L’engagement libéral

Le libéralisme est actuellement impopulaire parce qu’on a appris aux Français à penser à l’envers. Comme toute idéologie, et à fortiori en tant qu’idéologie juste, nous avons un fort potentiel de séduction, que même les tentatives de diabolisation ne pourront endiguer – si Le Pen, avec un programme imprécis et nationaliste, peut faire 15%, alors nous pouvons faire 55%. Toutefois, il s’agit d’un combat, et comme dans toute lutte il faut s’attendre à prendre des coups, sous des formes attendues ou non, et donc prévoir de les encaisser et surtout de les rendre. Autrement dit il faut se placer dans une logique de guerre pour gagner. Cela, je ne suis pas sûr que les libéraux Français soient prêts à le faire.

Au congrès fondateur des Cercles Libéraux, je disais à Alain Madelin qu’il existe une authentique dynamique de la provocation qu’il faut savoir utiliser aussi – manifestement il préfère écouter ses conseillers en communication grâce auxquels il fait un cinquième des voix de l’homme politique le plus diabolisé de France. Certaines rumeurs disent qu’il veut se réorienter vers la presse? Très bien, les libéraux en ont besoin… Mais il ne faut pas oublier une chose : un système équilibré presse/politique, comme celui dont dispose la gauche aujourd’hui, est bien plus puissant qu’un organe politique ou de presse isolé. Les libéraux ont besoin de politiciens aussi.

Aujourd’hui à l’aube du XXIème siècle, le gouvernement de la Communauté Européenne veut démarquer notre politique de celle des Etats-Unis ; nous pourrions être à l’avant-garde de la liberté en dérégulant bien plus qu’à l’Ouest, mais ils ont choisi de continuer sur les traces de Mitterrand et de ses 40 millions de voleurs – car c’est le nombre de Français qui bénéficient aujourd’hui du produit de l’exploitation publique de la société civile. Une majorité donc – mais qui, en abandonnant les subventions et autres formes d’assistanat pour l’activité et le libre-échange, pourrait s’enrichir considérablement.

Convaincre des gens qui raisonnent plus avec leurs tripes que leur tête qu’ils ont tout à gagner à mettre en jeu leurs avantages acquis et autres privilèges contre une chance d’être des locomotives au train du progrès n’est pas une affaire aisée : la peur du changement est toujours plus forte que l’appât du gain. Mais nous avons pour nous le bon droit, ce qui peut sembler désuet mais ne l’est plus tant que ça à l’heure où des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour demander le retour à l’ordre. Ne nous y trompons pas : il nous faudra y répondre, ou nous en serons les premières victimes ; il n’est rien de plus facile que de sacrifier le messager du mal.

Il faut attendre nos ennemis politiques au seuil de leurs cauchemars, pour leur faire passer des nuits d’angoisse à se demander laquelle de leurs turpitudes sera demain par nous révélée. Il faut que demain, comme nous parfois aujourd’hui, ils appréhendent de parler ou de défiler en public de peur de ne recevoir que des Âœufs et des tomates en partage. Il faut que, comme nous somme aujourd’hui obligés à tout bout de champ de nous dédouaner en permanence du racisme dont on nous accuse honteusement, ils soient obligés de dire « mais je ne suis pas communiste » toutes les deux phrases. Il faut les pousser au suicide par la boue dont nous devons les recouvrir – et ce ne sera que peu venger les victimes du suicide fiscal qui tombent nombreuses chaque année.

Attention à ceux qui, aujourd’hui comme hier, veulent accepter la honte pour éviter la guerre. Comme l’a si bien dit Churchill, « ils auront la honte et ils auront la guerre » – et personne ne gagne jamais sans livrer d’offensive. Alors, à l’aube et par grand froid, attaquons! Nous n’avons rien à perdre que notre impopularité!