Les z’artistes

Hier soir j’ai diné chez une amie, « artiste » plurielle.
Nous étions une vingtaine de personnes, une grande majorité évoluant dans les milieux culturels et artistiques. Très sympa, je me suis bien marrée !
Alors que nous étions en plein trip massages, un homme a commencé à fixer mes mains, disant, « oh.. je me vois bien filmer ça en gros plan, c’est beau ».. Les filles sont elles aussi parties dans leur délire : « c’est hyper artistique le massage »… « on devrait faire un spectacle danse-contact… »
Je riais toute seule : grâce à quelques coups de mains bien sentis, je devenais moi aussi une artiste, et j’étais presque invitée aux répétitions en vue d’une représentation « massage » !!
Si une telle représentation était donnée, je sais que le théâtre nous serait prété par la mairie ; ce soir là, j’aurais surement droit à un cachet z’intermittent, et j’entrerais dans la confrérie « arts et culture », quelle aubaine !

Nenni, fidèle à moi-même, je continuerais à masser pour le plaisir et pour faire plaisir, être doué de ses 10 doigts ne confère aucun statut particulier à mes yeux.

Il était toutefois intéressant de voir – de vivre – ce que j’appelle (scusez pour la vulgarité du terme) « la branlette intellectuelle » ;)

Les joies de l’harmonie

Les gouvernements aiment réguler/standardiser/harmoniser/réglementer/normaliser. Ceux d’Europe en particulier.
C’est pour notre bien, soyez en certains. J’évoquais il y a quelques temps la mesure du pénis européen moyen par l’Union Européenne.
Dans la discussion subséquente, el stalidio arguait que La norme est une référence, tu ne réfléchis plus, tu l’appliques, et tu es certain de ne pas te tromper » et que: in fine elle permet la réduction des coûts.

Steven Den Beste nous en fournit un très bon exemple (en anglais): Pourquoi CDMA est supérieur au GSM. L’un a été consacré par le marché libre, l’autre décrété norme par les Etats européens.

In fine, ça n’a réduit aucun coût de choisir le GSM. Et pour ce qui est de se tromper, quand on ne réfléchit plus, c’est un peu logique, non ?

Au hasard…

Dans Le Monde: « Un rapport préconise 140 pistes de réforme pour sortir la psychiatrie de la crise ». Question à plusieurs millions d’euros: combien nécessitent une augmentation du budget ?
Je note au passage le sous-titre: « Ce document, remis à M. Mattei, rappelle que 15 % de la population souffre de troubles mentaux. » Il faut comprendre que c’est un problème de santé publique, que tout le monde est concerné, par conséquent vous aussi donc vous n’aurez pas le choix.
Je note d’ailleurs: « elle a subi une baisse importante de moyens depuis vingt ans ». Puis plus loin: « INÉGALITÉ D’ACCÈS AUX SOINS« . La salade habituelle.

Je vous épargne le commentaire de l’article entier, mais pas l’encadré qui accompagnait l’article: « Vers une réglementation des psychothérapies« .

Un problème collectif qu’il faut résoudre par plus de moyens et de réglementations. Oh quelle suprise.

Le libéralisme tue l’agriculture

Il se trouve que je vis dans ce qui est sans doute l’un des pays les plus protectionnistes de la planète en matière d’agriculture, et j’ai toujours été étonné de me retrouver souvent avec des produits néo-zélandais dans mon frigo, car les moins chers. J’ai donc été d’autant plus étonné d’apprendre, via Liberté, cette info incroyable, hallucinante, contraire à toute bonne logique socialiste, concernant l’agriculture néo-zélandaise laquelle,horreur du libéralisme, fonctionnerait sans subventions. Mon incrédulité me pousse à vérifier. Après tout, qui sait, ça vient d’un vilain blog ultra-libéral, qui certainement est payé par l’OMC pour inventer ce genre de mensonges visant à tous nous faire mourir de faim, donc on n’est jamais trop prudent, avec ces gens là.

Tout d’abord, le texte que Vincent Bénard cite:
« Prés de 40% des revenus agricoles provenaient de ces subventions au début des années 80. En 1984, le gouvernement (travailliste) a annoncé la fin des politiques d’assistanat. Du jour au lendemain les subventions ont été supprimées et les aides publiques représentent aujourd?hui moins de 1% des revenus de agriculteurs de ce pays. « 

Diantre ! Autant dire que l’économie agricole s’est écroulée. Les paysans se sont tous retrouvés à la rue, sans emploi, à mourir de faim. La concurrence étrangère a été terrible: après tout, un paysan suisse, par exemple, subventionné à 70%, devrait logiquement pouvoir vendre 70% moins cher, et donc, selon toute logique, le paysan suisse devrait vendre et le paysan néo-zélandais faire faillite. Sisi, vérifiez, les données parlent d’elle-mêmes (voir Office Fédéral de la Statistique.)

