Le FMI et autres Banque Mondiale sont des bureaucraties. Elles n’ont rien de libéral. Ce sont des organismes qui n’ont d’autres recettes que les impôts, qui n’ont de comptes à rendre à personne, dirigés par des fonctionnaires. Logique que dans ces conditions, elles fassent le plus grand mal partout où elles mettent leur nez. C’est l’aveu que fait un ex-président de la Banque Mondiale, Joseph Stiglitz. En effet, qui a vu la situation économique d’un pays s’améliorer après le passage du FMI ? Et c’est bien là que le bât blesse: quand les politiciens ont ruiné un pays, le FMI est supposé prêter de l’argent pour stabiliser les finances, permettre de réorganiser le secteur financier, de revoir le fonctionnement de l’Etat. Mais qu’arrive-t-il en réalité ?
Les interventions du FMI dans les crises répondent globalement à un schéma simple. Un Etat plus ou moins corrompu lance de grands projets, sociaux, industriels, financiers: il a besoin d’un appui étranger, apporté par des banques privés et des prêts d’organisations financières internationales (FMI, BM, BERD, banques centrales….). Au bout de x années, la corruption, la mauvaise gestion, ou d’autres facteurs rendent inévitables une crise économique. La confiance des investisseurs est alors réduite à néant, et ceux qui peuvent liquider leurs investissements s’en vont. Les grandes banques privées, elles, sont souvent coincées avec des sommes en milliards de dollars prêtées au gouvernement local. Voilà donc que le FMI peut intervenir!
Le FMI arrive alors avec ses gros sabots et l’argent coule de nouveau à flot. Le pays est-il pour autant « sauvé » ? Que nenni, c’est souvent pire après! Le FMI donne le signal du retrait: dès lors qu’il est question de son intervention, les investisseurs privés peuvent se retirer confiants: ils seront remboursés. Les grandes banques n’ont donc aucun intérêt à prêter parcimonieusement: le FMI arrive, l’argent tombe. Les profits sont réalisés, on remballe.
La crise se précipite alors pour le pays en question: les recettes du FMI pour sortir des situations désespérées ne marchent évidemment pas, et pour cause: cette institution est keynésienne/monétariste. Il n’y a pas d’économistes autrichiens au FMI, soyez en sûrs! Dès lors les solutions proposées tournent autour de la réduction du déficit du gouvernement local, par des hausses d’impôts, des coupes dans les budgets, mais pas question de toucher au salaire des sénateurs et des ministres, ça non. Avec ça il faut aussi compter sur des réglementations nouvelles pour le secteur bancaire, comme en Argentine le blocage des comptes des particuliers: une saisie des économies des Argentins en bonne et due forme!
Comme entre bureaucrates on se comprend, les institutions politiques corrompues restent en place, et le pays n’est pas plus libre qu’avant, donc pas en mesure de sortir de la crise, d’assainir les finances. De toute façon, pourquoi assainir le système, si à chaque crise le FMI renfloue les caisses ? Le FMI précipite donc l’inévitable crise causée par l’incurie des dirigeants, et les gens sont encore plus dans la misère. Les gagnants ? Les banques, les fonctionnaires du FMI, les ministres divers…
Dans d’autres situations aussi le FMI a failli à ses missions: développement et sortie du communisme. Là encore, le résultat était évident étant donné l’instrument employé: une bureaucratie!
Comment en effet développer un pays ? Pour le FMI ou la banque mondiale, le développement passe par la création d’infrastructures, d’un secteur financier, d’une bonne « gouvernance », de la gestion saine de la monnaie… Soit, c’est très bien tout ça, mais en réalité qu’est ce que le développement ? Ce ne sont pas les prêts pour construire des routes ou des barrages inutiles parce que sous-employés qui sont utiles. Ce sont les lois permettant à tout un chacun de faire du business librement, de ne pas se prendre les pieds dans des réglementations tâtillonnes à chaque mouvement, de ne pas devoir graisser la pate à chaque fonctionnaire croisé, de ne pas payer des impôts délirants à chaque passage de frontière… Mais tout cela, ce ne sont pas des « facteurs » pour les économètres du FMI. Ils n’en tiennent pas compte dans leurs équations complexes.
