Le baccalauréat

A un moment où des élèves « ont peur » de ce qu’ils dénomment la suppression du baccalauréat, remettons ce dernier en perspective à la lumière d’un écrit de Frédéric Bastiat de la fin de la décennie 1840 – qui, vous le remarquerez, est d’un style qui n’est pas sans annoncer celui, tant vanté… d’un certain écrit d’Emile Zola -:

« Oui, j’accuse le Baccalauréat de préparer, comme à plaisir, toute la jeunesse française aux utopies socialistes, aux expérimentations sociales.
Et c’est là sans doute la raison d’un phénomène fort étrange, je veux parler de l’impuissance que manifestent à réfuter le socialisme ceux-là mêmes qui s’en croient menacés.
Hommes de la bourgeoisie, propriétaires, capitalistes, les systèmes de Saint-Simon, de Fourier, de Louis Blanc, de Leroux, de Proudhon ne sont, après tout, que des doctrines. Elles sont fausses, dites-vous. Pourquoi ne les réfutez-vous pas?
Parce que vous avez bu à la même coupe: parce que la fréquentation des anciens, parce que votre engouement de convention pour tout ce qui est Grec ou Romain vous ont inoculé le socialisme. »

En définitive, avec ce texte, Frédéric Bastiat prédisait avec exactitude l’avenir de France. Dans ce domaine de l’enseignement comme dans celui de la protection sociale, il a été clairvoyant.

En voici quelques morceaux choisis …
« L’État, ou pour mieux dire le parti, la faction, la secte, l’homme qui s’empare momentanément, et même très légalement, de l’influence gouvernementale, peut donner à l’enseignement la direction qui lui plaît, et façonner à son gré toutes les intelligences par le seul mécanisme des grades.
Donnez à un homme la collation des grades, et, tout en vous laissant libres d’enseigner, l’enseignement sera, de fait, dans la servitude. […]
Moi, père de famille, et le professeur avec lequel je me concerte pour l’éducation de mon fils, nous pouvons croire que la véritable instruction consiste à savoir ce que les choses sont et ce qu’elles produisent, tant dans l’ordre physique que dans l’ordre moral. Nous pouvons penser que celui-là est le mieux instruit qui se fait l’idée la plus exacte des phénomènes et sait le mieux l’enchaînement des effets aux causes. Nous voudrions baser l’enseignement sur cette donnée. — Mais l’État a une autre idée. Il pense qu’être savant c’est être en mesure de scander les vers de Plaute, et de citer, sur le feu et sur l’air, les opinions de Thalès et de Pythagore.
Or que fait l’État? Il nous dit:
Enseignez ce que vous voudrez à votre élève; mais quand il aura vingt ans, je le ferai interroger sur les opinions de Pythagore et de Thalès, je lui ferai scander les vers de Plaute, et, s’il n’est assez fort en ces matières pour me prouver qu’il y a consacré toute sa jeunesse, il ne pourra être ni médecin, ni avocat, ni magistrat, ni consul, ni diplomate, ni professeur.
Dès lors je suis bien forcé de me soumettre, car je ne prendrai pas sur moi la responsabilité de fermer à mon fils tant de si belles carrières. Vous aurez beau me dire que je suis libre; j’affirme que je ne le suis pas, puisque vous me réduisez à faire de mon fils, du moins à mon point de vue, un pédant, — peut être un affreux petit rhéteur, — et à coup sûr un turbulent factieux.
Car si encore les connaissances exigées par le Baccalauréat avaient quelques rapports avec les besoins et les intérêts de notre époque! si du moins elles n’étaient qu’inutiles! mais elles sont déplorablement funestes. Fausser l’esprit humain, c’est le problème que semblent s’être posé et qu’ont résolu les corps auxquels a été livré le monopole de l’enseignement. C’est ce que je vais essayer de démontrer.[…]

J’affirme ceci:
Les doctrines subversives auxquelles on a donné le nom de socialisme ou communisme sont le fruit de l’enseignement classique, qu’il soit distribué par le Clergé ou par l’Université. J’ajoute que le Baccalauréat imposera de force l’enseignement classique même à ces écoles prétendues libres qui doivent, dit-on, surgir de la loi. C’est pour cela que je demande la suppression des grades.[…]

Objectera-t-on que le Socialisme a envahi les classes qui n’aspirent pas au Baccalauréat?
Je répondrai avec M. Thiers:
« L’enseignement secondaire apprend aux enfants des classes aisées les langues anciennes….. Ce ne sont pas seulement des mots qu’on apprend aux enfants en leur apprenant le grec et le latin, ce sont de nobles et sublimes choses (la spoliation, la guerre et l’esclavage), c’est l’histoire de l’humanité sous des images simples, grandes, ineffaçables….. L’instruction secondaire forme ce qu’on appelle les classes éclairées d’une nation. Or, si les classes éclairées ne sont pas la nation tout entière, elles la caractérisent. Leurs vices, leurs qualités, leurs penchants bons et mauvais sont bientôt ceux de la nation tout entière, elles font le peuple lui-même par la contagion de leurs idées et de leurs sentiments. » (Très bien.)
Rien n’est plus vrai, et rien n’explique mieux les déviations funestes et factices de nos révolutions.
« L’antiquité, ajoutait M. Thiers, osons le dire à un siècle orgueilleux de lui-même, l’antiquité est ce qu’il y a de plus beau au monde. Laissons, Messieurs, laissons l’enfance dans l’antiquité, comme dans un asile calme, paisible et sain, destiné à la conserver fraîche et pure. »
Le calme de Rome! la paix de Rome! la pureté de Rome! oh! si la longue expérience et le remarquable bon sens de M. Thiers n’ont pu le préserver d’un engouement si étrange, comment voulez-vous que notre ardente jeunesse s’en défende?
Ces jours-ci l’Assemblée nationale a assisté à un dialogue comique, digne assurément du pinceau de Molière.
M. Thiers, s’adressant du haut de la tribune, et sans rire, à M. Barthélemy Saint-Hilaire: « Vous avez tort, non pas sous le rapport de l’art, mais sous le rapport moral, de préférer pour des Français surtout, qui sont une nation latine, les lettres grecques aux latines. »
M. Barthélemy Saint-Hilaire, aussi sans rire: « Et Platon! »
M. Thiers, toujours sans rire: « On a bien fait, on fait bien de soigner les études grecques et latines. Je préfère les latines dans un but moral. Mais on a voulu que ces pauvres jeunes gens sussent en même temps l’allemand, l’anglais, les sciences exactes, les sciences physiques, l’histoire, etc. »
Savoir ce qui est, voilà le mal. S’imprégner des mœurs romaines, voilà la moralité
[…]

