J’ai la chance de pouvoir régulièrement rencontrer Henri Lepage à Strasbourg. C’est toujours un grand plaisir intellectuel. Vous vous souvenez tous de son livre « demain le capitalisme » qui a fait le tour du monde, que nous avons tous lu et qui a révélé l’existence des « libertarians », des Rothbard, Hayek, Buchanan, Friedman…La première partie de cet entretien porte sur le genèse de son oeuvre et sur son actualité.
Marc Grunert : Henri Lepage, cet entretien porte sur vos deux ouvrages, Demain le capitalisme et Demain le libéralisme et leurs prolongements. Ces deux ouvrages, vous les avez publiés il y a 25 ans, le premier du moins. Ce premier ouvrage est une référence pour les libéraux et pour les libertariens. Dans ce livre vous avez réuni en un tout très cohérent divers travaux des économistes et philosophes libéraux américains dont le but était de démontrer la supériorité du marché libre à la fois sur le plan économique et sur le plan éthique. Nous pensons au « Québécois libre » que ces deux livres sont toujours d’actualité. Alors ma première question est la suivante : dans quelle mesure peut-on dire que le capitalisme est encore pour demain ?
Henri Lepage : D’abord je voudrais dire que mon livre n’est pas fondateur, je n’ai pas inventé quoi que ce soit. Ce que j’ai fait à l’époque c’était un reportage pour mettre les gens au courant du fait que le libéralisme était une doctrine intellectuelle en plein renouvellement. Et cela sur des bases scientifiques ; c’était ça l’aspect nouveau.
Je me rappelle quand j’ai fait ça à mes débuts, c’était en 76, le mot « libéralisme » était honteux. Aujourd’hui, afin de le rendre honteux on parle d’ « ultra-libéralisme » mais à l’époque le seul fait de dire « libéralisme » ça faisait vieillot, ça faisait poussiéreux, ça faisait une doctrine du passé et je me rappelle qu’à cette époque Giscard d’Estaing voulait inventer un nouveau concept, un nouveau mot, pour remplacer « libéralisme ». Alors ça a été « pluralisme ». Et moi ce que je voulais à l’époque c’était de rendre aux mots leur sens.
Donc ce que j’ai fait c’était un reportage d’idées pour montrer que le libéralisme était une doctrine d’actualité utilisant les recherches scientifiques modernes, des raisonnements scientifiques, et que ce n’était pas seulement de l’idéologie pure comme on le pensait.
Le livre se voulait un livre de vulgarisation intermédiaire. Ni un livre purement journalistique ni un ouvrage universitaire, mais un ouvrage qui se situe entre les deux niveaux et qui s’adressait à des « prescripteurs d’opinion » c’est-à -dire en fait à des journalistes.
MG : Et dans ce livre en fait, vous avez été un des premiers à montrer comment déconstruire le mythe de l’Etat grâce à des instruments d’analyse que vous êtes allé chercher aux Etat-Unis. Alors que cette mythologie de l’Etat règne en France sans partage.
HL : Je nÂ’ai pas démoli la mythologie et je n’étais pas le seul à l’époque. Il y a dÂ’autres livres qui ont été publiés par Rosa, Aftalion… ; ils revenaient des Etats-Unis, ils avaient découvert les enseignements de Chicago et eux aussi ont fait leur part, mais seulement c’était des ouvrages universitaires. Moi jÂ’ai fait un ouvrage de semi-vulgarisationÂ…
MG : Vous avez fait une sorte de synthèse cohérente de tout ce qui se faisait pour finir par une conclusion qui, quand même, était à la fois prophétique et une espérance.
HL : Non, elle ne se voulait pas prophétique. C’est là où il y a un malentendu, le titre « demain le capitalisme » ne signifiait pas une prévision sur l’avenir. C’était beaucoup plus une interpellation parce que le titre original, « quand le capitalisme renaîtra », indiquait l’idée d’une renaissance d’une pensée libérale. C’était ça le thème.
Je voulais montrer comment la pensée libérale était en train de renaître, d’évoluer d’une manière scientifique, et de démontrer en quelque sorte qu’on pouvait donner un sous bassement scientifique à une idéologie, à une conception du monde, qui jusque là était essentiellement de nature politique.
Je voulais démontrer comment les travaux en cours dans les universités américaines donnaient un substrat scientifique, une rationalité à ces idées politiques libérales.
MG : Vous avez exploité les travaux de Rothbard par exemple sur l’histoire du capitalisme…
HL : Non, attendez, c’était d’abord une synthèse qui rassemblait des travaux nouveaux. Il faut d’abord que je vous raconte comment je suis arrivé à ça.
J’étais journaliste à l’époque dans un journal qui défendait la libre entreprise sans se prétendre « libéral ». Et il y eut l’échéance électorale de 1978 dont il faut se rappeler l’enjeu. Tout le monde croyait à la victoire des socialistes. Et le thème des socialistes c’était l’autogestion. Et moi j’étais en relation avec des entrepreneurs qui étaient très inquiets. Pour la première fois ceux-ci ont commencé à se mobiliser face à cet enjeu. Il y avait un enjeu politique et intellectuel, ils commençaient à se poser des questions. Et notamment la première question était : comment réfuter tout ce qui se disait sur l’autogestion. C’était ça la grande question pour les entrepreneurs dans les années 74,75,76. Et ça m’énervait tellement de voir comment ils s’y prenaient ; ils réfutaient en enfilant des mots et des idées toutes faites, mais il n’y avait pas de pensée conceptuelle derrière, pas de réflexion construite, pas de démonstration !
Et, à ce moment-là , moi je me suis rappelé que j’avais dans mes archives un bouquin qui était une analyse économique de l’autogestion, et à cause de cette actualité, je l’ai lu. Et tout a commencé alors par un premier travail que j’ai fait pour une critique rationnelle et scientifique de l’autogestion. Ce qui aboutissait à développer des raisons pour lesquelles une économie libre est supérieure à une économie autogérée.
C’est en lisant ce bouquin que j’ai découvert des travaux que je ne connaissais pas et l’auteur se référait à des articles de magazines américains que j’avais dans mes archives depuis dix ans mais que je n’avais lus. Comme j’étais quasiment en année sabbatique j’ai pu passer mon temps à lire tous ces papiers. Et c’est en lisant ces papiers-là que j’ai découvert qu’il y avait une démonstration scientifique, une argumentation scientifique, en faveur de la supériorité des idées libérales. C’est à ce moment-là que j’ai découvert l’école de Chicago.
Vous parliez de Rothbard, non ! d’abord je découvre l’école de Chicago, l’école des droits de propriété, et donc une structure analytique ferme, précise, pour analyser le fonctionnement des institutions d’un point de vue critique, comparer leur efficacité relative etc. Moi j’ai fait mon travail sur l’autogestion dans cette optique-là , ensuite j’ai tiré sur la ficelle, et, ce faisant, j’ai été immédiatement amené à étudier les travaux du Public Choice, c’est-à -dire l’application de la théorie des droits de propriété au monde de la production publique, de la politique et finalement à la critique de l’Etat. Buchanan, Tullock…Tout cela était totalement inconnu en France.
