Justice et police privée

On Tue, Aug 12, 2003 at 10:56:23PM +0200, Herve Duray wrote:
> je reste toujours mal à l’aise avec l’idée de justice pénale privée […]

Et tu as bien raison: la justice pénale est une injustice.
D’ailleurs, la justice pénale publique est encore pire.
C’est bien pourquoi dans un régime de liberté, il n’y aurait pas
de justice pénale. Il y aurait une justice rétributive, et des polices.
Voir mon brouillon:

Libre défense

L’épicier acquitté

Je vous avais parlé de cet épicier accusé de s’être défendu avec son arme à feu (voir article ). J’avais egalement signalé (là) ceci:

je precise juste au sujet de loi qu’il ya un probleme d’interpretation… la loi dit que « Toute personne qui porte une arme en public doit être titulaire d’un permis de port d’armes. »

donc bien sur pour moi un magasin c’est prive, mais je ne sais pas ce qu’en dit la jurisprudence… l’epicier ayant fait recours, reste a voir ce que l’instance superieure decidera…

Eh bien, l’instance supérieure a décidé, et, pour changer, bonnes nouvelles: acquitté ! Et, surtout, le Tribunal de police « a ordonné la restitution des trois armes propriété de l’épicier et qui avaient été saisies à tort. » Autrement dit, l’interprétation libérale l’a emporté: un magasin est bien privé ! Seule ombre au tableau: notre bien aimé Etat aimerait bien changer la loi sur les armes, et un des changement prévus, qui semble anodin, devient ici clair: changer le « en public » en « dans un lieu accessible au public »…

Sur le terrain de l’Etat

« Sur le terrain de l’Etat », c’est ce qu’on pouvait voir sur toutes les pancartes brandies par les anti-raves (ou doit-on dire « alter-raves » ?): l’Etat a donné l’autorisation aux « teufeurs » de s’installer sur des terres… privées!

Evidemment, les propriétaires préfèreraient que ce soit sur les terres de l’Etat.

Ah la propriété, quel encombrement. Pas pour l’Etat apparamment.

Complaisance coupable

Reportage du jour sur I-Télévision: « Sergent Garcia à Cuba »

Petit topo sur la musique qu’il cherche, bah du multiculturalisme standard, business as usual
Ensuite vient la partie « politique »: il fait de la musique engagée! Et quand il passe devant le soviet de quartier, appelé « maison de la Révolution », le voilà qui se met à parler… Petit résumé du reportage:

Bruno Garcia:
« Eux ils sont responsables du quartier: c’est un peu les concierges. Bon c’est vrai ils sont là un peu pour surveiller, mais ça se passe bien. Ici l’eau c’est gratuit, on paye pas l’électricité, les enfants jouent… Ils sont tous en uniforme. L’école c’est une des grandes richesses de Cuba: l’école, la santé publique, tout est gratuit. C’est le service public […] Ici un avocat et un charpentier sont considérés pareillement, ils ont le même salaire […] »

Voix off:
« Le réalisateur de l’album, Ivan continue à croire à la révolution:
– ici au moins personne ne meurt de faim, ma famille mange tous les jours, avec 25cts on mange pendant un mois! »

Voix off:
« Bruno Garcia est sûr d’une chose: si Ivan n’avait pas profité du système cubain, il n’aurait pu devenir musicien. »

Voix off:
« Ici le dernier pays communiste du monde [quid de la Corée du Nord ?] se protège de la société de consommation et cultive ses traditions grâce à un afflux massif de dollars du tourisme. Mais Bruno Garcia n’est pas dupe: [j’ai pas pu noter la phrase exacte donc je reprends l’idée] Cuba finira par être absorbé par la mondialisation »

Mon commentaire:
Ouf, le reportage prend fin. Rien sur les prisons, les dissidents exécutés, les balseros qui fuient par milliers chaque année, l’interdiction de posséder un livre étranger, les brouillages d’émissions télévisés envers les satellites US (c’est récent ça…), la police politique omniprésente (des concierges!)…
C’est la télévision française. Privée. Rien à gagner à lécher les bottes de Castro pourtant. Non, c’est simplement de la complicité. De la complaisance. Peut-être de l’admiration. Allez savoir.
Moi je pense que c’est tout simplement qu’ils sont communistes à I-télévision: ils aimeraient aussi avoir la société parfaite des Cubains, les uniformes des écoliers en moins car c’est certainement « fâchiste » (sauf si c’est communiste, auquel cas c’est pas grave ?).

