Leçon de morale

« Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre » La Bible

Il est inutile de dire que la situation actuelle des finances publiques est pour le moins difficile, il est vrai que le budget 2002 a été fait sur une hypothèse délibérément fausse de 3%. Elle sera au mieux de 1% selon la Caisse des dépôts. La gestion du gouvernement précédent a été plus que calamiteuse mais la crise d’Enronite aigüe des comptes de la France ne semble avoir choqué personne. Certains devraient donc se garder sur quelque sujet que ce soit de donner des leçons de morale même sur les aspects les plus vénaux de la fonction politique lorsqu’on a profité pleinement des fameux fonds secrets. Quant au nouveau leader socialiste qui estime que le gouvernement a pris des risques (Smic, Fonction publique, 35H…), on voudrait lui répondre que l’absence de solution n’a jamais résolu les problèmes. La tête dans le sable très peu pour moi…

Redevance télé… encore

Chaque année, la « redevance » télé, taxe de 116euros sur chaque foyer possédant une télévision, est plus ou moins remise en cause.
2 milliards d’euros partent chaque année dans les caisses de Radio France et France Télévision à cause de cette taxe. La justification ? le service public… encore un impôt absurde à éliminer au plus vite!
Mais le nouveau gouvernement, dirigé par un « humaniste » à tendance « libérale » (rires), propose de l’augmenter de 3%. Je ne perds pas mes illusions, je n’en avais pas.

La bataille pour le butin

Aux Etats-Unis, les Etats fédérés ont des frontières tirées au cordeau depuis leur création. Seulement voilà, à l’époque on tirait le cordeau « du grand chêne à la barrière de la ferme Ingall’s ». Et maintenant on fait ça au GPS
Moralité: des milliers de gens changent de juridiction donc: d’école, de lois sur l’environnement, l’urbanisme, les armes, les voitures, et bien de régime fiscal!!! Imaginez donc recevoir une fois les taxes foncières de votre commune puis de la commune d’à côté, que feriez vous ?
Les considérations humaines là-dedans ? Aucune, la règle c’est « POUSSEZ VOUS, DISPUTE D’ETAT »

L’humanisme de Raffarin a encore frappé!

En effet, il s’est octroyé 110% d’augmentation salariale aujourd’hui même, rétroactive depuis le début de son mandat.
Les autres ministres ont eu « moins », avec seulement 60% d’augmentation, ce qui les met à 13.000 euros/mois. Le motif ? Ils avaient perdu des revenus depuis qu’ils ne piquaient plus dans la caisse noire!!!
Si on additionne les avantages en nature, càd: train gratuit, avion gratuit, palais, nourriture ROYALE, service princier, gardes du corps, et cliniques « privées », à combien se montent leur salaire réel ?
Je crois que personne, pas même eux, ne saurait évaluer ces sommes faramineuses, et j’en oublie certainement…

L’humanisme de Raffarin

5 ans de Jospin. 5 longues années de socialisme avec le « camarade Michel » (1), ponctuées par les emplois jeunes (300.000 proto-fonctionnaires), les 35 heures, les taxes, les taxes, encore les taxes, quelques lois liberticides par ci par là…. Même si ne j’attendais pas grand chose de Chirac (cf Chirac Jospin: du pareil au même » Le QL n°101), beaucoup nourrissaient l’espoir d’un renouveau libéral. L’étude des récents discours ne laisse cependant que peu de doutes, malgré des déclarations encourageantes, alors que les actes eux-mêmes portent à plus de pessimisme. Dans le discours de politique générale du 3 juillet 2002, Jean Pierre Raffarin a exposé la stratégie de son gouvernement, les modes d’actions, et les objectifs visés. D’emblée, il dénonce à la fois l’  » individualisme  » et le  » communautarisme « , et lance un appel à l’  » unité nationale  » (et non pas radicale ). Bref, son discours n’augure rien de bien libéral, et pour cause, le premier ministre se dit  » humaniste « .