Eh bien non !

« Ce pays de 4 millions d’habitants assure 75% du commerce mondial de viande d’agneau et 31% des ventes internationales de produits laitiers. » (libres.org)

IMPOSSIBLE ! Et d’ailleurs, les paysans néo-zélandais doivent encore être en train
de se révolter.

« La plupart des agriculteurs affirment que l’absence de subventions les a rendus plus efficaces, plus axés sur le marché et plus heureux. « 
(Farm Centre)

«La vie après les subventions est meilleure que la vie lorsque l’agriculture dépendait des subventions de l’État », a fait remarquer le principal groupe agricole du pays, Federated Farmers of New Zealand, dans le cadre d’une étude récente intitulée Life After Subsidies »
(Farm Centre)

Bon ok, je veux bien. Admettons que les paysans ont tout de même réussi à survivre.
Mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ont du survivre en détruisant tout, sur le court-terme, grâce à l’irrespect total de l’environment. Fini le développement durable. Fini l’écologie. Fini le long terme. Ben oui, c’est bien toutes ces bonnes valeurs de gauche qui sont menacées par le libre-marché-libre-échange non ?

« Bien que l’étude concède que la perte des subventions a été très difficile pour bien des agriculteurs à court terme, elle mentionne de nombreux avantages à long terme, soit une productivité fortement accrue, de bons profits à la ferme, un secteur agroalimentaire «plus professionnel et innovateur », une part accrue du PIB pour le secteur agricole et des fermes plus écologiques. »
(Farm Centre)

Mais, José Bové m’aurait-il menti ? Non, je suis sûr que les braves paysans néo-zélandais ont combattu ce libéralisme sauvage, et exigé au moins que leur gouvernement l’encadre, le limite!

« Et encore les paysans se plaignent-ils de la trop grande timidité du gouvernement qui a mis trop de temps à diminuer les barrières douanières, ce qui fait que les agriculteurs ont acheté trop cher les produits et matériels
dont ils avaient besoin. »

(libres.org)

Mouais mouais mouais. Mais bon, l’agriculture a certainement tout de même diminué en importance, une part importante des fermes ont certainement fait faillite, et l’agriculture néo-zélandaise est désormais en voie de disparititon.

« l’économie agricole a enregistré un taux de croissance de 4% au cours de la dernière décennie, comparativement à seulement 1% pour le reste de l’économie néo-zélandaise. « 
(La Voie Agricole)

Décidément, dur dur la vie pour les gauchistes. On dirait presque que la réalité est contre eux. Elle aussi elle a dû se faire payer par l’OMC. Mais au cas où même ce petit contact avec la réalité ne suffirait pas à guérir les protectionnistes-socialistes, je recommande le bon vieux traitement de choc Bastiat.

Gouvernator

Extrait de mon blog, quelques contre-réactions sur le succès probable d’Arnold Schwarzenegger aux prochaines élections au poste de gouverneur de Californie, après la campagne de dénigrement méprisant lancée en France à l’encontre de ce phénomène… Confrontés à l’ascension du Gubernator, de nombreux esprits étatistes (y compris la otalité de mass media français) présentent le phénomène avec le plus grand mépris, comme une corruption du processus démocratique. Selon eux, une telle candidature transformerait en un « spectacle de bas étage », ce qui devrait être l’affaire de « politiciens professionnels », personnes expérimentées qui ont dédié leur vie entière au « bien public », etc. Ils voient dans le succès d’Arnold une mauvaise blague, une erreur populiste vulgaire (ils sont en pratique très élitistes malgré leur égalitarisme officiel), ils y voient hérésie et trahison des institutions républicaines retournées contre leur propre objet (lequel objet les intellectuels étatistes se réservent le droit de définir et le devoir de garder).