Notez aussi que Cuba ne va pas être libéré mais au contraire va devenir une autre succursale du néocapitalisme mondial ultralibéral. On rêve. Les Cubains eux, c’est sûr, en rêvent.

Illusoire perfection

La concurrence doit être « pure et parfaite », sur décision de la commission de Bruxelles. La victime ? Microsoft. Etude de cas.

Update:
Microsoft casse ses prix en Thaïlande Cette notion de concurrence «pure et parfaite» date des économistes néo-classiques. Pour avoir fait de l’économie – dans une université française, s’il vous plait- je pense pouvoir définir à peu près ce que recouvre ce concept. Les conditions suivantes doivent être réunies:
– Tous les acteurs du marché ont la même information (symétrie de lÂ’information consommateur/producteur)
– LÂ’information est parfaite (ce qui mériterait un volume entierÂ…): tous les producteurs savent comment produire de la façon la plus efficace
– Il y a atomicité de producteurs et de consommateurs
– Le produit est homogène
– Pas de barrière à lÂ’entrée/sortie du marché

Evidemment, ça fait un peu beaucoup de conditions, toutes plus surréalistes les unes que les autres:
– Le producteur a presque toujours une meilleure connaissance du produit que le client
– Chaque producteur a une méthode unique de production
– Il y a un tas de marchés où le capital nécessaire de base est tellement immense quÂ’il est forcément «oligopolistique»
– Même si une différence nÂ’est que marketing (whisky X ou Y, cigarettes X ou Y, Coca/Pepsi), les consommateurs font bien la différence
– Il existe des barrières non économiques sur pleins de marchés: licences, brevets, droits divers, lois

Pourtant, la concurrence «pure et parfaite» serait «souhaitable» car avec de telles conditions, les prix proposés seraient forcément les plus bas: aucun acteur n’a de contrôle sur les prix, ils ont tous les mêmes méthodes de production (et dès qu’un seul innove tout le monde adopte l’innovation immédiatement), il n’y a pas de profits possibles… et donc les étatistes sautent sur l’occasion: voilà un objectif complètement absurde, car hors définitivement hors d’atteinte, donc prétexte incessant à interventions! En plus, facile de pointer une «défaillance du marché» puisqu’il ne peut être qu’ «imparfait»!

CÂ’est sur ces bases là que les lois antitrust US et les lois sur la concurrence en Europe ont vu le jour. AujourdÂ’hui, Microsoft est dans le collimateur de Bruxelles (voir ce lien: Bientôt plus de media player dans Windows?). Le prétexte? «en incluant Windows Media Player, Microsoft affaiblit la concurrence, étouffe l’innovation et réduit en définitive le choix du consommateur», dixit la Commission de Bruxelles.

Le raisonnement est le suivant: les diverses versions de Windows occupent 90% (au moins) du parc installé, et représentent au moins autant de pourcentage des nouvelles ventes. En installant d’office le logiciel «Windows Media Player» -lecteur multimédia-, Microsoft s’arroge ainsi 90% de part de marché sur ce segment particulier! Ce n’est pas totalement faux, mais cela a-t-il vraiment l’impact prétendu par la Commission? Cela nécessite-t-il une action «correctrice» ou «punitive» d’une autorité extérieure?