Un discours  » humaniste  » aux accents libéraux

L’humanisme de Jean Pierre Raffarin repose sur 4  » piliers « . Une petite devinette maintenant: les fondements sont-ils: 1/ les droits de propriété, la liberté d’expression, la liberté d’entreprendre, l’Etat de droit ou 2/ l’Etat attentif, la République en partage, la France créative, la mondialisation humanisée ?
Bien évidemment, il est ici question d’un homme politique, et donc cela ne peut être que la proposition n°2.
Pourtant, il dit vouloir  » recentrer l’Etat sur ses missions régaliennes « .  » La République en partage  » aussi a des accents libéraux :  » rapprocher les Français des décisions qui les concernent « . Concernant la France créative, il souhaite  » libérer toutes les forces vives de notre pays et de privilégier toutes les valeurs ajoutées « . Le premier ministre aurait-il tout simplement fait passer un message libéral sous des termes politiquement corrects ?

La vision de Jean Pierre Raffarin apparaît donc (relativement) séduisante. Mais comment transcrire ces belles paroles en un véritable recul de l’Etat ? Car le premier ministre a sans cesse répété qu’était venu le  » temps de l’action « Â…. Voici donc les 4 piliers décortiqués, au regard du discours face à l’Assemblée Nationale.

Sous le vocable mystérieux d’  » Etat attentif « , qui pourrait aussi bien convenir à la NSA américaine qu’au KGB russe, se cache en fait tout simplement la politique de lutte contre la criminalité. Ce fut le thème majeur de la campagne, et le vote Le Pen y trouve une grande part de son explication. Il y a des remèdes simples à cela: la liberté de porter des armes en est un, autoriser des compagnies de sécurité privées en est un autre.

Mais il n’est nullement question de ce genre d’actions: le gouvernement va faire comme ses prédécesseurs, il va augmenter les budgets et les effectifs : 6 milliards d’euros, 25.000 personnes. La France avait le taux de policier/habitant le plus élevé d’Europe, mais ça ne suffisait pas ! Quand un programme gouvernemental échoue, il croît. C’est ça, la logique de l’Etat: amplifier le désastre, tout en privant les individus des moyens de faire face.

La république partagée = la république en coupe réglée ?

 » S’ouvrir à la démocratie sociale, c’est mettre fin à un système qui met trop souvent l’Etat et le citoyen directement face à face « . Il prétendait rapprocher l’Etat du citoyen, et voilà que maintenant il affirme la nécessité d’une tierce partie ? En fait, la  » démocratie sociale  » c’est donner encore plus de pouvoir aux syndicats :  » Le dialogue social sera au cœur de l’action du gouvernement et les partenaires sociaux seront consultés avant toute initiative majeure de l’Etat « . Qui a pensé  » cogestion  » ?

Pourtant, tout le monde sait en France que les principaux freins à une réforme quelconque de l’Etat ou des entreprises monopolistiques EDF GDF, SNCF , la Poste ou l’Education Nationale sont les syndicats. Pourtant JP Raffarin  » souhaite conforter la légitimité des partenaires sociaux à agir « . Agir ? Il veut dire bloquer les trains, les aéroports, le courrier, les enfants hors des écoles, la Sécurité Sociale et tout le reste ?? Il veut les consulter alors que ces mêmes syndicats ne connaissent que NON pour tout vocabulaire ? Que les seuls mots articulés qu’un syndicaliste sache prononcer sont  » acquis sociaux  » ?

Sous le même chapitre, la République du partage, le premier ministre parle aussi de la formation professionnelle des adultes. Actuellement, les formations post-scolaires profitent d’abord à ceux qui peuvent les assimiler : cadres, ingénieurs, dirigeants. Mais pour Jean Pierre Raffarin il faut former tout le monde, il y aura donc un  » droit à  » la formation. Et un nouveau droit, un !

Mais il y a pire : les retraites. En France, les retraites sont prélevées directement sur les salaires des travailleurs. Il n’y aucun fonds de garantie, aucune épargne, rien. Les retraites sont donc gagées sur le dos des générations futures. Système incohérent, totalement déresponsabilisant, il est pourtant porté aux nues par nos politiciens. Et ce n’est pas JP Raffarin qui le remettra en cause :  » Le principe de solidarité entre les générations exige la sauvegarde du régime par répartition pour assurer un bon revenu à tous les retraités.  » Loin de lui l’idée que les Français puissent se prendre en main ! Incapables que nous sommes de penser à notre avenir, nous l’avons abandonné aux mains de l’Etat.

