Agriculteurs et saisonniers

Après avoir laminé les espoirs d’un tas de gens de trouver un petit job temporaire, même mal payé, voilà que les conséquences s’en font ressentir chez les employeurs des saisonniers.
Pas de bol, pour une fois c’est une clientèle très importante qui est lésée: les agriculteurs! Il existe depuis des milliers d’années une période pendant laquelle toute l’activité humaine de par le monde est dirigée vers un seul but: la période des moissons. Les cycles naturels et l’agriculture existent depuis, allez, au moins 7.000 ans avant Jésus-Christ. Ce sont là deux faits que seuls les pires ignorants de la terre ne connaissent pas. Ces ignorants, ont les a trouvés, ils existent: ce sont les hommes politiques français.

Comment ils ignorent que les récoltes ont lieu ? Oh que non, ils le savent, ils ont du l’apprendre, après tout, l’ENA enseigne *TOUT* (et le contraire de tout j’imagine, pour respecter le politiquement correct). Ce que n’enseigne pas l’ENA c’est que pour récolter 1T de raisin il faut x travailleurs, et que ce n’est pas rentable si les travailleurs sont payés au-dessus d’un certain seuil etc… Dans sa vision parfaitement surréaliste du monde, l’enarque doit totalement ignorer que dans les chiffres mirifiques qu’il voit défiler, il y a de la sueur, des heures de travail, des investissements… bref, des hommes et des risques.

Alors les énarques parisiens ont décrété que les agriculteurs abusaient de la main-d’oeuvre saisonnière. Selon leurs critères à eux, elle est mal payée. Selon les critères de ces prolétaires il n’en était rien puisqu’ils acceptaient ce travail, d’ailleurs les saisonniers se déplacent tous pour le faire, car les vignes et les vergers ne sont toujours pas mobiles, malgré les OGM.
Selon les critères étatiques, le travail est dégradant aussi. Quel manque de politiquement correct tout de même, insinuer qu’il peut y avoir des travaux préférables à d’autres!

Avec toutes les mesures gouvernementales en faveur des chômeurs, des RMIstes, l’incitation à travailler devient réellement extrêmement mince, et depuis 2 ans les agriculteurs ne trouvent donc plus de bras pour ramasser les pommes les poires les abricots etc… Et puis il y a aussi les équipes du ministère de l’emploi (sic) et de la solidarité (re sic): si elles vous prennent avec des ouvriers au « black », hors circuit officiel, vous aurez beau récolter, cela suffira à couvrir vos amendes tout au plus. Voilà donc où est passé l’argent des charges sociales que payent les employeurs: à payer les salaires des empêcheurs de travailler.
Bien sûr la croissance économique pose problème: ceux qui venaient là pour arrondir une fin de mois difficile retrouvent des emplois plus stables, du moins certains, car il y avait beaucoup d’étudiants pour faire ces jobs. Maintenant les volontaires sont rares et préfèrent faire la fête!

Les agriculteurs faisaient déja appel aux espagnols et portugais pour palier au manque de bras, mais voilà que les conditions de travail se sont tellement dégradées qu’ils ne viennent plus. Il faut dire que les pouvoirs publics pleuraient sur le sort des personnes hébergées à peu de frais sur les exploitations: obligées de dormir dans des dortoirs, dans de petites chambres, bref des conditions précaires. Mais il faut le 3 étoile pour tout le monde! Alors héberger les saisonniers est devenu trop cher. Et l’hébergement est laissé à la charge de l’employé, réduisant encore le salaire net. Et du coup limite littéralement la recherche de main-d’oeuvre au plan local, car les saisonniers n’auront pas de coûts de logements.

Puisqu’il y a tout de même des récoltes à faire, des pratiques plus ou moins mafieuses se développent: après avoir rendu le travail illégal, il devient forcément l’objet de pratiques plus ou moins fumeuses. Ainsi de bien étranges agences peuvent vous fournir sans sourciller votre équipe, toute composée de Maghrébins, clandestins ou légaux, on ne sait, pas, mais les exploitants préfèrent ignorer. Seul le prestataire, chef d’équipe est payé. A lui ensuite de verser les salaires. Mystère sur ce que gagnent les travailleurs réellement. Quid aussi des charges que prétend toucher l’état ?

Vous pensez que la haine du travail pousse ainsi les socialistes à l’interdire ? Peut-être, mais ils utilisent des caches-sexe bien plus politiquement défendables. Nos grands rédempteurs, eux qui sont au-dessus de toute polémique ou voyage d’avion payé en liquide, ont décidé rien de moins que de moraliser. Je sais, cela fait sourire. Mais c’est vraiment l’argumentaire employé!

Pourtant au rythme actuel, les saisonniers pourraient bien réellement disparaître… d’autant plus que l’Etat demande la « transparence », pour mieux taxer sans doute ? Et les exploitants réduisent déja les surfaces, devront-ils fermer ?

Faucon contre colombe

Entre libertariens (ou libéraux), nous ne sommes pas vraiment d’accord sur les positions à adopter à la suite des attentats du 11 septembre. Il y a les tenants d’une ligne dure, qui parfois abdiquent toute raison et font valoir que la sauvegarde de l’Occident vaut bien un peu d’étatisme et une bonne guerre, et les colombes qui au cri de «non à l’amalgame » plaident pour une réponseciblée des USA. Je caricature, bien sûr. Je vais donc tenter de vous donner un aperçu du débat animé qui a pris place entre libertartiens sur internet ces dernières semaines. La ligne dure a ses partisans chez nombre de ce que j’appellerais les « émotifs ». En effet, avec le choc de la terreur islamiste, beaucoup en sont venus à tenir des propos extrêmes. Par exemple la Ayn Rand Society demande dans une pétition rien de moins que la soumission immédiate de tout État soupçonné d’accointances avec les terroristes. Sinon? Eh bien sinon «L’Amérique devra infliger un châtiment exemplaire et sans équivoque, le contraire de ce qui a été fait au Viêt-Nam, sur le modèle de Hiroshima et Nagasaki ». En gros, qui s’y frotte s’y pique, si tu me cherches tu me trouves! Et avec rien de moins que le feu nucléaire! Les arguments donnés y sont clairs: l’Occident en tant que civilisation est menacé,la menace doit être éliminée totalement, ses racines éradiquées définitivement.