MG : d’où l’appellation des « nouveaux économistes »
HL : Oui, alors vous voyez le fil, on ne parle pas de Rothbard, ni de Hayek. Mais à partir de là – et je reviens à mon combat personnel- il m’a semblé que si on voulait vraiment défendre la société libérale, il fallait défendre le capitalisme, il fallait démontrer comment ça fonctionne, et pour cela donner les instruments.
MG : pouvez-vous nous rappeler la méthodologie de la théorie des choix publics ?
HL : La méthodologie principale c’est de dire que si le marché est imparfait, si la production par le marché est imparfaite, l’Etat a, lui aussi ses imperfections. Autrement dit, les socialistes ont une démarche, ils regardent ce qui ne fonctionnent pas dans le marché, et ils vont en déduire qu’il faut que l’Etat intervienne. Mais ce n’est pas parce que l’Etat intervient que tout sera parfait car il y a aussi des défaillances dans la production des biens publics. Alors ces défaillances, vous en trouvez l’analyse chez Buchanan et Tullock, asymétrie de l’information, asymétrie des votes, la théorie des groupes de pression etc., tout cela permet de montrer que la démocratie n’est pas la moyenne de l’ensemble des opinions, qu’elle est largement utilisée par des lobby particuliers et que ceux qui vont bénéficier de la démocratie ce sont certains groupes particuliers. Tout le monde n’est pas en mesure de s’organiser, il y a des groupes pour lesquels le coût d’organisation est élevé et d’autres pour lesquels il est plus faible. Un groupe de consommateurs est difficile à organiser. En revanche un petit groupe de producteurs qui veulent une législation qui les protège en réduisant la concurrence peut plus facilement s’organiser. L’Etat est ainsi capturé par les groupes d’intérêts particuliers et notamment les groupes industriels qui utilisent l’Etat pour obtenir des réglementations qui vont les favoriser au détriment de leurs concurrents mais aussi à celui de l’ensemble des consommateurs qui vont payer plus cher.
MG : c’est l’application du raisonnement économique aux choix publics et politiques, particulièrement dans le contexte de la démocratie.
HL : C’est l’analyse économique de la démocratie. Donc vous voyez la logique, tous mes chapitres qui s’égrènent. Là on est dans le cadre de l’école de Chicago. Toutes ces théories n’ont de sens que parce qu’elles donnent des instruments qui permettent des vérifications empiriques. Ce qui est intéressant et que personne ne connaissait c’est la possibilité de la critique empirique des réglementations.
En France il y avait un débat sur les nationalisations. Là encore j’étais dans un milieu de chefs d’entreprises qui se battaient contre les nationalisations mais qui n’avaient pas d’arguments. Le message que j’ai essayé de faire passer c’est que l’analyse économique pouvait leur permettre de mettre au point un argumentaire convaincant, qu’elle était un outil pour entrer dans le débat, pour mener un combat convaincant. L’analyse économique a apporté deux éléments. Un élément théorique, un cadre pour une analyse rigoureuse, et un ensemble de travaux empiriques.
Les travaux qui existaient à l’époque c’était des analyses coûts-bénéfices des réglementations, par exemple celles des transports aériens. Tout ça vous le trouvez dans Demain le capitalisme. L’exemple suivant m’avait beaucoup impressionné. Aux Etats-Unis, il y avait une grande compagnie qui n’était pas réglementée parce que seul le trafic inter-Etats était réglementé. Le Texas et la Californie sont deux Etats suffisamment grands pour avoir une compagnie aérienne dont les lignes demeuraient à l’intérieur de l’Etat, et qui n’était donc pas réglementée. En comparant la structure des bilans des grandes compagnies aériennes qui sillonnaient les Etats-Unis et le bilan des compagnies locales on était en mesure de voir quelles étaient les plus rentables. Et vous aviez des tas d’analyses de ce type-là .
MG : Vous vous appuyez sur une analyse scientifique de l’économie et du système politique et pourtant quand on lit certaines critiques de votre livre on a nettement l’impression que votre ouvrage est considéré comme « idéologique ».
HL : Les choses ne sont pas aussi simples que ça ! Je démontre qu’il y a des outils scientifiques qui permettent une analyse au-delà de simples clichés. A ce moment-là vous êtes entraîné dans un débat : qu’est-ce qui est scientifique ? A partir de là j’ai été obligé de compléter mon analyse par une compréhension des problèmes épistémologiques. Il y a eu, lors de la parution de Demain le capitalisme, toute une partie du débat consacrée à ces problèmes. Par exemple, pourquoi le modèle de l’homo economicus est un meilleur outil d’analyse que celui de l’homo politicus .
C’est après la rédaction du livre que j’ai été obligé de rentrer dans ce débat épistémologique. Et ça a donné la matière à une partie de mon livre suivant, Demain le libéralisme. Et c’est notamment cela qui m’a amené à Hayek.
Il y a un fil logique et conducteur. Demain le capitalisme, c’est l’économie de Chicago. Et l’une des originalités du livre c’est que j’ai voulu rencontrer les gens que je citais.
Par ailleurs vous m’aviez parlé de Rothbard et des « Autrichiens » tout à l’heure, alors effectivement Rothbard et les libertariens sont dans le premier livre. Parce que eux aussi utilisent tous ces instruments qui sortent à l’époque et, bien que d’une école de pensée différente, ça me donnait l’image de quelque chose de bourgeonnant. J’ai voulu rendre compte de tous ces bourgeonnements.
Par ailleurs, quand on fait un livre on anticipe les critiques. Par exemple il était évident qu’on allait m’envoyer dans les gencives la crise de 29. Et donc je me devais de donner l’explication monétariste de Friedman. A l’époque (les années 70) il y avait tout un tas d’analyses, d’arguments de type libertarien qui sortaient et je voulais en rendre compte en les recoupant, en leur donnant une cohérence d’ensemble.
MG : En tout cas le mérite de ce livre, qui remonte maintenant à 25 ans, c’est qu’il a introduit en France, pour un assez large public, des idées qui étaient complètement inconnues.
HL : L’avantage de ce livre c’est effectivement qu’il a révélé quelque chose que personne ne connaissait, autrement dit il a découvert. Il n’a pas découvert une théorie mais un champ d’analyses, des auteurs, un courant de pensée. C’est-à -dire l’école de Chicago et les libertariens ! Parce que, les libertariens, c’est quand même une sacrée découverte !
MG : Alors justement à propos du terme « libertarien », c’est vous qui en avez introduit l’usage en France.