Toute entreprise doit offrir à ses clients de la valeur: Microsoft ne fait pas exception. Offrir des programmes à ses clients, voilà qui est une façon simple d’apporter de la valeur! Internet Explorer et Windows Media Player (WMP) sont deux logiciels de bonne facture, largement suffisants pour une utilisation courante (ceci dit, j’utilise Mozilla et je reste à la version 6.4 de WMP!). D’autre part, pas besoin d’aller chercher sur Internet un navigateur ou un lecteur multimédia: c’est un gain de temps. Le coût pour Microsoft? Assez conséquent! Développer IE et WMP prend du temps: de larges équipes y sont employées, pour finalement distribuer les logiciels gratuitement. Eventuellement, Microsoft aurait pu faire appel à une société extérieure pour inclure son logiciel dans Windows, mais pour un certain nombre de raisons qu’il ne nous appartient pas d’évaluer (coût, maîtrise de la technologie, intégration…), il en a été autrement.

Le résultat pour le consommateur est qu’il y a maintenant un logiciel de plus parmi tous les lecteurs multimédias disponibles. Pour peu que WMP réponde aux attentes, il évincera de fait ses concurrents. Cela signifie que les logiciels alternatifs n’étaient tout simplement pas assez bons, pas forcément techniquement d’ailleurs. Car s’ils avaient des clients qu’ils ne savent pas conserver, c’est bien que la valeur apportée était minime: même pas suffisante pour couvrir le fait de télécharger et d’installer! 1. La concurrence n’est donc pas affaiblie, Microsoft ne fait que révéler une faiblesse désormais patente, une incapacité à fidéliser sa clientèle, d’autant que WMP comme IE sont plutôt basiques dans leurs domaines respectifs.

Pour reconquérir les clients perdus, les entreprises vont devoir s’adapter. Pour certaines, ce sera peut-être trouver autre chose à vendre. D’autres choisiront de poursuivre sur le même marché. Pour survivre dès lors, il n’existe qu’un seul moyen: différencier le produit. Cela peut être fait au travers de la maîtrise d’un format particulier (QuickTime Apple, RealAudio), ou aussi par de l’innovation sur l’interface ou les fonctionnalités! Meilleur contrôle de l’image? Fonctions particulières de montage intégrées? Ajout d’une fonctionnalité de sauvegarde d’un stream vidéo live? Meilleure qualité de l’image? Les formats de compression représentent aujourd’hui un très important point d’amélioration des lecteurs multimédias, sinon le plus important 2, l’autre étant éventuellement les contrôles de propriété intellectuelle . L’innovation n’est donc absolument pas entravée par Microsoft, au contraire: l’entrée d’un acteur majeur force les autres à réagir. Tout bénéfice pour les consommateurs.

Alors au final, le choix du consommateur est-il réduit? Peut-être, car il est maintenant certain qu’avec une alternative gratuite pré-installée il faudra présenter un produit plus performant: moins d’alternatives, mais de meilleure qualité et moins chères! Les effets négatifs pour le consommateur ont donc l’air d’être franchement minces… Mais si ils existaient vraiment, l’Etat devrait-il intervenir?

L’un des principaux reproches à l’encontre de Microsoft c’est donc d’utiliser son système d’exploitation pour donner son produit à son client. Où est le crime? Tout se déroule pacifiquement, il n’y a pas viol des droits de propriété de qui que ce soit. Les concurrents n’ont pas de «droit à» avoir leurs logiciels installés aux frais de Microsoft: au nom de quoi? du fait que Microsoft donne son propre produit par ce biais? Pour rétablir un accès «égal» au consommateur? Pour rétablir «l’équité» du marché? Depuis quand la concurrence doit-elle être équitable? N’est-ce pas là la base de la concurrence: savoir tirer parti de ses forces pour avoir un avantage sur les autres? Vous me répondez concurrence «loyale»? Encore une notion bien floue: avec ça vous pouvez interdire aux supermarchés de faire de la publicité car les épiciers ne peuvent pas, ou bien vous limiterez le nombre de jours de solde… ah mais attendez ça c’est déjà en place en France… Bref: la concurrence «loyale» étatique c’est simplement l’interdiction de la concurrence «sauvage» capitaliste, libre. Bizarrement pour rétablir la situation il faudra l’intervention de lois, d’huissiers, et de la police… Dans la concurrence «loyale», un des concurrents a l’appui de l’Etat.

