La province la plus libertarienne

Des élections sont déclenchées en Alberta, la province canadienne qui se rapproche le plus de l’idéal libertarien. Le premier ministre conservateur de l’Alberta, Ralph Klein, a aujourd’hui déclenché une élection pour le 12 mars prochain et tentera d’obtenir un 3e mandat. Le Parti conservateur y est au pouvoir depuis trois décennies.

L’Alberta est la province canadienne qui se rapproche le plus de l’idéal libertarien, où le gouvernement est le plus petit et intervient le moins dans la vie des gens. C’est – ce n’est pas une coïncidence! – aussi la province la plus prospère du pays. L’industrie pétrolière et gazière canadienne est concentrée en Alberta et avec la hausse des prix mondiaux de l’énergie ces derniers mois, les rentrées fiscales ont fortement augmenté. La semaine dernière, le ministre des Finances a annoncé un surplus de 7,3 milliards $, une somme énorme lorsqu’on sait que l’Alberta ne compte que 3 millions d’habitants. La province compte éliminer complètement son déficit accumulé d’ici deux ans.

Cette manne pétrolière n’explique cependant pas tout. Les Albertains sont les Canadiens qui paient le moins d’impôts. On n’y retrouve pas de taxe de vente. Qui plus est, depuis un mois, elle est devenue la seule juridiction en Amérique du Nord où existe un impôt à taux proportionnel – la fameuse flat tax. Au-delà d’un montant de base, tout le monde paient également 10,5% d’impôt sur son revenu. Les surplus budgétaires ont permis au gouvernement d’augmenter ses dépenses en santé et en éducation, mais Klein promet également d’autres réductions d’impôts dans les années à venir pour les contribuables et les entreprises.

Le ministre des Finances (ou trésorier comme on l’appelle là-bas) de l’Alberta jusqu’au printemps dernier était Stockwell Day, élu à l’été 2000 chef de l’Alliance canadienne, le parti qui forme l’opposition officielle à Ottawa. Ce parti fédéral (pour lequel j’ai incidemment travaillé et été candidat il y a quelques années) est une coalition conservatrice-libertarienne-populiste, qui connaît ses principaux succès dans l’Ouest canadien – Alberta et Colombie-Britannique – et a son siège à Calgary, métropole de l’Alberta. Calgary est dans les faits devenue la capitale intellectuelle du conservatisme et du libertarianisme canadien depuis une quinzaine d’années.

On s’attend à une autre victoire des conservateurs, ce qui sera une bonne nouvelle pour tous les Canadiens. Les bonnes politiques de l’Alberta vont en effet continuer à mettre de la pression sur les autres provinces canadiennes pour qu’elles réduisent elles aussi leur fardeau fiscal.