la bourse ou la vie

Quelques 39 compagnies pharmaceutiques s’étaient retrouvées pour trainer en justice l’Etat Sud Africain, jugeant incompatible la loi autorisant l’importation de médicaments contrefaits avec les lois du commerce normalement admises. Et coup de théatre, voilà qu’elles abandonnent leurs poursuites aujourd’hui.
Victoire ou défaite pour les malades ? Pour Libération, la question n’est pas là: c’est le libéralisme qui a perdu. Pourtant il faudrait bien se poser cette question: les malades vont ils profiter de la généralisation des molécules fabriquées par des compagnies qui violent les brevets des autres ?
Avant de démonter l’article de Libé sur le sujet, il faut rappeler à quoi servent les brevets: protéger une invention pour permettre à l’inventeur de développer industriellement et voir un retour sur investissement. Une société comme Pfizer admet un taux de 0.4 pour mille idée de médicament qui atteint le marché (autorisation Food and Drug Administration). Et sur ce 0.4 pour mille, qui vont former une gamme, seule une ou deux deviendra une vache à lait, comme le Viagra. Souvent les profits sont minimes sur un tas de molécules, et très élevés sur d’autres. Pourquoi les garder alors ? Parce que tout simplement cela permet de garder des chercheurs sur le sujet, de financer un minimum de recherche dans des domaines ou peut être une nouvelle molécule révolutionnaire viendra bouleverser le marché et jackpot!
Les brevets sont donc extrêmement importants pour les compagnies pharmaceutiques: s’ils ne protègent pas LA vache à lait, alors toute la compagnie est en danger. Parce que les compagnies qui ne respectent pas les brevets, pas d’inquiétude. Elles ne produiront que le produit le plus rentable. Et les équipes de chercheurs ? Elles n’en auront pas. Juste des usines. Pourquoi faire de la R&D ? Les autres s’en chargent! Leurs profits immenses leur permettent bien de le faire non ? Oui et justement, ces profits vont disparaître.
Alors pour moi il est évident que si aujourd’hui les malades africains peuvent se réjouir (et encore!) de cette décision, à terme, le non développement de médicaments pour le SIDA est un problème qui verra le jour.

Le traitement de cette mini-catastrophe par Libération est encore une fois un bon exemple de propagande. « Le procès de Prétoria, s’était déplacé […] vers l’injustice sociale, la lutte contre une logique: les malades au Sud, les médicaments au Nord; l’incarnation même d’une mondialisation à visage inhumain. ». Tout de suite les grands mots. L’information, la réflexion ? On connaît pas à Libération. Par contre dénoncer le capitalisme à visage inhumain, on sait. D’ailleurs cette expression qui avait été forgée pour parler de Prague au temps de Vaclav Havel en 68, a bien été détournée… Il voulait faire un socialisme à visage humain… Et voilà qu’aujourd’hui ceux qui le condamnaient utilisent ce terme pour encore combattre la liberté, dégoutant.

Les ONG sont elles allées plus loin: « crime contre l’humanité par omission ». Rien que ça! Ne pas donner ces médicaments à ces gens serait donc à ce point condamnable ? Certes les laboratoires pourraient faire un effort, mais de là à miner les marchés rentables par un trafic qui va surement s’organiser entre l’Afrique du Sud et les pays du Nord, il y a un fossé à ne pas franchir.

Espérons que le deal entre le gouvernement Sud Africain et les labos permettra à ceux-ci d’être rentables et de développer toujours de nouvelles molécules.