HL : Non, je n’ai rien introduit du tout, le problème est que aux Etats-Unis libertarian est un mot qui existe et les Rothbard, Friedman etc. se définissent comme libertariens, ils ne disent pas « libéraux ». Parce que là -bas « liberal » désigne les sociaux démocrates, le terme est utilisé par la gauche pour se définir. Alors lorsque j’ai écrit mon livre j’avais un problème. Comme traduire le terme. Je me suis posé la question pas mal de temps et finalement j’ai choisi d’utiliser le néologisme de « libertarien ». On m’a critiqué mais j’ai passé outre. J’ai répondu à mes critiques : je m’en fous, les mots disent ce qu’on met dedans.
MG : Et puis ce terme « libertarien » a fait son chemin, et finalement on fait maintenant, en France, la distinction entre les libéraux et les libertariens. Est-ce que vous faites aussi cette distinction ?
HL : Oui, bien sûr ! Parce que…
MG : Comment pourrait-on définir un libertarien par rapport à un libéral classique, en France ?
HL : Eh bien un libertarien va au bout de la logique de sa pensée et de son instrument de pensée. Il ne s’arrête pas en route.
MG : Vous voulez dire, en fait, que le libéral s’accroche à une sorte d’Etat minimal que les libertariens refusent d’accepter…
HL : La façon dont le problème se posait à l’époque, la façon dont je l’ai senti, c’est qu’en réalité, beaucoup de gens qui se disent libéraux, notamment tous ceux qui défendent la libre entreprise, les néo-classiques, sont en réalité des conservateurs. C’est en lisant les libertariens que vous comprenez maintenant ce qu’est un vrai conservateur. Et qu’est ce que c’est qu’un libéral-conservateur ? C’est quelqu’un qui considère que les libertés économiques c’est vraiment fondamental, qu’il faut dépolitiser le domaine de l’échange économique, sortir l’Etat du monde de l’échange économique, mais qui considère que l’Etat est utile pour imposer les valeurs. C’est ça un conservateur. C’est-à -dire qu’en fait entre un conservateur et un socialiste il y a quand même beaucoup d’affinités.
MG : Tout à fait !
HL : Ils disent la même chose, ils disent : l’Etat est utile. Simplement la frontière de l’intervention de l’Etat, ils ne la mettent pas à la même place. Les socialistes vont très très loin.
MG : Qu’est-ce que vous pensez de ce qu’on pourrait appeler les « minarchistes » comme on dit au Québec, c’est-à -dire ceux qui reconnaissent la légitimité d’un Etat minimum centré sur les services de police, de justice et de défense nationale ?
HL : La première distinction à comprendre quand on essaie de se placer sur un échiquier, c’est qu’il y a des libéraux timides qui sont en fait des conservateurs, des gens qui considèrent que l’Etat a un rôle fondamental à jouer qui est de faire respecter un certain nombre de valeurs que eux considèrent comme fondamentales. C’est ce que j’appellerais le libéralisme politique traditionnel. Et puis vous avez les libertariens, qui sont plus cohérents, et qui disent que toutes les interventions étatiques causent des phénomènes pervers. Et donc il n’y a pas plus de raison d’accepter que l’Etat ait une politique de la culture ou de la santé (campagnes et lois anti-tabac) qu’il n’y en a pour ses interventions dans le domaine économique.
Maintenant, au sein des libertariens, vous avez là encore des distinctions. Vous avez les minarchistes et les anarchistes. L’un des objectifs de mon livre était aussi de montrer l’existence de toutes ces nuances.
MG : C’est effectivement un des mérites du livre que d’avoir montrer la richesse du mouvement libéral dont vous dites d’ailleurs aujourd’hui qu’il n’a pas atteint son but, et que finalement tout est à recommencer. Faut-il récrire Demain le capitalisme, avec quelques chapitres supplémentaires ?
HL : Il n’y a pas grand-chose à retoucher. C’est un livre qui donne les bases, des outils d’analyse. Mais il y a un ou deux chapitres qui ne vont plus. Les deux livres se référaient à l’actualité politique du moment. Une des thèses que je développais, et qui est toujours valable aujourd’hui, c’était que le marché réalise les objectifs de l’autogestion mieux que lui. Ça n’est plus d’actualité, parce que plus personne ne parle d’autogestion. Mais les mêmes arguments vous pouvez les utiliser à l’égard des écologistes.
Les études empiriques sont anciennes, pour faire quelque chose de crédible aujourd’hui il faudrait s’appuyer sur des études plus récentes. De ce point de vue le livre aurait besoin d’être modernisé. Mais cela suppose une somme de lecture phénoménale.
1) Dis-donc il a pas un peu l’esprit de contradiction, notre ami Lepage !?! :-) Ses quatre premières réponses commencent par une négation…
2) Ça se discute évidemment (et je sais que notre ami québecois Martin Masse a un autre point de vue, en tant que Québecois justement), mais de plus en plus je me range à l’avis de notre ami suisse Christoph Kohring : il n’y a pas de « libertariens »Â ! Il y a des « libertarians » dans les pays anglophones (et particulièrement aux Etats-Unis) et il y a des « libéraux » dans les pays francophones. « Libertarien » est un néologisme/américanisme qui est inconnu de l’immense majorité des Français. Pourquoi alors l’utiliser ? Je préfère parler, comme François Guillaumat, de « pseudo-libéralisme », de « libéralisme classique » et, en ce qui nous concerne, de « libéralisme radical » ou » intransigeant ».
Citation de Christoph Kohring (extraite de http://fr.groups.yahoo.com/group/cerclehayek/message/1308) : « Bref, tout ça pour dire encore une fois que le « libertarianism » c’est le
libéralisme, que les « libertarians » sont les libéraux et que « libertarien » et
« libertarisme/libertarianisme » sont des néologismes non seulement inutiles
mais encore nocifs & nuisibles. »
Je trouve que le néologisme est très bien, il permet de désigner une philosophie très distincte, même par rapport à la tradition libérale. Si je lis par exemple le texte de Block (voir sur mon site ou celui de libres.org) dont je ne sais plus le titre (je pourrais aller voir mais j’ai peur de perdre cette fenêtre comme ça m’est déjà arrivé), eh bien il commence par indiquer la spécificité de l’approche libertarienne: elle est morale ou éthique: tout commence avec la propriété de soi et le droit absolu qui en découle. Du point de vue académique c’est un barbarisme mais espérons qu’on fera plier le Robert, il a déjà accueilli les néologismes des illettrés des « quartiers » alors…
Du point de vue stratégique, c’est là que se pose le problème. Salin, par exemple, est contre son usage, il pense comme Guillaumat ou Christoph. Henri est pour, sans parler des membres de la liste des libertariens. Ce que je crois c’est que quand un mot est lâché, qu’il est désormais vulgarisé et même repris par nos adversaires, il n’y a plus lieu de vouloir revenir en arrière. C’est une bataille de mot inutile. « Libertarien » existe et existera. Mais il y a de fortes chances pour qu’il désigne désormais les anarcho-capitalistes et peut-être aussi les minarchistes (moins évident). Je comprends pourquoi des conservateurs comme JPC haïssent les libertariens. Lui, il a compris au moins une chose: c’est que les libertariens existent bel et bien :-)
Moi j’aime bien le néologisme, car il permet de différencier des libéraux c’est certain.