Dans le domaine de la santé, rien non plus à attendre du gouvernement : des promesses de palabres ( » Je vous propose de travailler ensemble à le relever ») pour sauver ce qui ne devrait pas l’être : la sécurité sociale d’Etat.
Loin d’être « le système de santé [qui] fait notre fierté « , la Sécurité Sociale est en pleine déconfiture : les médecins ont fait grève pour obtenir 1.5 malheureux euro de plus par consultation, il manque 40.000 infirmières pour cause de 35heures et de retraites anticipées dues à des actes sous payés, il manque des gynécos pour cause de responsabilités trop lourdes, de pédiatres, et il manquera aussi bientôt de généralistes .

Des systèmes voués à l’échec, inefficaces, perpétuellement déficitairesÂ…

Dans le même temps, alors que le déficit financier est permanent, les  » assurés  » reçoivent si peu de cette fantastique machine administrative qu’ils doivent tous s’adjoindre les services d’une mutuelle, c’est-à-dire d’une assurance privée.

Evidemment, dans un système où chacun tente de vivre aux dépens des autres, il ne saurait y avoir d’équilibre financier, la sécurité sociale « gratuite  » est condamnée aux déficits et/ou aux rationnements. Mais Raffarin ne peut le comprendre et affirme même :  » Notre objectif est d’éviter à la fois le rationnement des soins et la dérive incontrôlée et inquiétante des dépenses.  »

Le seul moyen que je connaisse pour arriver à cet état de fait est de pri-va-ti-ser. L’offre et la demande se rencontreront bien vite, avec de nouvelles infirmières, des jeunes attirés par la carrière de médecin généraliste, qui pousseront après quelques années difficiles à la baisse des prix.

Tous les autres thèmes abordés sont traités de la même façon, avec le seul outil qu’un homme politique connaisse : l’Etat. Par exemple il souhaite laisser l’insertion à des structures autres que l’Etat, notamment la famille, mais il veut une politique familiale  » ambitieuse « , plus loin il parle de  » droit à la compensation du handicap « , de  » droit à l’expérimentation  » des administrations, de la  » politique du logement  » qu’il perçoit comme la  » clé du renouveau de ces quartiers difficiles  » Â…

La France des hommes créatifs de l’Etat

Au chapitre la France créative toute référence à un projet libéral est systématiquement diminué par des commentaires du type :  » Ce n’est pas de l’idéologie, mais tout simplement  » ça marche  » « . Le premier ministre n’a pas d’idées, il est  » pragmatique « .

Et puis les mesures annoncées n’ont aucun caractère général ou réellement percutant : baisse des charges sur les 18-22 ans sans diplôme (tant pis pour les 22 ans et 2 semaines), baisse d’impôt sur le revenu de 5% (tant pis pour les 50% de ménages Français qui n’en payent pas), création d’un comité de simplification du langage administratif (mais pas de rappel de lois idiotes comme les 35heures)Â…

Concernant l’école, qu’un socialiste a tout de même qualifié de  » mammouth à dégraisser  » , Jean Pierre Raffarin annonce tout de suite la couleur :  » L’école de l’égalité des chances, c’est le plus ancien fondement de notre cohésion républicaine « . Interdit donc de l’abolir, malgré les calamités de l’illettrisme (grâce à la méthode globale) , les 60.000 sans diplômes chaque année (l’élève ne doit pas apprendre, il doit s’épanouir), l’échec massif en 1ère année d’université (c’est gratuit, pourquoi se priver ?). Il note aussi que les filières scientifiques ne trouvent plus assez de candidats, rendant très aléatoire tout développement scientifique à long terme en France. Pas une fois il n’envisage l’université libre, non, il faut  » favoriser les vocations scientifiques « .

Le domaine de la créativité pure, la culture, reste sous la mainmise de l’Etat : bibliothèques,  » mécénat « ,  » droits sociaux  » et  » droit au prêt  » (je n’invente pas) pour les auteurs, pas de privatisation en vue pour les chaînes de télé publiques non plus. Décidément, Raffarin fait peu confiance aux Français pour décider quoi acheter ou voir !