D’autre part, les prêts du FMI vont dans les poches des gouvernement, et même pour une part, des gouvernants. Rien à voir avec le système des « small loans », des petits emprunts, qui en prêtant à une personne une toute petite somme permet une gestion fine, très fine, du risque, de le contenir, de pouvoir prêter à des taux bas car de personne à personne (confiance!), de tisser des liens, bref de faire réellement du développement. Mais cela, ça n’existe pas dans les équations du FMI. Ils ne savent pas que le développement ne se décrète pas. L’échec de la planification, ils n’en ont cure. Ils sont importants, drapés dans leurs équations, reçus par les ministres, craints et écoutés par les financiers, dépositaires, mais non responsables, de milliards de dollars. La réalité ? elle leur importe peu finalement!
Des interventions récents du FMI, toutes se sont soldées par des échecs cuisants. Les 60 milliards de dollars prêtés à la Russie, où sont-ils ? Les Russes de la rue les ont-ils vu ? Les 30 milliards promis au Brésil ? Si l’on faisait la somme des prêts, combien attendrait-elle ? 300 milliards de dollars ? 400 ?
Le FMI va-t-il en tirer les conclusions qui s’imposent ? Non, pensez vous! Michel Camdessus, ex président de ce monstre (ça rapporte dites moi Mr Camdessus ?), dixit Le Monde, « a répondu que, s’il existait d’autres solutions, il serait le premier à les adopter, mais qu’aucune, pour l’instant, n’avait fait ses preuves ». Dans le même article du Monde Joseph Stiglitz déclare: « Quand neuf patients sur dix soignés par un même médecin meurent, il est clair que le médecin ne sait pas ce qu’il fait. »
La méthode est mauvaise, mais on n’en connaît pas d’autre. C’est la médecine de Molière, c’est la saignée! Ca tue les patients, mais aucune autre n’a soigné personne, alors continuons à tuer!
Le Monde, comme tous les médias, continue cependant d’assimiler le FMI au libéralisme: « libéralisation des marchés, la réduction des déficits budgétaires, la diminution des fonctionnaires, la vente des entreprises publiques, l’assainissement des secteurs bancaires« . Si seulement c’était vrai. Mais à quoi servent les fonds du FMI ? Justement à sauver le secteur public, à financer les banques qui devraient faire faillite etc. Quand aux fonctionnaires, si le menu fretin est mis à la porte, les ministres eux dorment au chaud dans leurs palais.
En tant que libéral, je souhaite l’arrêt immédiat de tels programmes qui sont inutiles au mieux, destructeurs la plupart du temps. Si des banques privées souhaitent investir dans des pays exotiques, qu’elles le fassent. Elles peuvent adapter leur offre, en se créant des réseaux locaux de microcrédit. Elles peuvent aussi créer des fonds de capital risque sur des projets plus importants. En favorisant les initiatives rentables au lieu des projets pharaoniques, en finançant l’activité de personnes au lieu de ministère, alors on verra du progrès en Afrique. Quand aux Asiatiques, laissez les faire, ils se débrouillent très bien, allez donc regarder comment ça c’est passé là où le FMI n’est pas intervenu.
C’est la première fois que je lis ce que je viens de lire. Je peux te garantir, Hervé, que cette position n’est pas du tout majoritaire dans les partis dits libéraux en France. Je pense que l’explication la plus simple vient de ce que la gauche tape dessus en disant que c’est libéral, donc les libéraux eux-mêmes ont fini par le croire.
Ta vision du FMI en tant qu’organisme d’assurance des investissements (NB: dans le private equity, en France, il y a la garantie Sofaris, qui produit ds résultats comparables, cf site de l’IFRAP) est exactement la même que la mienne. Trop peu de gens savent qu’en réalité, derrière l’expression « le FMI a débloqué X milliards de fonds spéciaux pour sauver le pays Y » c’est du renflouement des banques étrangères et des industriels étrangers engagés dans ces pays dont il s’agit.
Le livre de Stieglitz est très bien (quoiqu’il jette quelques fleurs à son ancien employeurla Banque Mondiale, c’est humain) les descriptions des interventions du FMI valent le détour, un concentré de planification bureaucratique, d’experts éclairés qui lisent dans l’avenir, etc….