Je vous fais grâce de Morelly, Brissot, Raynal, justifiant, que dis-je? exaltant à l’envi la guerre, l’esclavage, l’imposture sacerdotale, la communauté des biens, l’oisiveté. Qui pourrait se méprendre sur la source impure de pareilles doctrines? Cette source, j’ai pourtant besoin de la nommer encore, c’est l’éducation classique telle qu’elle nous est imposée à tous par le Baccalauréat. […]

Ceci m’entraîne à dire quelque chose d’un mot qui a été souvent prononcé dans ce débat: c’est le mot unité; car beaucoup de personnes voient dans le Baccalauréat le moyen d’imprimer à toutes les intelligences une direction, sinon raisonnable et utile, du moins uniforme, et bonne en cela. […]

La première Unité a pour principe le mépris de l’espèce humaine, et pour instrument le despotisme.
Robespierre était Unitaire quand il disait:
« J’ai fait la république; je vais me mettre à faire des républicains. »
Napoléon était Unitaire quand il disait:
« J’aime la guerre, et je ferai de tous les Français des guerriers. »
Frayssinous était Unitaire quand il disait:
« J’ai une foi, et par l’éducation je plierai à cette foi toutes les consciences. »
Procuste était Unitaire quand il disait:
« Voilà un lit: je raccourcirai ou j’allongerai quiconque en dépassera ou n’en atteindra pas les dimensions. »
Le Baccalauréat est Unitaire quand il dit:
« La vie sociale sera interdite à quiconque ne subit pas mon programme. »
Et qu’on n’allègue pas que le conseil supérieur pourra tous les ans changer ce programme; car, certes, on ne pourrait imaginer une circonstance plus aggravante. Quoi donc! la nation tout entière serait assimilée à l’argile que le potier brise quand il n’est pas satisfait de la forme qu’il lui a donnée? […]

Aujourd’hui, dans quel objet précis et bien déterminé frapperait-on tous les citoyens, comme une monnaie, à la même effigie?
Est-ce parce qu’ils se destinent tous à des carrières diverses?
Sur quoi se fonderait-on pour les jeter dans le même moule?
… et qui tiendra le moule? Question terrible, qui devrait nous faire réfléchir.

Qui tiendra le moule? S’il y a un moule (et le Baccalauréat en est un), chacun en voudra tenir le manche, M. Thiers, M. Parisis, M. Barthélemy Saint-Hilaire, moi, les rouges, les blancs, les bleus, les noirs. Il faudra donc se battre pour vider cette question préalable, qui renaîtra sans cesse.
N’est-il pas plus simple de briser ce moule fatal, et de proclamer loyalement la Liberté? […] »

Question : qui tient le moule fatal aujourd’hui, en 2005 ?
Réponse : les socialo-communistes ! Et cela depuis un certain temps…certain.

Question 2 : qui le brisera ?
Réponse : les paris sont ouverts.

Frédéric Bastiat, « Baccalauréat et Socialisme », ÂŒuvres complètes, tome IV : Sophismes économiques, petits pamphlets I, Paris : Guillaumin, 2ème éd. 1863.
Site internet : bastiat.org

Frédéric Bastiat, alors député des Landes, aurait aimé s’exprimer à l’occasion des débats sur la liberté de l’enseignement, débats qui devaient aboutir au vote de la loi Falloux du 15 mars 1850 ! Mais il en fut empêché par la tuberculose et le fit par écrit. Il mourut en décembre 1850.

et vive la citoyenneté !

PARIS, 10 fév (AP) – Plusieurs milliers de lycéens, 10 000 selon la police, 25 000 selon les organisateurs, défilaient jeudi en début d’après-midi à Paris pour dénoncer la réforme du baccalauréat et les suppressions de postes d’enseignants dans le second degré et des travaux personnels encadrés (TPE) en terminale.

Fabriquer des « citoyens » ! Voilà le résultat lorsque le modèle de la « citoyenneté » donné en exemple signifie « la grève ! ». Incontestablement l’éducation nationale soviétique a réussi son coup: endoctriner les élèves afin de les pousser dans la rue. Les syndicats d’enseignants et de pseudo-étudiants qui les manipulent ont une si haute idée de l’Education qu’ils n’hésitent pas à les instrumentaliser pour des causes qui ne sont ni spontanément, ni objectivement, les leurs. Depuis quand les élèves sont-ils concernés par la gestion du personnel ? Ces moutards crachent sur les impôts que les autres payent pour qu’ils soient scolarisés, mais ils en veulent plus, toujours plus. Il ne leur est pas venu à l’esprit que la réussite viendra de leur propre volonté, de leurs propres efforts ? Qu’ils se donnent mutuellement un bon coup de pied au cul et qu’ils travaillent au lieu de servir d’idiots utiles aux manipulateurs politiques qui, eux, n’ont aucun scrupule.