Dernier thème abordé par Raffarin dans son discours, la  » mondialisation humanisée « . Ça commence avec l’Europe :  » Nous voulons un projet européen fort, une Europe des hommes, une Europe qui sait faire respecter notre patrimoine humaniste « . Et qui va nous l’apporter cette Europe merveilleuse ? Valéry Giscard D’Estaing bien sûr ! L’hydre européenne n’est donc pas prête de perdre des têtes.

Concernant l’environnement, je vais citer Jacques Chirac dans son interview du 14 juillet à l’Elysée :  » ce que je sais, c’est que la planète aujourd’hui se dégrade à un rythme plus rapide que sa capacité de régénération. Ça, c’est un fait certain. « . Vous imaginez la suite : c’est du José Bové tout craché, la violence physique en moins, la violence fiscale et législative en plus.

Voilà, tout est dit. Ceux qui avaient des illusions devraient les avoir perdues maintenant. Mais il serait injuste de terminer cet article sans redonner la parole à Jean Pierre Raffarin: « Nous avons chacun à défendre notre conception de l’intérêt général « . Bravo M. Raffarin, mais vous n’avez pas tiré toutes les conclusions de votre trait de génie, pourquoi n’êtes vous pas libéral ? Laissez donc à chaque personne le soin de construire son propre  » intérêt général  » !
1 nom de Lionel Jospin à l’Organisation Communiste Internationale, groupe trotskiste qui a formé de nombreux politiciens, infiltrés au PS ensuite. Dossier complet sur le site Conscience Politique (http://conscience-politique.org/specialjospin.htm)
2 le groupuscule Unité Radicale est en voie d’interdiction après le geste d’un fou, Maxime Brunerie, qui a tiré sur le président Chirac le 14 juillet dernier (cf UR interdite ?). Aucune preuve d’un quelconque complot n’ont été apportées pour interdire le groupement politique.
3 NSA : National Security Agency, l’un des multiples agences américaines de surveillance du territoire. Celle-ci est chargée principalement des écoutes de toutes sortes : web, téléphone, email, faxÂ…
4 EDF: Eletricité de France, compagnie monopolistique d’Etat produisant et distribuant l’électricité. GDF : pareil, pour le gaz. SNCF : Société Nationale des Chemins de Fer, compagnie monopolistique d’Etat exploitant le réseau de chemin de fer en France, environ 9 milliards d’euros de subventions par an, 150.000 employés environ, championne toutes catégories du nombre de jours de grève par an depuis des décennies.
5 ironie, bien entendu. L’Etat utilise la coercition pour arriver à ses fins, et l’abandon n’a rien eu de volontaire.
6 Le nombre de personnes diplômées en médecine dépend du ministère de l’Education Nationale. La production de médecins, infirmières et autres dépend donc du bon plaisir d’un ministre qui alors même qu’il faut 10 ans pour devenir médecin sera parti dans 2 ou 3 ans maximum.
7 Claude Allègre, alors ministre de l’Education Nationale en 1997
8 José Bové, libéré le 1er août après 1 mois et demi de prison pour avoir détruit un Mac Donald’s avec une horde d’agriculteurs.

Unité radicale interdite ?

Le geste imbécile de Maxime Brunerie, qui a tenté de tirer sur Chirac le 14 Juillet 2002, vient de donner un bon prétexte pour interdire Unité Radicale.
Ce groupe de « nationalistes révolutionnaires », qui a longtemps soutenu la cause palestinienne par haine du Juif, va donc être interdit. Malgré le fait que Maxime Brunerie n’ait agi qu’en son nom propre, sans jamais en avertir sa hiérarchie semble-t-il, et malgré sa folie.
Bref, tout va bien en terre de France, la liberté d’expression est au plus haut, la liberté politique aussi. Quand à ce Maxime, je lui souhaite une camisole bien chaude pour l’hiver.

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Malheureusement, la liberté d’expression n’existe pas en France et si quelqu’un venait à tenir des propos racistes ou diffamatoires je pourrai être condamné en tant qu’éditeur.
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J’encourage tous les lecteurs à laisser leur avis sur ce qu’ils lisent, et n’oubliez pas que vous pouvez envoyer des mails, je suis disposé à y répondre!