Au sein des faucons il y a cependant des positions plus mesurées. Conscients de l’impact d’opérations militaires sur les foules musulmanes manipulées, certains reconnaissent qu’il faut éviter d’engendrer de nouvelles « vocations » au suicide (Notez au passage que c’est une reconnaissance tacite des erreurs passées). Ainsi les méthodes aveugles de bombardement à haute altitude, les armes non-conventionnelles, ou encore le missile de croisière qu’on lance en appuyant sur un bouton semblent des réponses hautement inappropriées. D’autant plus que l’efficacité militaire est très limitée, voire nulle, alors que le coût financier est astronomique.

L’envoi de troupes, même en quantités limitées permettrait d’espérer une efficacité réelle des ressources engagées et en même temps d’éviter un carnage de civils opprimés. La finalité poursuivie par ces commandos serait bien évidemment de tuer ou de capturer les terroristes, mais plus largement de faire tomber les régimes ennemis, de faire peser une menace permanente sur les pays susceptibles de complaisance, d’assécher toutes les sources de financement des terroristes…

Sur le fond, les faucons pensent que l’islamisme est un danger suffisamment fort pour légitimer, ou tout au moins rendre supportable, une intervention des États, au-delà même de leurs frontières. L’islamisme interprète le Coran de façon à en faire une doctrine politique complète, visant à contrôler chaque aspect de la vie, enfin, ce qu’il en reste une fois retiré les femmes, les loisirs, et les 5 prières par jour. Il faut donc le dire haut et fort: l’islamisme est un dérivé totalitaire de l’Islam, réclamant la fusion des autorités politiques, culturelles et religieuses. L’économie? Comme pour les femmes, elle devra aussi être recouverte d’un drap.

Même si l’islamisme a pu être alimenté en partie par les stupidités des gouvernements occidentaux telles que le bombardement continu de l’Irak depuis 10 ans, ou par les « ventes » d’armes continues à Israël, c’est oublier un peu vite le Kosovo où une armée musulmane a largement détruit un territoire chrétien (300 monastères classés par l’UNESCO) et l’a vidé de sa population (les Serbes qui vivaient au Kosovo ont été « nettoyés »), avec l’aide militaire massive de l’OTAN. C’est oublier aussi que sans l’intervention de Bush père, puis de Clinton, Arafat ne serait pas président de l’Autorité palestinienne aujourd’hui mais serait encore résident tunisien. Israël occuperait toujours le Sud du Liban. Les talibans, ils ont été financés par la CIA en partie… Et puis l’Arabie Saoudite, où la condition des femmes est en tout point identique à celle des Afghanes, est un « allié » des USA. Alors invoquer les ingérences américaines pour justifier le terrorisme, c’est un peu juste comme explication: en fait les terroristes auraient une mémoire sélective. Et pour cause, le fondement de leur action ne se trouve pas dans une volonté de faire « payer » les États-Unis pour le sort des Palestiniens ou des Irakiens.

Non, expliquent ceux qui défendent la ligne dure, c’est bien parce que l’Occident représente l’antithèse exacte, et réussie, d’un régime islamique, qu’il doit être châtié, avec la plus grande vigueur, la plus extrême des barbaries. Parce que l’Occident est l’incarnation du Mal selon le Coran il doit être réduit à néant.

Voilà à peu près la position des faucons. Maintenant, est-elle conforme à nos idéaux de liberté? La persistance d’un état de guerre, donc d’un État pour la mener, est-elle compatible avec la poursuite de la liberté? C’est là où l’argumentaire des colombes prend toute sa dimension: la guerre contre le terrorisme peut mener à l’extinction de notre civilisation plus sûrement que celle des terroristes contre nous, en nous obligeant à abandonner nos libertés, qui fondent notre civilisation.

S’il faut en croire les faucons, il faut aussi mener une guerre d’un nouveau genre, qui passera par une collecte étendue d’informations et probablement la mise en place de règles de sécurité toujours plus strictes dans nos sociétés. Et c’est là que le bât blesse, disent les colombes. Toute guerre étend la surface des lois, de l’État, des administrations, et réduit d’autant celle de la société civile, de l’économie libre, de la confiance mutuelle. Alors avec une guerre contre un ennemi invisible, insaisissable et géographiquement non localisé, imaginez un peu ce que vont devenir « nos » États. Et imaginez la suspicion permanente, la quasi-paranoïa qu’une guerre sourde, lente, longue introduirait dans nos pays. N’est-ce pas là un danger bien plus grand encore que celui de mourir sous les coups des terroristes? L’abandon de nos valeurs fondatrices au profit d’un État surpuissant aux pouvoirs étendus, pour nous « protéger », n’est-ce pas déjà perdre ce combat des civilisations?

L’ennemi est donc d’abord intérieur, nous le connaissons bien, nous libertariens, par notre acharnement à démonter ses rouages « impersonnels » et son mode de fonctionnement.

