Tolérance zéro

En France la sécurité est aux mains des hommes politiques. Je ne sais pas s’il est besoin de rappeler l’état sécuritaire de la France ? Impunité quasi-totale des criminels: en France, où le taux de criminalité en l’an 2000 a pour la première fois dépassé, de peu, celui des Etats-Unis, il y a 50.000 prisonniers. Il y en a 2.5 millions aux Etats-Unis, soit presque 10 fois plus qu’en France par rapport à la population.. Donc être criminel est dix fois moins dangereux en France qu’aux USA. Le nombre de crimes et délits commis en France serait de 16 millions par an. Et les chiffres égrénés de temps à autre ne démentent pas la tendance: aggravation à deux chiffres par an. Selon les catégories, de 10 à 100%, voire plus… La catastrophe est patente. Tous les jours l’horreur de la situation s’étale dans nos journaux. Même si beaucoup de politiciens et sociologues cherchent encore dans le prétendu « racisme » la cause de la violence et donc prétendent remédier au désastre en punissant les victimes, il y en a pour parler des solutions réelles. Et en celà l’exemple magnifique des Etats-Unis où la criminalité est en baisse continue depuis 10 ans.

La recette américaine est simple: un criminel n’accepte pas la vie en société. Il en défie les règles, au mépris du droit légitime de propriété des autres, sur leurs biens, sur leur personne. N’entrent pas dans la catégorie criminels pour les libertariens, je le fais remarquer, ni les drogués, ni les « traficants » de drogue. Ils ne commettent pas à proprement parler des crimes, puisqu’il n’y a pas de « victimes » lors d’un échange librement consenti [en savoir plus ici et ici ].
Le criminel est donc un individu qui ne respecte pas les règles de non violence imposées et acceptées par tous les autres: il faut donc le punir pour ce non respect. Là encore un libertarien y trouve à redire: pourquoi ne pas réparer le préjudice ? Pourquoi la prison plutôt que la réparation ? Mais au moins la solution tolérance zéro US a un mérite: elle éloigne, et souvent pour longtemps, les criminels des victimes potentielles. Elle permet aussi, par la certitude que tout acte sera remarqué et son auteur poursuivi, de montrer aux criminels que leurs forfaitures leur font courir un risque de punition fort. Voilà bien une doctrine que nul personne sensée ne remettrait en cause et pourtant… à écouter les politiciens on pourrait croire qu’il existe une exception française.

Le Front National a le premier parlé de tolérance zéro, au début des années 90. Il faut dire que la sécurité des citoyens ça n’intéresse personne, sauf la dite « extrême droite », qui doit cette appellation au lien que ses dirigeants ont osé faire entre l’immigration et la criminalité.
Il a fallu 10 ans, et un doublement ou un triplement du taux de criminalité, pour que le concept se diffuse ailleurs dans la classe politique. Jacques Chirac, lors de son discours du 14 Juillet, l’a évoqué. Las! Il a aussitôt déclaré que si « tout délit doit être sanctionné », l’exemple New Yorkais n’était pas à suivre!

Entretemps l’idée a voyagé dans les divers partis, et aussi instances politiques: RPR, UDF, PS… L’idée a été déformée, dénaturée pour finalement être détruite.
Pourtant une mission parlementaire avait décortiqué l’application à NYC de la tolérance zéro: évaluation des résultats par rapports à objectifs chiffrés, orientation des effectifs policiers vers la rue et non pas vers les tâches administratives et surtout une surveillance constante des rues (claim the streets), des comparutions immédiates, identification des points noirs etc…

Pourquoi n’est-elle pas applicable en France cette organisation ? Parce qu’ici les effectifs policiers sont divisés en deux catégories, dépendants de deux ministères, et non pas des maires! Je rappelle à ceux qui ne le sauraient pas que la police nationale est une création de Vichy, qu’avant 1940 la police était une affaire locale, ce qui est tout à fait logique: qui est mieux placé que le potentat local pour juger des besoins locaux ?

Pourtant quelques idées en vrac reprennent les bases de la tolérance zéro: Nicolas Sarkozy écrit « La première infraction doit être sanctionnée avec sévérité afin de décourager le prédélinquant de s’engager sur un chemin qui ne peut le conduire que vers des infractions de plus en plus graves ». Sauf qu’il oublie la définition d’un délinquant: un délinquant est quelqu’un qui a commis une infraction. Après c’est un délinquant récidiviste!

Mieux, à l’UDF sans remettre en cause le dogme de la police centralisée, on propose que le maire dipose d’une « police de proximité ». Toujours pour dépasser l’absurdité étatique qui fait vivre deux forces de polices côte à côte, sans toutefois les mettre en concurrence frontales, François Bayrou propose de fusionner les forces de police dans un seul ministère. Ce sera toujours quelques gaspillages de moins après tout.

Au PS par contre c’est toujours l’angélisme: Julien Dray propose: « un traitement systématique du premier délit par une mesure éducative ou de rappel à la loi ». Ah quel sens de l’humour. Toute la force du concept de tolérance zéro repose sur une sanction immédiate, et ferme. Pourquoi pas une petite dissertation pour un coup de pied dans la tête à un « flic » ? Voilà une mesure éducative! Ah mais je me trompe, ce genre de mesures existent déjà (cf libres.org!

Dans tous ces discours où est la tolérance zéro ? Où est la conscience de la criminalité qui ronge la vie de millions de personnes ? Où sont les victimes ? Pourquoi refuser systématiquement sous prétexte d’exception culturelle ?

La déliquescence actuelle viendra de toute façon mettre un terme aux atermoiements politiciens. La dénonciation du sécuritarisme, version moderne du fââchisme selon les bien pensants, fait florès au moindre signe d’application des lois, et même vient toujours en écho de tout discours dénonçant ma criminalité. Cela n’empêchera pas les personnes de mettre des systèmes d’alarme, de créer des « gated communities », où des vigiles et des caméras protègeront de l’ « extérieur ». Cela n’empêchera pas les plus fortunés de payer des gardes privés, les entreprises de sécuriser toujours plus leurs entrepôts. La police ? Déjà elle n’enregistre pas toutes les plaintes, alors assurer la sécurité des biens et personnes, n’y pensez pas! La sécurité privée va donc exploser… et déjà des signes encourageants pointent: il paraît que les créations de société dans le domaine de la sécurité sont nombreuses. Le marché fera le tri, et d’ici quelques années qui appellera encore le 112 pour appeler à l’aide ?