumah, qui se nommait le Rédempteur, préférait les russes. Amin Dada a un temps passé une alliance avec Israël, puis l’affaire d’Antebe ou un avion détourné a du être libéré par les commandos de Tsahal a mis fin à cette alliance de circonstance. Le colonel Mengitsu en Ethiopie: encore un qui a fait rouler ses chars T64 sur la population: résultat 25 ans de guerre civile, des famines à répétition l’aide internationale détournée. On continue ? Bokassa avec sa réplique de sacre de Napoléon, n’a jamais été soutenu par les USA. Par contre Moscou aidait Ratsiraka à Madagascar, qui se bat toujours avec Haïti pour savoir quel est le pays le plus pauvre de la planète. Un dernier pour la route ? Sekou Touré en Guinée: encore un qui avait des conseillers en industrialisation lourde de Moscou. Les USA ne sont pas intéressés à la zone Afrique, sauf au Congo et à ses richesses inestimables: mais ce furent les Français et les Belges qui ont fourni le soutien effectif.

Pour le passé esclavagiste, il faudrait rappeler à notre jeune que d’une part, c’est terminé depuis plus de cent ans dans un bain de sang américain: 500.000 morts pour cette seule guerre. 10 fois le ViêtNam. 5 fois la Première Guerre Mondiale côté US. N’est ce pas là un lourd tribut déjà ? Faut-il aussi rappeler qu’aujourd’hui les seuls pays esclavagistes sur terre sont des pays musulmans: Arabie Saoudite, Emirats, Soudan ?
Et puis de toute façon on peut balayer d’un revers de la main ce genre d’argumentations: personne n’est redevable des crimes commis par de lointains ancêtres!

Dans cette déclaration pleine d’ignorance, surtout pour un « jeune » de 30 ans de mère Guinéenne, on voit l’étendue de l’échec de l’éducation nationale, ou plutôt de sa réussite: nul ne connaît l’histoire africaine, sauf quelques rares spécialistes comme Bernard Lugan. Résultat: on peut tout mettre sur le dos des « puissances coloniales », et maintenant des Etats-Unis. Sur ce terreau de l’ignorance, tous les mensonges peuvent prendre racine, et les discours haineux trouvent alors un écho, d’ailleurs notre « jeune » voit les USA comme un ennemi, au même titre qu’Al Qaeda (ouf!), avec un mais: les USA auraient un passif plus lourd. Un pays qui a sacrifié 50.000 des siens pour sauver le ViêtNam, sans succès hélas, 20.000 en Corée, dont les principes de base ont toujours affirmé la primauté de la liberté et du droit sur la barbarie, pire qu’Al Qaeda ? Le pays qui concentre en lui toute l’essence de la civilisation occidentale, un ennemi ? Si ce pays est détesté, c’est au-delà de lui toute notre civilisation qu’ils détestent ces « jeunes ». C’est bien de la civilisation occidentale qu’il s’agit. Pourtant d’autres citent volontiers Zola ou Hugo quand il s’agit de défendre leurs libertés face aux contrôles de Vigipirate, mais remettent en cause toute idée de réformer l’Islam.

Enfin, les « jeunes » s’offusquent aussi de l’attention projetée sur eux-mêmes: ils aimeraient être considérés comme tout un chacun, considérant qu’ils partagent notre sort. Voilà des nouvelles rassurantes, si elles étaient corroborées dans les faits, mais les incidents se multiplient en France, d’attaques de commissariat en feux de voitures, et maintenant les policiers qui se font tirer comme des lapins. Alors forcément, malgré le non-dit en France sur l’immigration, les gens s’interrogent, et moi avec: maintenant je sais: ils ne partagent nos valeurs que quand ça les intéresse. Ils aiment la tolérance quand elle est en leur faveur. La guerre, ils veulent bien quand c’est la Serbie qui est bombardée. L’adhésion pour moi n’est que de façade, les positions mitigées me laissent plutôt inquiet. Placés devant un choix, comment agiront-ils ?