Sexisme institutionnel

Chirac n’est jamais à cours d’idées cours de mauvaises idées. Après le racisme institutionnel, voici le sexisme institutionnel.

M. Chirac se penche sur l’inégalité homme-femme au travail

Après la sécurité routière, l’écologie des marais, le cancer, la lecture en primaire, les mauvaises récoltes maraîchères, le froid en Alsace, les feux en Provence, les escargots de Bourgogne, la grippe, les intermittents, la guerre en Irak, la valeur de l’euro, le coût de la vie etc… bah, Jacques Chiraq est partout. Il peut s’intéresser à tout. Il a un avis sur tout. Il sait tout et voit tout. Une Cause de plus, ce n’est rien pour lui!

L’égalité professionnelle entre hommes et femmes figure, jeudi 26 février, au menu de Jacques Chirac. Le chef de l’Etat reçoit, pour une table ronde qui doit durer deux heures, les dirigeants et les directeurs des ressources humaines de Peugeot, Renault, Thalès, du Crédit Lyonnais et d’une grosse PME de transports, Graveleau.

Deux heures, quelques patrons et quelques DRH. Ca c’est du rendez-vous utile. 2 heures de perdues pour tous ces gens qui avaient certainement mieux à faire + les déplacements, les décalages de rendez-vous, le protocole. Une occasion de plus pour Chirak de faire monter ses frais de bouche aussi. Avec 10 personnes on peut aussi être sûr que l’impact va être phénoménal.

Le président de la République a décidé de « s’engager personnellement » sur ce sujet « pour que les mentalités évoluent », explique l’Elysée. Son ambition est de faire passer la France, très en retard, « au premier rang des pays qui se mobilisent pour l’égalité », invitant les entreprises à signer  » des accords ambitieux ». C’est ce qu’il devait dire à ses hôtes.

L’engagement personnel du Président ? Wow! Comme c’est gentil de sa part: c’est le cent-douze millième projet dans lequel il s’engage personnellement depuis le 1er janvier 2004!
Pourquoi dissipe-t-il de l’énergie à cette Cause ? Parce que les Français sont de mauvais citoyens, ils ont de mauvaises mentalités! Il faut « mobiliser » (et encore le vocabulaire guerrier…). Et comme toute mobilisation, si ça vient pas, on envoie la gendarmerie vous chercher ?

M. Chirac veut donc, selon ses collaborateurs, « prendre en main ce sujet, s’y investir, non seulement parce que c’est un problème sociétal, mais parce qu’il est important pour le dynamisme des entreprises ». Plus les femmes accèdent aux postes de responsabilité dans les entreprises, plus celles-ci progressent et plus le climat s’y améliore, soulignent les conseillers du président.

Un problème sociétal, rien que ça!
1/ celui qui est capable de me donner une définition de sociétal, je lui offre un carambar.
2/ c’est un problème pour qui ?
Dans les grandes entreprises les grilles de salaire sont alignées, et les augmentations sont négociables individuellement… Dans les petites on se débrouille. Mais de toute façon quand on a des qualifications et la volonté… donc les femmes s’en tirent bien…
Le dynamisme ne se décrète pas et je ne pense pas que les femmes soient moins motivées parce qu’elles seraient moins bien payées (ce que je ne constate pas autour de moi par ailleurs).

En avril, une rencontre nationale entre partenaires sociaux doit avoir lieu sur le thème de l’égalité professionnelle : « Nous allons les pousser à aller le plus loin possible. Si cela ne va pas assez vite, le législateur ne pourra pas rester les bras croisés », assure Frédéric Salat-Baroux, le secrétaire général adjoint de l’Elysée. Enfin, dans un dernier temps, le gouvernement s’attaquera à ce dossier dans la fonction publique, annonce l’entourage du chef de l’Etat.

Ceci veut dire tout simplement que l’évolution doit se faire au rythme que décide l’Etat. Si cela ne va pas assez vite, pas de problème, l’Etat utilisera la force. On imagine une loi obligeant les directions générales à comporter X% de femmes (la parité ?), avec bien évidemment aussi un salaire obligatoire (calculé en % du salaire moyen des hommes au même niveau de responsabilité ?)
Ces femmes là se feront appeler comment ? Promotion-chirak ?

