Euro constructivisme

La monnaie unique est une création politique visant à rendre inévitable la construction d’un Etat européen. Ainsi, le cartel des Etats-continents conduira inexorablement au point de rationalisation ultime: l’Etat mondial. On nous parle de compétitivité économique alors qu’il faudrait parler de l’ harmonie économique, chère à Bastiat. La compétition économique est une supercherie idéologique destinée à justifier l’interventionnisme « régulateur » des gouvernements. Or ce sont précisément leurs interventions, par le jeu destructeur des intérêt des groupes de pression exerçant leur chantage sur le gouvernement, qui engendrent la « compétition », la course aux privilèges. La monnaie unique a toutes les apparences de la rationalité. Sur un territoire donné, une même monnaie permet de comparer les prix (Le Monde.fr : L’euro fait ressortir les différences de prix en Europe, 8 janvier 2002) de réduire les coûts de transaction, bref de renforcer la concurrence au grand bénéfice des consommateurs. Mais voyons où nous conduisent le monopole d’une monnaie et l’effacement des monnaies nationales. Elles conduisent au renforcement de l’Etat européen. Bientôt un gouvernement économique et social sera promu par nos politiciens, soucieux de transposer à l’Europe les méthodes de la République Fromagères (de Poncins), dans le but de d’harmoniser la fiscalité au détriment des pays qui ont une économie dynamique par la bonne grâce d’une faible fiscalité. Le résultat sera que les Européens seront, à terme, plumés par l’Etat européen, sans avoir le recours de profiter d’un accueil fiscal plus favorable dans un autre pays européen. La concurrence apparente sera donc enrayée par une politique d’harmonisation fondée sur le modèle erroné de « la concurrence pure et parfaite » ou « concurrence atomistique ».

Selon ce modèle, une information parfaite d’une multitude d’ acteurs économiques tous identiques et interchangeables (obtenue grâce à l’intervention de l’Etat), produisant des biens identiques et divisibles, conduit à réduire à néant le profit. Or nous constatons que la construction d’une monnaie unique, une harmonisation des règles visent à réaliser les hypothèses d’une concurrence pure et parfaite.
Illustration: « Les entreprises européennes, au premier rang desquelles les firmes automobiles, tancées par la Commission, soulignent l’impossibilité d’harmoniser complètement les prix étant donné les divergences fiscales des 12 pays membres. « Si les prix varient d’un pays à l’autre cela est uniquement dû aux différences d’impôts », souligne le constructeur allemand BMW, qui a annoncé la semaine dernière l’harmonisation européenne des prix de sa nouvelle Série 7.  » (lemondefr)

Or cette théorie de la concurrence pure et parfaite repose sur des hypothèses fausses et irréalistes. Dabord elle suppose que l’économie est statique, que les entrepreneurs sont de simples revendeurs. Ils ne créent pas, ne prennent pas de risques. Or la réalité est tout autre, même en Europe, il demeurera des individus plus dynamiques, plus inventifs, qui produiront des biens engendrant de nouveaux profits. Et les régions où cela a le plus de chance d’avoir lieu sont les régions affranchies de toutes les contraintes administratives mais aussi de l’utilisation d’une monnaie obligatoire. La multitudes de monnaies en libre concurrence offre la possibilité de connaître la meilleure monnaie, par une sélection spontanée résultant des choix individuels. En plus elle met un frein à la tentation inflationniste des politiciens. Comme l’écrit Pascal Salin, « partout dans le monde des hommes qui disposent d’un monopole dans la production de monnaie sont tentés de pratiquer des politiques inflationnistes, soit pour financer des déficits publics, soit pour donner aux électeurs l’illusion d’une prospérité à court terme. Un système monétaire sain implique donc qu’une discipline soit imposée aux autorités monétaires. La concurrence- c’est-à-dire la liberté d’entrer sur un marché et la liberté de choix- constitue la meilleure des disciplines » (La vérité sur la monnaie, ed. Odile Jacob, Paris, 1990). Et c’est cette concurrence qui sera supprimée pour des raisons scientifiquement fausses mais politiquement utiles.

Bien évidemment, l’Euro est une monnaie constructiviste, inventée de toute pièce par la classe politique et les hommes de l’Etat, dont le but est de fonder un Etat européen. Bien sûr, au départ, les pseudo-libéraux vont chanter les louanges d’un grand marché européen « régulé » par une structure politique démocratique. Mais la logique de l’Etat est implacable (cf ÉTAT MINIMAL: MISÈRE DU PRAGMATISME UTOPIQUE sur ce même site).

Dans un texte publié dans le Monde, « Respecter le vœu des Français », Jeudi 22 novembre 2001(LE MONDE), Pascal Salin prônait, avec la cohérence logique qui le caractérise, la concurrence monétaire en réduisant l’Euro au statut de monnaie commune en concurrence avec les monnaies nationales:

« La solution existe pourtant et elle est extrêmement simple, explique Pascal Salin : il suffit d’arrêter le processus d’introduction de l’euro au point où nous en sommes arrivés, c’est-à-dire de renoncer à la substitution obligatoire de l’euro aux monnaies nationales. Autrement dit, il convient simplement de décider que l’euro sera une monnaie parallèle (ou une monnaie commune) et non une monnaie unique. Ainsi, ceux qui sont régulièrement impliqués dans le commerce intra-européen bénéficieront d’un instrument unique pour faire leurs transactions et leurs ordinateurs feront facilement les conversions nécessaires dans leur propre monnaie nationale ; les touristes pourront se déplacer à travers l’Europe en détenant seulement des euros, bénéficiant d’un pouvoir libératoire illimité sur tout le territoire européen, à l’instar des monnaies nationales ; mais les citoyens auront le droit de continuer à utiliser leurs monnaies nationales, celles avec lesquelles ils sont habitués à effectuer leurs calculs économiques. Et l’on verra bien si l’utilité de l’euro est telle que tous prennent l’habitude de l’utiliser et abandonnent progressivement l’usage de leurs monnaies nationales. […]
Cette solution donnerait à chaque pays les moyens d’une décision de sécession monétaire : dans le cas – qui ne peut pas être exclu – où la politique monétaire européenne ne lui paraîtrait pas satisfaisante, un pays pourrait ainsi quitter le système euro pour restaurer son propre système monétaire. »

Pur conclure, les arguments pro-euro ne tiennent pas debout scientifiquement. Les arguments pseudo-scientifiques ne sont en fait que de la propagande destinée à faire croire aux citoyens européens que les hommes de l’Etat ont tout prévu. Ils agissent pour votre bien. Dormez tranquilles! Les hommes de l’Etat vont venir vous border. Vaudrait mieux par refuser, en plus.