Encore la redistribution

Nouvel extrait de mon blog, qui fait suite à celui dernièrement publié ici.

Vraiment, la politique n’a rien à voir avec la redistribution. La redistribution n’est qu’un paravent pseudo-moral pour justifier le pouvoir politique; ce n’est que la couverture d’un jeu de dupe. La nature réelle de la politique, c’est d’écraser les uns pour leur imposer la volonté des autres.
Ainsi, la redistribution, dès lors qu’elle est imposée plutôt que volontaire, est un acte d’agression, de domination des uns par les autres — elle est spoliation. De ce fait, elle détruit immanquablement des richesses, et laisse sur le long-terme tout le monde plus pauvre, sauf une classe de parasites professionnels.

Au coeur des sophismes social-démocrates sur la redistribution, il y a une négation de la nature subjective de la richesse — un des principes fondamentaux de la nature humaine. C’est parce que toute richesse est subjective que l’échange libre créé des richesses, chaque échangiste troquant ce qui lui vaut moins contre ce qui lui vaut plus — parce que la spécialité de chacun lui permet de faire relativement plus facilement de ce qu’il offre que de ce qu’il demande, tandis que ses préférences marginales sont relativement davantage dans ce qu’il demande que dans ce qu’il offre. C’est par le même principe que toute intervention coercitive ne peut que heurter les préférences des uns et des autres, en les empêchant de faire ce qu’ils préfèreraient, et en les forçant à faire ce qu’ils trouveraient moins bien — détruisant ainsi des richesses à hauteur du coût (subjectif) d’opportunité entre les deux options. Mais de tels raisonnement économiques sont hors de portée des étatistes, que leur pensée statique confine aux sophismes comptables.

Or, appliquant le raisonnement économique, on voit que la redistribution va ipso facto modifier les préférences relatives au bénéfice des signes donnant droit à la redistribution, au détriment des signes désignant les victimes de la redistribution. Ainsi, la redistribution va désinciter aux activités taxées et réglementées à mesure des confiscations et rétorsions auxquelles sont attachées de telles activités (que ces activités soient par ailleurs notées comme « production » ou « consommation », comme « légales » ou « illégales », etc., dans les calculs comptables des étatistes). La redistribution va aussi inciter à se livrer à des activités subventionnées, à mesure des subventions, combien même lesdites activités sont en fait inutiles voire nuisibles. Plus la redistribution est « efficace » du point de vue politique, plus les préférences des uns et des autres auront été heurtées et leur action déplacée, plus cette redistribution aura été destructrice du point de vue économique.

Au bilan, chaque centime de redistribution forcée crée une désincitation au travail pour ceux qui sont assurés qu’ils seront ou victimes ou bénéficiaires de redistribution, et une incitation au lobbying, à la manipulation politique et administrative pour ceux qui ne sont pas assurés d’être dans l’une ou l’autre catégorie au regard d’une des règles établies ou à (ré)établir (et aux limites extrêmes, les moyens pour échapper à l’esclavage sont la fuite, la clandestinité, le suicide, la révolte, cependant que les moyens d’y contraindre sont la torture, la mutilation, le meurtre, toutes mesures de rétorsion envers des proches, etc.). A ce jeu, à chaque centime redistribué (calcul comptable) correspondra un centime globalement détruit pour la société (calcul économique). [En fait, un peu moins, car des lobbyistes efficaces n’investiront dans le lobbying que tant que l’activité est plus rentable que d’investir dans une autre activité; un modèle numérique, pour le peu qu’il peut valoir, devra donc déduire de la destruction économique cette marge de rentabilité.]

Certains « Ã©conomistes », à proprement parler des économétristes, affirment que cette dé-création n’a pas lieu car le déplacement des choix ne modifierait pas la somme « objective » des richesses. Sous-jacent à ce sophisme est une position matérialiste simpliste qui néglige la nature subjective de la richesse, et qui considère la richesse comme une donnée scalaire sur une échelle commune à tous les individus — ultimement, la position de tous les économétristes, et en fait le principe même du totalitarisme. La seule différence entre l’économétriste et le totalitaire est que l’économétriste fera la confusion pseudo-scientifique de la richesse avec l’argent ou telle autre grandeur de référence (par exemple, le « pouvoir d’achat » mesuré par rapport à tel comportement « standard » de consommation), alors que le totalitaire s’en remet aux préférences des chefs sans prétension de discussion scientifique.

D’autres, des légistes, prétendent qu’il n’y a pas désincitation dès lors que la redistribution se fait par des règles claires et bien définies. Ils commettent le sophisme remarquable de croire que les décrets qu’ils commentent, approuvent, recommandent ou émettent ont une nature supérieure, loin au-dessus de la masse humaine qui obéit. Ils se croient des démiurges qui modifient les lois de la nature humaine. Mais leurs décrets ne sont pas absolus. L’incitation sera à échapper à l’application des lois, à agir d’autant plus fortement dans le sens d’un amendement, d’une promulgation, d’une annulation ou d’une non-application des lois qu’un tel changement offrira un espoir d’amélioration ou une crainte d’empirement de son sort. Les légistes pensent agir directement sur la nature humaine, ils croient créer un homme nouveau plus avancé. Ils ne font que contrarier la nature humaine, et réduire l’homme à un état arriéré de servitude et de barbarie. Plutôt que de prétendre réformer l’humanité, que ne commencent-ils par se réformer eux-mêmes!