C’est exactement ce qui se passait au Moyen-âge, quand les prêtres tentaient de monopoliser l’art avec leur art sacré, et dénigraient les populaires arts profanes, cherchant à les faire interdire ou autrement à limiter leur popularité dès qu’ils le pouvaient. En fait, les intellectuels étatistes ne sont que les clercs de cette religion officielle moderne qu’est l’étatisme totalitaire: payés directement ou indirectement avec l’argent des impôts, pour justifier et étendre indéfiniment l’impôt et les privilèges établis dans les esprits du public, en retirant systématiquement toutes ressources à quiconque remettrait en question ces impôts et privilèges et chercherait à les abolir.

Seulement, bien sûr que la politique est un spectacle. Chirac et Jospin, Clinton et les autres vedettes de la politique ne sont pas moins des comédiens que Schwarzy. La seule différence, est que jusqu’à présent, Schwarzy n’était pas payé aux frais du contribuable, et a eu un rôle majeur dans de nombreux spectacles auquel le public (moi y compris) a volontairement assisté qui en a retiré une franche joie, sans avoir été contraint. Ces spectacles ont apporté une gaité sincère, en cultivant des valeurs positives, d’action individuelle opiniâtre face à une opposition écrasante. De plus, la richesse et gloire acquises par une activité indépendante rendent quelqu’un moins enclin à la corruption et l’avilissement face aux groupes d’intérêts qu’un politicien en laisse, sans parler de la double plus bienpensance bête et méchante de ces derniers (Oui, c’est la une vieille antienne aristocratique, mais elle est ici appliquée à une aristocratie naturelle de titres individuels gagnés de haut vol sur le libre marché, et non à une aristocratie héréditaire de titres hérités d’un ancêtre lointain et imposés par privilège politique). Peu d’autres politiciens peuvent en dire autant (peut-être Ronald Reagan and Jesse Ventura le pourraient-ils, pour ce qu’ils valent).

Au contraire, les politiciens professionnels sont des démagogues moroses, qui ont vécus toute leur vie aux frais de la princesse; des menteurs professionnels qui cultivent la haine, la peur, la jalouise, l’antialtruisme collectif, et autres valeurs négatives; ils sont des cabotins prêts à tout pour des financements politiques, des appuis corporatifs, et toute forme de popularité; il n’y a aucune forme de sincérité dans leurs spectacles politiques; ils ne sont jamais parvenus à inspirer la moindre joie dans le public, et rivalisent à qui seront le moins pire des choix dans la continuation de leurs exactions. Et c’est précisément pour toutes ces raisons que les intellectuels étatistes les adorent. Ils sont issus de la même classe de parasites professionnels qui vivent en répandant la bêtise auprès du public pour faire en sorte que les gens acceptent leur oppression. Ils sont solidaires face à la concurrence des forces qui émergent encore et toujours du libre marché qu’ils parasitent; ils ne peuvent pas arrêter ces forces d’apparaître à moins de détruire cette proie même dont ils se nourrissent, alors ils essaient plutôt de corrompre et d’assimiler ces forces dans leur propre corps de parasites, et d’isoler, censurer, contenir, juguler et éliminer toute force qui persisterait dans ses exigences d’abolir les privilèges et ne se laisserait pas acheter pas un nouveau privilège ad-hoc. Heureusement pour eux, en France, le protectionnisme politique protège les partis établis de l’émergence de concurrents tels que Schwarzy; cela permet aux commissaires politiques professionnels de se complaire dans le ressassement de leur pseudo-idéologie vide de sens sans que la première vedette venue vienne révéler la vacuité de leur propagande en la balayant par un succès électoral facile avec un discours dont la vacuité n’est pas celée par une logorrhée hermétique.

Peut-être la seule démocratie où l’apparence s’appuie sur des faits est Israël, un petit état en état de guerre perpétuel, où l’urgence rend la quête de privilèges secondaire par rapport à la sauvegarde de sa propre existence; et même là (ou là tout particulièrement), les résultats de la démocratie sont évidemment peu brillants — quoique tout aussi évidemment bien meilleurs que ceux de ses ennemis dictatoriaux. En parlant de dictatures, elles seules semblent éviter cette surenchère continuelle de savoir faire en spectacle politique démagogique; mais c’est seulement parce qu’il n’y a pas de concurrence à leur propre propagande politique omniprésente, qui reste donc peu subtile, grossière, primitive et inefficace dans son usage excessif de ressources comme dans son pouvoir limité de conviction — comparé aux moyens modernes de séduction employés dans la politique démocratique occidentale.

