Combattre l’Islam?

Parmi les discussions récentes sur l’Islam, une problématique qui fait rage est de savoir si l’Islam est un ennemi, ou si c’est l’Islamisme, ou encore les musulmans, ou les islamistes. Hervé tenait à différencier l’Islam de l’Islamisme. Turion rappelait que le Coran contient un germe criminel. Sur la suggestion de plusieurs confrères, voici, remanié, un texte que j’avais écrit sur l’islam il y a quelques mois.

L’Islam est notre ennemi. Les musulmans ne sont pas des ennemis.

En d’autres termes, la véritable guerre qui a lieu est une guerre d’idées, et non pas une guerre de personnes. Elle se place sur le plan mémétique, et non pas sur le plan génétique.

Les musulmans les plus purs, les plus abrutis par le Coran, sont ipso facto menés à soutenir voire participer à des actes criminels. Mais il y a une très large majorité de « musulmans » qui ne le sont que par une tradition culturelle en voie d’atténuation, et qui, s’ils se déclarent formellement musulmans, n’entreprendront d’eux mêmes aucune activité criminelle au nom de l’Islam.

De même, le socialisme est une idéologie criminelle, mais la plupart des socialistes n’iront pas eux-mêmes entreprendre de nouvelles actions criminelles. — Tout au mieux sont-ils prêts à suivre des meneurs, qui eux sont de véritables criminels en puissance et trop souvent en fait.

J’ai écrit dans un article du QL ce que je pensais de l’Islam et du libéralisme: L’Islam est-il soluble dans le libéralisme?

La question cruciale est de savoir s’il est possible de faire admettre aux uns et aux autres les principes libéraux d’un Droit séparé de la Morale. Qu’ensuite, dans le respect du Droit, d’aucuns tentent de promouvoir telles ou telles valeurs – c’est leur affaire, et le principe de responsabilité, inscrit dans le Droit, fera que les conséquences de leurs actes retomberont sur eux, jusqu’à ce qu’ils apprennent et s’améliorent.

Je suis persuadé que les principes libéraux du Droit peuvent être enseignés à la plupart des musulmans, comme à la plupart des socialistes, etc., qui ne sont donc pas nos ennemis ipso facto — et ce même si l’Islam et le Socialisme sont deux religions porteuses d’un germe d’intolérance totalitaire visant à imposer au monde par la force un système de vie. Pourra-t-on encore appeler « Islam » ou « Socialisme » ces versions atténuées privées de leur principe virulent? C’est là un débat de linguiste, qui ne me concerne guère. Mon propos est que de telles versions atténuées sont possibles et souhaitables pour enrayer le Mal.

Ce texte ayant causé quelques remous, je précisais ensuite:

L’erreur de catégorie est bien celle consistant à croire que des personnes (et qui plus est de larges groupes de personnes) sont des ennemis. C’est une erreur très largement propagée par les collectivistes, dont le schéma mental consiste précisément à voir le monde comme un affrontement en camps bien définis, une guerre, une lutte, un jeu à somme nulle. C’est le paradigme du conflit.

Or, le monde n’est pas un gigantesque affrontement cosmique, et les individus ne sont pas classables dans des catégories a priori et immuables d’amis ou d’ennemi. Le comportement d’un individu peu être amical ou inimical, utile ou nuisible — et les règles de comportement social acceptées par ledit individu et ceux avec qui il interagit vont largement déterminer si cet individu aura tendance à coopérer avec un autre, à l’ignorer, ou à l’affronter. La philosophie libérale étudie ces règles d’interaction sociale, et propose un ensemble de règles qui permet d’éviter et de résoudre les conflits, cependant qu’elle dénonce certaines autres règles comme porteuses de graves conflits.

Or, un individu donné peut la plupart du temps s’adapter à de nouvelles règles d’interaction. Aussi, un individu donné, même s’il suit une règle nuisible, n’est pas en soi l’ennemi — car il peut s’améliorer, ou autrement être contraint de réparer, et de se réintégrer dans la société. Tant qu’il n’est pas en guerre ouverte contre les principes de la civilisation, tant qu’il est en situation participer davantage aux processus de coopération pacifique qu’il n’erre par la destruction de la propriété d’autrui, alors l’individu n’est pas un ennemi — tout au plus un délinquant qu’il faut surveiller.

Par contre, la règle de comportement criminel qu’a adopté tel individu, elle, peut être en contradiction avec les principes de la civilisation. À ce moment, aucun compromis n’est possible entre une telle règle et l’établissement d’une société pacifique. Cette règle est, du point de vue mémétique, un ennemi. Elle est à éradiquer, sinon dans les esprits, du moins en pratique. Cette éradication n’implique pas la moindre chasse aux sorcières, et pas plus une autorité bienpensante de préservation de l’ordre moral. — Mais effectivement, dans le monde des idées, il y a une guerre, une guerre sans prisonniers, une guerre entre les principes de création et les principes de destruction, et toute une palette principes plus ou moins vrais ou faux, plus ou moins utiles ou nuisibles, entre les deux. Dans cette bataille des idées, la liberté et la contrainte sont des principes inconciliables.

Cela ne veut malheureusement pas dire que l’on puisse se passer de jamais avoir à tuer des individus dangereux qui auraient trop lié leur existence personnelle à de tels mèmes criminels. Cependant, il faut savoir bien faire identifier la source du mal; une personne qui croit en une idéologie criminelle n’est pas ipso facto et encore moins ad vitam aeternam l’ennemi de la justice; cette personne peut ne pas mettre ses idées en application, et elle peut changer d’idées. Du reste, il n’y a pas de délit d’opinion, et une telle personne, même suspecte, est innocente jusqu’à avoir été convaincue d’avoir effectivement entrepris quelque action criminelle.

Cela veut-il dire que « l’idée » est responsable, et pas l’individu? Certes pas. Là encore, c’est une erreur de catégorie. Un individu sera responsable; il sera innocent ou coupable. Mais il ne sera ni ami, ni ennemi. Le véritable ennemi, c’est une idée.