À y regarder de plus près, avant même que les combats aient commencé, les États ont déjà mis en place des politiques irresponsables. Ce sont les États qui ont favorisé l’immigration fleuve en Europe par des politiques sociales irresponsables. En France, il y a une communauté de 5 millions de musulmans. Sans lois de regroupement familial, d’aides sociales et de permis de travail, comment ces personnes seraient-elles entrées, mais surtout restées? Résultat, il y a d’aveu même de la police des zones de « non-droit », des milliers partout en France, qui devient un gruyère sécuritaire. À quoi vont servir les RPG-7 (un bazooka anti-char soviétique) retrouvés dans certaines caves lors de descentes massives de forces de polices? Pourquoi y a-t-il des mitraillages de forces de polices à la kalashnikov? D’où proviennent les armes?

Je ne donne pas là des arguments aux faucons, pas plus que je ne pratique l’amalgame honni. Je pointe du doigt une déficience de l’État: malgré l’Omniscience et la Toute Puissance qu’on lui accorde, l’État français n’a pas vu venir les problèmes et ne sait pas comment nous en débarrasser. Si parmi les 5 millions de musulmans il y a des terroristes infiltrés, si dans les mosquées d’Argenteuil on trouve des imams irakiens et des « wahabites » (version saoudienne de l’islamisme), n’est-ce pas là la faute de l’État français? Et quid des imams payés directement par le gouvernement algérien? Je sais bien que l’État français est laïc, et en tant que libertarien, je m’en fiche pas mal, mais n’est-il pas dans ses prétendues missions que de nous protéger?

Concernant ce danger d’amalgame, couramment décrié par tous nos médias bien pensants, les colombes libertariennes répondent qu’il n’existe pas d’acte collectif. Il n’existe que des actes individuels, et exit dès lors la guerre des mondes. Au lieu de condamner d’emblée les pays soupçonnés de terrorisme, il convient de faire une enquête, délimiter les responsabilités, les engagements, les soutiens. Supposons que ben Laden soit effectivement le principal organisateur. Fini le problème du monde occidental agressé par le monde musulman: on sort du schéma collectif abstrait de la guerre de religion, d’un conflit qui nous dépasse, on lui redonne une dimension humaine. Le problème est un homme, la solution devient simple: une chasse à l’homme. Au passage, ajouterons les faucons, faisons tomber le régime des talibans qui nuit aussi bien aux populations soumises à son autorité qu’à nous-mêmes.

Les colombes nous mettent en garde du fait que la guerre est « la santé de l’État » et que celle-ci verra aussi une croissance du Léviathan. Avant même qu’il n’y ait eu riposte à ben Laden, les premières mesures économiques de Bush ont bien illustré cette excellente forme: 15 milliards de dollars sont partis des poches des contribuables, dont ceux qui ne prendront jamais l’avion, pour remplir celles des compagnies aériennes. Et déjà des projets de lois aux USA demandent que les fouilles des avions soient du ressort de l’État fédéral: 28 000 agents, 2 milliards de dollars prévus. Et il y a les « air marshalls », proposition déjà acceptée alors que les pilotes eux-mêmes demandaient à assurer la sécurité. Et c’est si simple de protéger un lieu dont il existe un seul point d’accès: une porte blindée, une arme de poing. La compagnie El Al y arrive depuis 30 ans!

Les budgets militaires? 20 milliards de dollars ont déjà été « débloqués » pour l’opération « Enduring Freedom ». Et nul doute que toutes les agences fédérales vont à leur tour demander des milliards de dollars pour accroître leur efficacité. Ne serait-il pas plus simple d’inverser la proportion entre les ronds de cuir et les agents de terrain à la CIA: 21 200 contre 800? Quant au FBI… avec son programme « Carnivore », espion glouton de l’internet, a-t-il été d’une grande utilité pour déjouer les attentats du 11 septembre? De nombreux articles analysent cette inefficacité des programmes de surveillance élargie: entre la collecte des données et le traitement, il y a en effet un fossé!

Parlons maintenant de la reconnaissance faciale. Voilà encore une belle arnaque: dans les foules la capacité à reconnaître réellement un visage est ridicule. Et les possibilités de se tromper sont par contre énorme, jusqu’à 90% (source: The Register). Vous voulez plus de restrictions de vos libertés encore? Alors en vrac: les agences fédérales pourront lire votre courrier, même encrypté (les hackers aussi, les terroristes aussi); en Angleterre, la carte d’identité va être obligatoire, avec religion et empreintes digitales (et ADN pour les criminels); aux États-Unis, Bush a plaidé pour des tribunaux militaires d’exception pour les terroristes… La liste est longue!

Face à ce débat où il est difficile de trancher entre faucons et colombes – car finalement, il faut bien punir ben Laden, mais il faut aussi nous préserver de l’État – que conclure? Comme beaucoup d’autres, je suis perplexe. En fait, si le but des terroristes est vraiment de faire tomber notre civilisation, alors il faut leur donner tort en ne tombant pas dans le piège d’une guerre totale: tuons les islamistes, ceux qui nous posent problème, mais cessons les interventions ailleurs. Et surtout, ne sombrons pas dans ce piège de l’étatisme pour nous protéger: c’est dans la liberté que s’est épanouie la civilisation occidentale, et il faut la préserver à tout prix.

Vaincre le terrorisme, c’est croire en nos valeurs. Je suis persuadé que les libertariens représentent la forme la plus proche de l’idéal occidental de paix et de liberté, et à ce titre nous devons aussi être les premiers à combattre les terroristes qui méprisent et nient nos valeurs. Il n’en va pas seulement de la vie de milliers de personnes, mais de l’avenir de notre civilisation occidentale. Je propose comme premier acte de guerre de reconstruire les tours du Worlld* Trade Center!

