60 ans (I)

Comme si elle voulait fêter seule – puisque personne de politique ou de médiatique n’en a parlé jusqu’à présent -, le soixantième anniversaire des ordonnances d’octobre 1945 prises par un gouvernement provisoire hors cadre constitutionnel, jamais soumises à vote des citoyens depuis lors et instituant l’organisation de la sécurité sociale obligatoire que nous subissons encore à ce jour, la Cour des comptes vient de rendre public son « rapport annuel au Parlement sur la sécurité sociale ».
Ce rapport est le onzième que la Cour adresse au Parlement en application de l’article 13 de la loi du 25 juillet 1994. Il se situe dans le cadre des compétences très étendues confiées à la Juridiction dans le domaine du contrôle de la sécurité sociale.

Non seulement la Cour fête seule l’anniversaire de l’organisation, les médiatiques et politiques préférant apparemment fêter celui de la jumelle qu’est l’ONU, mais encore elle lui fait sa fête, peut-on dire, tant est édifiant une fois de plus le rapport disponible sur http://www.ccomptes.fr/FramePrinc/frame-rapports.htm et la
synthèse sur http://www.ccomptes.fr/Cour-des-comptes/publications/rapports/secu2005/synthese.pdf

Soixante après la création, la Cour s’astreint à expliquer que :
 » A la différence de lÂ’Etat, la sécurité sociale nÂ’a pas une organisation comptable centralisée. En particulier, il nÂ’existe pas l’équivalent de lÂ’agent comptable central du Trésor. Les « comptes de la sécurité sociale » ainsi dénommés par abus de langage ne sont pas des comptes au sens comptable du terme. Au mieux, ils désignent les comptes des branches et des régimes et opposent à lÂ’unité de lÂ’Etat lÂ’extrême diversité des organismes de sécurité sociale. »

Ce point est essentiel et il faudrait que chacun s’en souvienne.

Et elle n’hésite pas à faire part de la constatation que :
 » Malgré les progrès rendus possibles par les réformes comptables qui ont suivi la mise en oeuvre du principe des droits constatés dans les organismes de sécurité sociale [en 1994 !], lÂ’enquête réalisée auprès des agents comptables des caisses nationales pour le présent rapport a montré que les principes comptables n’étaient pas toujours correctement appliqués. »

En passant, je me permets d’attirer votre attention sur la litote élégante du scribe.

Cela l’amène à la conclusion intermédiaire suivante :
 » Les travaux du groupe « lisibilité des comptes » menés au sein du haut conseil ont montré que la présentation des états financiers de lÂ’ensemble des organismes de sécurité sociale, pourtant normalisée par le plan comptable unique, restait très hétérogène et que le contenu des annexes ne comportait toujours pas les informations utiles à la compréhension des comptes. »

Vivent les litotes !

Que la présentation des états financiers du Groupe Total, par exemple, s’avère être simplement hétérogène et que le contenu des annexes ne comporte pas les informations utiles à la compréhension des comptes, vous verrez un double phénomène se produire immédiatement:
– la chute du prix de l’action Total dans les bourses où elle est cotée, et
– en France, les hommes de la sécurité sociale en particulier « demander des comptes » à Total.

Tant mieux pour l’actionnaire de Total, l’anticipation d’un tel phénomène par les dirigeants lui évitera de le voir se réaliser, vive le capitalisme !

Tant pis pour l’assuré social dont les hommes de la sécurité sociale veulent le bonheur à sa place, l’obligent à verser des cotisations en conséquence et n’ont pas à se préoccuper de se former l’anticipation, c’est cela le socialo-communisme. Et cela à soi seul suggère comparativement pourquoi le socialo-communisme est impossible.

Une chose est certaine: en attendant la privatisation de la sécurité sociale s’il est optimiste ou sa faillite s’il est pessimiste, l’assujetti aux cotisations devrait se garder de s’encombrer l’esprit des chiffres de ces dernières années que lui jettent aux oreilles les médiatiques ou les politiques, ni a fortiori s’intéresser aux prétendues comparaisons internationales.

Quant aux chiffres antérieurs, ils méritent une seule chose : le mépris.

P.S. On pourra se reporter au post du 22 septembre de http://fr.news.yahoo.com/050922/202/4lig3.html lui aussi édifiant.