La Constitution européenne

Il faut éclairer l’opinion sur l’état où se trouve actuellement l’Union européenne, dont France est un des vingt-cinq pays membres, et sur la prochaine étape que certains voudraient lui voir franchir : je veux parler de la ratification de la Constitution européenne, véritable usine à gaz toxiques.

Voici quelques éléments de réflexion.

« Suivez-vous l’augmentation vertigineuse de tous les budgets européens ? » question d’actualité par excellence. Mais qui ne l’est pas tant que cela tant elle est lancinante.

Vilfredo Pareto la posait il y a un peu plus d’un siècle pour la préciser ainsi :
« Elle [l’augmentation vertigineuse] ne porte pas seulement sur les budgets des Etats, ceux des provinces, départements et communes grossissent à l’envi. En Angleterre, le budget de l’Etat grossit modérément, mais le socialisme municipal est florissant et les communes s’endettent, augmentent les impôts et détruisent la richesse en de grandes proportions. »

Actualité brûlante : que font, en particulier, les politiques socialistes en France depuis les dernières élections régionales, chaque fois qu’ils ont obtenu la majorité ?

Et Vilfredo Pareto de répondre à la question:
« Cela confirme une opinion que j’ai souvent exprimée, c’est-à-dire que le socialisme triomphera sous la forme du socialisme d’Etat.
La bourgeoisie, au lieu de s’opposer aux progrès de ce dernier, le favorise autant qu’il est en son pouvoir. Chacun tâche de happer un morceau du budget, les citoyens ne voient dans les administrations de l’Etat, des provinces et des communes que des instruments pour se dépouiller les uns les autres. Quelqu’un voudrait-il s’en abstenir qu’il ne pourrait pas. Toutes les fois que les citoyens se sont réunis dans le simple but de résister à une spoliation dont ils étaient les victimes, ils ont échoué. Quand, au contraire, ils se réunissent pour obtenir leur part du gâteau, le succès couronne assez généralement leurs efforts. C’est la fable du chien qui portait le diner de son maître.
Croire qu’on enrayera l’augmentation des dépenses en enlevant aux députés l’initiative de les proposer est une illusion. Les députés en seront quitte pour faire proposer ces dépenses par les ministres de leur choix. Tous les palliatifs semblables ne servent de rien. Tant que subsistera le sentiment qui porte les hommes à s’entre-dépouiller au moyen des administrations publiques, les budgets augmenteront, jusqu’à ce qu’enfin, ils produisent la ruine des peuples et qu’un gros dogue prenne la place de cette meute affamée. Il mangera pour quatre, mais il pourra encore y avoir économie, s’il empêche de dévorer ceux qui mangeaient pour huit.

En tout cas, étant donné l’état actuel des choses, je ne crois pas que les progrès du socialisme d’Etat puissent s’arrêter.
Si vous relisez Taine, vous serez frappé de l’analogie entre l’état d’esprit des classes dirigeantes, à la fin du XVIIIè siècle, et leur état d’esprit présent. Ces classes sont en train de se suicider maintenant comme elles se suicidèrent alors. C’est une immense veulerie de gens qui savent, à n’en point douter, qu’on veut les dépouiller et qui, au lieu de résister, chantent les louanges de la ‘solidarité’, de la ‘morale sociale’, qui est à proprement parler l’injustice et l’iniquité. Tous ces beaux discours ne les empêchent pas, d’ailleurs, de donner le mauvais exemple et de tâcher de spolier ceux qui, un jour, les spolieront à leur tour ».

C’est donc en ces termes que Vilfredo Pareto écrivait le 28 novembre 1899 au Journal des Economistes pour attirer l’attention des lecteurs sur « le danger de cette peste sociale » qu’étaient les progrès du socialisme d’Etat qu’il constatait et pour les « exciter à redoubler d’efforts pour propager nos doctrines anti-pesteuses ».

Selon moi, non seulement son propos a été prémonitoire, mais encore il n’a pas une ride en ce début de XXIè siècle.
Le socialisme d’Etat a progressé pas à pas dans le sens qu’il avait illustré (si, bien sûr, on laisse de côté les deux parenthèses terrifiantes, périodes de temps limitées pendant lesquelles il a été réalisé politiquement et a fait apparaître son fond qu’est le totalitarisme : ce furent le socialisme national en Allemagne et le socialisme soviétique dans l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques).
Désormais, il tend à revêtir les oripeaux du projet de Constitution européenne, lequel n’est pas sans faire apparaître l’acuité du propos de Pareto:
la Constitution ne serait-elle pas en effet qu’une espèce d’étape de la progression? Ne serait-elle pas simplement le socialisme d’Etat à l’échelle des vingt-cinq pays membres de l’Union européenne, avant de l’être à celle des 25+x autres qui pourraient entrer…?

Le projet de Constitution européenne est à coup sûr, après le projet sur le principe de précaution, la dernière « peste sociale » en date, en France.

P.S. Pour une mise en perspective du post, cf.
http://www.quebecoislibre.org/05/050215-17.htm

Texte tiré de :
Pareto, V. (1965), Libre-échangisme, protectionnisme et socialisme, Librairie Droz, Genève, pp.399-400.
Un livre que tout esprit libéral devrait posséder dans sa bibliothèque.