Gros temps pour les libertariens

Un libéral conséquent est toujours en quête de cohérence intellectuelle. Un libertarien ne peut donc pas agir comme une vulgaire parcelle d’Etat, ou un simple fragment de civilisation. Sa richesse est son esprit. Il doit donc l’utiliser en bon propriétaire privé. Dans un article fort intéressant FAUCON OU COLOMBE? UNE GUERRE SUR DEUX FRONTS ( http://www.quebecoislibre.org/010929-9.htm ) Hervé DURAY exprime avec justesse la polarisation qui apparaît à l’intérieur des divers courants de pensée, y compris chez les libertariens. Son analyse relève d’une intéressante casuistique. Nous connaissons les principes généraux: le primat de l’éthique de la liberté, l’individualisme méthodologique, la propriété inviolable de soi, le principe de non-agression et celui de légitime défense. Mais ces principes sont insuffisants à résoudre un cas de conscience comme celui de la riposte aux attentats. Certains libertariens d’obédience randienne, comme l’indique Hervé, sont prêts à coopérer avec l’Etat pour renverser tous les régimes qui subventionnent le terrorisme. Et puis il y aurait les « colombes » prônant une riposte plus proportionnée, visant les agresseurs et les donneurs d’ordre. Le terme « colombe » est d’ailleurs peut-être inadéquat, car face aux agresseurs, rares sont les libertariens qui ne défendraient pas leur droit fondamental d’intégrité physique . Un libertarien pacifiste est une contradiction. Lorsqu’on le gifle, il ne tend pas l’autre joue, en général.

Mais peut-être cette casuistique fait-elle un peu vite l’impasse sur le fait massif que nous vivons dans un monde où le pouvoir politique et l’Etat sont les principales forces qui maintiennent le monde en équilibre…instable. C’est l’équivalent de la pesanteur sur Terre. C’est à cause d’elle que nous tombons dans les précipices, c’est grâce à elle que nous collons au sol et pouvons marcher. Nous savons qu’une société sans Etat serait plus morale, plus efficace, mais lorsque nous devons agir, nous agissons dans un monde étatisé.

Au fait! S’agissant de la lutte contre le terrorisme, devons-nous agir ? Qui sommes-nous? Des politiciens? Non. Nous prônons la liberté individuelle, la propriété privée, la responsabilité. Défendons-nous s’il le faut, jusqu’au bout de la vie, mais comme des individus, pas comme des parcelles de civilisation, des fragments de l’Etat.

Les ennemis sont les agresseurs, y compris l’Etat. En tant que libertarien qui recherche la cohérence je ne me représente pas comme une « colombe » mais comme un résistant. Les questions géopolitiques, stratégiques ne m’émeuvent pas. Ce sont les Etats qui sont les acteurs. Où sont les agresseurs? Comment les combattre en se passant de l’Etat? Comment me protéger en me passant de lui? Tels sont mes problèmes.

Le libertarien n’est ni un politicien, ni un expert en géostratégie. C’est avant tout un être épris d’une éthique. Et s’il désire intervenir dans le débat public, son devoir est, me semble-t-il, de propager et de démontrer rationnellement la supériorité morale, économique et politique d’une société sans Etat, et simultanément la nocivité de l’Etat. Ce travail d’analyse peut être fait en toute sérénité, avec beaucoup de recul sur les événements. Un excellent exemple de cette attitude intellectuelle est le texte de Bertrand LEMENNICIER, « La faillite de l’Etat dans toute son ampleur » (http://www.lemennicier.com/De%20la%20guerre/World%20Trade%20Center.htm).

Lorsqu’une force destructrice des libertés structure le monde (le pouvoir politique), la stratégie de la liberté est de pilonner cette force avec les armes de la raison. Cette stratégie repose sur l’hypothèse que l’esprit humain n’est pas emprisonné dans une culture, un « Zeitgeist », une civilisation, mais qu’il peut décider d’être rationnel, de rechercher la vérité, qu’il peut être convaincu. Même si tous les chefs de tribus et leur intelligensia prétendent le contraire (je pense par exemple à Huntington).

C’est la guerre

Des informations parviennent difficilement. Le nuage de Tchernobyl s’était arrêté à nos frontières. Le terrorisme aussi? La désinformation d’Etat semble s’intensifier. Ce court message peut être lu comme un amendement à mes derniers articles. Comme me le dit Hervé Duray, entre l’Etat et l’agression islamiste, il faut, en situation de survie, préférer l’Etat. Mais pas de chèque en blanc. Les individus peuvent et doivent résister à l’agression et à la désinformation de l’Etat. Toutefois, il sera peut-être nécessaire de coopérer avec lui. Mais pas aveuglément. Surtout quand l’Etat nous ment. Le drame de Toulouse est-il un attentat ? Je commence à le croire. La suite le dira. Pour ma part, je me tiens prêt.

Régression de notre civilisation

La guerre contre le terrorisme, aussi justifiée qu’elle soit, risque d’engendrer une régressionde notre civilisation de la liberté car « justice infinie » c’est aussi « Etat infini ».

Ayons donc pour slogan: « justice ET liberté sans limite » Cette régression prendra l’apparence d’une victoire de la démocratie. Du moins si l’on se fixe comme seul objectif politique l’éradication du fascime islamiste. Et si on lui sacrifie la lutte contre l’atteinte aux droits de la personne humaine en Occident. Car si l’on restreint durablement les libertés et les droits de propriété, si le vol légal de l’impôt s’intensifie, si l’Etat en profite pour accroître son pouvoir et contrôler les individus, alors notre civilisation aura régressé. Et c’est bien ce qui se profile à l’horizon.