Plus généralement, ce qui est reproché à Microsoft c’est le succès: le «monopole» existe tout simplement car les clients ont fait et continuent de faire confiance à Microsoft. Les produits Windows sont maintenant d’un excellent niveau technique, quand à l’ergonomie après des années d’utilisation (8 ans déjà depuis Windows95) la plupart des utilisateurs y sont habitués. Résultat, la part de marché de Windows ne s’érode quasiment pas face à Linux, principal concurrent sur les systèmes d’exploitation, malgré les progrès spectaculaires de KDE ou GNOME, sa disponibilité gratuite (oh! concurrence déloyale!), et les suites bureautique comme KOffice ou OpenOffice.org gratuites aussi! La seule explication possible pour ceux qui ne connaissent que la force comme outil pour mettre en œuvre leurs idées, c’est que Microsoft utilise des moyens coercitifs pour se maintenir en position de leader. Mais Microsoft ne dispose pas de la force de la loi pour ce faire!

Contrats d’exclusivité, installation obligatoire de Windows sur toutes les machines fabriquées par les grandes marques (Dell, Compaq ont eu de tels engagements): voilà des pratiques «anti-concurrentielles». Mais ces pratiques n’empêchent absolument pas à des indépendants de proposer des machines Linux: aux USA, Walmart propose des PCs à 200$ fonctionnant avec Lycoris Destkop ou Lindows (deux versions de Linux). Le marché n’est donc nullement bloqué: les barrières à l’entrée résident en fait dans l’habitude des consommateurs, dans le fait que Windows est aujourd’hui un produit bien plus abouti que les variantes (innombrables d’ailleurs, comment s’y retrouver?) de Linux…

Il faut aussi noter que ces contrats, s’ils reflètent un rapport de force (comme tous les contrats), n’en restent pas moins des contrats librement signés: IBM a choisi de ne pas signer un tel contrat, ayant choisi de faire de Linux un de ses fers de lance. Dell a pendant un temps proposé des PCs sous Linux, pour finalement renoncer devant le peu d’engouement des consommateurs! Faut-il comprendre que le résultat de la domination de Microsoft résulte simplement de la volonté exprimée des consommateurs? Et c’est peut-être ce qui dérange le plus les Etats: ils n’aiment que les monopoles sanctionnés par la loi: Sécurité Sociale, SNCF, ANPE…

Note : jÂ’ai commencé à taper ses lignes avant que ne se déclenche une discussion sur ce même sujet, les commentaires ci-dessous font donc référence à la base à cet article: P’tites bites.

1: à l’époque de la domination de Netscape, les utilisateurs prenaient le temps d’installer Navigator, l’avantage de la pré-installation n’explique donc pas tout

2 : d’ailleurs, bien plus que les « lecteurs multimédias », la vraie compétition réside dans les formats employés : DivX, xvid, mp4, etc… Le vrai enjeu c’est la combinaison d’un lecteur propriétaire avec un format propriétaire, et Microsoft propose actuellement l’un des lecteurs les plus ouverts !

Soleil noir

200.000 personnes se sont rassemblées ce weekend sur le plateau du Larzac pour un sommet « anti-OMC ». Bové a même été libéré juste à temps pour la grand messe.

Les démagos sont toujours aussi forts qu’il y a 20 ou 30 ans, et il ne faut jamais perdre une occasion de réfuter leurs discours mensongers, alors je vous invite, vous lecteurs, à aller sur le site www.larzac2003.org et de venir poster vos commentaires ici sur la Page Libérale.

Mise à jour:
Je crois que Vincent Bénard (blog Liberté) a le dernier mot dans le premier commentaire: à 200.000, ils n’arivent pas à émettre une idée ? […] leur site est tellement vide qu’il n’y a rien à critiquer, je retourne me coucher, moi.
En fait, il y a bien un peu de contenu à critiquer, IntEter a trouvé!