Seulement j’ai l’impression que c’est une capitulation vis à vis à la fois des libéraux classiques mais aussi vis à vis de nos adversaires les plus dangereux, les collectivistes de toutes obédiences. Et ceci d’autant plus que certains cherchent à s’approprier (curieuse ironie…) le terme « libéralisme », en l’accolant au terme « social » (dans présomption fatale, Hayek compte le nombre de termes auxquels « social » est associé. est-il possible de faire ce décompte encore aujourd’hui ??)
Bref, j’aimerais parler de libéralisme plus que de libertarianisme, et à la limite ajouter le terme « intransigeant », ce que les libertariens sont. Extrêmistes, ce serait là encore tomber dans le piège de nos ennemis…
Bon,il est temps de faire un peu de ménage dans les néologismes:
TOTALITARIAN=TOTALITAIRE
AUTHORITARIAN=AUTORITAIRE
LIBERTARIAN=LIBERTAIRE(eh oui!)
Une absurdité a voulu que la liberté soit divisée en deux:en France, libéral= de droite =pas gentil, tandis que libertaire= de gauche= gentil.
Aux USA,c’est le contraire.
Ne faisons pas le jeu des gauchistes manichéens please.
Désolé berlusconiste, mais t’y es pas: libertarian != libertaire.
Il faut revendiquer les termes, car c’est le sport préféré des collectivistes que de jouer au newspeak. Ils détournent le sens des mots, et se les approprient. Ne leur laissons pas le terme libertarien maintenant qu’il existe, et ne leur laissons surtout pas le mot libéral.
Je ne comprends pas très bien ce qu’a voulu dire « Madeliniste reaganien » (ah non pardon…) ni la réponse d’Hervé d’ailleurs, mais il est vrai que « libertaire » en français (c.à .d. anarchiste) se traduit par « libertarian » en anglais. Sauf que maintenant aux E.-U. il faut dire « left-libertarian », précisément parce que « libertarian » veut dire « libéral » (et non « libertarien », je m’en tiens à ma position initiale). Oui je sais ça devient un peu compliqué…
Voici ce que disent des anarchistes-libertaires (de gauche donc) à propos des « free-market libertarians »Â : « Yep, there are a bunch of folks in the United States who just don’t have clue about what being a libertarian is about. They’d like the world to think that it means freedom from constraint so they can make profits. Not. » (http://www.infoshop.org/fake.html)
Voir aussi là ce qu’ils disent des termes « anarcho-capitalist » et « libertarian » (employés par les libéraux pro-capitalisme) : http://www.infoshop.org/faq/
C’est bidon évidemment (ils sont incapables d’avoir une définition cohérente de la liberté) mais c’est amusant pour les histoires de vocabulaire…
quand j’écris != cela veut dire « différent de »…
pour le reste: le terme libertarien existe, nous devons nous l’approprier sinon tu vas avoir un groupe « social-libertarien » au PS bientôt, de même que tu as des « sociaux-libéraux ». Le « newspeak » c’est la référence à 1984 bien sûr.
Comme toi je suis d’accord sur une chose: il faut absolument utiliser « libéral » autant que possible, et le mettre en avant plutôt que libertarien (incompréhensible sauf pour les initiés). D’ailleurs ce site ne s’appelle-t-il pas « la Page Libérale » ?
La réalité est la suivante: tous les « libertariens » sont des « libéraux » mais l’inverse est faux. Par conséquent, peu importent les questions stratégiques, si la réalité est diverse il faut des mots pour la décrire. S’il existe des gens qui ne sont pas assez conséquents pour être « libertariens » c’est une réalité qu’il ne faut pas masquer. Pour moi libertarien=libéral conséquent. Les mots ne forcent pas la réalité, c’est l’inverse.
Quant à l’argument qui consiste à dire que « libertarian » se traduit par « libertaire », je réponds FAUX. Une traduction ne doit jamais être littérale mais doit aussi véhiculer le sens! Ainsi quand on a demandé à Revel s’il était de droite ou de gauche, il a très intelligemment (ça n’étonnera personne:-) répondu: « ça dépend où je suis! ».
« La réalité est la suivante: tous les « libertariens » sont des « libéraux » mais l’inverse est faux. Par conséquent, peu importent les questions stratégiques, si la réalité est diverse il faut des mots pour la décrire. »
Vu comme ça d’accord. Enfin je laisse le débat à Christoph car je sais qu’il est opiniâtre sur cette question ! Mais par contre je ne crois pas qu’on puisse dire « peu importent les questions stratégiques » dans la mesure où l’immense majorité des penseurs/intellectuels/journalistes/politiciens de la spère francophone ignorent le mot « libertarien » ou en tout cas ce que ça veut dire. Donc pour l’instant, très concrètement, le mot « n’existe » pas. C’est pour cela que certains (Guillaumat, Salin etc.) préfèrent parler de libéralisme radical ou intransigeant. Mais on ne peut exclure bien évidemment, comme tu le penses, que le terme « libertarien » s’imposera au fil du temps.
« Quant à l’argument qui consiste à dire que « libertarian » se traduit par « libertaire », je réponds FAUX. »
Non attention Marc, ce n’est pas une facétie de ma part, c’est une réalité linguistique, on n’a pas le choix. Et tu n’as pas compris : c’est le terme « libertaire » en français qui se traduit en anglais (dans tout le monde anglophone) par « libertarian ». C.à .d. que le mot « libertarian » (aux E.-U. en particulier) est polysémique : il signifie à la fois « libéral » (ou pour toi « libertarien ») ET « libertaire ». Et c’est bien pour cela que les anarchistes de gauche anglophones emploient depuis toujours (19ème siècle donc) le terme « libertarian » pour se décrire eux-mêmes , c.à .d. depuis bien avant l’adoption (depuis les années 1930 si j’ai bien compris) par les (vrais) libéraux américains du terme « libertarian » pour eux-mêmes. Voir les liens indiqués dans mon commentaire précédent. Encore une fois le terme « libertarian » aux E.-U. est lui-même ambigu puisqu’il peut décrire aussi bien les partisans du capitalisme libéral (minarchistes OU anarcho-capitalistes) que ceux de l’anarchisme libertaire de gauche (« Ni dieu, ni maître »…). Voici d’ailleurs la définition de « libertarian » dans le Longman Dictionary Of The English Language :
« 1. A believer in freewill ; 2. One who upholds the principles of absolute and unrestricted liberty of thought and action ». On voit bien que cette définition est ambigue… Fort heureusement pour nous (et pour le reste du monde d’ailleurs !) les premiers sont, aux E.-U., plus nombreux que les seconds et le sont de plus en plus. Donc l’acception de « libertarian » au sens de « partisan du capitalisme libéral » tend à dominer. Tant mieux.
