Canada: les socialistes en désarroi

Les socialistes canadiens ne savent plus où donner de la tête. Virage à gauche vers plus de « principes », virage à droite vers plus de « réalisme »? Les apparatchiks du Nouveau Parti démocrate (NPD) fédéral se sont réunis à Ottawa en fin de semaine pour discuter des moyens de relancer leur parti.

Le NPD n’a jamais été au pouvoir au niveau fédéral. Le Parti libéral du Canada a, depuis les années soixante, adopté une bonne partie des propositions néo-démocrates et occupe presque tout l’espace au centre-gauche. Aux élections de l’automne dernier, le NPD a fait le pire score de son histoire, remportant seulement 13 sièges sur les 301 du Parlement.

Deux provinces sont encore gouvernées par des néo-démocrates. Mais en Saskatchewan, le parti gouverne plus au centre et se démarque des positions gauchistes du parti fédéral; en Colombie-Britannique, le gouvernement néo-démocrate a tellement mal géré et est tellement haï que le parti vogue vers l’extermination lors des élections qui auront lieu dans les prochains mois.

Au Québec, le NPD n’a jamais réussi à faire élire plus qu’un candidat et est à toutes fins utiles absent comme force politique. Les socialistes québécois sont en majorité séparatistes et s’opposent donc à la vision centralisatrice du NPD fédéral: on ne peut pas centraliser à Québec et à Ottawa en même temps!

Depuis quinze ans, c’est la droite qui a le vent dans les voiles au fédéral, avec la montée du Parti réformiste (devenue l’Alliance canadienne). Le NPD, dirigé par une insignifiante qui n’a rien d’autres à offrir que des bons sentiments et des suggestions de nouvelles dépenses massives dans les programmes sociaux, et dominé par l’influence de la mafia syndicale, ne fait plus partie des débats qui comptent et végète dans l’indifférence générale.

La leader du NPD, Alexa McDonough, a donc recommandé à ses troupes de « tout mettre sur la table » et souligné que le parti devrait entreprendre un sérieux examen de conscience au cours des prochains mois. Dans les discussions qui ont eu cours jusqu’ici, deux tendances se sont affrontées: celle d’un virage « pragmatique » vers ce qu’on a appelé la « troisième voie », c’est-à-dire une réconciliation au moins symbolique avec l’économie de marché; et celle d’un virage militant qui embrasserait les nouveaux mouvements antimondialisation et anticapitalistes qui font les manchettes depuis quelque temps.

Le parti semble déjà choisi sa voie, et ce n’est pas la troisième. Lors de la visite canadienne de Tony Blair la semaine dernière, les néo-démocrates ont été les seuls députés à ne pas applaudir quand le premier ministre britannique a fait l’apologie du libre-échange à la Chambre des Communes. Et on a appris récemment que les dignes députés allaient se joindre à la vermine anarchiste qui manifestera et brisera les vitres lors du Sommet des Amériques à Québec à la fin avril.

Bonne nouvelle donc. Nos vieux gauchistes ont décidé de complètement abandonner les préoccupations des classes moyennes et des travailleurs, et vont désormais se faire le porte-voix des jeunes extrémistes en mal de sensation forte. Un pas de plus vers la marginalisation totale et la disparition de la gauche canadienne!