Comment le président a-t-il choisi les interlocuteurs de cette table ronde ? Ce sont des entreprises qui ont déjà passé avec les syndicats « des accords particulièrement innovants » en matière d’égalité professionnelle, explique l’Elysée. Depuis la loi du 9 mai 2001, adoptée sur proposition de la députée (PS) du Nord, Catherine Génisson, les entreprises de 50 salariés et plus sont dans l’obligation de négocier des accords spécifiques sur l’égalité homme-femme, sous peine de sanctions. Elle oblige aussi à intégrer l’égalité professionnelle dans toutes les négociations obligatoires (salaires, durée et organisation du travail, formation professionnelle, etc.)

Donc il y a déjà une loi. Elle oblige à avoir un plan négocié sous la menace de sanctions. Hmm. La négociation est obligatoire ? Ou est-ce le résultat qui l’est ?
Comme d’habitude la loi inclut un seuil: les entreprises de 49 salariés n’ont décidément pas intérêt à embaucher…

La loi, qui reste aujourd’hui mal appliquée, avait été votée par la gauche. La droite s’était abstenue. L’UDF Marie-Thérèse Boisseau, actuelle secrétaire d’Etat aux personnes handicapées, avait même dénoncé « un coup de pub politique » à la veille de la journée de la femme. Mais la droite semble désormais avoir changé d’avis. M. Chirac, « en fait un macho comme on les aime », soupire en riant une de ses collaboratrices, voit plusieurs avantages à s’attaquer à l’égalité professionnelle entre hommes et femmes : il peut prouver, comme dans le secteur de la sécurité routière, que l’impulsion politique fait bouger les lignes; il espère battre la gauche sur son propre terrain ; il s’attaque à un problème de la vie quotidienne, dommageable pour l’économie.

La droite n’ayant aucune idéologie, même plus conservatrice, n’a rien à opposer à la gauche. Du coup, quand la « droite » est au pouvoir, elle ne peut faire que la même politique que celle de gauche. Moralement elle déclare forfait: rappelez vous Chirak pourfendant la mondialisation, Raffarien l’ultralibéralisme. Ne me dites pas ce que c’est là un placement marketing politique: c’est une défaite en rase campagne avant même que l’adversaire esquisse un seul geste. La droite fait même de la surenchère avec la gauche, sauf que comme Le Pen l’a déjà dit: les gens préfèrent l’original à la copie. C’est la recette parfaite pour de nouvelles défaites massives de la « droite ».
Dans ce contexte, pas étonnant que Chirak ne remette ni en cause les 35h, les lois débiles sur la parité, et maintenant celle-là (dont j’ignorais l’existence)!

Comme le reconnaissait, en octobre 2003, le rapport de Marie-Jo Zimmermann (UMP, Moselle), présidente de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblé nationale, les inégalités homme-femme au travail perdurent, malgré les lois. Le salaire des femmes – 80 % des salariés au SMIC – présente encore un écart de 24 % avec celui des hommes.

Salaire égal à quoi ? Productivité égale ? Temps de travail égal ? Diplôme égal ? Poste égal ? Implication égale ? La vérité c’est que de tels écarts sont non mesurables. Comment déterminer un salaire autrement que par la négociation ? Comment savoir ce que vaut une personne à part en proposant son travail sur un marché libre ? (ce que le marché du travail en France est loin d’être par ailleurs…) ?
Comment la loi va réguler le salaire des femmes ? En imposant un salaire minimum féminin ?

Encore une fois l’égalité n’est pas celle en droit, mais celle des faits. Encore une fois les politiciens veulent corriger la réalité. Encore une fois la mesure de l’égalité est statistique, arbitraire. Et c’est un coin en plus dans les relations normales, libres entre personnes. Un nouveau foyer vient d’être allumé.

Le président veut aussi prouver qu’il n’attend pas le retour de la croissance les bras croisés. Il a une obsession, assure-t-on à l’Elysée : « L’emploi, l’emploi, l’emploi. »

En tant que libéral, quitte à avoir un président, j’aimerais bien le voir garder les bras croisés, c’est encore ce qu’il a de mieux à faire: ne pas emmerder les autres. Chirak, tu es obsédé par le travail ? Trouves-en un utile.