Pour finir je dirais que le terme « anarcho-capitaliste » lui est clair et net !! (sachant que là aussi il y a diverses sensibilités et théories…)
Ca me fait penser au mot « history ».Pour être politiquement correct,il existe maintenant aux Etats-Unis le terme « herstory »(rire) pour parler de l’Histoire de la femme…
merci pour tes précisions Eric. Mais cela ne réfute pas ma remarque, tu es d’accord tout de même que si « libertarian » apparaît dans un texte américain on ne le traduira pas par « libertaire » si le contexte permet de comprendre qu’il ne s’agit pas de nos libertaires à nous.
En réalité,je l’ai déjà expliqué,si on traduit littéralement,on doit traduire libéral par liberal et libertaire par libertarian;tandis que si on recherche le sens,il faut traduire libéral par libertarian et libertaire par liberal
Oui d’accord Marc.
Oui Berluconiste, ce que tu dis est intéressant mais c’est (encore) un peu plus compliqué que cela parce que les « liberals » aux E.-U. ne sont pas exactement des « libertaires » au sens français. Ce sont plutôt des « sociaux-démocrates droits-de-l’hommistes ». Tout dépend du contexte donc.
Sur le clivage Droite-Gauche,Revel a eu tout à fait raison de faire de l’humour,car ce clivage manichéen a été inventé pour faire un amalgame entre les partisans de l’Ancien Régime et ceux de la propriété privée,ce qui faut-il le rappeler est parfaitement absurde étant donné la monstruosité du dirigisme et du corporatisme des siècles qui ont précédé la Révolution industrielle venue d’Angleterre,patrie du libéralisme.En réalité,ce sont les libéraux qui sont de gauche car le libéralisme est le dernier stade du progrès.A l’inverse,le socialisme est un mouvement ultra réactionnaire datant de l’époque préhistorique(au 1er sens du terme,socialisme=communisme).
Ce fut très clairement une réaction radicale contre le monde industrielle naissant du XIXème siècle,et une volonté de retour au communisme primitif et au tribalisme qui proviennent,selon moi,du non droit et de l’anarchie. N’est-ce pas Platon qui,rejetant la civilisation grèque, a inventé le communisme?Puis Rousseau,personnage ultra réactionnaire qui louait la guerre(ce qui a été légèrement occulté par les manuels scolaires)a réssucité cette idéologieD’ailleurs, il est frappant de voir que ce sont les socialos qui s’épouvantent les premiers devant les derniers bouleversement familiaux et sociaux.Le clivage droite-gauche tel qu’il existe aujourd’hui est un puissant instrument de diabolisation,au point que droite devient quasiment synonyme de méchanceté et gauche de gentillesse…
Pourtant,il me semble bien que les « libertaires » français sont exactement des sociaux démocrates droit de l’hommistes!
Voici maintenant,en cadeau,un extrait du « discours sur les sciences et les arts » écrit par Jean-Jacques Rousseau en 1750:
« C’est un grand mal que l’abus du temps.D’autres maux pires encores suivent les lettres et les arts.Tel est le luxe,né comme eux de l’oisiveté et de la vanité des hommes.[…]Je sais que notre philosophie,toujours féconde en maximes singulières,prétend,contre l’expérience de tous les siècles,que le luxe fait la splendeur des Etats;mais,après avoir oublié la nécessité des lois somptuaires[lois restraignant les dépenses de luxe],osera-t-elle nier encore que les bonnes moeurs ne soient essentielles à la durée des empires,et que le luxe ne soit diamétralement opposé aux bonnes moeurs?[…]Les anciens politiques parloient sans cesse de moeurs et de vertu:[sic!deux points…on se demande ce que ça vient faire là !!]les nôtres ne parlent que de commerce et d’argent.L’un vous dira qu’un homme vaut,en telle contrée,la somme qu’on le vendroit à Alger;un autre,en suivant ce calcul,trouvera des pays où un homme ne vaut rien,et d’autres où il vaut moins que rien.[…]Selon eux,un homme ne vaut à l’Etat que la consommation qu’il y fait;ainsi[ça se gâte…]un Sybarite auroit bien valu trente lacédémoniens.Qu’on devine donc laquelle de ces deux républiques fut subjuguée par une poignée de paysans et laquelle fit trembler l’Asie. »
HO!HO!HO!Voici un philosophe qui combattait la propriété privée,et on apprend ici qu’il vantait les mérites de la Vertu et de la guerre,contre la corruption morale engendrée par le bonheur et l’argent…Pas politiquement correct du tout de faire ce rapprochement entre communisme et hitlérisme…
A l’opposé,Voltaire était le philosophe du libéralisme à l’anglaise.
« Pourtant,il me semble bien que les « libertaires » français sont exactement des sociaux démocrates droit de l’hommistes! »
Ah la la, Berlusconiste tu m’obliges à « perdre » encore une heure d’explication…
Eh bien non justement les libertaires, quelle que soit leur nationalité, ne sont pas les sociaux-démocrates droits-de-l’hommistes (les « droits-de-l’homme » de 1945 naturellement…), quelle que soit leur nationalité. Les libertaires au sens strict d’une doctrine politique sont des anarchistes. Par ailleurs « libertaire » désigne aussi en effet une sensibilité qu’on peut résumer par : non seulement « tout le monde a le droit de baiser avec tout le monde, y compris les enfants, de se droguer, de cracher à la gueule de ses parents, des curés, des flics et des profs » mais aussi « on doit le faire »Â ! On peut citer comme exemple d’un libertaire au sens de la sensibilité l’écrivain-philosophe tête-à -claques Michel Onfray qui est évidemment – ô surprise ! – fanatiquement anti-libéral, qui crache sans arrêt sur le « marché », la « marchandisation du monde »Â etc.
Maintenant j’en viens à ton erreur et à ta confusion. Eh bien figures-toi cher Berlusconiste que tu es pardonné. Pourquoi ? Tout simplement parce que tu as inconsciemment subi l’influence de menteurs et de salauds qui dominent en partie (plus que nous en tout cas, bien qu’ils se présentent comme des rebelles persécutés…) le paysage médiatique et qui sont en gros les gens de la galaxie ultra-étatiste « néo-communiste-jacobine-républicaine-souverainiste » (citons à gauche l’intellectuel à -la-française dans toute son horreur et son ignominie Régis Debray, l’écrivain stalinien Alain Soral, l’ex-post-néo-communiste Emmanuel Todd, le torchon Marianne, Philippe Cohen, l’hystérique Elisabeth Lévy, Guillaume Bigot, à droite Paul-Marie Coûteaux, Pierre-Marie « le général » Gallois etc.).
