Journée sans OGM

Après le long week end pascal, je me promenais tranquillement dans la ville de Grenoble, ou je réside.
Et tiens.. Qu’est ce donc ? Des laitues sur le trottoir ? Original! Un nouvel artiste ? Non, la confédération paysanne.
Car aujourd’hui c’est la journée mondiale sans OGM. Dommage pour les arbres, car par contre les tracts étaient distribués à tous vents! La Confédération Paysanne est un syndicat agricole français assez puissant, environ 30% des voix environ aux dernières élections des chambres d’agriculture. Politiquement, la Confédération Paysanne reçoit un écho bien plus important que le principal syndicat agricole, la FNSEA. Toutes ces organisations luttent pourtant pour le même objectif: faire de la France la prochaine Corée du Nord, en appliquant la doctrine salvatrice du Juche (autosuffisance). Car il faut couper du monde notre lopin de terre encore préservé… enfin, pas assez au goût de la Confédération Paysanne.

Contrairement à la FNSEA, qui est « juste » nationaliste, la Confédération Paysanne est aussi écologiste en quelque sorte. Le conflit est donc permanent entre les deux syndicats, mais si la FNSEA tient le pouvoir, la Confédération tient les médias et une partie de l’opinion publique. Et justement, elle tente de renforcer ce soutien par des actions… comme celle dont j’ai été témoin à Grenoble. Un peu comme les Verts, la CP a ses plus grands soutiens dans le monde urbain, chez les « bobos ». Rien de plus normal donc que de distribuer des tracts dans les rues grenobloises pour un syndicat paysan…

Pour effrayer le bourgeois, quoi de plus simple que de le faire douter de l’essentiel: la nourriture: « Journée internationale du refus des OGM » proclamait le tract. Parce que la Confédération Paysanne est aussi à gauche, ajoutez dans le titre du tract: « Journée internationale des luttes paysannes ».

Le contenu est dans le droit fil du Bovésiannisme (porte parole du mouvement).

D’abord un petit amalgame très pratique: « le 17 avril 1996, 19 paysans du mouvement Sans Terre étaient assassinés au Brésil ». Semez le doute, il en restera toujours quelque chose: les grandes compagnies s’allient elles aux grands propriétaires pour mener leurs expérimentations ?

Ensuite, bien évidemment le tract parle de lutte de résistance à organiser, de contrôle du vivant, et de logique commerciale à combattre. A promouvoir ? Rien sinon l’interdiction!
Parce que la conscience du danger n’a pas atteint nos cervelles (malades ?), un paragraphe est consacré à OGM et risques alimentaires: « Alors que nous sommes de plus en plus exposés à des pollutions ». Ah bon ? Qui le dit ? Qui le confirme ? Je ne crois pas que mon alimentation soit polluée! S’il y a un domaine où les progrès ont élé immenses, c’est bien celui de l’alimentation, grâce à l’indusctrialisation notamment! Les sols sont pollués, mais pas notre nourriture.
Autre mensonge: « Les OGM utilisés dans l’agriculture accumulent les herbicides auxquels ils résistent et les insecticides qu’ils sécrètent ». Je vois mal un concepteur d’OGM tenir ce discours: mes produits sont toxiques et ils vont probablement être interdits eu égard aux lois existantes. Car si réellement ils concentraient des poisons, pas d’inquiétude, ils ne seraient pas vendables!
Une note importante: « les effets à long terme des OGM ne sont ni évalués ni évaluables ». Mais c’est un peu ce qu’ils font tout de même à la Confédération Paysanne en nous disant que cela va provoquer des catastrophes. Et puis sont ils compétents pour le dire ? J’attends toujours l’avis d’un biologiste sur le sujet!

Je disais donc que la Confédération Paysanne nous serinait des prédictions apocalyptiques: « les disséminations des OGM dans l’environnement constituent une menace pour la biodiversité et entraînent une pollution génétique irréversible et imprévisible ». L’argument tourne autour du fait que des champs pourraient être contaminés par une pollinisation d’un champs voisin, OGM. Si les OGM prennent le dessus génétiquement c’est bien parce que leurs gènes apportent un mieux à la plante non ? Et pourquoi ne pas les rendre stérile sinon ?
Parce que cela forcerait les paysans à racheter tous les ans des semences. Mais là encore il faudrait être spécialiste, car qui sait, c’est peut être déja le cas aujourd’hui!

Les enjeux économiques n’échappent pas à la Confédération. La finalité des OGM est bien sûr une meilleure productivité, on s’en doute. A quoi bon produire des variétés si elles sont moins bonnes ? La production de « super » plantes, aussi illusoire soit elle par ailleurs, pourrait venir en aide à de nombreuses populations, car les prix baisseraient. Mais halte là! « Au niveau international, la pratique de l’agriculture productiviste orientée sur les exportations ruine les petits paysans du Sud ». Il nous faut arrêter de produire, sinon les paysans meurent au Sud. Moi qui croyait qu’il fallait arrêter de produire quand c’est inefficace, je me trompais! Il faut arrêter quand la concurrence est en danger. Ce qui par ailleurs est faux… En Afrique, personne ne produit de blé, et personne n’en mange! Par ailleurs, si en Europe, aux USA et en Australie on arrêtait les subventions ? D’ailleurs le mot d’ordre « NON aux politiques néo libérales » devrait être changé en « NON aux subventions et à l’ETATISME ».

Pour terminer, un petit topo sur la brevetabilité du vivant… que je partage! Je me demande en effet au nom de quoi on pourrait breveter des gènes. Mais je ne suis pas spécialiste, et je ne me lancerais pas dans un débat aussi profond. J’imagine seulement ma tête quand je recevrais une lettre m’enjoignant de payer des droits sur mes yeux bleus… Pour la critique, la forme est encore teintée de gauchisme bien pensant: « depuis des millénaires, le paysan reproduit et multiplie les semences dans son champ; depuis des décennies le complexe génético industriel cherche à s’approprier cette loi de la nature dont il escompte tirer de gigantesques profits ». Ah le profit, le complexe génético industriel! « Une poignée de multinationales disposent aujourd’hui d’un pouvoir colossal qu’elles cherchent à accroître encore ».

Avec la Confédération Paysanne, on peut en être sur: on ne mangera que ce qu’ils ont autorisé. Et ce ne sera pas du Mac Donald’s… Tiens et si j’y allais ce soir ?