Peut-on être raciste et libéral ?

Oui, vous avez le droit d’être raciste, quoi qu’en pensent certaines organisations reconnues pour leur honnêteté et leur indépendance (ironie), telles que le MRAP ou sos-racisme. Et non, cela ne vous empêche pas d’être libéral. Avant tout, entendons nous sur les termes. Pour libéralisme, à lire avant toute chose, cette définition. Pour racisme, le mot peut prendre plusieurs sens.

sens commun : racisme préférentiel

Préférer un groupe A à un groupe B. Dire « j’aime pas les belges » ou « je laisserais pas ma fille sortir avec un belge » ou « je trouve les belges moins beaux que japonais », ce n’est ni libéral, ni anti-libéral. C’est une préférence individuelle, de même qu’aimer ou non le chocolat, préférer la soupe aux potirons ou celle aux courgettes, aimer ou non les homosexuels, être homosexuel ou hétérosexuel, aimer ou non les racistes, etc. Il n’y a donc aucune contradiction avec le libéralisme.

La propriété implique un droit de discriminer, par définition. Et tout choix est une discrimination, par définition. Si un ami vient chez moi et prend une bière dans mon frigo, je le laisse. Si un voleur inconnu fait la même chose, je ne le laisse pas. Pourquoi juger différement une personne pour un même acte ? C’est purement arbitraire. De même, les boîtes de nuit ne se gênent pas pour discriminer, toujours sur des critères purement arbitraires: les filles entrent plus facilement que les mecs, les gens bien habillés plus facilement que les gens mal habillés (la définition de « bien habillé » est purement locale, culturelle et subjective !), les gens qui connaissent le videur plus facilement que ceux qui ne le connaissent pas, etc… En quoi ces choix seraient-ils plus ou moins rationnels ou plus ou moins justifiés que le fait de discriminer contre les arabes ou les belges ? Dans tous ces exemples, chacun peut-en penser ce qu’il veut, critiquer ou non la boîte de nuit pour ses choix, la seule chose sur laquelle les libéraux ne peuvent qu’être d’accord, par définition du libéralisme, est le fait que le propriétaire de la boîte de nuit a le droit de faire ces choix, par définition de propriétaire. Mais ces choix ne le rendent en rien plus ou moins libéral.

Ne pas confondre racisme préférentiel et racisme normatif: un raciste préférentiel n’affirme pas forcément que TOUS les belges (par exemple) sont mauvais, il veut juste ne pas en avoir chez lui ou près de chez lui, pour des raisons qui ne regardent que lui, et qui sont peut-être irrationnelles, mais pas nécessairement : si par exemple il est très parano, et qu’il est statistiquement avéré que les belges ont plus tendance à faire des cambriolages que les hollandais, le fait de discriminer contre les belges n’implique en rien un racisme normatif. Peut-être par exemple qu’en raison de ces statistiques le propriétaire aura un préjugé méfiant à l’égard des belges, et discriminera contre eux, pour réduire, dans son propre intérêt rationnel, ses chances de se faire cambrioler (dans le cadre d’une gated community, par exemple) mais fera des exceptions pour les belges qu’il connaît et dont il sait qu’ils ne sont pas cambrioleurs.

Faut-il discriminer, au niveau privé, selon des critères culturels ? Certains libéraux répondent que oui (Hoppe, Democracy The God That Failed, p. 211-213), d’autres que non. Les deux positions sont compatibles avec le libéralisme, le libéralisme en tant que tel est neutre face à ces choix.

sens méthodologique : racisme normatif

Il y a bien contradiction entre racisme normatif et individualisme méthodologique. Mais pas avec libéralisme, théorie du droit. Le racisme normatif consistant à dire, par exemple, que « TOUS les belges sont ceci ou cela », SANS connaître tous les belges. Le racisme normatif est faux, mais il ne s’oppose pas au libéralisme à proprement parler. Emettre un jugement de valeur, aussi intrinséquement faux soit-il, est certes une erreur, mais ne nous dit en rien si la personne qui commet cette erreur souhaite pour autant commettre des agressions contre d’autres personnes (auquel cas elle est criminelle), ni même si elle considère de telles agressions comme légitimes (auquel cas elle n’est pas libérale).

sens scientifique : racisme racialiste

Le concept de race est-il pertinent au niveau génétique ? Existe-il des données permettant de prouver que tel ou tel groupe est suffisamment homogène pour être qualifié de « race » ? Peut-il être prouvé scientifiquement que tel ou tel groupe ainsi défini est « supérieur » (selon quels critères ? dans quel domaine ? etc) ou « inférieur » à un autre ? Un point de vue sur ses questions, qu’il soit ou non justifiable scientifiquement, n’a rien à voir avec la philosophie politique.

sens politique : racisme institutionnel, anti-racisme institutionnel

Les lois anti-racistes violent le droit de propriété, de même que les lois racistes, telles que la discrimination positive imposée par l’Etat

Le racisme sur le plan politique, que ce soit sous forme d’apartheid ou de discrimination « positive », de même que l’anti-racisme politique, que ce soit sous forme d’interdiction de la discrimination privée ou d’interdiction de la libre expression d’opinions racistes, se fonde sur l’agression politique, et est donc incompatible avec le libéralisme.

conclusion

Le racisme en tant que tel n’est donc en rien incompatible avec le libéralisme. Le racisme n’est ni libéral, ni anti-libéral, et un raciste peut être libéral ou ne pas l’être. Ce qui est anti-libéral, c’est la violation des droits de propriété, quels qu’en soient les motifs, qu’ils soient racistes ou anti-racistes, ou de quelqu’autre nature. voir aussi
Marc Grunert : Durban
Marc Grunert : Unanimité antiraciste
Hervé Duray : Valeurs, culture et racisme
Marc Grunert : Mondialisme et discrimination positive
François René Rideau : Différences et discriminationse
François Guillaumat : LE RACISME COMME LEURRE DE LA DEMOCRATIE SOCIALE