Les gauchistes s’élèvent contre la société du spectacle (dont ils font partie!), insufflant la haine à l’encontre des marques multinationales, des artistes impliqués politiquement s’ils ne sont pas gauchistes (comme Bertrand Cantat), etc. Mais le spectacle n’est pas le problème, il n’est qu’une partie de la solution; comme toute personne qui n’est pas économiquement illettrée vous le dira, le spectaculaire résout le problème de l’ignorance rationnelle, en signalant que son auteur s’investit vraiment et s’engage durablement pour des transaction mutuellement bénéfique indéfiniment renouvelées. Le vrai problème est celui de tout pouvoir politique, qu’il soit « démocratique » ou pas: le pouvoir politique (pouvoir sur les hommes) est une usurpation des libertés civiles; et ceci s’applique à tous, mêmes à ceux pouvant se réclamer d’une aristocratie naturelle, dès qu’ils cherchent à acquérir un pouvoir politique, artificiel, fût-ce au travers d’institutions ayant un semblant de légitimité comme les institutions démocratiques en ont aujourd’hui. Bon, assez de divagations pour aujourd’hui, retour au boulot.

Guy SORMAN

Boutin la chrétienne socialiste ressort le «dividende universel»
La député des Yvelines propose un revenu minimum d’existence. Certains libéraux trop pragmatiques ont ouvert la voie à cette ânerie. La député des Yvelines propose un revenu minimum d’existence. Or il faut s’en souvenir: l’incontournable éminence grise du gouvernement, GUY SORMAN, a consacré un chapitre intitulé « le revenu minimum universel » dans sa nouvelle solution libérale (Fayard,1998)où il reprend texto l’idée fridmanienne de l’impôt négatif et conclut: « En s’appropriant l' »impôt négatif » et en l’appelant Revenu minimum universel, une droite libérale reprendrait donc l’avantage sur les socialistes dans le débat puis dans les faits ».

Dans ce livre il faut noter que Sorman prétend que les mythes sont le biais par lequel le socialime prend racine, la droite doit donc faire pareil en utilisant ces mythes pour introduire subrepticement le libéralisme. Le problème est qu’une fois que l’idée du RMU est lancée il s’en trouve toujours même à droite pour faire de la surenchère socialiste. Sorman est trop subtil pour l’analphabète économique Boutin, ça il aurait dû le comprendre!!

SORMAN a repris cette idée du RMU chez Milon Friedman, économiste libéral très renommé. J’ai retrouvé une référence dans capitalisme et liberté (1962)où il proposait le système dit de « l’impôt négatif » qui permettrait de « fixer un plancher au-dessous duquel aucun revenu ne pourrait tomber ». Cette idée d’un « revenu minimum universel » est inséparable du système de l’impôt négatif mais je suis presque certain que cette idée a évolué chez Friedman (je n’ai plus les références): il a prôné le RMU bien entendu pour simplifier voire supprimer les autres systèmes d’assistance mais en le séparant du système de l’impôt négatif. On sait comme chez ces libéraux-là l’empirisme peut conduire à revoir sa copie au fil du temps.
Cette idée a été reprise ensuite par d’autres théoriciens qui pensent dans les problématiques et avec le jargon de Rawls, Habermas…Il est évident que cette dérive de l’idée friedmanienne vers le RMU sans la condition d’un allègement simultané du système d’assistance est ce qui va distinguer les RMUstes friedmaniens (s’il en existe encore) et les crypto-socialistes. la Boutin elle a simplement pris de l’avance.

Une autre bêtise à la mode qui ne manquera pas d’être mise sur le marché politique:

Voici du SORMAN nouvelle vague! Est-ce encore un libéral? Faudrait peut-être ajouter « social », terminologie parfaitement adaptée au milieu dans lequel il semble vouloir désormais évoluer en tant que (mauvais) conseiller du Prince:

« Il serait également envisageable d’augmenter ces fonds en affectant des prélèvements nouveaux à l’aide au quatrième âge: par exemple, grâce à une taxation sur l’héritage plus lourde que celle qui existe actuellement. » (La nouvelle solution libérale, Fayard, 1998)

lire aussi ce texte de Rothbard sur ce type d’idée:
Rothbard sur le revenu d’existence

L’Etat omniscient

Il ne se passe pas un mois sans une catastrophe, qu’aussitôt un ministre se propose d’amplifier par un gros chèque pleins de zéros. Comment cela peut-il se produire, alors que l’Etat est censé tout savoir, tout prévoir, et donc tout anticiper ? N’était-ce pas le marché qui avait courte vue et l’Etat qui voyait au-delà du profit immédiat ?
Diantre, on m’aurait menti ?! Cet été, la canicule a tué 14802 personnes en France. Quatorze mille huit cent deux. Avec un rythme annuel de 600 soldats Américains tués en Irak par an, il faudrait juste 24 ans et 1/2 pour égaliser ce total.
Réaction immédiate du ministre en cause: blâmer les autres, en l’occurence les socialistes, responsables des 35 heures. Ensuite dépenser le maximum d’argent non disponible (mais qu’à cela ne tienne, on augmentera les impôts subrepticement), et le refiler aux administrations défaillantes. Vous avez été en dessous de tout, pas grave, voilà de quoi faire pire la prochaine fois.