Un événement MAJEUR

Aujourd’hui, un événement démocratique MAJEUR a eu lieu : les Irakiens ont voté pour la première fois depuis 1944; pour les femmes irakiennes, c’était probablement la première fois depuis toujours. Le taux de participation a atteint les 72 %, taux qui laisse rêveur dans un pays comme le nôtre où les taux d’abstention battent tous les records. Ce soir, les bulletins d’information des deux principales chaînes de télévision françaises ont consacré MOINS DE 5 MINUTES à cet événement, alors que pendant les mois et années précédentes, elles n’avaient de cesse de marteler que les Américains ne réussiraient jamais à promouvoir la démocratie, notion éminemment occidentalo-centrique, en Irak, prédisaient une guerre civile suite à l’éviction de Saddam Hussein et s’évertuaient à appeler les groupes terroristes derrière les attentats dans ce pays, des « résistants » et des « insurgés »…

A 20 h 08, les deux chaînes étaient déjà passées à d’autres sujets, sans doute beaucoup plus importants à leurs yeux : la manifestation de 100 personnes à Jérusalem contre l’évacuation des territoires palestiniens occupés par l’armée israélienne, une affaire de tunnel enfumé… Sur les autres chaînes, on traitait de choses infiniment plus sérieuses : les meilleurs méthodes pour séduire les femmes sur la 5, et les bouffonneries des animaux anthropomorphiques américains de Hanna et Barbera sur la 6…

Inquiétantes importations de Chine

Oui, c’est vraiment très inquiétant! Rendez-vous compte: depuis la fin des quotas textiles au 1er janvier, figurez-vous que les importations de textiles chinois ont été multipliées par 3! Qui s’en inquiète ? Patrick Devedjian, ministre délégué à l’Industrie.
Pourvu qu’il ne fasse que s’en inquiéter, car moi il faut que je renouvelle ma garde-robe. Et je suis sûr que les millions de personnes qui vont voir les prix baisser n’ont pas plus envie que moi de financer les producteurs inefficaces au motif qu’ils sont européens (et ce sont les mêmes politiciens qui donnent des leçons sur le racisme ? pour eux la « tolérance » s’arrête aux élections..).

Droits de propriété, Etat de Droit et Violence étatique

Droits de propriété, Etat de Droit et Violence Etatique : Un exemple significatif
de Roland GRANIER, Professeur Emérite des Universités1.

Cette histoire me paraît instructive quant aux risques que chacun encourt, quotidiennement et sans s’en douter, dans notre éternelle « France des Droits de l’Homme » Voici l’aventure que vit actuellement en France mon ami A.R…, collègue universitaire installé avec son épouse dans le midi de la France. Cette histoire me paraît instructive quant aux risques que chacun encourt, quotidiennement et sans s’en douter, dans notre éternelle « France des Droits de l’Homme ». Elle me semble intéressante comme exemple de violence à l’égard de ses propres citoyens, pratiquée par un Etat qui se prétend « de droit » sans apparemment faire preuve d’une vision objective et impartiale de ce que devraient être, dans cette perspective, les droits et devoirs de chacun. Car à force de vouloir faire, à tout prix et par n’importe quel moyen 2 , de la politique soi-disant « sociale » on aboutit vite, au nom de la protection des « droits de l’homme » des uns, à bafouer ces mêmes « droits de l’homme » pour d’autresÂ… Jeu en quelque sorte à somme nulleÂ… voire à somme négative et donc, dans cette hypothèse, réducteur du bien-être collectif. L’exemple que je dois préliminairement exposer illustre à la perfection de tels comportements et pareilles conséquences.

AR et son épouse ont acheté à Paris, vers 1960, un petit appartement de 32 m2, grâce à un faible apport personnel et à un gros crédit qu’ils ont consciencieusement et ponctuellement remboursé pendant 15 longues années. Alors jeunes, peu argentés et en « début de carrière », leur objectif était de procéder à un placement parfaitement courant et ordinaire, pouvant leur rapporter occa-sionnellement un revenu de location et, surtout, devant constituer un capital spontanément revalorisé par les mécanismes du marché quand viendrait temps de la retraite. Banale épargne de précaution, en somme.

En 1999 ils décidèrent de louer leur bien meublé et s’adressèrent à cette fin à une agence immobilière qui procéda à la location, avec leur accord, à une réfugiée politique de CentrAfrique, apparemment célibataire – aide ménagère de profession. Celle-ci, il faut le dire, était recommandée par un Français exerçant d’une part une profession libérale lucrative et qui, d’autre part, présidait une association d’aide aux réfugiés. Ce Monsieur se porta personnellement caution du paiement des loyers. L’affaire fut donc conclue. Et tout se passa à peu près bien pendant deux ans.

En 2001, Arnold et sa femme décidèrent de récupérer la jouissance du bien loué en vue de le vendre. Leur but était en effet de contribuer à la réalisation du projet de leur fille qui, après de longues et coûteuses études supérieures, envisageait de s’installer en tant que professionnelle libérale. Ils donnèrent donc légalement congé à la locataire (le bail étant proche de son terme), dans les formes requises par la loi, pour le 30 avril 2001. Laquelle, à la date indiquée, d’une part refusa d’obtempérer et, en outre, cessa alors de payer tout loyer. Ainsi s’amorçait une période d’occupation parfaitement illégale du logement. Contacté, l’éminent auteur de la caution se déclara parfaitement incompétent et désormais « hors du jeu », puisque la période couverte par le bail se trouvait terminée. Il ne lui est manifestement jamais venu à l’esprit que la caution consentie avait pu encourager l’acte de location. Déficience intellectuelle, sans douteÂ…

Après moult tentatives de négociation et d’arrangement « à l’amiable » les R… décidèrent, en conséquence, de porter en 2002 l’affaire en justice et prirent, à Paris, un avocat. Ils découvrirent alors que leur locataire leur avait, à l’origine, caché avoir deux enfants en bas âge ; puis qu’elle accueillit rapidement chez elle un homme (chômeur) ayant lui même une fillette à sa charge et qu’elle l’épousa en 2003. Ils apprirent aussi qu’elle avait eu trois autres enfants entre 1999 et 2002. Si vous savez compter vous en déduirez que les 32 m2 en question, loués à une personne à l’origine, sont ainsi désormais occupés par 8 personnes (deux adultes et six enfants). Et ils découvrirent enfin qu’un appartement, sis en banlieue, avait été proposé à la locataire en 2002Â… que celle-ci s’était permis de le refuser, le trouvant trop éloigné du Centre de ParisÂ… et que les responsables des services sociaux concernés ne semblaient pas avoir trouvé la chose anormale. Et tant pis pour mes amis RÂ…

Et c’est à ce stade que notre « Etat de droit » révéla soudain à nos amis des mœurs administratives et politiques pour le moins stupéfiantes.