Pour libérer des peuples contre l’oppression des talibans, et des islamistes au Soudan ou ailleurs, combat légitime bien-sûr, quelles violations du Droit serons-nous prêts à accepter ? Pour punir et éradiquer le mal, quels maux serons-nous prêts à accepter chez nous ? Quel profit l’Etat va-t-il tirer de cette guerre? On n’ose poser la question. C’est indécent, alors que les victimes crient justice. Et pourtant, on peut compter sur les hommes de l’Etat pour étendre leur pouvoir par tous les moyens. Leur logique inconsciente est implacable: il faut sacrifier quelques libertés « secondaires » pour survivre. Voilà ce qui s’appelle une régression.

On me répondra que nous n’y pouvons rien si nous avons été agressés. Si la démocratie est menacée, il faut répliquer. Logique implacable. Mais, vous ne trouvez pas curieux que les hommes de l’Etat ne parlent jamais du prix à payer par les individus, qui sont les vraies victimes? Cette fusion entre l’Etat et le peuple dure un temps, et pendant ce temps l’Etat accapare le pouvoir et ne le rend plus. Je ne m’étonne donc pas que les politiciens ne parlent pas de la facture que paiera « la civilisation ». Il y a comme une mystification dans l’idée que nos Etats vont nous protéger contre la barbarie. En réalité, aussi sincères qu’ils soient, c’est l’Etat qui sera gagnant, pas la « civilisation », qui elle régressera. On entend déjà parler de «  »nouvel ordre politique mondial », bref d’un Etat mondial « civilisé ». Un sorte de machine à fabriquer des conflits et des guerres nous sera servie pour garantir la paix. Beau temps pour les étatistes. Régression pour la liberté.

Les ruses de l’Histoire, je finis par y croire. L’Etat rationnel, mondial, Idée hégélienne, voilà ce que nos marionnettes politiques nous préparent en se battant pour la démocratie au lieu de se battre pour la liberté. S’ils y comprenaient quelque chose à la liberté ils auraient commencé par la respecter chez nous.

Alors, la guerre contre le terrorisme, oui, mais pas pour qu’advienne une démocratie-sociale mondiale. L’Etat mondial, c’est la guerre. Et je subodore que pour certains il s’agit simplement de préférer une guerre à une autre. Je dis quant à moi que la guerre contre les agresseurs terroristes doit se mener avec le slogan: « justice et liberté sans limite ».

Notre objectif est-il d’aller vers une « civilisation de la liberté » ou d’accomplir « une justice infinie » au prix dun « Etat infini »?

Un monde parfait

Après le budget sérieux et équilibré de Laurent Fabius pour 2002 ( dans le discours tout au moins), le budget de la Sécurité sociale de Elizabeth Guigou apparaît comme encore mieux ficelé : on peut même parlé d’optimiste béat. La majorité de gauche semble nous rejouer Candide de Voltaire avec un fameux tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles alors qu’il n’en est rien… Bien sûr, on pourrait penser qu’avec l’habitude les actes démagogiques de nos dirigeants, démocrates convaincus, ne viennent plus à nous surprendre. Malheureusement, il faut bien reconnaître que les couleuvres sont de plus en plus difficile à avaler même pour les journalistes les plus critiques…

Le ministre de l’économie et des finances nous a ainsi proposé un bon budget, reposant sur une hypothèse de croissance tout à fait réaliste de 2,5% au vue de l’éclatante conjoncture actuelle. C’est d’ailleurs pour cela que tous les instituts de conjoncture revoient leurs prévisions de croissance à la baisse. Comme les dépenses sont bien maîtrisées (même si elles ne font apparemment qu’augmenter sans compter quelques projets minimes non financés : les 35H, les retraites…), on doit piocher dans les caisses des entreprises publiques, la caisse de remboursement de la dettes sociales (mais si le RDS sur la feuille de paie, provisoire bien sûr). C’est donc un bon budget, pour être réélu, certainement pas pour l’avenir du pays mais qui s’en soucie?

Les comptes prévisionnels de la sécurité sociale font beaucoup plus fort. Ils seront excédentaires. Il ne suffit pour cela de prendre une prévision de l’augmentation des dépenses très faibles, non il faut beaucoup d’autres manipulations. Un bon changement de méthode comptable et quelques magouilles est le tour est joué. Si une entreprise s’amusait à ce petit jeu, on pourrait parlé de faux bilans, compte truqués… Mais cela ne suffit pas encore, il faut encore financer une belle usine à gaz dont les coûts explosent : les 35 heures dont le gouvernements peut être fier tellement elles ont crées d’emplois, enfin d’après les chiffres fournis qui sont à n’en pas douté parfaitement le reflet de la réalité. Une nouvelle taxe sur le tabac devrait permettre, pour un tant de sauver encore les apparences. En attendant, on continue de piocher dans les caisses de la sécurité sociale.

Pour Claude Le Pen, professeur d’économie à Dauphine, nous sommes en pleine fiction. La couleuvre est sacrement grosse. La situation est d’ailleurs d’après tous les experts intenables à terme d’autant plus que les allégements de charges coûterons en 2002 plus de 10 milliards d’euros. L’intervention abusive de l’état dans l’économie montre encore son efficacité. Les 35 heures ont peut être crée quelques emplois (beaucoup dans le secteur public), mais elles ont fragilisés les secteurs qui utilisent beaucoup de main d’œuvre (comme le textile) et ce ne sont certainement pas les hausse d’impôts à venir pour les financer qui vont amélioré la situation.