La main invisible

“[E]very individual …, neither intends to promote the public interest, nor knows how much he is promoting it. …, he intends only his own security; and by directing that industry in such a manner as its produce may be of the greatest value, he intends only his own gain, and he is in this, as in many other cases, led by an invisible hand to promote an end which was no part of his intention. Nor is it always the worse for the society that it was no part of it. By pursuing his own interest he frequently promotes that of the society more effectually than when he really intends to promote it.” Adam Smith, The Wealth of Nations, Book IV, Chapter II

“Chaque individu …n’entend ni promouvoir l’intérêt général, ni ne sait de combien il l’avance, … il vise seulement sa propre sécurité ; et en dirigeant son labeur afin que sa production soit de la plus grande valeur possible, il vise seulement son propre gain. Et il est dans ce cas, comme dans bien d’autres, conduit par une main invisible à promouvoir une fin qui n’était nullement dans son intention. Et ce n’est pas toujours le pire pour la société que telle n’ait pas été son intention. En poursuivant son propre intérêt il avance fréquemment celui de la société mieux que s’il avait été dans son intention de le faire. »

Merci Père Plex

P’tites bites!

Jamais avare d’études idiotes et de normes absurdes, l’Union Européenne a normé le sexe masculin européen. Il fait 17×5,6cm selon Bruxelles, et c’est ce chiffre que doivent prendre en compte les fabricants de préservatifs. Peu importe que c’était aux producteurs de savoir quelle taille donner à leurs produits, en faisant une analyse statistique, peut-être pays par pays, pour avoir des données plus précises qu’une seule norme pour pas loin de 190 millions de mâles européens. Peut-être aussi parce qu’il y a plus d’une taille de pénis mais une distribution statistique (courbe de Gauss ? autre ?) qui permet de produire les bonnes quantités ? D’ailleurs, à la réflexion pour les producteurs il serait imbécile d’utiliser LA norme si ils savent que cela ne correspond pas au « marché ». Mais c’est la norme LEGALE, donc pas de question: c’est comme ça!

Sauf que des docteurs allemands ont refait le boulot, sur ordre de leur gouvernement -qui n’a pas grande confiance en Bruxelles ?-. Résultat: le kiki allemand est riquiqui, 20% plus petit! Les docteurs allemands pensent -et je ne saurais remettre en cause leur hypothèse- que c’est la norme européenne qui est sur-estimée, et pas le pénis teuton. Et maintenant les préservatifs vendus risquent bien d’être 20% trop grands, grâce à la norme flatteuse… mais l’UE n’en est pas à son coup d’essai, car dixit la dépêche d’Ananova « After all, they have also ruled EU standard condoms should be able to hold 18 litres of fluid without breaking« . 18 litres (18L de quoi ?). C’est plus 20% d’exagération à ce niveau là…

update
El Stalnino me fait remarquer que l’on trouve ce qu’on veut en pharmacie: heureusement, les fabricants de préservatifs peuvent produire ce qu’ils veulent, puisqu’on en trouve de toutes les tailles, toutes les couleurs etc. Mais alors, à quoi bon la norme ? Et pourquoi la contester ? C’est encore une fois du fric foutu en l’air!

Vaste et fabuleux chantier

Lire le journal est un exercice pénible. Par exemple, le 4 juin dernier, je cherche les mots fléchés, la page la plus agréable de 20 Minutes et je tombe sur une colonne d’opinion intitulée « Le développement durable, vaste et fabuleux chantier« . Voyons voir… Non, l’auteur n’est pas un politicien, c’est un entrepreneur. Ou plutôt un chercheur ou un mineur: il fleure le bon filon, tente de dénicher la rente. Et il a trouvé:

« Thierry Kazazian, directeur fondateur de O2 France, agence de conseil en développement durable »

Reprenons les choses dans l’ordre: agence: entreprise à but lucratif; conseil: tout et n’importe quoi qui justifie une facture; développement durable: concept fourre-tout, en vogue auprès des politiciens. Je résume: l’auteur a fondé une entreprise dont le but est de produire un peu tout sur un sujet aux contours indéfinis. Ceci dit, je suis sûr qu’il réalisera son business plan!