Je m’explique : dans le cadre du débat gauche-gauche qui est le seul qui compte médiatiquement en France, ces gens-là sont justement les adversaires des sociaux-démocrates droits-de-l’hommistes (Le Monde, Le Nouvel Observateur, Esprit, Cohn-Bendit etc.). et pour les attaquer ils ont inventé un terme qui ne correspond à rien, « libéral-libertaire ». Dans leur esprit tordu les « libéraux-libertaires » ce sont « les salauds qui font du profit en bourse, sont pour la privatisation et le démantèlement des grands services publics à la française, se couchent devant la mondialisation et la culture américaine, qui fument des pétards, le tout en crachant sur les ploucs de paysans et les franchouillards qui se font persécuter par les racailles de banlieue ». Or ces gens-là , décrits tels quels, ils n’existent pas !!! Les sociaux-démocrates ne sont en fait ni libéraux ni vraiment « libertaires », ou s’ils le sont – « libéral-libertaire » – ce n’est que très vaguement (Cohn-Bendit par exemple). Donc cette expression est une escroquerie !!
Je reformule l’ensemble pour être sûr que tout le monde comprenne : cette expression ne correspond à aucune réalité puisque les pseudo-« libéraux-libertaires » ne sont en rien libéraux (sauf si l’on croit que Brejnev était « libéral » par rapport à Staline, Robert Hue par rapport à Arlette Laguiller etc. et uniquement si l’on croit cela) et ils ne sont même pas vraiment libertaires, même au sens dérivé d’une « sensibilité libertaire ». C’est en fait une expression (« libéral-libertaire ») destinée à discréditer le libéralisme, inventée par les communistes post-staliniens – ce fou-furieux d’Alain Soral par exemple, best-seller 2002 dans ce « grand pays » qu’est la France – et les jacobins-républicains chevènementistes, pour stigmatiser une certaine gauche sociale-démocrate droit-de-l’hommiste bien-pensante (BHL etc.) TOUT SIMPLEMENT PARCE QUE CELLE-CI EST MOINS FANATIQUEMENT ÉTATISTE ET ESCLAVAGISTE QU’EUX : VOILÀ LA VÉRITÉ !!! Donc à la base c’est un débat gauche-gauche à la française parfaitement grotesque et même surréaliste puisque pour certains crétins nuisibles à la manière Marianne, l’ultra-étatiste Noel Mamère peut être décrit comme un « libéral-libertaire »… Et cette expression est reprise par les idiots utiles de droite comme Pascal Gauchon (http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2130531245/qid=1061085437/sr=1-4/ref=sr_1_0_4/171-8755589-4611443). C’est une imposture intellectuelle de même que « fasciste » pour décrire Sarkozy ou « ultra-libéral » pour décrire Raffarin. Le seuls vrais libéraux-libertaires (à la limite) que je connaisse – à part peut-être quelques personnes qui s’expriment sur le forum Les Libertariens comme Christian Michel (http://www.liberalia.com) qui est le seul à ma connaissance à revendiquer pour lui-même le qualificatif (en fait pour lui « libertarien »Â = « libéral-libertaire », mais on n’est pas obligé d’être d’accord…), éventuellement Patrick Burnand (à certains égards seulement), ou bien encore notre ami Christophe Vincent (http://perso.club-internet.fr/cvincent/), toutes personnes qui n’ont en France strictement aucun pouvoir médiatique (et encore moins politique !) – sont les gens de Reason Magazine aux Etats-Unis (http://www.reason.com/) dont ni Marianne ni Alain Soral ni Elisabeth Lévy ni tous les autres n’ont jamais entendu parler, mais comme cela ils sont plus tranquilles dans leurs petits débats franco-français, franco-allemands ou au mieux franco-Union Européenne. Donc à chaque fois que vous lisez ou entendez quelqu’un parler de « libéral-libertaire » pour décrire un social-démocrate ou un écolo-gauchiste, vous pouvez être sûr que celui qui dit cela est une crapule ultra-étatiste ou une tête de nÂœud anarcho-libertaire !
Pour finir, là où tu as raison Berlusconiste, c’est que si on voulait traduire « libéral-libertaire » en américain, il faudrait dire « libertarian-liberal » !!!…
Ce que je voulais dire,c’est que ceux qui se disent libertaires en France sont des sociaux-démocrates droits de l’hommistes,tout comme les « liberals » américains,ce qui ne veut absolument pas dire qu’ils méritent leur nom.D’ailleurs,Besancenot prétend que les libertaires sont un fragment de l’extrême-gauche communiste,quelle imposture…
Réponse d’Henri LEPAGE:
« Marc, je suis tout à fait d’accord avec votre approche du terme « libertarien ». C’est tout simplement, comme vous le dites, un « libéral conséquent », ou cohérent. Toute cette discussion me parait bien inutile. Ce que je sais est que la première fois que j’ai rencontré les « libertarians » américains, dans les années soixante dix, ils formaient une famille intellectuelle très nettement démarquée par rapport aux « libéraux classiques » qui étaient par exemple regroupés au sein de la MPS. Je me souviens de mes premières réunions de la MPS. La distance les séparant était très marquée. Aujourd’hui ce l’est beaucoup moins car les libéraux sont eux-mêmes devenus plus « cohérents » sur de nombreux points. A l’époque, les libéraux ne s’occupaient pratiquement que d’économie et ne s’intéressaient à rien d’autre. Le concept de « libertarians » – ou de libertariens – représentait donc quelque chose de spécifique. Ce qui est beaucoup moins vrai aujourd’hui.
Cela dit, en toute rigueur, le vrai terme qui devrait s’appliquer est celui « d’économie politique » en référence à l’économie politique française du 19ème siècle qui est le véritable acte fondateur des idées libertariennes. »
Excuse-moi Berlusconiste mais j’ai l’impression que tu ne comprends pas ce que j’ai écrit. Mais est-ce que au moins tu as lu mes posts précédents ? Me serais-je cassé le c… à écrire tous ces développements pour rien !?!
« Ce que je voulais dire,c’est que ceux qui se disent libertaires en France sont des sociaux-démocrates droits de l’hommistes »
Mais pas du tout !!! J’ai expliqué dans un post précédent que LES LIBERTAIRES SONT LES ANARCHISTES (de gauche ou d’extrême-gauche si l’on veut). A ma connaissance, aucun vrai « social-démocrate droit-de-l’-hommiste » (c.à .d. en gros les gens qui sont représentés par Le Monde, Le Nouvel Observateur, Esprit etc.) ne se décrit comme « libertaire »Â !! (« libertin » éventuellement mais ça c’est autre chose…). Et ceux qui se décrivent comme libertaires, comme Michel Onfray par exemple, sont, très logiquement, beaucoup plus à gauche que les sociaux-démocrates, c.à .d. en particulier beaucoup plus anti-capitalisme et anti-libéralisme (ils sont aussi anti-autorité, anti-police, anti-militariste etc.).