Sans parler du fonds de réserves pour les retraites alimentés par le racket pour l’attribution des fameuses licences UMTS qui flaire bon le fiasco. Deux licences sur Quatre vendues et un développement de la technologie compromis par un prix d’autant plus élévé aux consommateurs sur qui portera au final cet impôt. Le gouvernement aurait mieux fait de privatiser FranceTélécom, au lieu de quoi il a préféré se tirer une balle dans le pied, l’action ayant plongé en bonne partie à cause de l’endettement de la société à cause des licences UMTS. Une stratégie convaincante…

Tout le manège du gouvernement social marxiste n’aura en fait été que de prendre des mesures coercitives pour l’économie et ceux qui font fonctionner le pays par leur travail. C’est la croissance qui crée la richesse et ce n’est certainement pas M Jospin qui la décide mais les entreprises et les acteurs libres de la vie économiques. L’état français est aujourd’hui bien trop importants et est un poids pour la création de richesse dans notre pays et l’élévation du pouvoir d’achat. On prend des mesures contre ce qui fait la richesse et la force de notre pays pour favoriser ceux qui l’empoisonne et profite du système.

La solidarité n’est pas d’exploiter une partie de la population au profit d’un secteur public, ni au profit d’une soi disant classe défavorisée à qui on donnerait tous les droits sans devoirs. C’est la liberté de chacun de savoir s’il désire aider les autres et donner un vrai sens à ce terme galvaudé qu’est la solidarité aujourd’hui. Non le capitalisme n’est pas un Satan, ni une fin en soi, il n’est qu’une conséquence de la liberté qui permet à chacun de s’enrichir par son travail avec une certaine équité (même si elle n’est pas totale), il est normal que certains et plus que d’autres, tout dépend ce que chacun apporte au fonctionnement de la société.

La guerre des collectivistes

« Disons-le: les crimes de violence commis pour des mobiles personnels égoïstes sont historiquement insignifiants par rapport à ceux que l’on a perpétrés ad majorem gloria Dei, par esprit de sacrifice à un drapeau, un chef, une croyance religieuse ou une conviction politique. »

Arthur KOESTLER Les convictions authentiques finissent par apparaître à la suite d’un drame aussi monumental que celui du 11 septembre. Dans le camp libéral le spectre des différences s’élargit, signe d’une incohérence ou d’une richesse, selon le point de vue. Guy Millière nous somme dans son article, A la guerre comme à la guerre (www.les4verites.com), de choisir notre camp avec des arguments très forts mais contaminés par des abstractions collectivistes et un animisme pénible: « L’Amérique est en colère », « l’Amérique est déterminée ». Les individualistes méthodologiques en perdent leur latin. Et puis ce ton de chef de guerre ne sied pas à un intellectuel mais éventuellement à un homme politique. N’est pas Churchill qui veut et même lui était bien plus adroit dans sa rhétorique guerrière. « Tous les foyers d’islamisme fanatique sur la planète devront être réduits », « Tous les régimes qui soutiennent l’islamisme et le terrorisme doivent être renversés », « Et les musulmans modérés, s’ils existent » devront nous aider. Comment compte-il le faire sans mettre le monde à feu et à sang? Diable! Et pendant qu’on y est, instaurons en France une bonne dictature, bien plus efficace pour mener une guerre. Churchill pouvait être remercié à tout moment par une majorité moins belliciste. Gênant tout cela. Je propose à Millière de prendre son fusil d’assaut et de s’engager. Mais qu’il abandonne, en attendant, ce ton grandiloquent, à des années-lumière de la culture libérale.

Par ailleurs mon camp est choisi, c’est celui de la « civilisation occidentale » telle que la conçoit Martin Masse qui écrit dans son édito du Québécois libre ( http://www.quebecoislibre.org/010915-2.htm ): « Ce qu’il faut d’abord c’est revenir aux sources de ce qui fait la grandeur de la civilisation occidentale et combattre la violence collectiviste avec l’arme de la liberté en commençant par chez nous. »

S’il faut se battre contre un ennemi et risquer sa vie pour la liberté, j’espère ne pas être parmi les derniers. S’il faut livrer un combat churchillien, nous le ferons. Mais ne nous trompons pas de combat. Dans la civilisation occidentale, il y a un élément commun avec les fanatiques que nous combattons: le collectivisme. A des degrés différents, je l’admets. Mais tout de même, la guerre que nous annonce Guy Millière est moins une guerre de civilisations, une « culture clash », qu’une guerre entre des Etats, ou contre des Etats, fussent-ils plus « civilisés ». Certes, même si l’Etat est un mal en soi, tous les Etats ne sont pas moralement équivalents comme l’abécédaire libertarien a tendance a nous le faire croire. Ayn Rand, elle-même, écrivait: « Il y a une différence entre un pays qui reconnaît le principe des droits individuels, sans le concrétiser totalement, et un pays qui le nie et s’en moque explicitement. »(La vertu d’égoïsme, Les Belles Lettres, p.172). Toutefois, lire l’histoire des individus au travers de celle des civilisations peut nous conduire à laisser échapper la compréhension du mal qui nous ronge. Ce mal est celui de l’interventionnisme étatique, économique ou géopolitique. Concevoir l’histoire du monde comme celle d’une croisade religieuse nous permettra peut-être de repousser les barbares mais confortera aussi l’Etat contre l’individu. Nous savons bien que à quel point les deux guerres mondiales ont permis à l’Etat d’étendre son pouvoir.

L’échange libre et la force pour tenir en respect les agresseurs, c’est tout ce qu’il nous faudra après cette guerre. Et cette force devra se privatiser le plus possible afin de mettre fin au vol légal de l’impôt. Il faudra renoncer à l’ordre politique mondial, à l’Etat mondial, à la démocratie mondiale. Il ne sera pas difficile de conserver notre supériorité technologique, scientifique, économique, militaire et de la mettre au service de l’individu et de la liberté. Cette supériorité provient de la culture rationaliste occidentale qui ne doit rien aux Etats en tant que tels. Cette supériorité n’a nul besoin des Etats parasites pour se réaliser. Elle est le fruit de l’intelligence et de l’esprit individuels, comme l’exprime d’ailleurs la « déclaration de Bernstein » qui sera distribuée lors de la « Marche pour le capitalisme ».