Tout cela, vous le saviez déjà. Je veux juste mettre l’accent sur un phénomène particulièrement agaçant: l’un des reproches faits aux libéraux, à ces tenants du tout marché, est qu’ils négligeraient le « long terme », tellement obsédés par l’argent (en fait c’est la projection de leurs propres émotions qui fait tenir ce discours aux socialistes) qu’ils en oublieraient de stocker le grain pour l’hiver, ou mieux de garder des semences pour l’an prochain.

Ceci est faux, archi-faux. Les paysans n’ont pas besoin qu’on leur rappelle qu’il faut semer pour récolter, sauf après 70 années de communisme. De même que les entreprises privées mènent des études démographiques (marketing) pour anticiper les changements de mode de consommation de leurs produits, et investissent souvent à long, voire très long terme. Pensez aux médicaments. Pensez aux usines d’avions, ou même de voiture. Quand bien même certains besoins ne seraient pas pris en compte que le jeu du marché permettrait à de nouveaux entrepreneurs de les satisfaire: sur un marché « tendu » avec peu d’offre les prix auraient tendance à monter. Et donc de rendre profitables de nouveaux entrants, ou d’inciter les autres à produire plus.

Dans le même temps, que fait un Etat ? L’Etat fixe les prix sur un marché donné. Les infirmières touchent xx euros à l’acte, un docteur pareil. Faites des heures sups et vous devrez rembourser la Sécurité Sociale. Exit donc l’adaptation de l’offre à la demande avec le personnel actuel. Sauf que former un docteur prend 10 ans. Former une infirmière 5 ans. C’est un peu long quand il y a une canicule.

Cependant, utiliser ainsi le vocable « Etat » cache une réalité toute autre: ce sont des hommes de l’Etat qui prennent des décisions. Quels sont les critères ? On connaît les critères de décision des entreprises privées: une action est-elle profitable, oui ou non. Cela ne se réduit pas à la profitabilité immédiate: l’action est prise dans son ensemble, ce qui est jugé ce sont des projets entiers souvent, voire des orientations de recherche & développement etc.

Pour un politicien, les critères sont différents: il ne recherche pas le profit de l’Etat stricto sensu. Il a un autre objectif, à court terme: il doit se faire réélire. Pour cela il doit prendre des décisions. Les plus visibles, les plus marquantes médiatiquement. Il ne parle pas à l’intellect, à la raison. Il fait appel aux émotions. Dépenser beaucoup d’argent dans un projet qui a déjà montré qu’il a lamentablement échoué dans les plus grandes largeurs, au point de tuer 14.802 personnes, plus que les suicides (12.000 par an), deux fois plus que les accidents de la route (rebaptisés d’ailleurs « violence routière »), voilà une décision marquante.
Médiatiquement elle est saluée comme il se doit: « un grand plan d’urgence pour les urgences ».

Le profit étatique sera dans l’accroissement des budgets, du pouvoir sur les autres, les cochons de payeur. Le profit sera dans la mise en place d’un observatoire de la commission interministérielle d’intermédiation de la coordination du groupe commun de réflexion sur [insérez ici un vrai ou faux problème], dont la présidence sera donnée à un ami d’un ami qui a rendu service une fois. Cet ami donnera lui-même des études à des amis de ses amis, études monnayées quelques milliers d’euros la page pour du copier/coller d’un texte récupéré sur l’Internet. Par exemple.

Où est là-dedans la prévision à long terme ? Ainsi les hommes de l’Etat mettent en place des plans d’urgence successifs, qui seront remplacés plus tard par d’autres plans, dont la seule mesure visible sera une somme de plusieurs milliards d’euros. Un jour pour les universités, demain pour la justice, après demain l’éducation, la santé, l’écologie, l’énergie, les voitures, la pollution, la sécurité alimentaire, les aides à telle profession, la banque, le rhume des foins ou la lubie ou problème réel du jour.