« D’ailleurs,Besancenot prétend que les libertaires sont un fragment de l’extrême-gauche communiste,quelle imposture… »
Mais non il a plutôt raison pour le coup !! Puisque, pour la troisième ou quatrième fois, les « libertaires » sont les anarchistes d’extrême-gauche !! Définition de « libertaire » dans Le Petit Robert : « Qui n’admet, ne reconnaît aucune limitation de la liberté individuelle en matière sociale, politique ». C’est clair, non ? Maintenant bien évidemment que nous libéraux classiques ou radicaux [libertariens pour ceux qui préfèrent] SAVONS qu’être « libertaire » (ou anarchiste) à partir de cette définition est une absurdité, un non-sens. Mais ce courant, hélas, existe bel et bien. Et c’est bien pour cela que l’anarchisme ou le libertarisme ou l’anarchisme libertaire ou le libertarisme anarchiste est une idéologie d’extrême-gauche. Et c’est bien pour cela que c’est une idéologie qui est VOUÉE à l’échec ou à la catastrophe humanitaire(voir http://www.quebecoislibre.org/991204-2.htm + http://www.quebecoislibre.org/020202-2.htm et surtout http://www.quebecoislibre.org/000415-2.htm).
Henri Lepage :
« Toute cette discussion me parait bien inutile. »
Cette remarque d’Henri Lepage me parait bien inutile. A mettre dans la catégorie « cliché rhétorique ». En vérité « toute cette discussion » n’est pas plus « inutile » que les livres écrits par Henri Lepage. En effet les questions de vocabulaires sont fondamentales. Si elles ne sont pas éclaircies on ne peut plus communiquer et personne ne comprend rien à rien.
Bon, ce qu’il dit par ailleurs est intéressant…
http://herve.dequengo.free.fr/Rothbard/Articles/Eran_12.htm
Lire aussi la critique de l’anarcho-communisme par Rothbard, si l’on peut identifier ce concept au libertarisme (je parle sous le contrôle d’Eric:-)
Les questions de vocabulaire sont fondamentales, pas les comparaisons de qualificatifs, ni les traductions de qualificatifs. Il convient de bien distinguer les unes et les autres.
A alphabet donné, il est fondamental de connaître le monde ou l’univers que désigne un verbe ou un nom : un chien n’est pas un chat, boire n’est pas manger.
Il est essentiel d’empêcher qu’il soit dénaturé, c’est-à -dire qu’un contenu autre lui soit donné. Exemple du mot « inflation » : à l’origine, par nature, par définition, l’inflation est le nom donné à une augmentation de la quantité de monnaie, un point c’est tout. Avec Keynes et ses disciples, l’inflation va désigner une augmentation du « niveau général des prix ». Et c’est ainsi qu’aujourd’hui, politiques et médias parlent de l’inflation comme d’une « augmentation d’un indice de prix à la consommation ». Scandale? Non, socialisme !
Bref, il est essentiel d’avoir un vocabulaire approprié.
Il est inutile de gloser sur les qualificatifs ou sur les qualificatifs érigés en substantifs (dénaturation extrême du nom : je nomme donc ça existe !). D’une certaine façon, ces qualificatifs, érigés ou non en substantifs, sont le terreau sur quoi végète le « socialisme » ou si vous préférez le « communisme ». Les adeptes remplissaient avec eux hier le néant ou le nihilisme de leur pensée, aujourd’hui, leur « altermondialisme » ! Gare aux -ismes !
La liberté n’est pas un qualificatif, ni la propriété, ni la responsabilité comme certains voudraient le faire croire. Ce sont des faits, des aspects du monde, de l’univers qu’est chacun, que vous êtes, que je suis, contre quoi on peut bien évidemment s’opposer et qu’on peut chercher à détruire, avec succès un temps. Ce que font en permanence les déjà cités.
A fortiori, c’est pêrdre son temps que de comparer les qualificatifs, les substantifs dérivés ou leurs traductions dans des langues à alphabet ou sans.
Dans cette décennie 1970 que mentionne Henri Lepage, je travaillais avec Jacques Rueff, entre autres, membre de l’Académie française, à la publication de ses oeuvres complètes. Je me souviendrais toujours d’un américain (mécène du travail) qui pensait être affuté en français et se plaignait à Rueff de la mauvaise traduction « en américain » de certains de ses ouvrages ou articles.
A celui-là , Rueff répondit en prenant la traduction en japonais du « Péché monétaire de l’Occident » qu’il avait sous la main et lui dit qu’en tant qu’auteur, il ne pouvait que faire confiance aux traducteurs. En vérité, il se moquait des traductions, il n’avait pas de temps à perdre.
Quant au problème général que pose toute traduction i.e. tout résultat d’un travail de traduction, je vous renvoie au beau livre de Julien Green intitulé « La parole et son double ».
Green, bilingue … de naissance et alors membre de l’Académie française, y propose en simultané (comme dans les livres de traduction latine ou grecque Garnier)une même histoire, i.e. un même monde, un même univers.
Je pense que n’importe quel professeur d’anglais ou de français mettrait un beau zéro à une telle traduction !
…en plein dedans!
Désolé Hervé, mais t’y es pas du tout: berlusconiste thatchérien a entièrement raison de faire remarquer que la traduction du mot anglais « libertarian » est « libertaire » en français. Car de même que les socialistes anglo-saxons ont volé les termes « liberal » & « liberalism » aux libéraux, ces mêmes libéraux anglophones ont chipé le terme « libertarian » aux (socialistes) libertaires. Une toute petite recherche sur la Toile permet de vérifier cela… ;o)
D’ailleurs les anarchistes & libertaires ne sont pas contents du tout & se plaignent amèrement! Un anarchiste tel Noam Chomsky se qualifie de « libertarian » & est tout à fait furieux que le parti libéral (intransigeant!?!) américain se nomme « Libertarian Party ».
A l’origine de notre querelle terminologique, il y a je crois messieurs, la relative ignorance des sources anglo-saxonnes chez une bonne partie des libéraux « intransigeants » européens (le problème n’est pas que francophone…). Et oui, ça vous inclut aussi les gars! :o) ;o) :o)
Christoph, libéral conséquent (pas intransigeant, Eric, c’est péjoratif :o), paléo-libéral, super-libéral, anarcho-capitaliste, libéral radical, anarcho-libéral, simplement libéral mais PAS libertarien!
P.S.: ‘Gaffe, berlusconiste thatchérien car il y aussi:
Vegetarian= végétarien!!! Gênant, non?!? ;o)
P.P.S.: j’ai écrit ce qui précède vendredi. Mais ce même jour ma connexion était morte… Et puis je suis parti à Genève & ne suis revenu que maintenant. Mais la discussion avait avancé depuis…
Tant pis, je vous ai quand même envoyé ma prose. :o)
La réalité, mon cher Marc, est la suivante: tous les « libertarians » sont des libéraux, tous les libéraux sont des « libertarians ». Tous les anarcho-capitalistes sont des libéraux c’à -d. des « libertarians », mais pas tous les libéraux-respectivement les « libertarians »-sont des anarcho-capitalistes.