Ce qui m’échappe chez les tenants d’une guerre de civilisation, c’est qu’ils n’ont pas l’air de s’apercevoir que l’aspect capitaliste et individualiste auquel nous tenons tant est depuis longtemps menacé par ce qui est peut-être la cause principale de la violence anti-occidentale: le mondialisme, l’Etat mondial, l’ONU, toutes ces institutions politiques et donc coercitives qui sont dominées par l’Etat le plus puissant. Le socialisme mondial et l’économie mixte ont depuis longtemps miné notre « civilisation ». Je ne crois pas une seule seconde que c’est la civilisation occidentale qui est visée, c’est le pouvoir politique qui n’est qu’une excroissance de la civilisation occidentale. Lorsque le pouvoir politique impose par la contrainte ses propres valeurs, la violence devient une réponse rationnelle. L’Etat accueille les immigrés de manière irresponsable au lieu de laisser le contrat et la propriété privée réguler l’immigration. Aujourd’hui ceux que l’Etat a accueillis se retournent contre lui et tout ce qui s’y rattache. La guerre de religion que certains voient à l’intérieur de nos frontières n’est qu’un effet d’une série d’actes irresponsables de l’Etat en matière d’immigration et de politique sociale.

Enfin, une pensée qui identifie la civilisation et l’Etat conduit à confondre guerre de civilisation et guerre entre Etats ou contre un Etat. Des innocents, qui n’en ont pas moins approuvé leur Etat lorsqu’il intervenait pour en faire mourir d’autres, ont été victimes de ce qu’il y a de mauvais dans notre civilisation et les autres: le collectivisme, les abstractions collectives, le pouvoir politique.

Paix aux victimes

Vous pouvez écrire à l’ambassade des Etats-Unis à Paris:
Ambassade des Etats-Unis
2 Avenue Gabriel
75008 PARIS
Paix aux victimes Paix aux victimes.

Durban

La conférence de Durban sous l’égide de l’ONU a atteint son objectif. Les gesticulations et les discours autour des réparations de l’esclavagisme et du racisme n’avaient pas d’autre but que de poursuivre le lavage de cerveau visant à propager l’idée que chaque individu est comptable des fautes des autres. Principe clé du collectivisme. Ça y est, la montagne onusienne a accouché d’une souris. Ouf ! Le consensus n’a été obtenu que pour donner raison aux tenants des droits naturels: « Le compromis final «reconnaît que l’esclavage est un crime contre l’Humanité et aurait dû toujours être reconnu comme tel ».  » (AFP 8 sept.) Faire autant de tapage pour s’immiscer dans la philosophie du droit, c’est beau mais cher.

Si la propriété naturelle de soi est implicitement reconnue comme droit intemporel, alors se pose le problème de la cohérence. A peine ce droit est-il proclamé, qu’il est bafoué par les pratiques des Etats et par les conférenciers de Durban. Voici en quelques mots le bilan de la conférence sur la question des « réparation de l’esclavagisme »:

« L’accord sur l’esclavage ne comprend pas d’engagement de « réparations », auquel les Occidentaux étaient opposés, mais invite en termes très généraux la communauté internationale à renforcer l’aide au développement. Sur le point très délicat des « excuses » et de leurs éventuelles conséquences juridiques, le texte reprend mot à mot la formulation déjà acceptée vendredi par les deux parties. Elle évite soigneusement de présenter des excuses en bonne et due forme, se contentant d’un encouragement en ce sens. « Nous sommes très satisfaits. C’est une première historique. Jamais les Africains n’avaient obtenu d’une instance internationale une telle reconnaissance des crimes de l’esclavage » »(AFP)

« La communauté internationale » aide ou n’aide pas au développement, s’excuse ou ne s’excuse pas pour l’esclavagisme passé. Mais c’est qui, « la communauté internationale » ? Ainsi moi je devrais « réparer » pour des crimes que je n’ai pas commis et dont je ne suis pas complice, je devrais m’excuser alors que je ne pratique pas l’esclavagisme ? Ainsi des millions d’innocents sont-ils sommés de reconnaître leur faute, de battre leur coulpe, de payer les torts de leurs ancêtres. Si c’était les individus qui étaient titulaires des droits, une « réparation » ou une « excuse » feraient l’objet d’une action en justice de la part de victimes réelles contre des présumés coupables réels. Ce n’est pas le cas. Ce sont les Etats qui se portent partie civile ou qui assurent leur défense. Moi je n’ai rien à voir avec tout ça. L’esclavage, je le déplore, mais j’ai la conscience en paix. Quant aux aides au développement, il serait grand temps de stopper cette fumisterie. La meilleure aide qui soit est le capitalisme de laissez-faire. La politique n’a jamais fait autre chose qu’appauvrir les nations et enrichir les hommes de l’Etat. Le cas paradigmatique étant justement l’Afrique avec ses dictatures « populaires » et ses républiques bananières.

Il est assez clair que la politisation du droit et de l’histoire conduit à admettre que les individus sont la propriété de l’Etat. Et la fiction démocratique permet aux hommes de l’Etat de faire croire que chaque individu est codécideur donc coresponsable des actes que d’autres commettent. Mais réclamez le droit d’ignorer l’Etat, et vous vous apercevrez que vous êtes dans l’obligation de participer à cette fiction d’un peuple ayant une volonté propre. Alors je dis que nous sommes tous les esclaves des hommes de l’Etat, des esclaves parfois consentants, parfois non, mais esclaves tout de même.