Un premier jugement, pris en octobre 2002, ordonna le départ de la locataire. Conformément à la Loi, commandement de quitter les lieux dans les trois mois lui fut signifié par un huissier de justice en avril 2003. Mais, en mai 2003, la locataire demandait un délai au « Juge de l’exécution des peines &raquo. Un nouveau jugement (non frappé d’appel) dut en conséquence être pris et fut rendu en septembre 2003 par le Tribunal de Grande Instance de Paris. La demande de la locataire se trouvait définitivement rejetée et la décision d’expulsion confirmée. Mais celle-ci n’ayant pu avoir lieu, pour des raisons (officielles) de « lenteur administrative », avant le 31 octobre 2003, la « trêve hivernale » est naturellement intervenue. Cette trêve s’acheva le 31 mars 2004. Mais l’expulsion ne fut toujours pas exécutée, cette fois pour défaut de concours des forces de police. Et, depuis avril 2003, l’huissier demande chaque mois à la Préfecture de Police de Paris son concours. En vain, chaque fois. On ne lui répond d’ailleurs jamais. Et les R… en sont actuellement (janvier 2005) à 43 mois d’occupation illégale de leur bien immobilier, à quelque 5.000 € de loyers impayés (10 mois de loyer définitivement perdus, le reste ayant été plus ou moins « compensé » par la CAF) et à environ 8.000 € de frais judiciaires.
Par ailleurs les « services sociaux » de la Ville de Paris, visiblement impuissants à résoudre le « problème », ne leur ont pas caché (téléphoniquement) deux choses :

  • D’une part que nul ne prendrait jamais la responsabilité de mettre à la rue une famille de huit personnes, dont six enfants en bas âge et qu’en conséquence il serait totalement vain d’espérer un quelconque concours de la police. Ce qui signifie sans doute que la Préfecture de Police et ses forces sont davantage au service des « institutions sociales » que de la Justice.
  • D’autre part que les normes en vigueur imposent qu’on ne puisse reloger dans un « logement social » les membres d’une telle famille que si ce dernier est de 100 m2 au moins, surface dont ne disposent actuellement pas les dits services sociaux.

Que l’on m’excuse pour ce long exposé préliminaire, mais nécessaire. Il ne s’agit pas de l’un de ces exercices, compliqués à souhait, destinés à tester l’agilité intellectuelle des étudiants en droit. Mais non : il s’agit bien d’une effarante réalité que je vis depuis plusieurs mois, par sympathie et solidarité, auprès de mes amis R…

J’en viens donc à mes observations personnelles (de fait pleinement partagées par mes amis).