La liberté de rouler

Il est question de franchir une nouvelle étape dans la surveillance en continu du « citoyen ». Boîtes noires et « tickets mouchards » pour des criminels sans victimes. « Les mouchards à temps plein ont acquis un statut formel: on les appelle fonctionnaires » écrivait Pierre Lemieux dans un article qui dénonçait l’institutionnalisation de la délation comme corrélat du fascisme sanitaire que nous subissons toujours davantage (QL N°96, Economie du mouchardage). Mais depuis que le gouvernement Raffarin a fait de la lutte contre l’insécurité un passe-Droit et un passe-partout, l’économie du mouchardage a pris un tour inquiétant. En effet, et j’y reviendrai, la surveillance en continu des citoyens va s’accentuer. La punition des « crimes sans victimes » est plus que jamais la recette des technocrates pour planifier une « société meilleure ».

Des routes plus meurtrières ?

Nous le savons tous : les routes de France sont parmi les plus meurtrières. Les journaux télévisés n’en finissent pas d’égrener les morts. Les médias, qui nous offrent chaque jour leur « réalité » fictive (voir à ce sujet «BIAS: COMMENT LES MÉDIAS DÉFORMENT LA RÉALITÉ » de Gilles Guénette QL N°106)(2), ne nous épargnent jamais le rituel macabre d’une comptabilité des morts de la route à l’occasion des départs et des retours de vacances, les fameux « chassés croisés » objet de l’attention paternaliste de Big Brother, rebaptisé pour l’occasion : « bison futé ». Cette comptabilité est fallacieuse : le bon critère serait de mesurer le nombre d’accidents par kilomètre parcouru. Or ce nombre diminue comme le montre Pascal Salin (Chapitre 13 de « libéralisme », Odile Jacob, 2000)

Mais enfin ! Ne faut-il pas que le gouvernement et les médias à sa botte « fassent quelque chose » ? « Du moment que c’est pour éviter des morts, c’est très bien » acquiesce benoîtement une mère de famille réagissant à chaud au micro tendu par un journaliste en service commandé. La brave dame ne pouvait que répondre de manière irréfléchie, prise au piège du micro-trottoire, cet outil de propagande des médias.

Individus statistiques et crimes sans victimes

Pour l’Etat notre berger, il convient d’abord d’inventer de nouveaux concepts car le pouvoir impose la forme que doit avoir à la réalité en inventant un vocabulaire (le novlangue de l’Etat) ou en détournant le sens des mots. Ainsi ce n’est pas la chose qui préexiste au mot, mais le mot qui crée la chose, ceci en bonne logique totalitaire (d’où la criminalisation des mots et de l’expression des pensées déviantes par l’Etat car, selon cette logique les mots « créent » aussi des actes, mais c’est une autre question).

Ainsi surgissent quelques nouvelles expressions du novlangue sécuritaire destiné à criminaliser les comportements. Par exemple un automobiliste ou un motard qui roule à 160km/h sur une autoroute déserte n’est même plus un chauffard mais un « délinquant de la route », « un criminel » -les Allemands doivent se réjouir de l’existence des frontières car la vitesse n’est pas limitée sur leurs autoroutes ; quel peuple « délinquant » ! Bref, le caractère criminel n’est plus fondé objectivement par la constatation d’une agression qui exige réparation mais simplement sur le principe que « la vitesse tue ».

La vitesse tue ? Admettons un instant cette hypothèse. Mais à partir de quelle valeur ? L’Assemblée nationale a décrété qu’à 130km/h sur autoroute la vitesse ne tue pas mais par contre à 131 km/h l’automobiliste, quelles que soient les conditions réelles de la circulation, devenait un délinquant et un criminel en puissance (en réalité on accorde une marge de 10% environ, par « mansuétude » et surtout à cause des incertitudes de la mesure par les radars). Les critères objectifs de la criminalité ont été effacés au profit de critères purement administratifs, fondés sur des statistiques et sur le postulat que les usagers des routes forment un troupeau de bestiaux irresponsables. On ne juge plus des actes individuels, on gère une masse de têtes de bétail. Pour l’Etat, les individus n’ont qu’une existence statistique. En gérant les individus comme des statistiques, les hommes de l’Etat accomplissent la logique du collectivisme, la responsabilité personnelle s’efface au profit d’une responsabilité collective et génère l’injustice et la mentalité d’esclave.