Bravo pour l’article
On peut critiquer le FMI mais faudrait quand même pas voir à prendre pour exemple un Stieglitz ultra-socialiste qui critique le néo-libéralisme et le capitalisme tout en accusant les Pays du Nord d’exploitation à l’égard du Sud et en se référant au modèle suédois!!!(Et qui selon Phosphore d’il y a quelques mois(ce torchon pour ados rebelles immatures)que j’avais chopé à mon frère ni vu ni connu, avait…(roulement de tambour) »Ã©nervé » les « néo-libéraux »…)
Les gens dont tu parles sont ceux qui se disent libéraux, et qui utilisent le FMI comme assurance pour leurs investissements dans les pays à risque (relis l’aricle d’Hervé), qui est rappelons le, financé par le contribuable.
Honnétement, vu ce que tu écris, je ne crois pas que tu sois dans le même camp. Après, il est vrai que Stieglitz critique ce libéralisme, mais je ne crois pas qu’il ait critiqué LE libéralisme!
Dans ce cadre là , on peut affirmer qu’il existe une certaine exploitation des Etats du Nord, envers les pays du Sud, mais ce n’est pas l’oeuvre de libéraux, notamment par le biais des institutions mondiales, et les situations d’endettement des pays.
Personellement, je ne me sens aucun point commun avec ces néo-libéraux, ou ultra-libéraux, ou je ne sais trop qui!
stieglitz ne comprend pas grand chose au libéralisme, sinon il n’aurait pas accepté la présidence de la banque mondiale. C’est un keynésien qui a vu que la BM était un outil inadapté, ce qui ne veut pas dire qu’il ne croit pas à la théorie initiale. Encore un qui veut « réformer ». Pourquoi faire, puisque ce n’est pas l’outil qui est mauvais, c’est l’idée.
D’autre part il n’est pas question d’exploitation ici: les impôts prélevés au Nord sont envoyés pour sauver des banques du Nord de la défaillance des emprunteurs du Sud.
Les populations du Sud, elles, ont vu passer l’argent sous forme de Mercedes, de palais, d’hélicos de combat pour mater les rebelles et les récalcitrants divers, et n’ont jamais vu le moindre sou.
Les seuls à se faire avoir de A à Z ce sont les Occidentaux. Comme je le dis les gagants sont les banquiers.
ça n’a rien de très libéral tt ça !
Ce qu’il faudrait,c’est que le FMI change de rôle:qu’il s’empmloie à lutter contre les tyrans bureaucrates plutôt que de s’entendre avec eux,qu’il fasse respecter la liberté économique(en utilisant notre argent comme carotte s’il le faut mais que ça serve à quelque chose) plutôt que de faire appliquer des mesures interventionnistes.
« Ce qu’il faudrait,c’est que le FMI change de rôle:qu’il s’empmloie à lutter contre les tyrans bureaucrates plutôt que de s’entendre avec eux,qu’il fasse respecter la liberté économique(en utilisant notre argent comme carotte s’il le faut mais que ça serve à quelque chose) plutôt que de faire appliquer des mesures interventionnistes. »
À une époque, au moins, il a tenu ce genre de rôle : je me souviens que le FMI avait subordonné un prêt à la Pologne du général Jaruzelski à l’instauration d’une économie de marché.
Ses banquiers n’exigeaient pas la liberté pour les Polonais (il ne faut pas rêver, quand même) mais c’était un début…qui a eu les suites que tous connaissent : fin du communisme en Pologne, etc.
Quoiqu’il en soit, la fonction d’un banquier, c’est de prêter de l’argent, et de s’assurer qu’il a d’honnêtes chances de voir revenir l’argent, majoré des intérêts. Il est donc clair que le FMI aura tendance à préférer des gouvernements en place, relativement stables, à des aventuriers venus d’on ne sait où.
Effacer la dette des « vertueux » pour raison de belle gueule et de communion d’idées, ils laissent ça aux songe-creux d’ATTAC.
A propos de nord/sud, il y a un article dans l’Expansion sur le coût des politiques coloniales. L’historien, reconnu dans son milieu, lance une théorie selon laquelle l’acception qui veut que les colonies furent des vache à lait est totalement fausse.
Je m’en vais le lire sur le champ.