  1. Il semble bien se produire actuellement en France (et pas seulement en région parisienne) des milliers d’injustices comparables à celle que je viens d’exposer. Nul, parmi les responsables administratifs et politiques, ne semble s’en émouvoir outre mesure, ni même avoir simplement conscience que l’Etat de Droit s’en trouve purement et simplement bafoué. Il arrive aussi que l’on se gausse, dans les média et dans diverses sphères de la société, de la lenteur de la JusticeÂ… mais il faut savoir qu’une grande lenteur (tout à fait délibérée cette fois) caractérise aussi l’exécution de nombre de décisions de justice, même prises dans des délais convenables, et ce sur ordre du pouvoir administrativo-politique et/ou de l’un ou l’autre de ses multiples appendices…
  2. L’attachement aux « normes » administratives, dans un pays où le fonctionnariat (central et local) domine et régit l’essentiel de la vie quotidienne de chacun, atteint dans un cas de ce genre les limites les plus extrêmes du grotesque. Selon les « normes » il faut disposer de 100 m2 au moins pour loger huit personnesÂ… Soit. Mais nul, curieusement, ne semble s’aviser qu’un logement de 70 ou 80 m2 (au lieu de 32, actuellement illégalement occupés) représenterait sans doute pour ces gens un progrès déjà appréciable en termes d’hygiène améliorée et de moindre promiscuité. N’existe-t-il donc pas, dans le dédale de l’Administration, quelque(s) petit(s), moyen(s) ou haut(s) fonctionnaire(s) public(s) capable(s) de formuler un aussi élémentaire raisonnement ? Je n’ose le croireÂ…
  3. Je n’ai aucune raison de contester le bien-fondé et la nécessité d’une solidarité sociale minimale face à des situations dignes d’intérêt. D’ailleurs R… est, sur ce point, de mon avis. Je ne nie pas davantage que le cas décrit plus haut se classe naturellement parmi ces situations. Et R… non plus. Bref en tant que contribuables ayant de ce statut une vieille et solide expérienceÂ… nous sommes tous deux prêts à » contribuer «, une fois de plus ! Oui mais à contribuer à la mise en place d’une politique collective et rationnelle du logement social, d’une part sélectionnant sérieusement les « ayant droit » et, d’autre part, répartissant équitablement entre les citoyens et proportionnellement à leurs capacités la charge qui en découle. Pour le dire autrement, qui peut m’expliquer pourquoi Monsieur R… serait seul à supporter intégralement le coût du logement de la dite famille, se voyant de ce fait empêché de négocier librement son bien immobilier3 et en outre privé de la satisfaction (bien humaine et bien compréhensible) d’aider sa fille à professionnellement s’installer ? Nous sommes ici en présence d’un véritable modèle d’arbitraire politique et administratif et j’attends que quelqu’un fournisse une réponse claire et convaincante à ma question.
  4. Il est parfois reproché aux libéraux (peu importe dans le cas d’espèce les nuances pouvant les séparer) de taxer d’actes de violence les effets de l’interventionnisme étatique. Mais ne sommes-nous pas là en présence d’un cas d’espèce, réel et parfait, de violence de la part des pouvoirs publics ? Au nom de prétendus devoirs sociaux, qui pourraient être différemment résolus ainsi que je le disais précédemment, on interdit à M. et Mme R… de disposer librement d’un bien qu’ils ont patiemment et longuement payé au moyen de leur saine, honnête et fort légale petite épargne. Attitude invraisemblable, impunément violente, mais hélas bien avérée, d’un Etat qui se vante par ailleurs d’hériter des Droits de l’Homme et d’en être même l’Universel exemple, qui se targue de représenter le parfait prototype de l’Etat de Droit tout en s’opposant, dans nombre de cas du même type, à l’application des décisions de sa propre justice, et qui prive à l’occasion et de manière insolemment arbitraire ses citoyens du plein exercice de leurs droits les plus élémentaires.
  5. Car, en effet, c’est bien en présence d’une atteinte caractérisée aux droits de propriété que nous nous trouvons ici. Qui m’expliquera comment l’on peut se dire favorable à l’Economie de Marché et mettre ainsi à mal l’un de ses fondements les plus intangibles : la libre disposition des biens accumulés honnêtement, en toute transparence, et contractuellement acquis ? De tout temps les vrais libéraux ont bien vu et dûment souligné que le seul ordre d’action humaine concertée qui soit praticable dans une société qui se veut progressive et dynamique est la propriété privée des moyens de production. Et à contrario ils ont très tôt établi que le socialisme (y compris sous sa forme social-démocrate), en tant que système embrassant ou voulant « contrôler » tous les moyens de production, est irréalisable et que son éventuelle application à une partie des moyens de production4 ne peut avoir pour résultat que d’abaisser la productivité du travail, de sorte qu’il ne peut accroître la richesse d’un pays mais au contraire doit l’amoindrir par découragement, notamment, des initiatives privées. C’est bien le résultat auquel conduisent les milliers d’atteintes, aujourd’hui observables et observées, à la propriété privée immobilière par exemple (pour ce qui nous retient ici). Personnellement, après l’échec pourtant indiscutable et patent de multiples expériences socialo-communistes, je cherche en vain à comprendre la nouvelle logique économique qu’essaie de nous imposer notre actuelle social-démocratie!5
  6. Enfin, que l’on cesse officiellement, ne serait-ce que par pudeur, de se plaindre de la rareté relative, à tout le moins parmi les petits et moyens épargnants, des candidats aux investissement immobiliers. Le cas R… apporte en soi une réponse. Et il ne constitue qu’un exemple, parmi des milliers d’autres, des restrictions subies par le libre exercice des droits immobiliers de propriété. Qui, dans ces conditions, pourrait envisager sereinement, sauf naïveté et/ou totale désinformation, d’investir dans un bien immobilier destiné à la location ? On le sait, parmi les petits et moyens épargnants les candidats sont effectivement de plus en plus rares. L’exemple que j’analyse et mon intervention ne seront sans doute pas de nature à les aiguiller sur une autre voie !

1. Université Paul Cézanne, Aix-Marseille. retour >>
2. Car le plus souvent la chose se fait en l’absence d’une vision d’ensemble, mûrie et cohérente, des conséquences, souvent insidieuses, des actions entreprises dans l’urgence, le désordre ou la précipitation. retour >>
3. Sauf à accepter d’en voir la valeur divisée par deux au moins ! retour >>
4. Faut-il rappeler à tous ceux qui nous gouvernent, qu’ils soient de gauche ou de droite dans ce pays voué aux alternances politiques, que l’achat d’un bien immobilier destiné à la location n’est rien d’autre qu’un investissement destiné à produire des services de logement ? retour >>
5. Pas plus d’ailleurs que je ne comprends le retour à un interventionnisme d’inspiration clairement keynésienne qu’elle semble nous préparer dans le domaine de la redistribution des revenus, de la soi-disant relance par la consommation ou encore, tout récemment, en matière de politique industrielle. On n’a visiblement pas retenu les leçons des désastres passés. retour >>

L’éthique à la française

Un lecteur me fait remarquer une perle dans Yahoo Nestlé sinsurge contre les méthodes des éleveurs du Nord… l’article est publié dans la section « Actualité éthique« . Tout simplement surréaliste. Rappel des faits:

Lundi 20 décembre. Il est près de midi à l’usine Nestlé de Cuincy, près de Douai dans le Nord. L’atmosphère est paisible lorsqu’une trentaine de personnes, dont une dizaine d’enfants, se masse devant l’entrée. Sans hésitation, le groupe déclenche l’ouverture de la barrière, fait entrer un véhicule et se dirige droit vers les entrepôts. Avant même que la police n’arrive sur les lieux, les activistes chargent près de deux tonnes de yaourts. Ils iront dans l’après-midi les distribuer aux familles de Béthune, dans les quartiers populaires de cette ville située près de Lille.

Donc en gros un groupe de personnes, accompagnées d’enfants, peut-être pour le côté éducatif, peut-être pour le côté bouclier humain, ont commis un vol, 2 tonnes de yahourts, et sont repartis tranquillement. Dites moi, 2 tonnes de yahourts, ça se charge en combien de temps ? 10 minutes ? 20 ? La police est arrivée après ? Ca c’est du service public! Au passage, 30 personnes pour commettre le vol, ça n’est pas une bande organisée au sens légal ?