Boîtes noires et tickets mouchards

La nature de l’action d’un gouvernement peut se décrire de la manière suivante. Son action est toujours constructiviste. Si l’objectif est de diminuer statistiquement un phénomène, le gouvernement agit sur un des facteurs. Il fait donc voter une « loi » purement discrétionnaire pour manipuler les comportements et façonner le monde à l’aune de ses valeurs. En général, le gouvernement ne maîtrise pas les effets secondaires, souvent plus graves que le mal et qui nécessitent une nouvelle intervention de l’Etat. Mais un épais brouillard pèse sur les véritables causes de ces interventions : ce n’est pas le problème identifié (les morts sur les autoroutes) mais les interventions précédentes de l’Etat et surtout la substitution de la législation au Droit.

Le Droit, c’est les droits de propriété. La législation, c’est le caprice gouvernemental. Toute atteinte au Droit par la législation engendre un peu plus d’irresponsabilité, d’injustice, d’inefficacité et conduit finalement au totalitarisme. Voyons cela avec la dernière trouvaille des étatistes placés sous la houlette de Raffarin.

Cette idée à faire pâlir d’envie les anciens soviétiques consiste à installer par la force des baïonnettes (comprenez la législation à laquelle nul ne peut légalement échapper mais qui n’est pas consentie pour autant) une boîte noire dans votre propriété, votre voiture (mais l’installation indolore se fera dans les ateliers du constructeur, c’est comme les impôts à la source !). Idée connexe : « les « tickets mouchards » indiquant le temps écoulé entre deux péages : le ticket préciserait si la distance a été parcourue à plus de 130 km/h et permettrait de verbaliser immédiatement l’automobiliste. »(1)

Ce n’est pas l’idée en soi qui est critiquable, c’est son caractère coercitif. Il n’y a pas de moyens d’échapper à cette surveillance d’Etat car les autres solutions qui auraient pu être expérimentées sur un hypothétique marché libre du réseau routier sont de fait interdites. La mère de famille peut dire : « du moment que c’est pour diminuer le nombre de morts sur les routes, c’est bien ». Et qui ne raisonnera pas ainsi ? D’un côté des morts, de l’autre une contrainte minime.

Assurances libres ou réglementation ?

Ce que je mets en cause c’est la prémisse de ce raisonnement à savoir que l’Etat serait en droit d’imposer ses solutions pour résoudre les problèmes liés aux comportements dangereux de certains automobilistes. A quoi il faut répondre, d’une part, que toute loi qui outrepasse la conservation des droits de propriété et le respect des contrats place les citoyens dans un état de servitude et d’esclavage. En effet le législateur qui oblige, de manière non contractuelle (pléonasme !), les gens à adopter un comportement particulier ou à agir d’une certaine manière déclare implicitement un droit de propriété sur eux. Esclavage !

D’autre part, en plus de la coercition, le seul moyen de savoir quelle est la meilleure solution au problème de la « délinquance routière » est de responsabiliser les automobilistes par le moyen des contrats d’assurance : une solution de marché libre qui, si elle avait été permise plus tôt, n’aurait pas laisser émerger « l’insécurité routière », insécurité à mettre au compte de l’action étatique encore une fois.

Certaines compagnies d’assurance peuvent proposer de baisser leurs primes, dans la mesure où elles peuvent diminuer leur risque si les clients acceptent l’installation d’une boîte noire contrôlant la vitesse du véhicule en continu. Ces clients seraient par exemple des gens qui, par leur mauvaise conduite sur la route, ont causé trop d’accidents pour trouver une compagnie d’assurance qui les acceptera. Situation tout à fait réaliste, à tel point que cela a déjà été expérimenté en Allemagne. Ainsi, la solution de marché permettra la coexistence d’un grand nombre de types de contrat d’assurance qui convergeront vers une sécurité accrue sur les routes, par le simple respect mutuel des engagements contractuels, ce qui est l’intérêt « égoïste » de chacun ! Absence totale de coercition et de servitude.

