La Bull n’en finit pas d’exploser

Le gouvernement français propose à Bruxelles un nouveau plan de restructuration de Bull

Quand un groupe parapublic (comme dans paraplégique ?) coule, ça prend toujours des années. Voilà donc le nouveau nouveau plan de sauvetage de Bull. Avec votre argent, bien sûr.

La France accorderait près de 520 millions d’euros à l’informaticien pour l’aider à rembourser sa dette. L’augmentation de capital annoncée en novembre 2003 ne serait pas modifiée.

La France ? Non, le gouvernement de M. Raffarin/chiraq.
L’informaticien ? Non, les actionnaires de Bull et ses employés.

Afin d’apaiser les réserves de la Commission européenne sur le récent plan de recapitalisation du groupe informatique, le gouvernement français a notifié aux services de Mario Monti, le commissaire chargé de la concurrence, un nouveau projet de restructuration. Celui-ci prévoirait d’accorder un peu moins de 520 millions d’euros à l’entreprise, afin de lui permettre de rembourser les dettes contractées auprès de l’Etat.

1/ La Commission Européenne met son nez partout
2/ ce n’est pas le premier plan vous le saviez déjà…
3/ l’Etat file de l’argent à Bull pour que Bull lui rembourse les sommes prêtées antérieurement… si une banque faisait ce genre de plan, les dirigeants auraient droit à la prison…

Pour se conformer aux règles européennes, la France propose de n’engager cet ultime plan de restructuration qu’à compter du 1er janvier 2005, à l’issue des dix ans pendant lesquels le gouvernement n’a en principe plus le droit d’attribuer un soutien de ce type.

Ah si c’est pour les principes alors, parce que les traités on se les met là où je pense: déficit 4,1%, dette en progression exponentielle…

Je passe sur les arrangements possibles entre la commission de bruxelles et le gouvernement français, sur les modalités financières, etc.

Bon, revenons aux sources. Les entreprises publiques par définition n’ont pas de problèmes de compte: elles sont couvertes par l’Etat. Regardez Bull, le Crédit Lyonnais, la SNCF, France Telecom… Toutes ces entreprises auraient pu générer des profits, et d’ailleurs à part la SNCF elles en toutes réalisé. Mais il arrive toujours un moment où un enarque mégalo monte dans la barque et se met en tête de conquérir le monde (on pourrait appeler ça le syndrôme Messier, mais ça date d’avant lui). Ou alors la bureaucratie prend le pas sur la créativité et l’envie d’aller de l’avant au fur et à mesure que les cadres vieillissent: c’est toujours plus tranquille de rester dans la même boîte que d’aller dans le « privé »!
Il arrive donc toujours un moment où ces boîtes végètent, puis coulent plus ou moins doucement. Le Lyonnais a mis quelques années, avec la complaisance des Inspecteurs des finances, FT a mis 2 ans, Bull en est à sa 30ème année!

Dans une situation de marché libre évidemment ces entreprises n’auraient soit pas été gérées de cette manière mais de façon compétitive, soit elles auraient disparu par faillite. Mais voilà: nos gouvernements font du « social » et/ou décrètent certains secteurs « stratégiques »: télécom, banque, informatique, transport. Et alors là… la faillite devient éternelle, tous les ans une somme équivalente à plusieurs millions d’années au SMIC sera engloutie dans ces entreprises. C’est ça la protection de l’Etat: pérenniser la destruction de richesse, figer des situations, entraver le progrès. Au lieu de libérer les capitaux investis pour d’autres usages plus rentables, l’Etat remplit des tonneaux des Danaïdes. Avec votre argent, avec le mien.