Mais ce n’est pas tout, voici l’introduction délirante de cette brève:

D’un point de vue médiatique, mieux vaut porter le statut de victime que celui de bourreau. Or, face aux petits éleveurs régionaux, les multinationales sont souvent montrées du doigt. En durcissant son discours sur les actions de la confédération paysanne, Nestlé tente de renverser la tendance

C’est vrai que 2 tonnes de yahourt, qu’est-ce que cela représente pour Nestlé ? Rien! Donc voler 2 tonnes de yahourts (oh, je viens de faire le calcul de tête… c’est 1.000 paquets de 16 pots! une palette ? de quoi m’assurer… 40 ans de la consommation actuelle de mon foyer!) c’est juste une « action« , en conséquence de quoi protester contre c’est juste « durcir un discours« … En gros Nestlé cherche à se faire passer pour la victime, mais notre brave journaliste n’est pas abusée: on sait que les gros méchants c’est les capitalistes apatrides! Heureusement que les médias sont là pour nous expliquer!

Mais ce n’est pas tout:

Dans les bureaux du syndicat, on dresse le bilan de la journée. « Deux producteurs remerciés et sept convocations à l’hôtel de police… Le responsable de Cuincy a voulu faire un excès de zèle, constate Hubert Caron. Ça signifie qu’on a tapé là où ça fait mal ». Contents de leur action mais loin d’être satisfaits, les éleveurs prévoient de renouveler l’expérience tous les mois.

La Confédération Paysanne, qui est déjà à l’origine de graves violations de propriétés privées dans le cadre des affaires du saccage d’un Mac Donald’s à Millau, de destructions de plantations « OGM » et de laboratoires associés, pratique maintenant le vol en bande organisée ?
Excusez moi messieurs les juges, mais à partir de quel moment peut-on prononcer la dissolution d’une ligue ? A moins qu’il ne faille appeler la Confédération Paysanne « association de malfaiteurs » ? Faire partie d’un syndicat garantit-il une immunité juridique ?
Et quand ce « syndicat » annonce qu’il va recommencer de façon périodique, que fait la police ? Oh bien sûr la solution normale, libérale, à ce problème est relativement simple: la prochaine que ces voleurs reviennent, les accueillir comme doivent l’être les voleurs: avec du gros sel, et avec des plombs s’ils insistent!

Et vous croyez avoir atteint le fond ?

« C’est une action symbolique de rappropriation de nos revenus, explique Hubert Caron, secrétaire général de la Confédération paysanne. Le prix du lait est en baisse depuis deux ans, ce qui nous fait perdre en moyenne un mois de salaire par an. Un accord a été signé le 2 septembre dernier pour engager Bruxelles à compenser une partie de cette chute par des aides publiques. Mais c’est aberrant : l’argent du contribuable est utilisé pour permettre à Nestlé de ne pas jouer sur ses marges, et tirer des bénéfices ! »

2 tonnes de yahourt, c’est symbolique ? Moi au supermarché si je prends 2kg sans payer je me fais attraper par le vigile. Et eux ils vont se « réapproprier leurs revenus » ? C’est quoi le tour de magie là ? Les laitiers fournissent la matière première à Nestlé, qui la transforme, la conditionne, assure sa commercialisation, le transport, le marketing, prend les risques industriels… bref donne la valeur ajoutée au produit de base, et les paysans ne sont pas contents ? Pourquoi la Confédération Paysanne ne se lance-t-elle pas dans la production de yahourts si Nestlé leur « vole » leurs subventions, qu’ils confondent avec des revenus ? Evidemment les syndicalistes ne le font pas car cela comporte des risques, et qu’il est bien moins risqué de voler Nestlé pour ensuite voler le contribuable que de faire face aux consommateurs. Il est tellement plus facile de prendre notre fric sans demander, en passant directement par la case « subventions »!

Je passe quelques détails absurdes, pour vous livrer la conclusion de l’article:

Une enquête est en cours. Elle devra déterminer si la position de Nestlé est fondée jurdiquement. Si c’est le cas, cela pourrait faire jurisprudence dans ce type de conflit.

Oui, vous lisez bien: c’est la position de Nestlé qui est en cause! Quoi ? Ils ne se laissent pas détrousser par ses nouveaux bandits de grand chemin ? Evidemment si Nestlé perd, cela signifiera tout simplement que comme dans le cas des « arrachages » d’OGM (en langage clair: de destruction violente de propriété privée) les syndicalistes pourront aller se servir dans les entrepôts de toutes les entreprises qu’ils jugeront « trop gourmandes », une fois pour protester contre des « licenciements boursiers », une prochaine fois pour des augmentations pas assez importantes, une fois pour du racisme prétendu…

Merci à SK pour le lien et le commentaire qui ont inspiré cet article.

La grenouille qui va se faire plus grosse que l’étable ?

Vous connaissiez l’étable, c’est l’organisation de la sécurité sociale obligatoire qu’un coup d’Etat socialo-communiste a créé en 1945 et dont nous sommes les bœufs.
Vous aviez vaguement entendu dire qu’un Centre d’études supérieures de sécurité sociale avait été créé au début de la décennie 1960 et que, dans la décennie 1970, le gouvernement du moment lui avait conféré la qualification de « national ». Saint-Etienne est son siège.
Vous vous souveniez de la série des conventions médicales nationales qui ont contribué à mettre la médecine dans la seringue. La dernière en date suscite une lever de bouclier.
Vous vous rappeliez que le gouvernement de Juppé avait créé en 1996 l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes) et que le gouvernement de Jospin ne l’avait pas supprimée à son avènement en 1997.
Vous aviez remarqué enfin que le gouvernement de Raffarin avait créé en 2004 l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam) et une Haute Autorité de santé(HAS).
Eh bien, le Président de l’HAS vient de présenter la grenouille à la presse, c’était hier.
A coup sûr, elle va tenter de se faire plus grosse que l’étable.