Que se passe-t-il si l’Etat se mêle des contrats d’assurance ou s’il impose uniformément sa « solution » ? Par exemple si l’Etat rend l’assurance obligatoire et impose aux compagnies assurances des clauses et des tarifs sous le prétexte de « protection du consommateur » et de la « concurrence » (pure et parfaite), il est évident qu’exlosera le risque moral, c’est-à-dire l’irresponsabilité des assurés qui vont consommer du risque comme on consomme des petits pois (voir la surconsommation des services de santé engendrée par la sécu). C’est probablement ce risque moral, dû à l’ingérence de l’Etat dans la mécanique de précision des assurances, qui est responsable de cette insécurité routière devenue cause nationale depuis 20 ans.

Il n’est pas besoin de chercher bien loin pourquoi les morts s’amoncellent sur les routes de France. Le soupçon naît de la corrélation entre la montée continue de l’étatisme et l’explosion du risque moral dans tous les espaces publics « sécurisés » par l’Etat. Quant à la démonstration, je pense en avoir donné un aperçu. En complément je renvoie le lecteur à l’excellent ouvrage de Pascal Salin: libéralisme, chapitre 13, la liberté de rouler.

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(1) Le gouvernement décide la création d’une police dédiée à la sécurité routière, Pascal Ceaux et Sylvia Zappi, article paru dans le monde du 23/7

(2)QL: www.quebecoislibre.org

Victoire?

Les urnes ont livré leur verdict le 5 mai sur la large victoire de Jacques Chirac.

le plus dur reste toutefois à faire à savoir réformer l’état, sans quoi cette élection n’aura servi à rien, enfin c’est à espérer…

Pas besoin d’amis pour Le pen

Avec des ennemis comme ça, Le pen n’a pas besoin d’alliés. Il est vrai que se livrer à des actes de vandalisme gratuit permet de lutter efficacement. J’appelle tous les français à respecter la démocratie et cesser toute discrimination et insulte envers 20% de la population française soit disant faschiste. Non pas que j’aime Le Pen mais lui au moins n’organise pas de sacages. Les faschistes aujourd’hui sont de gauche. Dehors!

LA MANIF anti-Le Pen qui a réuni, hier, plus de dix mille jeunes sur le pavé parisien, a dégénéré dans la nuit. De violents incidents se poursuivaient après 0 h 30 dans le quartier de la Bastille, entre quelques manifestants et les forces de l’ordre. Après avoir été rouverte à la circulation, la place a de nouveau été fermée par les CRS qui ont chargé, à plusieurs reprises, de petits groupes de protestataires. La police a procédé à huit interpellations, selon la Préfecture de Paris. Une heure plus tôt, un millier de manifestants, qui tentaient de quitter la place par la rue de la Bastille, s’étaient violemment heurtés aux CRS, en nombre dans le quartier, qui ont frappé plusieurs jeunes, les plaquant au sol, et tiré des grenades lacrymogènes. Un peu plus loin, des manifestants avaient jeté deux cocktails molotov en direction des forces de l’ordre, sans faire de blessés, alors que d’autres lançaient des bouteilles de verre ou faisaient un sit-in devant les cars de police. Vers minuit, les charges des CRS se faisaient plus nombreuses, empêchant les jeunes d’aller défiler dans d’autres quartiers de Paris. Les policiers tentaient de refouler les manifestants de part et d’autre de l’Opéra-Bastille, rues de Lyon et de la Roquette. Selon les CRS, des dégradations de voitures et de mobilier urbain avaient eu lieu dans le quartier, plus tôt dans la soirée. Plusieurs vitrines, dont celle du restaurant Hippopotamus, ont été brisées, et le commissariat du XII e arrondissement, caillassé. Peu auparavant, environ cinq cents manifestants avaient envahi le périphérique intérieur, bloquant la circulation pendant plus de quarante minutes, entre les portes de Charenton et de Montreuil. La police avait réussi à les isoler sur une bretelle du périphérique. Une partie de jeunes gauchistes, désorganisée, avaient alors convergé vers la Bastille.

source : le Parisien