Un bon rappel dans la page Idées des Echos: le but d’une entreprise est d’enrichir ses actionnaires, en faisant des profits. Et c’est là toute la logique du système capitaliste, et c’est bien celle là même qui est refusée quand on refuse les licenciements dans les entreprises profitables. Dans un article qui remet les pendules à l’heure, Phillipe Hayat, PDG de Kangaroo Village, nous rappelle quelques vérités essentielles: les entreprises fonctionnent pour le bien des actionnaires, c’est à dire de leur propriétaire. Il compare quatre visions de chefs d’entreprise différents: un « passionné par le développement de ses produits, [qui] conserve ses réflexes d’inégnieurs ». un deuxième « la performance de l’entreprise se mesure à la satisfaction de ses clients ». Un troisième: « la capacité à créer un environnement interne stimulant et convivial, […] tout en faisant converger leurs efforts. » Et le dernier qui privilégie la performance brute, le résultat d’exploitation de la société.
Il souligne que les quatres ont raison et tort: toutes ces composantes sont essentielles au succès, mais « elle est incomplète ». Pourquoi ? « Car en définitive, elle appartient à l’actionnaire ». Suit ensuite un petit cours de finance sur comment l’actionnaire calcule la rentabilité de ses investissements, et des notions sur les placements alternatifs au cas où le placement se révélait inadéquat, cà d non conforme aux attentes.
Il constate qu’aujourd’hui, « la sanction de l’actionnaire est implacable ». Celui-ci est rationnel, et choisit ses investissements de manière froide: « leur objectif est de rentabiliser les capitaux investis dans des délais de plus en plus courts, par des raisonnements souvent froids et sans état d’âmes ». Effectivement, pas de place pour le blabla syndical dans la finance. Il note aussi le rôle des fonds de pension. Arrivé à ce stade de l’article, j’ai été pris de peur: et si maintenant il dénonçait l’hydre capitaliste, la bête immonde ?
« Ces raisonnemens conduisent ainsi à des situtations jugées paradoxales par le grand public ». En filigrane, il cite Michelin qui licencie alors que l’entreprise a fait des bénéfices importants. Il souligne que ces licenciements sont réclamés par les actionnaires pour accroître la rentabilité à long terme du titre. Et voilà la phrase clé de l’article: « l’objectif d’une entreprise est de créer de la valeur et non des emplois ».
Loin de le regretter, il chercher à réconcilier cette vision financière avec celle défendue par les quatres idéalistes du début. En effet, il n’est pas possible de créer de la valeur sans personnel, sans clients satisfaits etc…
Ce faisant, il oublie de souligner que les projets les plus socialement utiles sont aussi les plus rentables. Il se trouve que les mécanismes de marché encouragent les entrepreneurs et les investisseurs à parer aux besoins les plus urgents. Et c’est justement ce que font les fonds de pension quand ils investissent dans les secteurs les plus rentables. Ce sont de formidables catalyseurs de l’activité entrepeneuriale, et leur rôle positif devrait être plus amplement souligné.
Néammoins,enfin un article positif dans un journal français!