La Haute Autorité de santé a cinq grands types de missions que ne lui auraient pas envié les institutions de l’URSS, même si, globalement, le législateur lui a donné un caractère consultatif plutôt qu’un pouvoir décisionnaire :
– Elle est chargée d’« évaluer et (de) hiérarchiser le service attendu ou rendu des actes professionnels, des prestations et produits de santé » (médicaments, dispositifs médicaux…).
– Son expérience contribuera à légitimer les décisions dans le domaine du remboursement, en particulier sur les conditions particulières de prise en charge des soins pour les affections de longue durée (ALD).
– La HAS élaborera des recommandations sur le bien-fondé et les conditions de remboursement soit de sa propre initiative, soit à la demande du ministre de la Santé, du Comité économique des produits de santé (Ceps) ou de l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam).
– La HAS a aussi pour mission de veiller, d’une part, à la diffusion des référentiels de bonne pratique et de bon usage des soins auprès des médecins et des personnels paramédicaux et, d’autre part, à l’information des praticiens et du public dans ces domaines.
– Dernières missions, la certification des sites Internet et des logiciels médicaux (à compter du 1er janvier 2006), la mise en place d’une démarche qualité pour la prise en charge des patients en ALD ou encore l’évaluation de la qualité des actions de santé publique.

De fait, l’HAS absorbe l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes) et intègre deux commissions spécialisées, la Commission de la transparence et la Commission d’évaluation des produits et prestations, auparavant chapeautées par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (cf. www.has-sante.fr).

Pour mener l’ensemble de ses missions, l’HAS est dirigé par un collège de huit membres nommés par les plus hautes autorités de l’Etat (le président de la République, les présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique et social) et chaque membre est chargé dÂ’animer une commission.

Quelles sont ces nouvelles personnes importantes ? Des « perdreaux » qui veulent tailler des croupières à tous les incompétents de l’organisation de la Sécurité sociale ? Jugez en :
* le Président est le Pr Laurent Degos, 59 ans, chef du service d’hématologie de l’hôpital Saint-Louis à Paris, qui présidait jusqu’à présent le conseil d’administration de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) et celui de l’Etablissement français des greffes (EFG) ;
* le Dr Claude Maffioli, président de l’Union nationale des professions libérales (Unapl) et ex-leader de la Confédération des syndicats médicaux français (Csmf),
* Etienne Caniard, délégué aux questions de santé et de Sécurité sociale à la Mutualité française,
* le Pr Bernard Guiraud-Chaumeil, président de l’Anaes,
* le Dr Pascale Briand, chargée de piloter le plan Cancer,
* le Pr Gilles Bouvenot, président de la Commission de la transparence de l’Afssaps,
* Raoul Briet, conseiller-maître à la Cour des comptes et ancien directeur de la Sécurité sociale au ministère, et
* le Dr Jean-Paul Guérin, directeur général du CHU de Nantes.
Et, paraît-il, cette autorité publique est indépendante et à caractère scientifique. Vous comprendrez sans peine pourquoi la dernière convention médicale a néanmoins été signée par une majorité de personnes autorisées.

La Haute Autorité de santé, cÂ’est aussi un directeur, Alain Coulomb, qui était chargé, depuis 2002, de la direction de l’Anaes, et 350 agents permanents, des correspondants régionaux, 800 experts-visiteurs et 3 000 professionnels libéraux et hospitaliers en exercice sollicités comme experts, selon le directeur de lÂ’HAS.

Et les travaux de l’HAS devraient commencer le 8 février avec un budget annuel de 59 millions dÂ’euros cofinancé par l’Etat, l’assurance-maladie, une contribution des établissements de santé, des redevances et divers produits, dons et legs.
Le budget annuel est supérieur à la dotation globale versée auparavant à l’Anaes (14 millions d’euros pour l’exercice 2004 et 17,5 millions en 2003).

L’installation de la HAS, le 22 décembre dernier, « constitue un acte fondateur de la nouvelle gouvernance de notre système de santé », a souligné Philippe Douste-Blazy, le ministre du domaine. En d’autres temps et d’autres lieux, Monsieur le Ministre, on eût parlé de la N.E.P.
Les politiques de France sont vraiment en avance sur leur temps.

Chronique de la folie française

Dans l’émission de BFM « Les grands débats du mardi » du mardi 25 janvier 2005, l’alter-comprenant du Front National Jean-Claude Martinez nous a fait son numéro habituel de propagande anti-libérale (1) – accusant notamment l’Union Européenne d’imposer une « orthodoxie ultra-libérale »… -, ce à quoi le sociologue-socialiste (un parmi 500 autres dans notre beau pays) spécialiste de (la lutte contre) « l’extrême-droite » Erwan Lec?ur répondait que, je cite de mémoire, « contrairement à ce que dit Jean-Claude Martinez le programme du FN est foncièrement anti-social, il est en effet très libéral, on peut même dire qu’il est ultra-libéral« …

(1) : la même que celle de Marine Le Pen qu’on peut d’ailleurs raisonnablement qualifier de crypto-communiste (ou de socialiste nationale, comme on veut…), elle qui défendait vigoureusement lors de la dernière campagne pour les européennes, à l’unisson avec Marie-George Buffet, les « services publics à la française », « l’exception culturelle française » etc. Il faut savoir que tout ce discours national-étatiste et protectionniste tenu par le FN depuis une quinzaine d’années (et qu’on retrouve aussi chez Philippe de Villiers ainsi que, à gauche et avec quelques nuances, chez Jean-Pierre Chevènement) vient essentiellement de l’influence néfaste sur toute la « droite nationale » d’une part du désastreux prix Nobel d’économie Maurice Allais – le « Demi-fou Matérialiste » comme l’appelle François Guillaumat -, d’autre part du « socialiste identitaire » Alain de Benoist et de ses amis de la Nouvelle Droite.

Le Roi du Monde ?

Jules César est-il le roi du Monde ?
Lui qui donne conseils, leçons à tout le monde
La France a beau crever,
L’Irak a beau voter,
Les crapaux d’Amazone
et la couche d’ozone,
Sont bien plus importants
que tous ces braves gens.