Jacques C., militant d’ATTAC

Je l’avais annoncé dans « Pareil au même » sur le Québécois Libre: Jacques Chirac est interchangeable avec Lionel Jospin, il partage la même idéologie, sous une étiquette différente. Tout au plus Chirac est-il un peu plus « pragmatique » que les socialistes, et d’ailleurs quand il annonce des réductions d’impôts il dit ne pas défendre une idéologie. Pour cause: c’est un étatiste, dès qu’il peut étendre l’Etat, il le fait. Démonstration à Johannesburg. De l’aveu même du Monde, Chirac a tenu à Johannesburg un discours « Ã©colo-humaniste », dont vous pouvez trouver des extraits ici (et archivé ici). Affligeant. Il prend prétexte des inondations en Europe Centrale pour dire que le climat change. Que les affaires de comptabilités truquées aux USA remettent en cause les « modes de régulation ». Il parle aussi de l’Amérique du Sud, malgré la responsabilité écrasante du FMI. Et bien sûr il parle des fléaux africains, le SIDA, les famines, le non-développement général… Il oublie là encore de regarder les causes, qui ne sont nullement la liberté, mais les dictatures, autocraties, corruption, guerres tribales… C’est la faute au libéralisme tout ça ?

De toutes les délégations (1), le contingent français est l’un des plus nombreux: pourquoi minimiser les dépenses quand on a un budget illimité, puisque pris dans les poches des autres ? Coût du déplacement du président et des français ? Inconnu. Personne ne vous le dira jamais. Disons que 1000 personnes y soient allées, coût moyen 10.000 euros (2). Cela fait « Ã  peine » 10.000.000 d’euros. Une paille dans le déficit de l’Etat français, une goutte d’eau: c’est à peine…. 0.0005% du déficit après tout! Et comparé aux 1000 ou 1200 milliards d’euros de dettes… Alors pourquoi se priver, n’est ce pas ? Et Chirac a « personnellement invité », selon Le Monde, pas moins de « trois ministres, treize parlementaires, une dizaine d’élus locaux, vingt-quatre représentants d’ONG et de syndicats, des responsables de la recherche publique et huit grands patrons ». Rien que ça!

C’est une chose que de venir nombreux, encore faut-il savoir quelles positions les fêtards défendent. Et là, comptez sur Chirac pour défendre la liberté, ce grand champion n’a jamais failli… Heu, pardonnez moi, je reviens à la réalité: il défend toujours les positions anti-libérales, pro gouvernement mondial, appelant par exemple à la création d’un « Conseil de sécurité économique et social », chargé de coordonner les multiples organismes onusiens divers. Mieux encore, il propose une « taxe sur les énormes revenus de la mondialisation » (ce sont là les mots du Monde). Dixit Chirac, un « prélèvement de solidarité sur les richesses engendrées par la mondialisation ».

Evidemment, les échanges internationaux sont générateurs de profits, sans quoi d’une part ils n’auraient pas lieu, mais aussi parce que plus les différences de situation entre des échangeurs est grande, plus l’échange devient profitable.

Vous saisissez le principe ? Deux boulangers ont peu intérêt à échanger leurs productions, mais un boulanger et un boucher ont déjà plus intérêts à s’entendre… Au niveau mondial cela donne des pays avec des ressources naturelles, d’autres avec des facilités portuaires, d’autres une grande liberté bancaire, d’autres une main d’oeuvre formée, d’autre une main d’oeuvre abondante et pas chère…. Taxer les profits « internationaux », c’est mettre un frein aux échanges, et donc appauvrir tout le monde. Ce n’est qu’un protectionnisme de plus pour les pays occidentaux aussi, qui auront moins intérêt à aller chercher ailleurs ce qu’ils trouveront sur place « hors taxe ».
La solidarité se retournera donc forcément contre les plus pauvres, qui ne verront jamais un seul centime d’aide, détournée par leurs gouvernements corrompus.

Pour accroître les investissements dans les pays sous développés, Chirac propose un système de garantie des investissements. La belle affaire, ce système existe déjà, il s’appelle le FMI! En enlevant la notion de risque, les combines de toutes sortes vont pouvoir enrichir des fonctionnaires gestionnaires des fonds de couverture, les mafieux qui vont s’emparer du magot, et quelques africains plus malins que les autres. Quand aux bénéfices, ils sont tout hypothétiques pour la population africaine: il ne faut pas croire qu’un seul investissement rentable n’aurait pas eu lieu pour cause de risque élevé. Si ce risque était trop grand, c’est que le projet n’était pas à réaliser, point-barre.

Enfin, Jacques Chirac, dans la lignée de son premier ministre « humaniste » qui appelait à une « nouvelle gouvernance », a lancé un appel à une meilleure « gouvernance mondiale ». Tiens donc. Et s’il commençait par démissionner, histoire que l’on ait une meilleure gouvernance française, en lieu et place de cette girouette qui se prend pour la réincarnation de De Gaulle (3)! 1: quel choix judicieux du vocabulaire! Personne ne leur a délégué un quelconque droit d’aller à ce « sommet » (un autre mot trompeur), pas moi en tout cas, et ils n’ont aucun mandat pour prendre des décisions à ma place.

2: 10.000 euros ça me paraît peu. Par exemple, à la coupe du monde de football en Corée, après l’élimination de la France, le président de la fédération française de football s’est offert une bouteille à 6000 euros. Pourquoi les divers présidents, ministres et autres ne feraient-ils pas de même ? On peut donc légitimement penser que le coût de 10.000 euros est ridicule par rapport à la somme réelle.

3: vous avez déjà écouté les discours de Chirac ? Ma copine pense qu’il faut l’enfermer en asile, comme les gens qui se prennent pour Napoléon. Je ne suis pas loin de partager son opinion. Je rappelle qu’il a des armes nucléaires à sa disposition.