Simple, non?!? :o)
Tout le reste n’est que novlangue… (« Newspeak » en français, Hervé ;o)
David Boaz, vice-président du Cato Institute & militant libéral de longue date sait ce qu’il fait lorsqu’il intitule son anthologie libérale « The Libertarian Reader: Classics & Contemporary Writings from Lao-Tzu to Milton Friedman » (New York, NY: Free Press, 1997). Allez regarder la table des matières, examinez les libéraux/ »libertarians » qui s’y trouvent & méditez, camarades!!! ;o) (Il y a même un texte d’un authentique berlusconiste thatchérien… Il s’agit d’Antonio Martino l’actuel ministre italien de la défense, professeur d’économie politique à Rome & ancien président de la MPS de 1988 à 1990)
http://www.libertarianism.org/reader.html
Henri Lepage a de bonne foi & de manière tout à fait compréhensible en 1978 fait une erreur de traduction lorsqu’il a découvert pour la première fois ces étranges animaux politiques que sont les libéraux américains. Ce n’est pas une raison en 2003 de perdurer dans l’erreur alors même que 25 ans plus tard nous en savons beaucoup plus sur la faune libérale passée & présente, étrangère autant que domestique… :o)
Christoph, libéral ockhamien
« Il faut revendiquer les termes, car c’est le sport préféré des collectivistes que de jouer au newspeak. Ils détournent le sens des mots, et se les approprient. Ne leur laissons […] surtout pas le mot libéral. […] Il faut absolument utiliser « libéral » autant que possible, et le mettre en avant… »
Hervé Duray
Les lepagiens sont-ils des collectivistes jouant à la novlangue?!! Je m’interroge… :o) ;o) :o)
Le rasoir d’Occam est un instrument nominaliste qui va donc dans le sens de mon argumentation en faveur d’une distinction qui nécessite des mots différents pour des réalités différentes irréductibles. Si des personnes se déclarent libérales alors que « les libéraux conséquents » ne se reconnaissent que dans une partie de ce « libéralisme » alors, de fait, il existe quelque chose de nouveau: une distinction. Toi tu fais la distinction entre « libéral » et « libéral conséquent » mais dans ce cas je ne vois pas de différence de fond avec le fait de faire la distinction entre « libéral » et de « libertarien » si ce n’est en fait un platonisme, un essentialisme, tout le contraire de l’esprit occamien.
Georges Lane :
« Les questions de vocabulaire sont fondamentales, pas les comparaisons de qualificatifs, ni les traductions de qualificatifs. Il convient de bien distinguer les unes et les autres. »
Oui d’accord, en effet. Ça relativise mon « coup de griffe » à l’égard d’Henri Lepage. Ce qui compte ce sont les définitions, pas les étiquettes.
« A celui-là , Rueff répondit en prenant la traduction en japonais du « Péché monétaire de l’Occident » qu’il avait sous la main et lui dit qu’en tant qu’auteur, il ne pouvait que faire confiance aux traducteurs. En vérité, il se moquait des traductions, il n’avait pas de temps à perdre. »
Là par contre je ne comprends pas quel est votre propos. Ça existe les mauvaises traductions, non ? Et ce n’est pas « perdre son temps » que d’essayer éventuellement de les corriger ?
Christoph Kohring :
« berlusconiste thatchérien a entièrement raison… »
Oui enfin, avec toute l’amitié que l’on peut avoir pour notre compagnon de route Berlusconiste, cette phrase dans le contexte de ce débat est de nature à induire en erreur, parce qu’en l’occurrence il fait aussi de grosses erreurs notre ami le Berlusconiste ! (voir mes posts précédents).
« Car de même que les socialistes anglo-saxons ont volé les termes « liberal » & « liberalism » aux libéraux, ces mêmes libéraux anglophones ont chipé le terme « libertarian » aux (socialistes) libertaires. Une toute petite recherche sur la Toile permet de vérifier cela… ;o) D’ailleurs les anarchistes & libertaires ne sont pas contents du tout & se plaignent amèrement! Un anarchiste tel Noam Chomsky se qualifie de « libertarian » & est tout à fait furieux que le parti libéral (intransigeant!?!) américain se nomme « Libertarian Party ». »
Oui tout à fait, c’est ce que j’ai expliqué précédemment (voir ici + et ici). Et sur Noam Chomsky voir mises.org
« A l’origine de notre querelle terminologique, il y a je crois messieurs, la relative ignorance des sources anglo-saxonnes chez une bonne partie des libéraux « intransigeants » européens (le problème n’est pas que francophone…). Et oui, ça vous inclut aussi les gars! :o) ;o) :o) »
Désolé mais, au-delà de la boutade, je ne me sens pas concerné !! ‘Cause I do know what it is all about!
« Christoph, libéral conséquent (pas intransigeant, Eric, c’est péjoratif :o) »
Oui, ça peut être vu comme ça. En même temps revenons à la définition exacte : « Qui ne transige pas, n’admet aucune concession, aucun compromis ». Je trouve que ça correspond bien, du point de vue des idées pas forcément de la personnalité, à Rand, Rothbard, Hoppe, Marc, Christoph, François Guillaumat… :-)
Le problème de « conséquent » c’est qu’il y a un côté un peu donneur de leçons qui peut être agaçant, du genre « nous on sait et vous pas, alors écoutez et prenez des notes ». En l’occurrence c’est vrai que « nous on sait » [-:)], mais je ne suis pas sûr que ça fasse une bonne étiquette, un bon label.
Il y a aussi « radical » mais là ça fait penser à « extrémiste » donc ça pose d’autres problèmes…
«j’ai écrit ce qui précède vendredi. Mais ce même jour ma connexion était morte… Et puis je suis parti à Genève & ne suis revenu que maintenant. Mais la discussion avait avancé depuis… »
Ah OK, je comprends mieux !
« Ce n’est pas une raison en 2003 de perdurer dans l’erreur alors même que 25 ans plus tard nous en savons beaucoup plus sur la faune libérale passée & présente, étrangère autant que domestique… :o) »
« Domestique » dans ce contexte, c’est un petit peu gênant pour un puriste de la langue française, même si cette acception qui vient de l’anglais est désormais rentrée dans Le Petit Robert…
Pour le reste, c.à .d. le débat principal qui est le nôtre ici – libéral ou libertarien ? –, je te laisse cher Christoph en débattre avec Marc et Martin ! (voir quebecoislibre.org)
En complément à toutes les infos déjà données, un autre lien à la fois intéressant et pédagogique à propos du socialisme libertaire c.à .d. en anglais du « libertarian socialism »Â : http://www.wikipedia.org/wiki/Libertarian_socialism
Eric ABC
Encore un lien, plus sur le fond cette-fois. Il s’agit d’un article de l’économiste et philosophe politique « autrichien » Gene Callahan à propos de l’éventuelle entente entre anarcho-capitalistes (ou anarchistes de marché) et certains anarcho-socialistes/communistes/libertaires : « Private-Property Anarchists and Anarcho-Socialists: Can We Get Along? »
http://anti-state.com/article.php?article_id=375
http://www.daft.com/~rab/liberty/history/
A History of »Libertarian »
Un historique très complet qui apparemment vient en
partie compléter et en partie contredire certaines des
informations sur la généalogie du mot « lbertarian » en
anglais puis en américain que je/nous ai/avons
données.