Bien évidemment, il a bien une idée à vendre, sans quoi il ne se lancerait pas dans l’aventure (je lui accorde donc le bénéfice du doute…). Et que le « fisking » commence!

« La semaine du développement durable, inaugurée par le gouvernement, a le grand mérite de pointer les limites et les déséquilibres de notre société de consommation. Car si notre mode de vie était adopté par l’ensemble de la planète, il faudrait aujourd’hui deux terres et demie supplémentaire, tant nous avons besoin de ressources naturelles »

S’il y a un truc que les gouverments aiment bien, c’est se sentir importants. Instaurer une « semaine du développement durable », voilà qui a de la gueule: « Je décrète que cette semaine vous allez moins manger, moins uriner, moins vous laver, moins vous déplacer ». Sauf moi, pourrait ajouter le politicien. Heureusement ce genre de mesures n’ont pas encore été prises, bien qu’il y ait des rationnements d’eau (!) dans certaines régions de France. Ce genre de « semaine » est destinée avant tout à organiser des colloques, et les cocktails associés. J’imagine aussi un voyage ou deux « sur le terrain », c’est à dire dans un endroit ensoleillé en général, pour quelques privilégiés.

Concernant les limites et les déséquilibres de notre société de consommation, je dois dire que je ne comprends pas de quoi il parle. Nous avons un système de production, des prix qui reflètent les différents coûts, et nous nous en sortons très bien. On peut économiser sur pas mal de choses, c’est certain, mais il est dans l’intérêt de chacun de le faire. Personne n’aime gaspiller des ressources. Sauf si la définition de gaspillage devient: « aller faire des courses en voiture plutôt qu’à pied » ou « traverser l’Atlantique en 747 plutôt qu’en voilier ».

Sur les « 2 Terres et demie supplémentaires », je crois avoir répondu dans ce précédent article: Empreinte écologique. Bâtir une entreprise sur un mythe je croyais que c’était réservé au showbiz!

« L’une des raisons principales de ce déséquilibre: la surabondance de biens et leur trop faible utilisation. Le nombre d’objets que nous possédons a ainsi décuplé en deux générations. A titre de comparaison, le revenu d’un Européen moyen donne accès à la même profusion d’équipements que celui d’un millionnaire des années trente. »

En gros, en l’espace de 70 ans, notre revenu réel a été multiplié par des centaines. Super non ? Et bien non.

« Infiniment plus d’objets donc, mais en conséquence, un temps d’utilisation plus court pour chacun. Ainsi une voiture reste en moyenne 92% du temps à l’arrêt et une perceuse n’est utilisée qu’une demi-heure par an. »

C’est sûr que je devrais faire tourner ma perceuse plus souvent, elle risque de rouiller… quand à ma voiture, même topo: je vais abandonner les transports en commun, je vais rentabiliser ma voiture. J’ai bon ?

« L’impact de ces produits sur l’environnement (engendré par leur fabrication, leur utilisation et leur fin de vie) est donc disproportionné par rapport aux services qu’ils rapportent. »

On le sentait venir dans le paragraphe précédent, mais voilà, il l’a dit! En gros cet homme sait mieux que vous la valeur du service rendu par votre perceuse ou votre voiture. Lui Grand Maître Jedi. Vous petit padawan. Vous pas comprendre. Lui Savoir. Je n’ai même pas besoin de défendre l’achat de perceuses ou de voitures. Qui a le budget ? Qui prend la décision ? Lui ou vous ?

« La logique du développement durable consiste à sortir l’économie de ce schéma consumériste, à la rendre plus responsable -tant pour nous que pour les générations futures- et plus solidaire aussi, face à la disparité des niveaux de vie entre le Nord et le Sud. »

Halte à la société de consommation! Vive la société du partage! Mettons en commun les objets surnuméraires et ainsi tout le monde aura sa perceuse et sa voiture commune! Evidemment, comptez pas sur du matériel neuf et en bon état, et puis pas de perceuse ou de voiture le weekend car il y a pénurie.
Au passage, je note qu’il parle de la solidarité. Qu’est-ce que ça vient foutre là-dedans ? Ah mais en fait ça a tout à voir: le développement durable est la solidarité étendue non plus aux seuls revenus mais à toutes les possessions!