Un homme libre ne rend de comptes que pour ses propres actes, pas pour ceux de ses ancêtres ou des hommes de l’Etat. Christian Michel a sûrement raison lorsqu’il écrit que voter c’est signer un chèque en blanc, que c’est déjà se faire le complice des hommes de l’Etat (pourquoi je ne suis pas démocrate , www.liberalia.com). Même sans entrer dans ce débat, nous devons nous inquiéter de cette montée en puissance du collectivisme international. Derrière les réclamations des Etats au nom de la justice se profile la mise en esclavage des nations et des individus par l’Etat mondial, le tout sur fond de haine de l’Occident, de haine de soi (des Occidentaux) et d’envie, « cette passion antisociale et nocive entre toutes » selon J.Suart Mill.

Chronique d’une république ordinaire

Des millions d’individus ont été mis en fiches par l’Etat français pendant la IIIe République. Cette nouvelle bombe va, sans nul doute, nous réserver un plaisant exercice de casuistique pour sauver LA République. En attendant les faits sont accablants. La novlangue politique commence à se désintégrer. S’il est un mérite incontestable qu’il faut reconnaître au philosophe Karl POPPER c’est son insistance très argumentée sur l’inanité des disputes quant à l’essence des mots (cf. La quête inachevée, chap VI, Mon premier échec philosophique: le problème de l’essentialisme). On en a une illustration nouvelle avec le scandale de la mise en fiches de millions d’individus par la République française. Dans le Figaro du 7 septembre (Larépublique des fiches) nous apprenons ainsi que « La IIIe République n’a pas seulement été celle des professeurs, comme nous l’enseigne l’historiographie officielle, mais aussi celle des flics. Ce régime, qui n’a cessé de mettre en avant les droits inaliénables de la liberté individuelle, est aussi celui qui a mis en fiches 5 millions de Français et 2 millions d’étrangers, soit un habitant sur six dans un pays qui en comptait 40 millions à la veille de la Seconde Guerre mondiale. »( cf. le livre de Pierre-Jean Deschodt et François Huguenin, La République xénophobe).
Appelons donc cela une république si vous voulez, mais, une république au service des intérêts du pouvoir politique, est-ce bien cela que l’on entend par « république » ? En fait la « république » est une auberge espagnole, elle a la signification que l’on veut bien lui donner; ajoutez y l’adjectif « socialiste » et vous obtenez une tyrannie sanglante, faites la suivre de « française » et vous avez le règne de l’Etat hédoniste et le meilleur exemple du « brassage à vide » de la redistribution sous prétexte de « justice sociale » (Anthony de Jasay, L’Etat, éd les Belles Lettres, coll Laissez-faire, pp 340-364). L’essence de la « république » ne nous est pas d’un grand secours lorsque son Idée, tombant du ciel de Platon, se défigure en passant à travers le prisme de la réalité.

Cette mise en fiches des résidents de France n’est même pas le produit d’une dérive droitière et sécuritaire due à un gouvernement de gauche, comme le réflexe médiatiquement conditionné nous y convie. « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, lit-on dans le Figaro, les plus acharnés n’ont pas été les gouvernements de droite, mais bien la gauche, qui a été au pouvoir pendant dix-sept ans au cours de cette période. Ce sont Edouard Herriot, Albert Sarraut, Camille Chautemps, membres éminents du radicalisme, et le socialiste Max Dormoy qui ont fait voter les lois les plus dures à l’encontre des étrangers, qui ont fait prendre les circulaires les plus discriminatoires visant à contrôler les flux migratoires, qui ont mis en place la carte d’identité, la loi des suspects, les camps pour réfugiés, bref ce que nos auteurs appellent la «matrice» du discours et de la pratique vichyste. Même le Front populaire, malgré quelques timides mesures humanitaires et en dépit de professions de foi préélectorales, a contribué à aggraver le sort des étrangers. »
Il semblerait donc qu’un accident de l’histoire ait quelque peu déformé la belle Idée de la République. Et cet accident pourrait bien être le jacobinisme dont on sait qu’il n’est plus ni de droite, ni de gauche. « Au nom d’une idéologie jacobine qui privilégie l’adhésion totale des individus au modèle républicain français, on a fermé la porte aux juifs allemands et aux réfugiés espagnols de la guerre civile, les renvoyant dans les camps nazis ou les geôles franquistes. Et on finit même par «dénationaliser» ceux qui ont reçu la citoyenneté française! » (Le Figaro).

Alors au moment où débute la campagne des Présidentielles c’est une bonne partie de rigolade qui nous attend avec pour règle du jeu: variations à l’infini sur le thème de la « république ». Le mot est à la mode mais cette mauvaise nouvelle des fiches pourrait bien ternir son image comme le souligne l’article du Figaro. « A l’heure où certains candidats à la présidentielle choisissent la posture républicaine, il est permis de s’interroger sur le contenu que ces derniers donnent à cette République. Sans doute à la lecture de ce livre seront-ils tentés de répondre qu’il y a deux IIIe République – comme jadis on parlait de deux Révolution (avant et après la Terreur) -, celle d’avant 1914 et celle qui serait née de la Première Guerre mondiale? »

Quel que soit le régime politique que l’on a, l’ennemi de l’individu est en soi le pouvoir politique et l’Etat (cf Liberalisme de Pascal Salin, dernier chapitre). Certains, comme les libéraux conséquents, l’ont bien compris. La « chose publique » c’est la liberté individuelle, le règne du Droit c’est-à-dire de l’absence d’agression. C’est « ma » conception de la république. Mais mieux vaut se passer de ce concept abstrait de nature collectiviste. Il a fait vendre, mais on peut espérer que ces récentes nouvelles sur la « république réelle » rendront la vente un peu plus difficile.