Les hommes de l’Etat sont totalement aveugles car ils n’ont pas ces problèmes de survie que posent le marché, c’est à dire les consommateurs souverains. Ils puisent dans nos poches, et voguent de catastrophe en catastrophe. Ils donnent des leçons tout en s’absolvant de toute responsabilité. Ils sont responsables mais non coupables, selon les mots désormais célèbres de Georgina Dufoix, repris récemment par Alain Juppé. Toutes les critiques dont ils accablent le marché, ils les méritent.

Combien d’années encore cette mascarade va-t-elle durer ? Combien de morts, de vies gâchées, d’opportunités manquées, devra-t-on encore supporter ? L’Etat aveule est-il préférable à un marché imparfait (qui prétendrait que la liberté engendre la perfection ou l’optimalité comme je l’ai lu dans un commentaire idiot ?) ? Attendrez vous d’être en maison de retraite un été un peu chaud pour vous poser la question ? Merci à Zek qui m’a donné un bien involontaire coup de fouet. La lecture de son blog est, ces derniers temps, proprement jubilatoire. Cet article n’est qu’un vague ricochet de l’énergie qu’il insère dans ses articles. Zek, tu CARTONNES!

Une aparté sur le système de prix: les prix sont des transmetteurs d’informations. Oui, ils transmettent une SOMME d’information. Au final on prend des décisions en vertu de ce prix. Produire ou non, par exemple, comme je le soulignais pour les docteurs et infirmières qui ne veulent pas faire d’heures sups. Casser le système de prix c’est se résoudre à avancer à l’aveugle, à ne jamais savoir ce qu’il faut faire, et à empêcher les personnes qui osent entreprendre ce qu’elles ont comme projets.

Films français

L’ARGENT FAIT LE BONHEUR

Rien que le résumé et les photos, on sait déjà que ça sera un film
franco-chiant…

Celui-là aussi il a l’air gratiné… :
CECI EST MON CORPS

Ca s’appelle l’exception culturelle.

Le grand rêve des Français

Voilà ce qu’on trouve chez les marchands de journaux, entre les magazines de « charme », de gastronomie, de vacances etc. :

Devenir Fonctionnaire « Tout ce qu’il faut savoir pour devenir fonctionnaire« , publié par les éditions d’Alleray
Fonctionnaire Magazine « Toutes les clés pour devenir fonctionnaire » publié par le groupe Entreprendre du pseudo-libéral et super-opportuniste Robert Laffont (La Une etc.)
Fonction Publique Magazine (voir aussi: Fonction Publique Magazine)
Profession Fonctionnaire publié par le groupe Rebondir (voir aussi: Profession fonctionnaire
Fonctions Publiques publiée par Publia
Carrières Publiques

Voir également le site La Fonction publique.com

Et pour la question « comment rester fonctionnaire », pas besoin de magazine car une fois que l’on y est – dans la « fonction publique » – il y a une formation permanente qui est assurée par les syndicats… (il y a quand même aussi des livres pour être sûr que tout le monde comprenne bien : exemple guide de vos droits de fonctionnaire par la CFDT)

mise à jour: voici un énième site sur le sujet: concours fonction publique

Mise à jour: Lire le second volet: Le Grand Rêve des Français II

Les politiciens sont droits et honnêtes

Après Sa Majesté le Président de la République (au-dessus de la justice du commun des mortels), c’est au tour du Président de l’UMP d’avoir quelques menus ennuis avec la justice. Selon le Monde,  » l’ancien premier ministre ne devrait pas assister à l’intégralité des audiences et plaider que les pratiques contestées – la prise en charge des salaires de permanents du parti par des entreprises et par la Ville de Paris – relèvent du passé. » Rélèvent du passé ! Autrement dit, Alain Juppé est accusé de détournement d’argent, et il ne nie même pas les faits !« Se disant « responsable, -mais- coupable sûrement pas », il déclarait le même jour au Monde n’être « concerné que par une partie des faits » » Il admet donc bel et bien une partie de ce qui lui est reproché ! Que les hommes de l’Etat soient des voleurs par définition face au Droit Naturel, on le savait déjà, mais que désormais ils l’admettent ouvertement, comme si de rien n’était, et qu’ils soient voleurs même face à la loi, et que malgré cela ils se fassent élire comme président de la République ou puissent rester président du parti du président de la République, voilà qui démontre bien où en est la politique française.