Perspective libérale

Après un dérapage sur Danone et autres, voilà que Madelin reprend sa croisade libérale. Ce matin sur LCI il commentait les décisions destructrices de Mme Guigou qui prétend empêcher les licenciements. Son pari présidentiel va-t-il permettre d’ouvrir un vrai débat sur le libéralisme ? Alain Madelin, président de Démocratie Libérale, est candidat à la prochaine élection présidentielle en France. Dans le paysage politique actuel, il est le seul qui ose se prétendre libéral, et parfois il défend même des thèses libérales. Cela lui vaut bien d’être caricaturé comme le petit toutou des américains et de la World Company.

Sa position de candidat l’oblige à être présent médiatiquement, et voilà quelques jours, il dérapait en rappellant aux entreprises leur responsabilité sociale et autres inepties. Aujourd’hui il corrige quelque peu le tir, et sa crédibilité y gagne.

Son analyse politique de la situation de M. Jospin est claire: après son échec des municipales, le gouvernement Jospin essaye de regagner des parts de marché à gauche. Empêtré dans la rigueur budgétaire que Jospin doit faire sienne et tirailler par sa gauche qui réclame toujours plus de lois de textes et d’interdits, Jospin est bel et bien pris au piège.
Les déclarations de Guigou et son plan anti-licenciements s’inscrivent bien dans cette logique. Le danger à court terme d’une baisse de popularité combinée avec la guérilla du PCF et autres gauchistes acharnés (Lutte ouvrière et Ligue Communiste Révolutionnaire) conduit le gouvernement à sacrifier les ressources futures de croissance et à scléroser l’économie.
On voit bien que l’horizon de M. Jospin se rétrécit: avec de telles mesures il pourrait bien faire éclater des plans de licenciements par simple anticipation de la loi, et casser le moral des français un peu plus. Et au final, détruire la belle croissance sur laquelle il compte pour être élu.

M. Madelin a donc décidé enfin de s’engouffrer dans la brèche: une économie libre, c’est forcément une économie en mouvement. D’abord, il défend Danone: « il n’y aura aucun licenciement sec chez Danone« . Ah, enfin une vérité rétablie: Danone va réellement faire un « plan social » au sens de planification. Les employés licenciés vont bénéficier de tout un éventail de formations, de possibilités de reclassement, tout cela pour un coût faramineux de 2MF par employé. On est bien loin du capitalisme sauvage qui exploite puis jette les ouvriers malheureux. Quand à Marks & Spencer, d’un revers de la main M. Madelin balaye la question: « c’est une entreprise qui perd de l’argent, c’est comme çà« . C’est la vie économique, non ? Les entreprises ne sont pas éternelles, elles se créent, servent leurs clients, ont des problèmes, disparaissent, revivent, sont rachetées…. Pour avoir une formation orientée « business », je sais très bien que l’éventail des situations d’entreprise est infini, et que les mesures appropriées sont parfois hélas de licencier, ou de se séparer d’une activité. Mais pour que les entreprises créent des emplois, il faut d’abord qu’elles soient libres de le faire: « si nous sommes dans la perspective de retrouver le plein emploi, c’est grâce aux libertés économiques« .

M. Madelin n’est pas né de la dernière pluie et il sait aussi que cette liberté s’accompagne aussi de restructurations. Celles-ci sont forcément dures pour les employés, mais les entreprises sont conscientes de l’impact médiatique: le plan de Danone est « le plus avantageux » qui ait été fait il y a peu. Le plan Guigou n’apporte rien de plus à ce qu’a fait Danone. Le capital image de la marque est en jeu: ce n’est pas aux politiciens d’apprendre à Mr Riboud (PDG de Danone) son métier.

Sur la question de la loi sur la sécurité prévue par Mr Vaillant, M. Madelin constate que la réaction du gouvernement à un problème est toujours la même: on va légiférer. En l’occurence, la loi doit soumettre à autorisation préfectorale l’ouverture d’un magasin de chasse, seules armes licites en France. La polémique a enflé depuis qu’une grande surface spécialisée a ouvert, entre deux cités rivales. De nombreux incidents ont émaillé la « rivalité » des deux cités, et le centre commercial situé entre les deux est un terrain d’affrontement privilégié. La guerre des gangs a fait un mort, 14 ans, au fusil à pompe, avant l’ouverture du magasin. L’ouverture est sensée permettre aux bandes de s’armer… mais c’est oublier qu’il faut un permis de chasse pour acheter une telle arme, et que ce permis n’est délivré qu’après multiples examens, vous en vous doutez bien. Là encore, M. Madelin préconise une solution simple: responsabiliser les parents, les mineurs qui commettent des délits, et bien évidemment, commencer par appliquer les lois qui existent.

Espérons que M. Madelin saura se faire entendre avant les prochaines élections, car s’il ne sert que d’épouvantail commun à la fausse droite, la vraie gauche et l’ultragauche, alors le résultat sera à l’inverse de l’espoir suscité par sa candidature: donnez une perspective libérale à la France.