« Puisque près de trois milliards de nouveaux consommateurs aspirent légitimement au même standard de vie que le nôtre, nous verrons, dans les prochaines décennies, évoluer profondément nos modes de consommation. Avec un impératif: utiliser beaucoup moins de ressources naturelles. Cette profonde mutation doit être encouragée par les pouvoirs publics et les entreprises. »

Quel devin: nous allons consommer moins de ressources pour produire des quantités largement supérieures. Comment croit-il que l’enrichissement FANTASTIQUE (il l’avoue lui-même) que nous avons connu a été possible ? Par le miracle que l’on nomme PRODUCTIVITE. Aujourd’hui TOUT LE MONDE est riche par rapport à simplement 50 ans. Il y a un TAS de produits qu’un « riche » n’aurait jamais pu même imaginer il y a 50 ans.
Quand aux éventuels « encouragements » des pouvoirs publics, sont-ils nécessaires ? Niet. Si éventuellement il vient à manquer de tel ou tel produit, matière première ou non, son prix augmentera, et on trouvera soit d’autres moyens d’en produire, il s’ouvrira de nouvelles usines de retraitement, ou bien une alternative sera trouvée. A moins que tout simplement la hausse ne soit répercutée sur le consommateur final!

« Mais c’est surtout à nous, citoyens, d’évoluer, de devenir davantage utilisateurs que consommateurs, de privilégier autant l’usage que la possession. »

Et si je veux pas ? Si j’aime avoir ma perceuse sous la main à tout instant ?

« Nous n’aurons pas forcément la même voiture chaque jour, mais une voiture partagée, adaptée à nos besoins de l’instant, petite ou grande selon le nombre de personnes transportées. C’est un exemple parmi d’autres, mais qui vient confirmer que le développement durable est un vaste et fabuleux chantier. »

Ouf, on arrive à la fin. La solution décrite existe déjà: on appelle ça la location. Je n’ai pas de voiture. Si j’en avais besoin, hormis en emprunter une ce que je fais souvent, je peux aller à Avis ou Hertz (et un tas d’autres dont le nom m’échappe). Si j’ai un besoin très ponctuel je peux même prendre le taxi, même si c’est extrêmement cher car « régulé » (la « plaque » se paye 120.000 euros à Paris!!!!). Pareil d’ailleurs pour pas mal de matériel: tout le monde connaît « Kiloutou » ? Hé. Si ça se trouve on peut déjà louer des perceuses! Bref, il vient d’inventer la roue ce brave homme.

Si vraiment on en arrive à des situations trop tendues sur les prix de certains produits, c’est comme cela que seront mutualisées les ressources: des entreprises loueront. Evidemment, si c’est un Etat qui organise, prévoyez pénuries, favoritisme, le tout mâtiné d’égalitarisme… Et quand on sait que le développement durable est un concept avant tout destiné aux politiciens…

Elle est sympa Arlette

J’allume la télé ce matin, je zappe… et hop je tombe sur Canal Jimmy « La route ». Deux personnalités publiques font un voyage et discutent, une caméra enregistre. Bernard Lavilliers et Arlette Laguillier ce matin. Petite discussion bon enfant au volant d’une grosse Chevrolet. Dommage, je suis arrivé trop tard pour entendre parler politique, j’ai juste pu entendre quelques méchancetés sur le gouvernement des USA… Pour le reste: « ah toi aussi t’as le trac avant d’entrer en scène ? ». Show business et politique: un métier d’apparences.

Canal Jimmy s’adresse aux 15-35 ans. Fans de « Friends » et Laguillier ? Y a pas à dire, la télé française c’est sympa.